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instants philosophie

Présupposés cruels

14 Novembre 2020, 07:44am

Publié par pascal doyelle

Historicité de l’ontos. L’os du réel tel qu’intentionnel, de notre point de vue (sans préjuger de la Structure-Sujet qui in-forme la totalité de tout ce qui est, fut et sera, encore plus selon son chemin de perfectibilité brute au début et ensuite pure et simple).

Dès que l’on sort de tout monde particulier on aboutit à la structure ; les mondes, les sociétés humaines, les relations, les corps, les vécus sont des contenus : la structure est cela qui permet de produire des mondes (dans un champ intentionnel qui via les signes organise et d’abord invente, crée l’espace au-devant, lequel champ doit demeurer concerté, disposé, prédisposé par son activité et son actualité).

La structure étant un rapport lorsqu’elle se manifeste elle se tient toute droite et toute nue ; claire et nette. Dieu (l’intention, que l’on y croit ou non n’a aucune importance, sinon pour chacun), la pensée (le déploiement forcément universel de tous les rapports en conscience, les intentionnalisations), le sujet (l’intention au cours d’une vie, transformée en existence), le réel (ce en quoi et par quoi il existe une intentionnalité ; un rapport dans le rapport, l’arc de conscience dans l’arc du présent).

Et donc étant un rapport la structure (de conscience) se-sait. Elle sait quelque chose, quelque chose du réel de son ex-sistence. Le contraire serait étonnant. Le se-savoir est en lui-même infiniment étrange, littéralement (autre, jetant tout contenu, auquel on aimerait s’identifier, dans la distance brute de l’acte intentionnel). Puisque la forme, structurelle, ne passe pas dans la réalité ; ce qui crée de la détermination ne peut pas être soi-même déterminé. Par contre ce qui existe indéterminé (la structure, la conscience) saisit l’indétermination, la forme et en vérité il n’existe de saisi que l’indéterminé. Ce que l’on aime vraiment est tellement autre que tout, y compris nous-même, que cet état de dépendance vis-à-vis de la forme brute nous précipite dans l’indépendance (si le réel, la conscience était déterminée elle serait attachée, liée, enchaînée à un quelque chose quelconque).

Ou, dit autrement, tout est symptôme de la face indéterminée, qui se tourne vers nous-même et qui ne renvoie pas du tout une tautologie mais précisément le mouvement pur et brut.

Que tout le reste soit symptôme implique que l’on cherchera en vain ceci et cela dans le monde, le vécu ou la perception ou le corps ; on ne trouvera jamais la résolution. C’est exclusivement la prise en compte de cette face indéterminée par et pour elle-même (puisqu’elle seule se voit, se saisit, se-sait) qui pourrait, éventuellement, résoudre et encore faut-il s’entendre sur ce type de résolution, résoudre donc l’équation de structure. On a dit déjà que se saisir pour le rapport qu’est l’actualité intentionnelle un « être saisi » par (dieu, la pensée, le sujet et la liberté et égalité, le réel).

C’est pour cela donc que l’on a instancié dieu, la pensée, le sujet ou le réel (ou qu’il se révélèrent à nous) ; dont on pressent qu’effectivement ils échappent. C’est ce qu’explicitement ils affirment en s’annonçant; la pensée aussi bien que dieu sont « à l’extérieur » du monde, valant, remarquons-le, pour eux-mêmes ; on peut comprendre le monde via leurs portes respectives, mais ils ne peuvent pas être compris dans et par le monde, le moi ou le vécu.

Or on ne voit pas la liaison entre le moi et la raison, le monde et le un, la perception et l’être (idéel), si on y oppose des masses frontales, telles la matière et l’esprit ; soit donc si on tient la substance mondaine et la substance idéelle d’un côté et de l’autre.

C’est le mystère de la troisième substance, celle-là même cartésienne ; dont on se doute bien qu’elle n’est ni l’une ni l’autre. Descartes s’interrogeait sainement sur l’unité de l’âme et du corps ; comme il a inventé, créé l’interstice du possible en séparant la volonté de la pensée, il voit de fait, comme un Fait manifeste réel, que tout l’ensemble repose sur autre chose, autrement. En nommant « pensée » l’ensemble de nos facultés, il n’est pas loin de Kant qui décrit le transcendantal, l’encadrement spécifique du phénoménal, mais aussi de l’exercice de la liberté et de la faculté de signification, d’expression.

