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instants philosophie

Fonction ou Dimension du réel

5 Septembre 2020, 08:28am

Publié par pascal doyelle

Il faudra cesser d’admettre comme réels le monde, le vécu et le corps.

Non pas que le monde, le vécu et le corps soient non réels, mais bien qu’il existe une gradation et que l’on perçoit le monde, le vécu et le corps d’un point bien plus réel que ces effets seconds. Seconds mais non pas secondaires.

Si l’on ne voit pas l’enfilade de la cause qui existe aux réalités qui sont, alors on sera tenté de supposer dans la réalité une deuxième réalité, ce qui ne se peut.

De même on se convainc facilement que l’on n’a pas la vie, le monde ou le corps qu’il se devait …

c’est que l’on cherche dans le donné, le vécu ou la satisfaction ce qui ne s’y trouve pas.

Cela revient à la position nietzschéenne, qui assume et assure l’auto-affirmation de soi du sujet brut (c’est sa fonction, son rôle dans l’histoire) ; si on agit poussé par des effets, l’action tournera en rond dans le monde, le même monde habituel, le monde des forces secondes ou pire secondaires. Si on se tient selon la cause, alors les effets naîtront par surcroît, se déversant immédiatement, voire instantanément, de la véritable source. Mais cette source n’étant pas du monde (mais dans la cause du monde, et donc de tout monde, étant auto-affirmation sa vérité n’appartient à aucun donné repérable, puisque tout repère s’effectue par le monde, el vécu ou le corps assujetti, aliéné, aliène n’étant pas selon la cause, hors monde), cette source donc, cette cause ne peut pas être « moi » ; c’est donc « la volonté » qui se veut et non pas ce moi, dont on voit bien trop évidemment qu’il est du monde, effets d’effets qui se prennent pour des causes.

C’est ainsi de la-volonté, toujours Autre, qu’il faut se tenir. On échappe de cette manière aux filets serrés des causes qui sont elles-mêmes effets d’effets.

C’est très difficile ; il faut être né pour cela. Dit-il.

Or donc c’est la même circulation qui nous vient du christique ; on en peut pas être libre dans le monde et selon le monde, or il n’existe qu’un seul point qui soit hors. Le regard du christique lui-même, qui comme on sait, existe non usuellement après la mort (et donc après tout ce qui se rencontrera dans le monde, le vécu ou selon le corps), mais qui existait bien avant le monde, puisque c’est par lui que tout a été fait (il est l’image de dieu, inconnaissable, mais l’image agissante selon la volonté du père, donc de la cause de la cause ; la supériorité hyper objective du père et du fils tracassait très fort Nietzsche, on le sait aussi).

La structure est très étrange.

Si ma liberté était relative au moi-même, je en serais jamais libre. Puisque le moi est composé et que la liberté ne peut aps dépendre. Il faut donc, effectivement, que la liberté soit autre.

Ou ce que l’on dit ; que la structure (de conscience, d’intentionnalité) n’appartienne à aucune partie de monde, de vécu ou du corps. Ce qui se vérifie comme champ intentionnel qui vaut en tant que tel (et non des contenus qu’il agite ici et là). Qu’alors, donc, le moi est un bricolage. Que le sujet est un dispositif-sujet, extrêmement puissant et d’une efficace formelle (non dépendant des contenus, et ainsi non dépendant des mois). Or portant il est certain qu’aucun sujet tout en étant parfaitement identique à tout autre sujet, ne peut pas et ne se confondra jamais avec quelque autre sujet que ce soit ; il n’existe à chaque fois que des sujets, un par un. Donc le réel, de notre existence, duplique le caractère absolument formel de « sujet ».

c’est bien pour cela que l’on peut traduire des langues ; parce que la structure de conscience est partout et unanimement la même et parce que ce sera sur le fond du toujours même unique monde, celui qui est-là, au devant. Si c’était des contenus on ne comprendrait rien.

