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instants philosophie

La grandeur du réel

14 Août 2021, 08:51am

Publié par pascal doyelle

Dont on accordera qu’il est en soi logique que le possible soit effectivement plus grand que lui-même. De ce qu’il faut, quoi qu’il en soit du chemin, le tenir jusqu’au bout (évidemment dans des limites moralement assurées).

C’est que Descartes sait ce dont il parle ; que le dessin d’une intentionnalité est son dessein, ou son destin. Il y a une confiance souveraine dans l’intention que l’on a. Cette intention on l’a, on ne l’est pas. On peut l’observer du dehors, et ce qui vaut pour cette immense entreprise (refonder la philosophie et annuler toute la scolastique, théologie, métaphysique et ontologie de l’être, qui transformait la réalité en discours, cad en connaissance « objective » et objective est entre guillemets non pour la moquer mais bien parce qu’auparavant la cohérence du discours faisait fonction de, réelle, connaissance, développée sur l’Aristote et le Platon),

ce qui vaut pour cette entreprise cartésienne (il ne doute pas seulement, il ne trouve pas seulement la jointure, du réel et du je, il veut créer l’arbre total, ce qui sera plus tard les champs intentionnels),

vaut également pour la transformation de la conscience que l’on est en conscience(s) que l’on a. Le principe consistant en la liberté, telle quelle. Et présuppose donc cette distance.

La distance (qui consiste à se regarder vivre) est le plan, la planification (si l’on peut dire) cachée par-dessous et qui n’est pas clairement énoncée, sauf qu’elle emplit tout le champ du possible de cette entreprise ; qui ne tient pas seulement à une nouvelle logique de la philosophie mais à une nouvelle logique du sujet et comme le sujet ne fut jamais présenté, à la nouvelle logique du sujet même ; qui sera imitée de nombreuses fois, mais jamais égalée. On veut dire que le sujet (le seul et unique) est ici même, par René, exposé et orienté bien comme il faut ; on retrouvera des variations mais la clarté de l’exposition du sujet tel qu’il est (cad tel qu’il existe) est absolument, formellement instanciée.

Cette distance interne est également la bizarre impossibilité pour le moi d’être qui il est et ainsi de sa névrose lorsqu’il ne joint pas l’utile à l’agréable pour ainsi dire et que son inadéquation le gène, le trouble ou l’empêche de (se) vivre ; la distance est ce qui rend possible que l’on soit, un moi, autre que soi, par quoi il y a un « soi-même » ; nous sommes pas, nous existons, dans un rapport et donc également dans un rapport aux autres, Sartre en établit les cartes diverses et variées, mais Lacan aussi, qui creuse plus loin dans la coupure entre le moi et lui-même, ce que le moi ne comprend pas, ne peut pas comprendre ; il est imaginairement Un mais dans le réel il est coupé).

La distance donc est cela même qu’il faut déployer, déplier, et de là que l’on parvienne à cet Acte, cette activité incessante d’intentionnalisation, qui ouvre des champs, et à la compréhension de l’ouverture des champs (le poète qui voue sa vie et sa folie et son malheur à ce champ absolu, formel, de la poésie, mais aussi le moi qui produit au-devant de lui-même ou dans le regard d’autrui ou dans le regard des images, qui nous voient plus que l’inverse, et le moi qui s’auto-perçoit dans le regard de son tomber-amoureux, dont chacun sait à quel point cette expérience est difficile, étrange puisque l’on ne comprend pas ce qu’est le regard, ce qui signifie l’intention, l’intentionnalisation, le point de constitution du sujet ; le sujet-structurel étant la formule même qui enclenche tout ce que l’on perçoit, ressent, imagine, pense, représente, etc).

Mais si on déploie la distance alors on change le moi. De là qu’il devait se transmuer selon dieu, en l’universel (la pensée conférant son réel à l’individu), s’effacer par le christ (qui établit l’égalité de tous), mais aussi donc s’élever par le sujet ; ce qui diffère quand même beaucoup des précédentes résolutions (vers le haut selon la hauteur seule) ; tandis que Descartes qui introduit au sujet l’égalise vis-à-vis de lui-même, cad selon sa liberté.