Et ainsi il fallait reprendre plus haut, plus en amont, antérieurement, en-avant de tout et découvrir ce qui originellement nous extrait et nous expulse du monde donné et du vivant et de la perception immédiate et du corps. Ce qui s’accorde à cette logique, que d’aucuns refusent de reconnaître comme fondatrice, que nous débutons avec et par nous-même et nous-seul. Ou plus exactement parce que nous voici tel ce moi embarqué dans plus grand que « nous-même », en conséquence de quoi nous débutons, tout débute toujours par la station la plus élevée possible, lAntériorité s’annonçant comme être, vérité, intention, fait absolu.

On en a vu et reconnu la raison ; ce qui existe comme rapport est pris dans ce rapport et la nature même de cet « être » étrange (qui n’est pas un être justement, une identité ni une détermination, mais survole toute sortes de déterminations effectives ou possibles), sa nature même est d’être-autre ; sinon rapport il ne le serait pas. L’os du réel vient instantanément tel lui-même, et sitôt qu’il est signifié et entre dans son propre champ, il sait-déjà sa capacité (qu’elle soit dieu, vérité, liberté ou possibilité).

Comment tirer la leçon de ce qui ne se prévoit pas ? Parce que savoir la capacité ça n’est pas l’exercer. Et on notera bien à quel point les juifs, les grecs, les français ou le moi furent surpris, n’y comprirent rien mais le voulurent malgré cela ... et bouleversés de fond en comble dès l’installation, l’instanciation de la structure dans le peuple, la représentation, le corps social ou le corps tout court. Ça ne sera, ensuite, plus jamais la même chose. Puisque l’articulation se détend soudain et dénoue toute l’historicité, toute l’apparition de soi, du monde ou de la réalité, toute la représentation et jette le corps dans l’a-temporalité.

De même que le moi s’est psychiquement senti coupé de son être, qu’il n’est plus un enfant et que désormais il est livré à la séparation, à la souffrance et finalement à la mort ; tout cela parce que soudainement (ou pas) il a basculé du côté du réel, de l’horizon non pas qu’il perçoit mais à partir duquel il se perçoit comme un étranger. Où est son être alors ? Nulle part, il est brut et pur mouvement.

Se-savoir selon dieu, la pensée, le sujet ou la possibilité c’est ne plus se régler sur le même temps. Le dénouement de la temporalité c’est bien comprendre que la décision qui viendra engagera non plus tel ceci ou cela, bien indifférent, mais le temps lui-même, le réel, la structure à l’origine de tout le reste, et en fonction de laquelle le monde, les sociétés humaines, les vécus et les corps s’affecteront de tel ou tel effets, résultats, conséquences, décisions, actes, et au plus loin projets ou stratégies (le projet sartrien est une version de ce que l’on nomme stratégie, dont on sait qu’il, ce projet, prolonge ou plonge ses racines dans toute l’intentionnalité de toute une vie, nommée ici existence, serait-on Flaubert ou Genet).

Situation excessivement étrange, qui rappelle immanquablement que nous dépendons de dieu, de la pensée, de la liberté ou du réel ; rien ne se fait sinon la volonté de dieu, selon la vérité, pour la possibilité (comme liberté et comme réel, si l’on veut le possible de la liberté et la possibilité qu’est le réel). Tous les autres choix demeurent toujours possibles, mais ils se tiendront inférieurs à la possibilité même ; étant entendu que nous ne percevons que la détermination (ou le péché ou l’erreur ou l’égarement et la petitesse et qu’il faille constamment relancer, remonter les peuples, les systèmes, les vies vécues, les corps, et élever tout cela, élever la perception par quelque œuvre par ex).

Sinon nous tombons, dans le donné, poussé par le corps, qui, lui, en tant que vivant abonde naturellement au donné immédiat. Tout nous incline à ne pas nous élever. On se découvre mille et une raisons de n’être que ceci ou cela ; on pare l’objet du désir, on habille l’objet avec le désir, pour le rendre désirable mais c’est afin que le corps emprunte une fonction et que l’on en soit libéré en le considérant comme naturel ou humain selon la rature humaine ou idéal de ce moi, et donc justifié, salement, comme disait Sartre (« les salauds! ») ; juste, ce qui veut dire sanctifié selon son objet, alors que sanctifié selon son sujet c’est tout autrement difficile… Il faut qu’il reçoit cette sanctification, la grâce, et qui ne sera pas du monde, du vécu ou du corps. C’est la différence entre le fantasmatique du moi (son spectacle si facile et qui le réconforte) et telle œuvre qui demande de se plier, à la discipline, et donc à la sainteté.