De considérer comme acquise une certaine forme de soi. Parce que si c’est ce que l’on nous martèle, que nous sommes déjà « nous-même » et qu’il suffira bien de le devenir (ce qui est très bizarre),

il est clair cependant que durant tous ces siècles le réel-même tout le monde savait bien qu’il n’était pas là, pas dans le monde, le vécu ou le corps. Qu’il était, le réel, quelque regard planant on ne sait où. Et que seulement alors, bien saisi par ce regard, transi, de ce que le réel nous manquait on pouvait envisager de devenir. Et ce vers le haut.

Parce que sinon, si on est déjà-ici, tout entier, nous sommes tombés vers le bas. Et quoi qu’il en manquait une partie, celle que remplirait « une vie », si on est tout entier là, ça ne suffira pas, puisque l’on est bien certain que l’on ne réalisera pas ce que l’on veut mais plutôt ce qui se présentera, ce qui se rencontrera, au hasard, au petit bonheur, ou pas et dont on se trémoussera et prétendant qu’il s’agit, oui, bel et bien de notre destin. Qui peut croire en cela ?

On se proposera donc de rendre accessible tout cela qui se tient en réserve et jamais jusqu’alors n’est pas parvenu jusqu’à nous, jusqu’à ce moi que l’on est. Et c’est le propos même que de rechercher bien au-delà ou bien en avant, de remonter dans la Possibilité.

Dieu, la pensée et l’universel, le christique et le sujet, et évidemment la révolution et le réel c’est ce qu’ils dimensionnaient. Ils le dimensionnaient, ils en prenaient ou permettaient d’en prendre la mesure. Si l’on nous retire nos instruments, comment percevrions-nous ?

Or on a défini cela comme un manque, si souvent, un vide, un tourment absurde. Il est dit, ici, que si c’est un vide, effectivement, c’est parce que c’est formel. Et que donc rien du tout du monde, mais aussi du vécu ou du corps ne remplira cette forme pure et brute.

Il faut tenir bon sur ce terme de forme « brute ». Elle n’est absolument pas dégrossie, violente, difficile, incertaine mais statistique (la « vie » doit apparaître à un moment ou à un autre, ici ou là-bas, parce que dans toutes les choses immobiles ou mues par cause, il faut que naissent des êtres contenant leur principe de mouvement, et donc percevant leur milieu et parmi ces vivants quelques uns qui soient non pas relation au donné là, au milieu, mais rapport à (soi), se percevant donc à partir de l’horizon).

On envisagera, un jour, ce que la même dite forme brute peut bien signifiée lorsqu’elle s’engage en sa dimension propre et de brute se métamorphose en subtile… Nul doute pour nous que cette expérimentation de la subtilité de ce qui est tout brut et mal fait et mal dégrossi (le péché si l’on veut, le fini, le manque, la négativité hégélienne, le noumène kantien si l’on veut bien, le pour-soi néantisateur, ça c’est très fort, le réel lacanien, ce par quoi on peut faire-avec l’intraitable), cette expérimentation nous arrive lors et durant cette vie, et que c’est par là, par ce sens là, dans cette orientation, cette direction, physique, physiologique, que cette vie se transforme, se modifie en Existence.

On dit en ce sens que le christique, depuis le christique (que l’on y croit ou non n’a aucune importance, aucune objective en tout cas), le christique est l’Existant ; ce que de lui-même il signifiait comme « seul Vivant ». « Je suis le chemin, la vérité et la vie », comme on se souvient. Si l’on n’est pas croyant, cette logique pose quand même une telle problématique, pour le coup fondatrice. On en mesure pas du tout l’importance totalement débordante de cette phrase ; ça vient de la lune, de mars, de où vous voulez, mais pas d’ici bas. Du Bord du monde, peut-être, mais pas du monde. Du point de perception par lequel, pour nous, paraissent le monde, le vécu, l’objet du désir ou le corps, mais pas de nous-même.

On a dit, cent fois, que puisque nous percevons (et que pour nous existent le corps ou cet objet ou cette chose ou cet horizon) c’est que nous ne sommes pas ; une pierre ne perçoit pas comme un vivant, mais un existant ne perçoit pas non plus comme un Existant. On a dit que ça n’est pas que nous percevons l’horizon (tandis que le vivant, le chien vivent dans leur milieu), mais que nous nous percevons à partir de l’horizon. Ce qui est tout à fait différent, totalement autre. Le chien ne sait pas qu’il va mourir. Nous le savons, non spécialement de la mort, mais de tout ; nous sommes en-dehors de nous. Et c’est sur la toile de cinéma que cela projette que nous percevons habituellement, comme « sans le savoir ». Puisqu’il faut bien gérer le commun, l’habituel, le vécu, et construire ou plutôt bricoler le moi que l’on est (de bric et de broc).