Ce qui est alors intensément difficile ; on peut penser l’égalité (sous un horizon, le christ, la pensée, dieu) mais la liberté, du sujet, se dresse seule ; parce qu’elle existe pour-elle-même ; elle est le rapport qu’elle est.

Et là on ne comprend plus, on ne peut plus saisir universellement ; il faut dresser une carte nouvelle à partir de cet auto-horizon. Sauf donc à définir le sujet comme un rapport et si il est un rapport alors il est le rapport, unique ; il n’y a que lui, il n’y a que la liberté (laquelle n’est évidemment pas l’arbitraire mais pas non plus une loi extérieure).

Il faut introduire un plan nouveau qui adhère absolument au réel comme rapport. Ce qui n’a pas de visibilité, de représentation, sauf en tant que mouvement, cad en tant que mouvement. Le mouvement correspond exactement au sujet, ce qui veut dire au présent ; qui est le mouvement qui se divise (ce qui est appelé par un mouvement ; le mouvement est immédiatement et même plutôt instantanément, comme on verra une autre fois, détermination et donc déterminations ; dès qu’il y a détermination c’est de déterminations, en nombre indéfini ou infini, dont il est question ; le présent est réalités, de lui toutes se produisent).

Comme il est un mouvement, le sujet, il ne peut pas être ni être défini ; aussi reste-t-on dans le vague quant à la « chose qui pense » ; il aurait mieux valu dire « le truc qui pense » en entendant penser par « qui représente, qui signifie, qui accole des signes aux perceptions », et se signifie soi…

Et il se signifie « soi » donc toute extrapolation (dans le discours de l’être ancien, ou dans l’imagination ou dans les passions) toute extrapolation est le signifié supposé (imaginé) du signifiant unique ; le « je ». ce que conclut ou plutôt ce qui se conclut de Lacan (qui persiste par-delà Sartre, dont il prend l’opposé, si l’on peut dire ; Sartre est non pas l’impensé mais le non-avoué de Lacan).

Et ce qui nous semble invinciblement difficultueux, la distance, de par toutes ces inventions du moi, des obsessions aux psychoses en passant par diverses angoisses, dépressions et névroses, parvenait à une « estime juste de soi » cartésienne … qui, lui, se présentait dans et par une grande ambition (pour tout sujet) et une grande ampleur (de vue, de champ). Générosité, d’abord envers soi-même.

Il n’existe que le je mais comme il est un mouvement il n’est pas et donc se suppose, en s’imaginant être. L’autre versant structurel est que le regard est bifurqué. Puisque le moyen de résoudre, pour quiconque, qu’il soit quelque chose, est soit de se supposer, s’imaginer comme chose (image, etc), soit de supposer un regard ; lequel passe sous la barre du signifiant ; devient le signifiant-même (celui qui assigne la place de tous les autres, et le contenu en tant que signifiés). Descartes ne désigne dieu que secondement ; ce qui vient en premier et est le fondement de tout le reste, est le je. Il est son auto-regard, ce qui semble idiot mais en vérité il est son rapport. Et donc il doit s’expliciter, il devra développer ce feuilletage en lui (et ainsi devenir, vraiment, sa vérité, son « auto énonciation », hyper objective, bien sur (tels les allemands qui voudraient penser l’absolu dans le sujet, mais c’est la structure-sujet qui est formelle et non pas un absolu qui se trouverait dedans), mais aussi ensuite objective, de par toutes les sciences et les théories, les idéologies, les psychologies, etc qui naîtront littéralement dans le monde humanisé et ensuite personnalisé).

Descartes ne renvoie pas seulement à dieu ; il équivaut dieu au je, au je dit « humain », au je qui pense dans toutes ses variétés de formulations,selon les différents champs de signes (cad ses possibilités ou ses facultés ou ses réalisations et celles qui furent ou qui vendront).

 

Ça n’est pas la même chose, la même logique, le même point de vue adopté (la même méthode) que de dire ; dieu a créé notre esprit (ce qui signifie un tas de déterminations, dont l’unité sera la pensée, l’être, le un)

et dieu nous a créé en tant que je.

Lequel prendra son devenir en propre, puisque s’il existe ici et maintenant, alors l’ici et maintenant consiste en et par lui-même (le monde existe comme étendue et non qualités aristotéliciennes).

