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instants philosophie

Le corps au-devant

21 Août 2021, 08:26am

Publié par pascal doyelle

Celui qui ex-siste

Que le sujet ne soit pas une substance et que la preuve cartésienne soit un fait, absolu et formel, veut dire que l’on a atteint le niveau interne du réel, celui qui précède la réflexivité qui établissait un discours et que, donc, depuis René nous agissons sur l’antériorité du monde ou du vécu ou de notre être ; par quoi notre être n’est pas un être (déterminé, dans le monde) mais une structure (qui produit sa propre surface, celle créée par le champ intentionnel, de signes et de perceptions).

Depuis Descartes nous décrivons non plus métaphysiquement le donné (à quoi se référait la philosophie en tant que métaphysique, discours cohérent en lui-même et usant de la réflexivité afin de faire-retour en tant que cohérence du discours) mais que nous décrivons ontologiquement le réel, dont la réflexivité est utilisée afin d’explorer cet être qui est une structure, qui n’est pas déterminé mais indéterminé et qui donc cartographie cette indétermination.

Aussi Descartes n’est-il pas du tout concerné par la critique métaphysique qu’on lui adresse habituellement (voir Marion, qui tire suffisamment au clair toutes ces problématiques), puisqu’il manifeste, exhibe, explore et expose une structure unilatérale ; il ne crée pas le « sujet » comme si il s’agissait d’une idée, il donne à voir cet être tel qu’il est, cad tel qu’il ex-siste.

Structure unilatérale puisqu’il n’en est aucune autre ; toute conscience est structurée … comme une conscience. Aussi l’instanciation en chacun (quel qu’il soit) de cette activité de conscience (par quoi il existe tous les champs intentionnels que l’on voudra) est exclusive.

Et donc ça n’est pas rabattre la pensée dans le « subjectif » puisque cela signifie que chacun est déjà toujours au Bord de la réalité (et donc prenant appui dans le réel pur et brut, le réel pur et brut entourant la, les réalités, les mondes, l’univers ou les univers, sous cet arc du présent absolu parce que formel), mais au contraire cela veut dire que chacun est déjà toujours tout-en-haut. On se tient du christique, de l’universel, de la révolution ou du sujet (de tout récit par ex) et ensuite on dénivelle vers plus ou moins de subjectivités au sens habituel, d’immédiatetés et d’effets, en se rattachant, au pire, de moins en moins à la cause ; par ex de citoyen on rétrograde en moi, puis en moi-même, et en moi-même embarrassé, angoissé, dépressif, etc ; et ce pourtant sans jamais que soit perdu la cause même, le je, le sujet, puisque comme chacun sait depuis le christ ; nous sommes toujours-déjà sauvés. Ou toujours-déjà et encore libres (Sartre).

Évidemment pour ceux qui s’empresseraient de monter dans les tours, ça ne signifie pas que l’on peut tout. Qui a jamais pensé cela ? D’une part puisque nous sommes si constamment déterminés (cad emplis de déterminations) mais aussi, d’autre part, parce que la structure de liberté est assujettie, au sens absolu et formelle ; elle est sa propre loi mais elle est cette loi (et non n’importe quoi d’arbitraire; elle assume mais également assure cette cohérence). Quant aux déterminations, donc, l’arc de conscience crée un champ intentionnel (qui reprend tout ce qu’il trouve, ce corps par ex, ce passé, cet héritage culturel, etc) et l’arc se situe au Bout du champ ; dans l’actualisation, continuelle, il existe un horizon, c’est à partir de lui qu’il y a mouvement, l’horizon est entièrement mouvement et la seule consistance est celle du mouvement (et non de l’être, de l’universel, de la pensée, et dieu lui-même est, en ce sens, si l’on y croit, le mouvement des mouvements, ou le système des libertés).

C’est bien pour cela que l’on ne sait pas saisir dieu, la pensée ou l’être ou le sujet ; ce sont eux qui se saisissent de nous.

Et puisque nous sommes passés dans l’ontologie, laquelle existe ici même, alors il faut dire que l’on suppose le transcendant et que le transcendant ne néglige certes pas toute l’immanence. Ce sont les effets de la cause. Et c’est bien la nature même du transcendant, qui ne s’offense pas d’exister, qui est interrogée ; si il n’existait pas ici même, d’une manière spécifique, nous n’en aurions pas du tout l’idée. Non seulement nulle part visible mais nulle part entendable, cad signifiant.