Or donc il y eut, également et en plus de la tenue simplement immédiate, du moi, une aperception-autre qui nous percevait. La philosophie, qui décentre chacun dans et par l’universel (sinon vous ne pensez pas, pas du tout). Le christique qui décale intégralement le croyant dans et par son regard (c’est pour cela qu’il demande que l’on ait la foi ; si l’on n’y croit pas on ne voit pas, on se positionne par l’intention par-dessus, par-delà toutes les intentions et de ce point-autre, celui qui ne meurt pas, puisqu’il n’est pas concerné par la mort, aussi dit-il qu’il est le premier et le seul vivant, puisque recelant la capacité du point absolument en-dehors). Il est évident que si il existe un point-autre au-delà et en plus de toute vie (et de tout monde), il aura le dernier mot ; n’en déplaise à qui que ce soit, c’est structurellement le dit point à partir duquel on se perçoit et non parce qu’un type, le Jésus, l’aurait inventé, imaginé, mais parce que c’est la structure même du réel, par lequel, pour nous, quelques réalités nous apparaissent ; sinon nous demeurions le nez dedans, le nez dans la vie, le vivant, nous n’aurions pas un corps (puisqu’il n’entrerait pas dans le champ de perception et que ce champ n’existerait pas).

Reprenons ; il y a un champ (dans lequel les réalités, signifiées, entrent) parce qu’il y a un champ intentionnel qui permet d’accoler (pour faire simple) des perceptions et des signes ; ce qui veut dire aussi qu’il est possible de percevoir au travers des signes plus de perceptions … c’est même pour cela qu’il est un langage ; afin que ce langage soit dépassé et que les intentions parviennent jusqu’au monde, au donné, aux événements, aux dialogues, aux autres, etc ; le langage n’est pas du tout le bout du bout, aussi construisons nous des ensembles de signes, esthétiques par ex, parce que c’est le champ qui compte et non pas les signes qui ouvrent et contiendraient les champs d’expressions ou de perception ; en bref l’activité d’intention est plus grande que ces moyens, sinon on ne voit pas bien à quoi tout cela servirait, si pour créer un ensemble systémique nous nous se retrouverions piégés au dedans.

D’autant que l’on a pu, historiquement, déployer quantité de nouveaux champs, précisément en prônant la liberté ; si nous sommes libres c’est afin de construire des ensembles (et singulièrement non plus organisés par un groupe mais individuellement). La question demeurant la seule ; de où percevons-nous ou pensons-nous ou décidons-nous ou voulons-nous pour augmenter si considérablement la quantité et la qualité des champs de perceptions ?

L’hypothèse est que ça vient d’ailleurs. Parce que si c’était dans le monde, le vécu ou le corps, ça ne décollerait pas.

On dira : mais pourquoi avoir attendu si longtemps avant de déployer ces quantités de champs ?

Mais il faut bien comprendre que c’est ce que nous faisions depuis, on en sait, 100 000, 300 000 ans ; on a créé des mondes humains, dits de mise en forme culturelle (maya, égyptiens, aborigène, et tout ce que l’on ignore), sauf que la régulation de ces mondes là se fondait sur le groupe (il fallait à tout prix communiquer, transmettre et ne pas perdre la densité du monde ainsi formulé, sous peine de disparition).

Et qu’il est arrivait que l’on compris au moins ceci que l’on recevait pas le monde (tel ou tel, qui croyait en ce qu’il percevait et dont le groupe formait la véridicité constante), mais que l’on produisait les contenus de conscience et cette conscience de la production de contenus (et non plus seulement d’approbation au contenu perçu et partagé) prit le nom de dieu, de la pensée, du christique ou du sujet.

Et cette montée en gradation fut si puissante que, oui, effectivement, on peut se demander si ça ne nous fut pas révélé ou si l’on préfère ; on en fut saisi.