Dans le premier cas il suffit de remettre en ordre (selon l’ordre d’un contenu) si l’on veut la conformité de notre esprit. Mais s’il s’agit d’un je, alors il faut créer une nouvelle architecture, parce que c’est un nouveau rapport.

C’est même l’introduction, nu et invariable, du rapport tel quel, du caractère absolument formel du rapport, soit donc de la structure-sujet. Le rapport, dans lequel entrera le rapport qu’est le je, sera plus grand. Contenant y compris l’universel (qui est un rapport non pas second mais une version extérieure et extériorisatrice du rapport premier).

Et enfin se manifeste la finalité, le projet réel inventé ou révélé depuis le christique ; non pas de s’encadrer d’un ordre légaliste, mais se produire et créer dans le monde donné, au cours de la vie vécue, dans le champ de conscience tel que nous sommes introduits en ce champ, de créer ce qui n’est pas encore.

De deux choses l’une, soit il faut obéir, soit il faut inventer les règles.

Si il faut obéir cela peut très bien s’envisager (pourvu que cela vienne d’en haut, quelle que soit la hauteur, dieu ou autre, et non pas des vélléeités arbitraires ou aberrantes ou négligeables). Mais si il faut inventer alors cela requiert ‘linvention individuelle ; au sens où l’on ne convertit personne de force (sinon dans la dictature, le totalitarisme, l’autoritarisme ou la tradition qui ne se pose pas outre mesure de questions, qui les supprime à la base), et si l’individu est appelé alors il parlera en et par son nom ; il signera.

Il ne sert à rien par exemple d’écraser l’individualité par un gros fétiche imaginaire (l’Être de Heidegger par exemple) ; ça répétera des erreurs, ça ne restructurera pas la personne dans son possible premier. Comme ce je n’en sera pas de lui-même, il n’avancera pas ; une énorme société contrainte prendra sa place, qui s’enfoncera, vers le bas.

Ce qui fut instauré depuis la révolution (mais même auparavant) ce sont des règles nouvelles, qui nous semblent évidentes, puisque nous lisons dès lors à partir de ce cadre ; c’est l’invisible qui est passé en avant scène, ce qui a permis de tout démultiplier. On a donc délimité le sujet et non plus envahi celui-ci par un contenu et des lois extérieures. La conviction à son point culminant est celle christique ; sa traduction dans la réalité, la réalisation humaine (soit donc la représentation concertée et au vu de tous et de chacun de la structure qui se tenait jusque là antérieurement) est la révolution, celle qui lie la liberté et l’égalité.

Ou, si l’on veut, le christ et Descartes ; rappel ; le christ égalise les consciences et ce une par une, son regard crée le vôtre, en le rendant infini, à partir d’un point-autre, et donc au-delà de la vie vécue, transformant celle-ci en existence ; il réclame donc de vous la soumission à ce regard, puisqu’il s’agit de vous créer comme rapport et qu’un rapport qui se tiendrait de soi est livré à la mort, à la finitude, à la dispersion du monde, des intérêts, des petits désirs, etc ; tout ce à quoi nous livre la réalisation humaniste et naturaliste et réaliste en un sens ; tandis que le rapport qui est soumis au regard du un-tout-seul est délivré, ce qui signifie qu’il se perçoit à partir du divin, lequel a quitté le monde, vous ayant ainsi doublement délivré ; la décision, ce qui veut dire l’ontologie même, repose sur vous, sur chacun ; mais donc ce faisant, cet abandon, vous replace à partir du plus grand rapport possible, lequel est hyper ou méta universel, au sens d’égalité absolue de tous et de chacun ; ce qui libère le champ et l’élève, par en haut donc ; d’un point de vue qui se situe hors des pièges, des intérêts, des désirs du monde ; ce qui se gagne c’est le sujet (divin, qui contiendra l’universel grec dans et par la théologie).

Viendra Descartes qui va replacer ce sujet comme un je… et donc encore plus universel mais singulier. Le je, soit donc le rapport lui-même, est singulièrement universel ; c’est la qualité, la qualification, la capacité du rapport qu’est le je qui rend possible l’universel.