L’impossibilité de la philosophie de saisir l’individualité, réelle, du sujet est assez déroutante mais en même temps comment parler universellement du sujet qui est un je et donc singulier ?

On prétend donc que la forme « sujet », qui pour nous dans notre monde, notre vie, se donne comme un je, et qui plus loin se suppose comme « structure-sujet » (dieu par ex ou le sujet historiquement apparu (Descartes, Kant, etc) ou la fonction-réel de la réalité, ou la dimensionnalité, tel que l’on va voir) existe et que si elle existe alors cette forme est cela même et cela seul qui existe.

Voici donc le problème ; si on introduit la logique du sujet, alors il dévore tout. Ce qui signifie qu’il performe. Une définition d’objet, lors même de son objectivité, de sa cohérence et de son adéquation (de sa vérité donc) ne parvient en aucune manière jusqu’à la subtilité et la labilité du je. Le je dispose de ceci qu’il peut en concluant se modifier et revenir de cette conclusion à sa proposition initiale et la transformer ; rendant accessible une nouvelle conclusion (ce qui se désignait comme dialectique); bref le sujet est cela qui se modifie, qui n’est pas ce qu’il est.

Sans doute il ne tombe sous nos yeux et nos technologies (y compris philosophique) que des choses, des choses déterminées ou des objets re-construits, qui ne sont que relativement à leurs déterminations (une abeille n’est pas une guêpe). Et on s’en tient là si l’on ne saisit pas que toute réalité est prise dans une structure qui n’est nulle part une détermination ; à savoir le présent. Non le présent de passé-présent-avenir mais le présent qui se tient sous le temps ; soit donc l’exister.

L’exister est la forme des réalités (forme indépendante de toutes les réalités, de tous les univers, si il y a lieu) et présent qui déroule tout ce qui est, fut, sera.

De même l’arc de conscience existe indépendamment de ses contenus.

Le présent est le Bord du monde (qui autrement n’en a probablement pas ; nous parions pour un univers infini ; l’infini n’est plus, ici, la qualification limite, mais est tout à fait relatif à un fait absolu, l’exister, de même qu’autrefois ici et là on nommait dieu au-delà de l’être, puisque l’on voyait bien, quand même, que dieu, en tant qu’intention, ne pouvait pas se limiter à une volonté particulière ou universelle cad une volonté déterminée, mais demeurait en sa structure Indéterminé et portant le-plus-réel).

Par ailleurs il faudrait s'attacher à mesurer la grandeur du réel, de ce fait absolu qu'est le réel, mais cela est l’objet habituel de toute conscience de soi, du monde, d’autrui, des réalités ou donc du réel même ; on voudrait connaître l’ampleur de cet angle d’attaque, le coefficient de pénétration de l’arc de conscience dans le cercle du réel. Et ce non pas avec un double décimètre mais parce que le réel est une articulation, qui consiste en ce présent, jointure de toutes les fonctions, qui déroule toutes les réalités, cinquième dimension (en sus des trois d'espace et de celle du temps), et puisque c'est une articulation, la conscience, le signe peuvent y pénétrer et en mesurer l'écart.

C’est la finalité de toute attention au réel, or chacun n’y manque pas ; la différence entre l’intention et le réel effectif est partout constamment cela qui inquiète ; lorsque l’on désire, l’objet correspondra-t-il à l’attente ? La révolution aboutira-t-elle à son effectivité organisationnelle ? La théorie est-elle adéquate à la réalité observée ?

Puisqu’il n’est pas (ou plus) un ordre préséant, chaque intention, intentionnalité se détache singulièrement et veut atteindre à son résultat. Et de toute évidence il y eut quantité de résultats, d’effets bien concrets et organisés.

L’ordre adéquat valait bien dans le groupe total ; lorsque la parole partagée manifestait le monde et l’inverse, et que le sacré occupait quelques lieux et temporalités enroulant la réalité et le vécu collectif du groupe, celui-ci faisant office de vérité, sans que « vérité » soit détachable, comme il vint ensuite, soit pour imposer dans le groupe, grec, une vérité objectivable (en discours ordonnés et expérimentaux ; la pensée est expérimentale depuis le début, on perçoit ses effets, inattendus), soit pour explorer le possible d’une conscience individuelle (promise à l’infini de son intention, relevé dans et par l’intention divine, et non plus sacrée, divine cad hors du monde mais aussi hors de la vie vécue, puisqu’alors on ne coïncide plus avec ‘soi’).