Mais c’est ce qui s’opérait depuis des lustres, sous la formulation de mondes (tous séparés) ; sitôt cependant que l’on prit conscience que nous produisions ces contenus, ce fut selon l’Intention (de dieu), la présence du monde (grec), l’effectivité du corps individuel (christique), l’intention du sujet tel que là (« je pense donc je suis », dont ça n’est pas tellement qu’il « pense » qui compte, mais bien plutôt qu’il « existe », se montre à lui-même, se sait comme origine de sa construction, et non plus seulement qu’il serait pensé par la pensée, grecque ou théologique).

Et donc nous voici admis en seconde année.

Passer du « je crois au monde tel que maya ou égyptien »

à « je sais que je dispose des contenus de conscience »

et je dois alors prévoir d’en créer de nouveaux (puisqu’ils sont désormais remplaçables) est une prouesse et qu’ainsi nous basculons de l’autre côté. Il y a de cela 3500 ans (pour dieu, on ne sait pas trop non plus), 2500 ans pour les grecs, 2000 pour l’individualité conscient de soi soi comme individualité (pour le christique), etc.

ce sont les explorations de cet autre côté qui constituent notre historicité ; dieu (l’intention), la pensée (l’universel de l’intentionnalisation), le christique (la forcément individuelle intention que l’on ex-siste, en tant que non seulement vivant mais existant), le sujet (cartésien ou révolutionnaire, qui dit « je » ici et maintenant et face à dieu si l’on veut, mais le je de toute manière impose sa logique à lui, et dorénavant se démultiplieront les je(s).

or prendre conscience que l’on est conscience et que l’on produit des contenus, ça ne va pas tout seul. Il faut redoubler d’effort. On ne peut pas identifier comme un objet ou une chose ou une inertie cela même qui est le champ dans lequel apparaissent les objets ou les choses. Il faut recourir à un plan, pour ainsi dire.

La dite planification, dieu, la pensée, le sujet, le réel, sont diablement ardus. On n’a pas de repères.

Aussi dit-on que « ça vient de la lune », on ne sait de « où ». Ou alors, comme on veut, qu’il s’agit de révélation ; la pensée était divine pour les grecs. Puisque l’on passe alors d’un régime immédiat (même si les mondes humains étaient extraordinairement complexes) à une médiatisation très-difficile.

Autant dire que l’on admet dieu, l’universel, l’autre-corps, le sujet, la révolution, et toutes les articulations qui tentèrent d’approcher la structure antérieure, celle qui rend possible « des contenus » mais n’est pas elle-même un contenu (sinon elle s’y noierait et n’existerait pas, il y a des contenus parce qu’il y a une distance). Et on admet, à la fois avec critique mais aussi absolument, dieu, la pensée et l’universel, le sujet et la révolution, etc.

Et on ne dit pas ; voici un système qui va remplacer tous les autres (quelle absurdité) mais il y eut plusieurs systèmes qui exprimèrent, en leur mode, ou même époques, le même-centre non visible.

Il n’est pas plus visible ici qu’ailleurs. Ça pointe juste le Même Point.

(on a vu par ailleurs pourquoi c’est un point et qu’il est non la-perfection mais le-perfectionnement, dont évidement nous n’avons commencer le début de l’aperçu). 

La différence est celle-ci ; la forme de la réalité, des réalités n’est pas déterminée. Et donc ça ne relève pas du monde, du donné, du vécu ou du corps ; ça vient du Bord. Le monde n’a pas de bord, soit il est infini soit il est sphérique, mais dans les deux cas le bord du monde est le Présent. Ce qui veut dire ici et maintenant et partout, en chaque point ici et maintenant. La structure du présent est probablement la plus étrange qui soit.