Sinon, à l’inverse, on constaterait l’existence d’un « universel » sorti on ne sait de où et existant de par soi ; de même l’esprit ne peut pas être une super-détermination, mais il faut convenir, à l’opposé, que l’esprit est en tant que mouvement, cad rapport.

C’était la fascination exercée par la pensée, la métaphysique, qui donnait comme un corpus la réalité sous la formulation ramassée d’un savoir ; on devait tout saisir à partir de ce savoir et lui-même s’auto-suffisait ou s’auto-justifiait, rendait raison de lui-même par « évidence ». Puisqu’il permettait de tout interpréter et de tout comprendre ; il s’imposait comme le point général focal absolu et total. Étant supposément ce par quoi on percevait la réalité comprise, la pensée passait pour le réel de la réalité.

Or il y eut d’innombrables décrochages qui rendait invraisemblable la raison-pensée ; et surtout ceci que l’activité de conscience surpasse quelque formulé que ce soit ; la raison certes mais la raison qui « oublie » toutes les motions de la conscience et traite celle-ci en simple fonction, voire secondaire (Hegel au terminus) ça n’avait plus beaucoup de sens, de portée, d’effets. Il fallait remonter plus loin, plus en avant (et sans tomber dans une explication naturaliste ou réaliste, puisque de fait nous ne sommes en tant que mondains, en tant que déterminations ; sinon nous ne le saurions pas, que nous existons, nous serions ceci ou cela).

Aussi la remontée en avant ne pouvait manquer de se produire ; elle a pour nom Descartes (il y en eut d’autres avant et après, et Descartes ne crée pas la voie, il la manifeste, la représente, lance sa théorie, sa vision, et donc l’accélère). Et l’étrangeté est à son comble, puisque l’on pénètre dans la zone antérieure à toute détermination ; le doute sert évidemment à cela, exclure tout ce qui n’est pas le je, dont on ne sait, à ce moment, encore rien ; Kant Hegel Husserl Sartre et Lacan viendront pour explorer l’avant scène, la scène avant toutes les autres.

Il faut donc imaginer que l’on s’est avancé à rebours ; non plus trouver dans un contenu ou un super contenu le réel, mais remonter du contenu et de tout contenu vers la structure antérieure qui rend possible qu’il y ait des contenus, cad une représentation (par laquelle nous ne sommes pas ce corps, mais autre en ce corps vivant, à quoi celui-ci ne comprend rien ; notre corps est perdu dans ce rapport qui l’éjecte hors de lui-même, question de regard qui nous regarde du dehors, nous soumettant somme toute à une paranoïa en elle-même tout à fait justifiée ; nous nous surveillons ou les autres ou autrui ou l’autre (le langage) ou l’Autre, un dieu méchant, nous observent).

On se focalisait sur un super contenu (jusqu’à mécomprendre dieu en le prenant pour un gros Étant comme disait Heidegger, qui, au moins, nous a mis sur la piste que l’être n’est pas l’étant mais un contenant, qu’il nomme le néant-ou-le sens de l’Être), un super contenu afin de, peut-être, synthétiser, tenir à disposition là au-devant comme un gros objet, et représenter cette distance interne ; mais l’être ou la vérité ou la pensée ou l’esprit ne tiennent pas sur la durée ; puisqu’ils se fondent sur des contenus, électifs certes, et donc des déterminations et donc tombent dans la dispersion (toute détermination se dissout dans son être même, tout comme les systèmes évidemment se contredisent, c’est pourquoi ce qui compte dans l’historicité ce ne sont pas des contenus mais des mouvements, des postions, en quoi Descartes repositionne toute la réflexivité, qui cesse de compter sur un système clos ; Kant enfonce le clou).

Et cette éviction de la pensée (au profit de la structure ; Descartes, Kant, Hegel, Husserl, Sartre, Lacan, et en leur manière Nietzsche et Heidegger, leur imaginaire structure n’empêchant pas une très sérieuse prise de conscience de la dite distance, comme Volonté ou énergie ou force ou encore comme Être plus grand que tout de H, dans les deux surhumain ou inhumain) cette éviction donc quand bien même la pensée se tiendrait de l’universel ; l’universel qui permet de connaître mais que l’on ne peut pas connaître lui-même, sinon de le tenir comme en-soi. Un en-soi inexplicable, puisqu’aucun horizon ne peut saisir la pensée qui pense et se finalise vers elle-même.