Hegel sans doute reconnaît en Descartes qu’enfin la pensée devient sujet. Mais ce faisant il transforme (comme les allemands en général) le dit sujet en tant qu’absolu et glisse alors de la compréhension du sujet à la pensée de l’absolu (qui offrira diverses interprétations plus ou moins vagues ou précises ; chez Hegel lui-même, sans doute le système regroupe tous les systèmes très précisément localisés dans une phénoménologie généralisée, mais ce même esprit est plutôt formel et même vide, ramené à une logique, dialectique, à partir de la ‘conscience’ comme négativité qui renvoie constamment à l’horizon toute notion,).

Le sujet en lui-même semble bien abstrait et n’occupait somme toute que la position de l’unité, transcendantale (Kant) ou phénoménologique (Husserl) ou enfin le le « je » sartrien, dont on se demande en quoi il consiste puisqu’il bascule soit dans le donné et l’empirie (la perception) soit dans le je universel, le champ de conscience (le moi résiduel placé lui-même dans le champ et non pas en tant que singularité).

On contourne, on bifurque, on fait semblant, on évite en somme d’affronter le sujet tel quel, en raison précisément de son unité absolue en ce qu’il constitue la fondation de tout. On saisit bien ce que c’est que l’universel, permettant de gloser invariablement, mais le sujet, le je on ne voit pas comment le distinguer.

On a vu comment.

À savoir que si il y a un sujet alors il est le centre du monde. Le centre de tout. Et à moins de se perdre dans un égocentrisme, on dira donc qu’il est, lui, le sujet tel qu’on le connaît, une des versions possibles du sujet-structure. En raison, à la base, de ceci que si quelque chose doit arriver dans la réalité, dans un monde, dans un univers, donné tel que celui-ci ou d’autres, cet être qui est à lui-même le rapport qu’il est, est précisément la raison d’être de tout ; qu’il y ait au moins un être qui soit un rapport, lequel rapport est seul en mesure d’assumer la Possibilité. Un rapport peut se modifier lui-même. Un être, donné, déterminé, serait-il une pensée, non. Aussi se perd-on en diverses incompréhensibilités lorsque l’on voudrait conférer à l’être une infinité ; ce qui est est infini, en tant qu’infini ne peut pas être déterminé. Et donc il est le possible, en acte.

Mais si il est le possible, il ne cessera pas.

Il ne cesse jamais, il renouvelle non pas ceci ou cela (de déterminé, qui disparaît de toute manière, c’est dans sa rature même) mais il renouvelle la possibilité même ; le réel est le possible de la possibilité.

Ce qui est une nouvelle preuve de dieu, si l’on veut. Ou plus exactement de « cela » que l’on a nommé, désigné comme dieu. Dont on ne décide pas ici, balançant entre ce possible en acte pur et brut en tant que fonctionnalité absolue du réel ou en tant que dimension formelle, auquel cas on peut signifier véritablement le divin.

La différence est que tout est relatif à la fonction « réel » ou que tout existe dans une cinquième dimension, celle du présent, de l’exister et de l’acte-structure-sujet. Dans tous les cas le rapport unique se déploie, se divise en une infinité de rapports, une infinité de vagues de réalités. Le réel qui est formel, peut non seulement tout à fait se démultiplier, mais aussi c’est sa nature même ; le rapport en tant que tel est le possible, il réalise tout le possible.

On reviendra sur la source même ; à savoir que tout est en acte. C’est l’acte qui compte. Le reste, cad tout, ce sont les effets. Il est ainsi question de se localiser dans l’acte même.

C’est pour cela (que tout soit effets) que l’on ne peut pas saisir le monde, ou la vie, la vie vécue, et qu’ils nous filent entre les doigts. Et c’est pour cela, dans l’autre sens,

 

Alors il se trouve qu’Heidegger a reposé la question de l’être. De l’être en tant qu’être. Et plutôt que de remplir aussitôt le contenant « être » par un contenu, il laisse l’être tel quel, là, au-devant, et insinue qu’il est le néant ; ou plus exactement le rien. Le rien c’est la prononciation du néant. Si l’on prononce « le néant » cela signifie « le rien du tout ». Mais si il dit « le rien » c’est une proposition ; une idée ; et cette idée est une ouverture. Ce que l’on veut dire c’est que ce qui est appelé, nommé, supposé c’est le vide qui interroge, et qui ouvre grand la conscience ou donc l’écrase. Il revient à l’Être d’annihiler par sa grandeur et son vide la conscience qui, par là, croit s’évaser au plus haut degré ; anéantissant tous les contenus et y compris notre identité, de moi ou philosophiquement de sujet.