À la purification de la volonté, qui dès lors n’est plus « la-volonté » (du conscient qui n’est jamais que le regard de l’autre la plupart du temps et qui ne l’est plus uniquement si le je, transis de trouille, par exemple, et sait qu’il mourra seul et sans rien et qu’autrui n’y viendra pas), n’est plus la-volonté donc mais l’intention. Dont les ressources internes s’actualisent dans le champ de l’intentionnel d’une existence. Qu’ai-je vraiment voulu ? Ou pour les grecs qu’ai-je véritablement voulu ? Ai-je fait tout ce que je devais ? Ai-je éprouvé tout le possible possible ? Et jusqu’où cela s’arrête-t-il le « possible » ?

(on a vu que théoriquement le possible ne s’arrête pas, ne peut pas s’arrêter ; si il est la structure même du « réel » alors il ex-siste indéfiniment ou infiniment, il est plus grand que lui-même ; il existe un réel afin qu’il devienne encore-plus en se re-tournant, tournant à nouveau selon sa forge indicible, qui est celle qui énonce, annonce, perçoit en nommant, en signifiant, en pensant, en décidant de ce qu’elle va Voir)

Or on peut dire en un sens que chacun recevra selon sa Possibilité même, si l’on est chrétien. Ou que dieu est le système absolu des libertés, cartésien (Sartre termine l’E et le N par la vision de dieu ; le pur mouvement, néant, face à l’inertie, l’être massif). Il faudra donc poursuivre le système de l’a-temporalité (requis kantiennement pour le transcendantal) et on ne voit pas vraiment qu’il soit raisonnable de se limiter à la fonctionnalité de la structure, ni alors comment échapper à la dimensionnalité ; que recherche le sujet sartrien, en cette vue intotalisable de cette totalisation vécue ? Quel regard veut-il étreindre qui survole toute l’existence ? Mais sans la croyance en un point de vue de ‘sur-existence’, ce dont Sartre se prive, sciemment, chacun est rendu à sa responsabilité, seule, et donc à son degré d’observation plus ou moins limitée ; où l’on voit le bénéfice du pur réel suréminent d’un regard-en-plus qui seul offre l’ampleur de vue ; ce qui veut dire qui seul permet de commencer d’établir une stratégie d’existence. Ce que l’on nomme arc de conscience dans l’arc du présent absolu, et à tout le moins formel, pure forme, réel brut.

C’est par là et par là uniquement qu’il y eut historicité.

Il faut donc partir de ce principe que nous sommes déjà toujours embourbés dans la détermination et que constamment nous tombons, vers le bas, et qu’ainsi l’élévation nous est impossible, sinon de passer par-delà, outrepasser non pas le donné seulement mais celui que nous sommes ; ce à quoi nous nous devons n’est pas, ne se perçoit pas mais réside dans la possibilité non visible, non déterminée ; ce qui revient à dire que la conscience n’a pas de programme, elle est le programme. Qu’il n’existe que l’Intention (nommé pour nous historiquement dieu) qui instancie la communauté (les juifs, la nation) que cette communauté est constituée d’individualités le christique, le sujet, tous égaux dans chacun son Intention et que ces individualités égales sont libres (la révolution et la nation démocratique, à la fois libérale et communiste), et rien de tout cela ne peut s’effectuer sans travailler, élaborer, créer toute la possibilité et le tissage intentionnel qui ne tient que de se signifier, en conscience, et ceci et de l’ensemble et de chacun ; il ne s’agit pas d’idées abstraites mais de comportements, de tournures du corps pour ainsi dire. Que cette organisation, cet organisationnel, cette méta-organisation ne s’effectue pas du tout sans éprouver le corps, le vécu, le relationnel, la représentation, la perception, et ce jusqu’à descendre de ou remonter à dieu, à la pensée et l’universel (et les savoirs et les connaissances), au sujet et au réel. Ascendance et descendance ontologique.

Aperçu autrement, il y eut un tel déferlement d’images (de musiques, de récits, de médias, mass et micro médias) afin que chacun puisse disposer d’une image hautement élaborée de soi mais aussi de l’ensemble et que cet ensemble obtienne lui aussi la visibilité de ses extensions et réalisations dans le multi-regard humain et humanisé ; que donc, pour chacun, pour le vivant, cette image de soi élaborée soit intégrée dans le corps même, que cette image puisse s’incruster dans la ligne de fracture qui par le signifiant ajoute au corps une autre-surface, celle sur laquelle s’inscrivent, voire s’écrivent les signes et le mouvement aboutissant à rendre complexe (ou compliqué) ledit corps ; ce qui lui cause de considérables problèmes et des dérives dans l’ensemble difficiles et perturbantes (un corps vivant supportant péniblement qu’il soit scindé par le langage dirait Lacan, par l’arc de conscience si l’on préfère, qui décentre le regard hors de lui-même, pour un vivant c’est effarant et effrayant, qu’il se perçoit du dehors est littéralement pour cet animal totalement fou, et ça le rend fou).