De même l’activité de conscience paraît seconde voire secondaire par rapport aux contenus, qui seuls valent ; et notamment ces contenus rigoureux, de philosophie ou de science (ou d’objectivisme pour les fanatiques). En se focalisant sur les contenus on ne dérive pas l’attention dans cet autre circuit qui consiste à désengager l’acte de conscience afin de l’établir selon le grand plan tout-à-fait autre. Le grand plan tout-à-fait autre est celui de dieu, de la pensée (universelle qui décentre le moi), du christique (qui extrait le corps), du sujet (qui impose à lui-même une soudaine autre perception par laquelle « il se perçoit » et notamment en l’occurrence se perçoit sur ce que Descartes à désigné comme étendue, ce qui n’est que le début de la désignation du « là » comme réel, d’abord comme monde, puis comme nouménal, puis comme réalité, puis comme existence brute, puis comme réel tel quel) et évidemment la brusquerie existentielle qui vous abandonne là au milieu ou au bout du monde (selon Sartre ou Céline).

Ce grand plan signifie qu’il devra organiser (et premièrement créer) une stratégie digne de ce nom ; une stratégie et non plus de ces petites tactiques limitées qui ne changent rien au moi, qui le laissent tel quel, comme moi et de l’expulsent pas, qui ne l’instituent pas comme sujet.

Il apparaît donc que « sujet » est bel et bien une telle dénomination ; une structure extrêmement puissante (qui contient aussi bien toutes les nuances, potentielles, du subjectif, lequel est formidablement charpenté, que les objectivités, par durcissements et resserrements du conscient et précisions et universalisations) et supposément la structure absolue, cad formelle.

Dont on a vu qu’elle représentait, pour nous, dans notre expérience autant que l’on y atteigne, la logique fondamentale ; celle non pas de la perfection de l’être (dont on ne voit pas du tout à vrai dire ce qu’elle peut bien comporter) mais le perfectionnement continuel et continué ; seule une structure-sujet peut supporter d’être absolu mouvement (et seul un mouvement peut exister, il n’y a aucunement un « être » possible ou envisageable, ce serait une contradiction dans les termes).

Mouvement, ce qu’est le présent. Le présent en tant qu’il est non pas le temps, mais l’exister. En ceci que l’exister contient toutes les sortes d’êtres possibles, connus ou non. La « substance » des réalités ne peut pas être elle-même une réalité, sinon elle serait « dedans ». ce que l’on nommait autrefois le fini, qui est simplement la détermination ; une chose déterminée est finie et la détermination contient à elle-même sa propre fin, disparition ; elle n’est utilisée qu’à cela. Et on sait depuis le début que la finalité ne peut pas consister en ce monde. Il n’y a pas peut-être pas de finalité en dehors du monde, mais en ce cas tout est destiné à la disparition, totale. D’aucuns peuvent trouver cela raisonnable.

On n’adoptera pas non plus une position de repli, dans le genre : « si la vie n’a pas de sens, alors autant ceci ou cela ». Parce que l’on ne considère pas que le fait d’exister, le fait de l’Existence comme tel soit une malédiction… Si nous n’existions pas, rien du tout ne serait pour nous, pour qui ou quoi que ce soit. Et admettant la quasi infinité (ou l’infinité effective) de tout cet univers, on se dit que l’énergie mobilisée est à ce point titanesque (si l’on peut dire étant entendu qu’elle est peut-être in-finie) que ça ne peut pas seulement exister là pour rien ; quel sens, logique, effectivité, réalité cela aurait-il ? Ce serait comme le comble du ridicule, saugrenu, débile. Pourquoi tant et tant d’énergie, puis de matière (de l’énergie refroidie en somme rend possible des « masses » que l’on nomme matière, compositions plus ou moins stables, sur lesquelles ça peut construire, durer, ce qui est organisé, dure, dans le temps que cela crée dans le même mouvement)

et donc toute cette débauche n’aboutissant à rien du tout,

sinon la disparition, l’effacement totale de tout dans la nuit noire ?

Il faut être un peu sérieux quand même. Et ne pas se laisser aller aux lamentations.

La dureté du réel, la brutalité des réalités, la violence font partie de « ce qui est », cad de la séparation nécessaire et implacable ; il faut que les réalités soient distinctes. Sinon ne parviendrait à l’existence des « individus », ce qui veut dire des rapports à (soi).