Ça n’est pas du tout ce que, par exemple et par opposition, demande dieu. Dieu ne nous oblige pas à nous écraser, mais au contraire à nous relever, juif, ou à nous élever, le christique. Relever par la Loi, élever par l’Intention.

L’Être à l’inverse envahit et ne donne rien en échange. Il est sans mesure, et on ne sait pas ce qu’il veut, il ne le dit pas, il ne communique pas. L’Être au sens de H est fondamentalement non humain. C’est pour cela qu’il s’annonce par l’angoisse, la destruction mentale du moi, qu’il balaie notre réalité dans ce gouffre de l’être-le-là. L’acte de conscience est happé par le « là » de l’être derrière les choses et les autres et au-dessous du moi-même ; qu’il efface par la mort. Le « plus grand destin » tel qu’il est désigné par Heidegger est l’abnégation, la soumission à la vérité de l’Être qui ne nous fait signe que dans l’effacement. La description heideggerienne de notre être est le moyen de le dissoudre, de l’annuler afin que seul le grand destin s’impose. Ce que Nietzsche imaginait pour l’individualité, Heidegger le veut pour tout ce qui est, toutes les réalités qui seront fondues dans une unité de « sens ».

L’intuition est tout à fait juste que l’être est plus grand que les étants, et il peut paraître trop usé que cette ampleur puisse se désigner comme étant dieu ; sauf que l’on n’a jamais fait plus précis et plus significatif ; si cette idée ‘dieu’ s’est imposée partout c’est que justement elle remplit adéquatement son rôle, accomplit sa signification.

Il faut comprendre que Heidegger veut contrer dieu. Qui lui semble trop humain d’une part et d’autre part philosophiquement figé, comme Gros Étant de tous les étants donnés là. Dont il isole le « là », comme contenant (vide) de tous les contenus (les réalités). Il inique presque le temps et il perçoit qu’il est à-venir. Lequel suspend la réalité vers le possible. Qu’il fixe en tant que sens de l’Être.

C’est la difficulté lorsque l’on en reste à l’idéal grec, pour qui l’idéel se présentait comme l’effectivement perceptible monde donné là. Et que l’on n’est pas passé par-dessus par et vers le christique. Qui au lieu d’un monde ordonné en tant que cosmos, admet le monde comme création et surélève la problématique au niveau de l’intention ; par quoi il ne faut pas entendre qu’il s’agisse d’une subjectivité opposée à l’objectivité des grecs, mais bien ceci que l’intention est elle-même bien plus objective et plus réelle.

La preuve en est qu’elle va mettre les vingt siècles suivants en œuvre une bien plus profonde et grand élaboration.

À savoir donc qu’il est incomparablement, incommensurablement plus difficile d’énoncer la capacité du sujet que de détourer l’objet. Et ce non seulement de ce que la complexité mise en œuvre est plus conséquente mais bien que cette « subjet-ivité » doit s’éprouver elle-même, constituer sa propre éprouve et son infinie difficulté.

Lorsque l'on est passé de la pensée grecque (ou romaine) au christique

la déflagration fut telle que nous ne nous en sommes pas du tout remis.

Ce qui veut dire que la philosophie (même théologique et scolastique moyennant quelques aménagements) demeura dans l'incapacité de penser l'événement absolu de la subjectivité.

Entendant par là que l'on est passé du monde-cosmos ordonné des grecs au monde créé par le divin, le un tout-autre, certes,

mais également qu'il y eut cette verticalité insondable du sujet.

Or donc il fallut attendre Descartes (et quelques français auparavant, dont Montaigne, et puis Pascal, le deuxième cartésien devant l'éternel)

pour que s'introduise (masqué peut-être) une sur-cohérence ; parce que le sujet dresse ou oblige à dresser une impérieuse cohérence bien plus vaste que celle requise par l'ordre cosmos des grecs.

Cette verticalité et son élaboration (qui prirent donc la suite des 20 siècles conséquents) exige un tissage d'un nombre incalculable de rapports ; au rapport universel objectif des grecs ( sans lequel idéal de savoir la pensée ni les sciences du reste n'existeraient pas, celle de l'objet cohérent en soi, dont les mathématiques, science du rapport pur)

ua rapport objectif donc devait succéder l'architecture absolue et formelle des intentions du sujet.