Ce dérouter la réflexivité de la pensée vers le sujet, cette structure, permet de rendre compte de ce dit sujet ; en tant que le sujet, étant un rapport, est déjà toujours plus grand ; et on a vu qu’ici le réel est plus grand que lui-même ; c’est son but (et sa structure même de Possible Brut) et sa finalité (se transformer lui-même, ce que seul peut un sujet, cad un rapport). La structure-sujet, qui formule l’horizon qui permet de saisir l’universel (et le reste des champs intentionnels) cette structure-sujet n’est donc pas « inexplicable », même si l’on ne sait pas « où » ce rapport se dirige ; on a nommé cela la fonction-du-réel ou la dimension (le présent, l’exister comme la seule réelle dimension, la cinquième dimension, en plus des trois de l’espace et celle du temps ; le présent étant plus originel que le temps, le présent, l’exister en-deça de l’être qui enveloppe ce dernier et donne le ‘la’, le pur et brut mouvement, l’actualisation comme verticale absolue, formelle en quoi consiste le réel, dimension ou fonctionnalité par lesquels on veut mesurer le réel, en prendre la mesure).

Et notamment ce que l’on retient ; à savoir l’actualité absolue, cad formelle, du dit je. S’impose donc ce qui était prévu par le christique ; que le réel est en cours en tant que sujets, au pluriel.

Mais il n’est plus réservé au divin éloigné, mais au divin tel qu’il a laissé, voire délaissé le monde et nos vies ; c’est parce qu’il est parti qu’il y eut Descartes ; et parti mais en tant que, cette fois, orientés bien certainement et effectivement, assurés de la signification pure du divin, indiquant le sens de la réalité, de la création en tant que réalisation ; c’est le Créé qui compte. Le créateur est passé au second plan, puisque le véritablement plan était de déléguer le réel en chaque structure-sujet.

Ce qui indique que le créé n’est pas du « n’importe quoi » ou de la multiplicité ou de la confusion ou du particulier ; il délimite au contraire rigoureusement le réel. De là que Descartes ne renie pas le donné-monde, il veut y atteindre (via la mathématisation et le relevé de toutes les particularités). Et de ceci que la passion n’est pas du tout une passivité, mais qu’il était sur la piste très sérieuse de transformer la liberté en passion, en plénitude du mouvement ; célébrant la puissance, la potentialité de la volonté, régulée, mesurée, qui « s’estime justement » cad avec justice et reconnaissance de sa capacité.

Tout ce qui se présente comme n’importe quoi, arbitraire, fantaisie, amusement, distraction, immédiateté, facilités, et donc bassesses ou affaiblissement ou négativité ou volonté de détruire ou de se détruire, fonctionnent en deçà du niveau du réel ; ils paraissent parfois joyeux et multicolores mais en vérité ils tombent vers le bas.

Dit autrement soit on s’élève, soit on s’efface, disparaît, se dissout, se disperse, lors même que l’on croit se réjouir ; l’immédiateté et l’arbitraire ne s’atteignent de toute manière jamais puisque notre être réel est entièrement articulé et soit on maintient cette articulation soit elle se détricote et se perd, se perd de vue (de même que le mal cherche à se dissimuler aux regards et s’emploie à vous enfermer dans cette dissimulation même, il voudrait que vous lui soyez semblable, éteint, fermé, caché) ; le mal est idéaliste, il croit que quelque chose de réel va arriver, il ne voit pas que le réel est déjà là en tant qu’articulation formelle et non comme choséïté mangeable, absorbable, de possession ou d’appropriation, une sorte d’incorporation matérielle ou la croyance que l’on puisse posséder quelqu’un, un esclave ; Hegel a bien vu l’inanité du maître et de l’esclave, et finalement Sartre précise abondamment la chosification continuelle, jusqu’au point d’orgue de l’en-soi/pour-soi ; le réel est le dénuement et non pas l’empilement.

Comme si le rêve absolu, total consistait à enfin être au sens de - Être – (ce qui est un rêve).