Or pourtant c’est ce dont il s’agit ; d’abord que s’emplissent les signes sur l’autre-surface du corps ; via le regard de dieu, qui imprime son Intention, la nation nouvellement relationnelle, l’universel et la pensée, l’égalité sous le regard du un-tout-seul (celui qui meurt seul), la liberté sous l’universel de l’égalité de tous et de chacun, creusant la difficulté et régulant l’une complexité par l’autre et puisqu’il s’agit non d’un sac que l’on remplirait (une «accumulation de connaissances ») mais d’une qualité de conscience, de mise en rapport, à la fois relationnelle (il faut qu’autrui me considère a minima comme individuel, de là que l’on devienne soudainement sans race, sans religion, sans qualité identitaire ou d’identification)
et individuelle (il faut que chacun ait accès à soi, ce qui n’est absolument pas du tout facile ni une évidence … et doit venir d’une expérimentation excessive et excessivement individualisatrice, et donc élevée … parce que ce qui n’est pas élevé ramène le sujet à des « éléments », des « choses données », des immédiatetés, des passés épars, des héritages, des dispersions, la non liaison intentionnelle qui effiloche et démolit l’élaboration intentionnelle, son affaissement puis son effondrement.

Il faut saisir qu’il ne s’agit nullement de noyaux séparés qu’il faudrait ingurgiter, mais de liaisons, liaisons dans la représentation laquelle est tout entière produite par l’intentionnalité ; elle n’est pas de segments séparés, mais de rapports qui engage, donc, le rapport structurel ; de là que l’on ne peut pas philsopher ou être saisi de dieu ou du corps christique ou de la révolution ou d’une œuvre sans y être, et de telle sore que l’on y ex-siste.

Le langage existe peut-être dans le vivant, mais il se décuple par cent mille lorsque pris dans l’intentionnalité ; et dans le régime général (et absolu, il n’y a de réalité que manifestée, c’est la nature même de la « réalité » de se manifester) du champ de perception, il s’opère des champs d’expression qui ont pour finalité de faire retour dans l’unité et constituer ce que l’on nomme une mémoire qui est l’essence de chaque chose ou être ; mémoire étant ici et pour nous une activité qui-se-maintient (l’adn par ex, ou la structure des atomes est une mémoire d’opérations dans le champ externe qu’est la manifestation qu’est la réalité, et ce qui ne se maintient pas, n’étant pas organisé, se dissout, se disperse ; c’est d’être organisé que l’unité-mémorisée continue).

Pareillement le sujet qui est un rapport (qui ne contient pas sa mémoire dans son être, il n’a pas d’être puisqu’il est champ opérationnel de signes) n’est pas une forteresse mais tout l’inverse ; il se doit d’exister suffisamment perméable pour absorber le maximum d’informations lesquelles ne sont conservées (et donc perçues et re-perçues, re-connues) qu’organisées et organisées sur, dans et par la structure même de sujet ; soit donc une stratégie intentionnelle, qui se doit d’être élaborée au plus haut, au plus loin ; sans l’investissement en conscience du moi le sujet demeure à l’état d’ébauche, d’irréalité ; il se cherche à tâtons dans les images, qui ressemblent au corps, puisque son flux est fixé par la satisfaction selon le corps (qu’il hallucine comme jouissance, épouvantable, qui, si elle se réalisait, le déchiquetterait, ou dont il rêve dans les récits faciles ou les publicités, qui tiennent de l’hallucination en vérité). Le je sait qu’il n’est pas dans les images et que les œuvres, les véritables, sont tout autrement que de ‘magnifiques objets’ ; ce sont des champs intentionnels, et les grandes œuvres contiennent quantité de champs ; elles s’adressent à chacun et constituent chacun en tant que je. À condition qu’il y travaille, c’est la structure même de tout ce qu’il peut que lui destinent les signes.

Il est une puissance structurelle (bien plus augmentée, intensifiée, concrétisée, incarnée) qui réside dans le regard-qui-voit, le rapport intentionnel, et qui, lui, n’apparaît jamais, nulle part et de quelque manière que ce soit, et, secret formel, repli continuel, qui se retire toujours plus antérieurement, dont témoigne seul le sujet pour et via un « lui-même » inétendu et atemporel, quelques signes ici et là dont il accepte ou non plus ou moins les tracés, liant son propre trajet de ces tracés très précis et très individués (ça ne se fera pas sans moi, ce qu’il se dit) ; voila ce que sait le sujet (qui ne se satisfait pas selon le corps et qui n’est nulle part dans la détermination).

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