Le christique interroge ; que voulez-vous vraiment ? Insistant bien sur le "vraiment".

et ensuite de cette intention, inquiète, purent se déployer les intentionnalités ; les petites et les grandes volontés, soit donc les stratégies énormes et surtout cette position du sujet ne peut pas s'effectuer objectivement mais selon le sujet que l'on existe ; il faut l’éprouver. Et effectivement toute notre historicité s’initie de celui-là qui a éprouvé non seulement la difficulté mais l'horreur ; cette épreuve (l’archétype de cette épreuve) s’initie du un tout-seul crucifié.

Rien n'est au hasard.

 

Rien n’est arrivé au hasard puisque tout est pris dans le champ de conscience, cet arc qui prend levier de l’horizon réel donné « là ». Non pas qui prend appui sur le présent actuel, ou donc le réel, ni le christique sur la révolution qui viendra 18 siècles plus tard, ni la pensée grecque sur les sciences qui s’initieront bien plus tard. Il n’y a pas de projet prédestiné. Mais il existe très simplement le rapport de l’arc de conscience à lui-même qui intuitionne non les développements futurs mais la logique de sa structure, parce que c’est un rapport et donc il « se voit ». Et qui devait absolument formellement prendre nom de « vérité ». vérité veut dire « qui correspond au réel ». et lorsque Platon dépasse toute mise en forme culturelle selon tel ou tel groupe (en l’occurrence les grecs) vers la pensée, la raison, la cohérence d’intentionnalités (qui se nomment « idées ») il expérimente ce qui vient à chacun lorsque ce chacun pense, et la « pensée » cad l’ensemble des systèmes qui sont nés, formulent l’ensemble des systèmes qui nous sont accessibles de mises en forme intentionnelles ; il en apparaît plusieurs (au fil du temps, de l’expérimentation) puisque la forge de tout système ne tient pas du tout dans tel ou tel, ni dans un système de systèmes, mais dans l’arc de conscience qui est, précisément, cela même, qui rend possible la cohérence des pensées et aussi bien se plier à la dureté du logos pensé équivaut à se plier à une solidité réelle, et introduira aux sciences qui se vérifient par cette extériorité du monde, des choses, de même que l’idée ou le raisonnement sont, se tiennent extérieurement.

Et pareillement il faut comprendre que les formules de je, les diverses sortes de je, de conscience, obtiennent elles aussi des degrés de cohérence intentionnelle ; le christique, Descartes, la révolution, Rimbaud ou Nietzsche ou Sartre et Lacan forment des unités intentionnelles singulières parce que le réel est l’expérience singulière elle-même.

Et il n’y en a pas d’autre. Pas d’autres, comme, par exemple, on pourrait admettre la pluralité des systèmes d’idées ; lorsque l’on atteint le singulier (comme Plotin qui conclut la pensée universelle grecque et le cosmos selon le Un) il n’y a plus d’arrière-fond. Parce que le sujet, le singulier est cela qui se tient soi de soi-même ; c’est un rapport (je suis je) et qu’alors il peut, il doit, il se modifiera de toute manière, de par son autonomie. Aucune ré-expression ne « copiera » ; relancer un platonisme n’est plus du tout signifier comme Platon, si on relance Descartes on devient Kant ; une théologie qui singerait la scolastique garderait quoi qu’elle en veuille l’esprit de son temps actuel ; le singulier ne peut et ne fait qu’inventer constamment. Seuls les mondes particuliers tentaient de préserver au mot prés, (leur réel trésor), la tradition.

Et de même si l’on définit le ‘je’ comme ceci ou cela, aucune de ces définitions ne remontera dans le rapport qui définit. Tout contenu de conscience suppose ce rapport de conscience, cad ce rapport qu’est une ‘conscience’ ; ça n’est pas ceci (jean-pierre) qui est en rapport avec lui-même (qu’il soit jean-pierre, un corps, un passé et un vécu, un projet, une âme ou un agent intellectif passif ou actif) mais c’est tout cela qui est pris dans le rapport qui rend tout le reste possible. Descartes ne définit pas du tout le je en tant que substance ; sinon pour répondre aux objections et utiliser ces notions anciennes comme illustrations, même si il n’a pas encore les désignations qui viendront, bien plus tard (Husserl ou même Hegel ou encore Kant et le transcendantal).