De son extrême lucidiDescartes ne tombe pas du tout dans le désir d’être (il sait trop que dieu est plus grand, qu’il existe un plus grand rapport duquel nous nous tenons, quel qu’il soit par ailleurs, cela se nomme dieu à son époque), mais il sait aussi que dans le monde la structure du sujet est la liberté, qui ne doit pas s’estimer par quelque réalité que ce soit, mais se doit à elle-même cette estime mesurée ; et donc ce rapport, nouveau, inattendu, inouï, qui échappe à la pensée, doit se comprendre lui-même ; et notamment qu’il soit « ce-corps » (à quoi, faut-il le dire ? le christique nous introduisait déjà…).

Or donc se sachant (non pas se connaissant comme un discours mais sachant sa position) une liberté ne trouvera rien dans le monde qui l’obligera, la détournera ; qu’est-ce qui, dans un monde ou une vie, peut valoir contre la-liberté-même ? Il tient fermement la certitude du je, puisqu’il n’est pas subjectif et méprisable, en rien, ni échangeable.

Le rêve d’Etre

Alors que l’on s’emploie ici à montrer, voire démontrer, que l’on ne « sera » jamais, d’autant qu’en somme l’être n’est pas ou est seulement interne à l’exister qui seul existe, raison pour laquelle tout l’être, la consistance de la détermination est plongée dans le temps, le temps comme extension du seul présent, le tout se conformant comme un seul bloc de Présent.

L’être, en tant que déterminé, ne peut pas durer ; si quelque réel existe alors c’est le présent, ce qui signifie la Possibilité. Le présent est tel l’unique bloc d’exister ; dans cette logique le présent est la substance même, est le réel. Il n’est aucune consistance de quoi que ce soit, sauf le mouvement, et le mouvement en tant que mouvement et non pas gelé ; le présent, le bloc d’actualisation de tout n’est pas figé mais se meut en lui-même. C’est en ce sens que la question n’est pas l’être ou le néant, mais ce qui se passe dans le bloc de totale actualisation.

On comprend bien (à peu près) que si l’actualisation est le sens de ce qui existe, alors celle-ci ne cesse pas ; tout le reste est fonction de cette actualisation. Ou donc il existe des mondes qui se meuvent en eux-mêmes ; non pas extérieurement, cad qu’ils deviennent seulement (ce qu’ils sont) mais ils deviennent dans leur devenir même ; c’est leur devenir qui devient ; les réalités sont mais relatives seulement à l’être qui est pris dans l’exister. La question étant jusqu’où l’exister peut-il exister ? Jusqu’où peut-il lancer sa et donc ses possibilités ?

Dit clairement ; il revient à chaque je d’avancer au plus loin dans sa possibilité propre ; si l’on admet qu’effectivement, et autant que l’on sache (ce qui implique également tout ce que l’on ignore, si l’on peut dire, tout ce dont nous n’avons pas l’expérience, puisque la validité de ce l’on raconte ici est fondée sur l’expérimentation, de même que Platon ou Descartes voient en direct ce qu’ils disent, désignent, signifient, avec des signes qui montrent des perceptions), si l’on admet qu’effectivement le je est ce rapport qui s’appelle lui-même par son signifiant et qui existe donc en sa propre présence.

Mais, on l’a dit, en sa présence non seulement objective mais hyper objective, cad structurelle ; ce que Heidegger ou Sartre énonce comme « un être pour lequel il en va de son être », qui ainsi n’est pas, il existe (rien ne vient au hasard Heidegger et Sartre expérimente la position du je tel qu’il leur vient). Position du je (qui provient de la logique du sujet qui crée sa possibilité même) instancié depuis dieu, l’universel, le sujet historiquement découvert, la révolution (qui institue chacun en tant que sujet, de même que les récits et les champs esthétiques ou poétiques créés).

La conversion et la foi (aussi bien en dieu qu’en ce dit sujet ou en la révolution ou donc la foi dans le Créé comme logique même de ce qui existe, et ce non plus comme conformité à un Ordre, à un cosmos), l’intention et la faiblesse (ce qui existe intentionnellement est toujours limité et relatif à sa propre capacité). Et tout ceci relève du rapport à soi (dont on devra au final bien insister qu’il est le rapport à (soi) dans lequel rapport le « soi » est le rapport lui-même et non un contenu).

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