On a vu que ce sont des rapports à (soi) parce que sitot que l’on a un rapport, le rapport passe au-devant ; si il se perd en tant que rapport, il disparaît et ne possède plus aucune utilité, évidemment. Donc il existe un rapport qui rend possible des rapports ; ce qui veut dire des signes ; les langages sont des signes, en système, sinon non mémorisables et offrant alors une certaine résistance, c’est le but, mais non pas au point d’annihiler le rapport initial ; aucun contenu n’est supérieur au rapport premier et donc le rapport premier n’est pas un signe, il utilise le signe (et le crée, de par, dira-ton le champ intentionnel, qu’est un rapport, qui s’ouvre alors) et l’utilise en ciblant au-delà de sa limite, de signe ; en bref vers l’horizon et l’horizon ça n’est pas ce que l’on voit, mais ce à partir de quoi l’on perçoit ; notre corps, qui est « à » nous, s’aperçoit du dehors, ne serait-ce que du regard ‘autrui, de la communauté, mais donc d’abord à partir de soi-même, à partir du rapport, tout à fait autre pour lui-même ; c’est bien la spécificité du rapport que d’être d’abord lui-même et comme en ce cas on ne peut pas dire qu’il « est » (puisqu’au-delà des déterminations, les faisant défiler devant lui), mais qu’il Ex-siste.

Cette distance, interne, qui comme tout structure interne n’est pas « intérieure » mais produit, crée un externe, est ce à quoi nous sommes livrés ; la structure sujet (qui est le rapport initial) nous y sommes « condamnés », puisque c’est par là, par ce moyen que nous apparaissons à nous-même (et donc que tout apparaît à nous), hors de laquelle nous serions seulement un vivant ; nous percevrions les réalités comme un milieu à partir de l’aperception donné là, celle du corps que nous serions (sans distance). Donc la distance nous crée et on ne peut, ensuite, que

soit faire semblant qu’elle n’existe pas (et croire, en l’imaginant, que nous sommes, ceci ou cela , c’est l’imagination qui confère substantialité à ce que l’on croit être, il n’y a d’être, au sens de stable et consistant, qu’imaginairement)

soit élaborer cette distance même tant que telle, en tant que distance ; dieu, l’universel, le christique (selon le corps), le sujet, le réel sont à distance et maintiennent cette distance ; ce sont les opérateurs de structure qui nous voient à partir de l’horizon. Nous percevant de cette hauteur il nous est possible de manœuvrer une stratégie. Qui ne soit pas seulement les jouets du monde, les jouets des intérêts immédiats, de tous ces intérêts ou désirs ou imaginations qui tomberont, disparaîtront avec le monde (selon sa destination propre, qui est de s’effacer).

Soit on considère cela comme structure fonctionnelle (la réalité est incluse dans une forme, le réel). Et on obtient a minima une petite stratégie minimale. Les réalités apparaissent dans et par une articulation ; il n’y a pas des réalités puis une articulation mais une articulation, transcendante, qui produit des réalités.

Soit on admet qu’il s’agit d’une structure dimensionnelle ; la structure existe en et par elle-même et cela seul existe (tout le reste est, selon l’être et la détermination). Et alors une grande stratégie est possible, accessible et nous ouvre à la structure du réel comme tel (si tant est donc que ce réel existe en lui-même et non seulement comme transcendant par rapport aux immanences, mais en tant que la transcendance est cela même dont tout est fait, agit, créé, produit, décidé ou engendré, comme on veut selon sa croyance ou par ailleurs son engagement structurel, sur lequel on reviendra).

Fonctionnellement : cela permet de ramener quelque système que ce soit à une seule fonction, de conscience, d’intentionnalité, laquelle conscience est indérivable ; de même que l’on ne peut pas dériver l’exister (puisqu’antérieurement à l’exister il n’y a rien, ou autrefois l’être, si on le supprime on ne peut plus penser). La conscience est indérivable parce qu’elle signifie que cet être est en rapport avec lui-même ; il est ce rapport, ce qui revient à dire qu’il n’est pas, il ex-siste. À la différence d’une pierre qui est cela qu’elle est, ou d’un vivant qui est un rapport (puisque qu’il est autre que son milieu, sa peau le sépare du reste, et il se meut, de fait) mais n’est pas le rapport du rapport ; c’est seulement parce que le rapport est rapport à soi comme rapport que cela se nomme « conscience ». Cette non/identité, cette identité formelle, pour cela les contenus défilent dans l’arc de conscience, qui les rend possibles ; « conscience » se dit de cet être qui est son rapport et non pas le rapport d’un ceci à lui-même ; aussi le dit rapport de conscience est instantanément universel. Ou si l’on préfère, accoler un signe et une perception c’est entrer de fait dans l’universalisation ; le langage est en lui-même universalisation opératoire. Dans une réalité en laquelle toute chose et tout être est le rapport qu’il est (et donc n’est pas un rapport à soi, mais est en rapport avec les atomes ou les autres vivants), il y a au moins un être qui est le rapport qu’il ex-siste.