Pareillement le ‘je suis je’ n’est pas une sorte de tautologie égocentrée, puisque cette proposition expose que le-dit je est plus grand ou autre que tout contenu et donc capable de toute objectivité ou toute subjectivité ; le seul rapport qu’entretienne le je est dieu ; l’infini, la perfection ou la perfectibilité infinie.

Qu’il soit plus grand, oui, qu’il soit « autre » est évidemment la question formelle absolue ; de quelle altérité ? Structure dialectique hégélienne, transcendantal kantien ou husserlien, Volonté nietzschéenne, être-le-là heideggerien, sujet sartrien ou lacanien ? Tous sont au moins d’accord sur une approche ; ça ne sera pas « humain » ou « mondain » (étant entendu que le monde n’apparaît pas tel quel mais dans et par notre activité, même les « sujets » marxien ou freudien relèvent de l’altérité, puisque depuis Descartes nous sommes déjetés hors. Hors de quoi ? Hors de tout), ni définissable aisément.

Donc il fallait qu’il y ait Sartre et Lacan pour délimiter, littéralement, cad physiquement ou physiologiquement pour ainsi dire, le « lieu », bizarre ou étrange ou mystérieux, le « là » où il existe. Heidegger prend l’ampleur du « là » au sens de l’ouverture de l’Être ; qui dépossède, vraiment, le moi ou l’humain, et le jette dans le « divin inhumain », pour lui ce sera le peuple, allemand en l’occurrence ou le langage, comme altérité, parole de l’Être, « poétique » ; pour Badiou ce sera l’universel abstrait, qui dépossède tout autant le moi ; et les deux qui annulent ou subsument le sujet, pas ici ; le sujet est ici absolu, formellement, cela même et cela seul qui existe parce que lui seul ex-siste, il se tient du rapport qui rend tous les rapports possibles.

Et ce rapport est le seul qui ait accès au rapport qu’il ex-siste ; qu’il soit ouvert en dedans (et absolument ouvert puisqu’il ne contient rien, il produit des contenus, dans les champs intentionnels, mais n’est rien en lui-même), pose la question de sa nature même, de « ce que » il est, entendant par là qu’il n’est précisément pas, mais qu’il existe.

Et c’est même ce tourment, ou cette extase, ou donc cette Possibilité intrinsèque, interne (de cet absolument externe), cet invraisemblable décalage, qui n’est ni humain ni naturel, qui ne peut pas plus se passer de la liberté comme capacité fondamentale que de la vérité comme impératif de se tenir de plus grand que lui, dieu, le réel, l’universel donc, l’historicité, la réalisation effective, l’effectivité des effets (qui n’en restent pas au rêve), et donc, comme on l’a vu, décalé ; par quoi le je sort de lui-même et qu’il se crée en tant que je de cette sortie même. Assumant donc la méta-objectivité. Qu’il vienne par et en un corps ne l’empêche nullement de sortir de la structure qu’il est, et que donc il ex-siste : que donc le rapport à partir du moment, de l’instant, du présent, de l’actualité de son apparaître naît.

Cette naissance est de fait absolue ; ce qui est en tant que rapport naît de son rapport. On a vu que la psychanalyse nous apprend que c’est un déchirement (la séparation que le signifiant ou dont le signifiant est le signe, qui coupe le corps, vivant, en deux, de ce qu’il se perçoit, lui qui est vivant et un, du dehors, et qui le torture, littéralement, d’une incompréhensibilité totale ; un corps vivant ne peut pas comprendre cette extériorité de lui-même). Mais c’est justement ce rapport qui est déplié, puisqu’il est lui-même, structurellement, un pli, un mouvement, une vague à la surface du réel (du réel, non pas du monde ou de la réalité, mondes et réalités se situent entre les vagues).

De notre point de vue ce qui existe vraiment c’est ce qui crée la, les réalités ; qui toutes se tiennent dans le mouvement ; il n’existe rien que le mouvement, la question étant ; en quoi consiste-t-il ? Et jusqu’où se meut-il ?

Et c’est spécialement un corps que crée l’actualité absolue, formelle, du champ intentionnel. Un nouveau corps. Situé au-devant. Un corps créé du champ intentionnel.

Dans l’actualité et l’actualisation, en quoi consiste le réel en tant que mouvement brut, se tisse un corps, perçu du devant. Lequel corps est tiré par un fil, celui qui le coupe de haut en bas, sans reste. Mais nous croyons résider dans un reste, quelconque.

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