Mais sitôt que le rapport-à-lui-même se crée il est tout le rapport ; puisqu’il n’est plus acheminé par une détermination mais par son activité. Et il se rend capable immédiatement de tout. La forme, la structure de conscience (qui est la forme du rapport en tant que tel, du rapport en soi qui est absolument formel) est instantanément tout ce qu’il y a lieu en tant que rapport (de même que dieu, la pensée, le sujet ou le réel viennent tout en une fois, qu’il faut ensuite déplier formellement, ce qui est très difficile ; l’égalité et la liberté par ex déplient la liberté du sujet, qui ne se mesure que via autrui).

Le rapport à-soi n’est donc pas le rapport que jean-pierre tient avec lui-même ; le « lui-même » (soit jean pierre) n’existe que dans et par le rapport de la conscience qu’il ex-siste (je en suis pas ce que je suis, ni ce que les autres ou le monde ou le passé ont fait de moi mais ce que je fait de tout cela, ce que je fais actuellement, ici même, ici et maintenant, dans l’ici et maintenant toujours actuel ; on n’existe pas, jamais, en dehors du présent …)

C’est à cette fonction ou à cette dimension du je, de l’arc de conscience, de la forme du rapport que l’on se réfère. Et c’est ce rapport qui constitue le Bord du monde, du vécu (et du relationnel) ou du corps, ce à partir de quoi on (se) perçoit.  

Comme disait Kant l’unité transcendantale est constitutive de toute pensée (représentation, perception, corporéité, etc), parce que toute pensée est un tissu de rapports (comme tout langage, donné ou second comme les maths) et qu’il y a un-rapport qui initie tous les autres (ou alors il faudrait imaginer, visualiser que telle pensée existe en elle-même, on ne sait où).

Ne pas comprendre que le rapport est originel (bien qu’il soit né bien après) c’est laissé à du représenté la structure d’un être, mais d’être il n’y en a pas, sauf dans le mouvement ; il y a le mouvement (le présent en l’occurrence) et dans le mouvement des choses ; qui sont inconsistantes puisque seul le mouvement existe, de même qu’il y a du consistant (le chat) construit sur de l’inconsistant (le chat de Schrödinger est inconsistant mais au niveau de Schrödinger il n’y a pas de chat … mais des mouvements, des agitations, pas de consistance du tout ; que la semi consistance des choses et des vivants soit fondée sur l’inconsistance des agitations est fascinant ; les réalités sont des constructions, pas des « réalités »).

La dimension

La dimension rend accessible que non seulement le mouvement soit origine de tout ce qui est (comme réalités, dont on sait bien qu’elles n’offrent pas une consistance suffisante et valant en elle-même)

mais que de plus nous existons dans et par ce mouvement, et que nous y habitons. Que nous y existons, sans y être. L’être est seulement le moyen de l’exister. Et il n’existe pas d’unité « substantielle », qui ne sera que rêvée, idéalisée, imaginée ; l’être est une vision de l’articulation mais nullement sa résolution, en quelque sens que ce soit et du reste on serait bien en peine de définir (selon une détermination) quelle pourrait être cette unité ; il n’est aucune synthèse ou être synthétique qui rassemblerait la diversité et la multiplicité ou donc la détermination ; il faudrait imaginer, imaginer, une super – détermination, mais les réalités sont étalées par le réel, le présent, la distanciation des choses dans un « là » in-différent, et les motions de conscience ne réunissent une unité que localement ou ponctuellement et non pas substantiellement, selon une identité.

Par contre il est une telle unité mais selon le sens, la signification, selon cette activité, cet activisme (qui nous pousse par exemple dans notre monde humain spécial à désirer constamment afin de relancer la dite unité mouvementée, qui doit brasser quantité de données, d’informations, d’image,s d’objets, mais jamais toute cette masse ne parvient à une unité, elle se fixe juste sur tel ou tel objet à tel moment, ce qui occasionne une fragmentation intentionnelle considérable et en elle-même mortifère ; elle tue l’unité, cette fois intentionnalisatrice, rendant impossible une quelconque stratégie ; ni l’humanisme, ni la classe sociale, ni même souvent le moi n’y survivent ; la dispersion intentionnelle c’est cela même qui nous juge et jugement dont les effets s’incrustent ici et maintenant ; aussi faut-il rassembler les structurels, et percevoir l’historicité elle-même, avant que tout ne disparaisse).

Dieu, la pensée (l’universel, en tant qu’universalisation du rapport qui se reconnaît comme tel et non plus seulement comme langage mythique, qui se connaît comme activité et non comme monde donné), le sujet (qui se sait comme relevant de son intention propre et non plus seulement de l’intention de dieu, qui précisément signifiait cela même, que l’on soit intentionnel) et le réel, enfin, rendent possible l’utilisation, par elle-même, de l’intentionnalité, qui autrement sera utilisée par le monde, le vécu ou le corps, et qui, inversement, par là, détient le levier de son organisation et bien encore avant de son invention, de sa création structurelle ; dieu, la pensée, le sujet et le réel se créent comme structurels, inimaginables selon le monde, de là qu’ils soient décrochages par rapport au donné ; et structurel qui ensuite sera re-déterminé, à chaque fois, selon un représenté, un monde humain, telle la nation, ou un humanisme, et à terme des sujets citoyens, et dans le monde humanisé, depuis la révolution, sera re /déterminé selon tel ou tel moi-même ; il est clair que ces manifestations ne sont possibles, à chaque fois, que du structurel acquis. À chaque fois il engendre des mondes, des vécus, des relationnels, des corps nouveaux (le moi invente un corps sur lequel il entraîne des signes).

Somme toute, quel que soit ce que l’on vit, ce qui compte ce sera ce que l’on en fait. Ce qui paraît tout à fait abstrait, mais n’oublions pas que nous sommes et nous ne sommes, nous n’apparaissons à nous-même, il n’y a un « nous-même » qu’en tant que rapport. Et donc nous sommes déjà l’universel d’une part (cad dieu, l’intention unique ou la pensée, l’intentionnalisation universalisante) et d’autre part le singulier sujet (qui est ainsi bien plus vaste, conséquent, concret et structuré que l’universel) et qu’ainsi en chaque détail nous sommes propulsés au plus haut, à partir du plus haut ; dès que l’on porte attention à ceci ou cela, on est immédiatement reconduit à l’ensemble, à l’unité, à élévation ; parce que l’on y existe déjà, puisque c’est à partir de là que tout le reste apparaît.

On est instantanément en vérité supposé, supporté à partir de dieu, de l’universel, du sujet ou du réel (au choix mais en vérité on assume ici les quatre possibilités) ; de sorte que l’on ne peut commencer d’interroger sans supposer le terme absolu, puisque nous sommes un rapport c’est la structure de rapport qui s’instancie immédiatement (et permet d’additionner ou de soustraire tous les autres rapports).

Et ceci puisque tout ce-qui-est vient d’en-avant, du devant : raison pour laquelle il existe un présent, que tout l’être n’est rien sinon pris-dans l’exister pur et brut.

On voudrait stopper la possibilité, mais sitôt que l’on veut saisir quelque réalité ou une imaginaire identité, nous sommes ramenés au réel unique-en-mouvement, au Un qui devient et qui devient de plus en plus immensément, au terme absolu, au sujet, ou comme vous l’entendez (ce sont des mots sur une seule et même structure, fonctionnelle ou dimensionnelle, mais des mots qui sont également des approches de la source d’en-avant). Emportés dans le mouvement.

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