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instants philosophie

Passion de la liberté

4 Septembre 2021, 07:43am

Publié par pascal doyelle

On recherche donc ce qui apparaît. Et on a vu, multiplement, que ça n’apparaît pas ; la forme de ce qui apparaît, de tout ce qui apparaît, est le présent, et le présent, ce « moment », n’est pas visible. Au lieu de croire que le présent est juste un résultat, dont on ne sait pas trop quoi faire, que l’on ne pense même pas, mais qui se signifie (chacun existe et n’existe qu’au présent, on se souvient de soi, mais remarquons que ce sera toujours une interprétation ou une réinterprétation, comme quoi on ne sait pas, on ne connaît pas ou plus ce que jadis on « était », ça n’existe plus, mais c’est bien suffisant, que dans un « nouveau projet de soi », aussi abîmé ou ample qu’il se peut ou que l’on subit , ce qui est c’est le moi, mais ce qui existe c’est ce que l’on fait de ce moi).

Si le présent est inversement cela même qui existe (et rien d’autre n’existe, cad que tout, l’être, n’arrive que via le présent), alors tout est mouvement. Et effectivement tout est mouvements. Ça bouge, ça se meut. Le présent comme activisme ontologique. On dit aussi que le présent n’est pas seulement un état mais l’attirance ; tout avance (même vers sa, ses dispersions, et tout est destiné à disparaître) parce que le présent pousse à être ou attire en avant. Mais si le présent est la dimension en et par quoi tout est, alors cet « en avant » est vertical ; puisque les choses s’effondrent et qu’il ne restera, à terme, presque plus rien. Je disparaîtrai, les choses se dissolvent, les soleils et les galaxies, l’univers est condamné, bref plus rien, ou presque, cad une dispersion, une indistinction (tandis que les réalités, qui sont déterminées, sont distinctes, les une des autres, et apparemment une des distinctions générales c’est l’espace-temps, une différence de position, au moins).

Dans ce présent il y a une activité spécifique ; l’arc de conscience, cad un champ intentionnel, qui consiste à coller des perceptions et des signes. Soit une production collective, communautaire (le groupe fait office de vérité et d’identité), soit comme production individuelle ; il s’impose alors une séparation. Le sacré est une région ou une temporalité réservée du monde donné là (qui fusionne constamment entre perceptions et parole échangées, qui doit se répéter sinon à se perdre de vue, y compris entre les êtres parlants, échangeant, rituellement, l’esthétique est ritualisée par ex). Le divin est séparé (c’est pourquoi il crée le monde, cad tout, sauf lui, et lui-même n’est rien que l’Intention, de tout le reste) et qui oblige à la séparation ; au début les juifs ne forment pas une théocratie mais une Loi, cad une série d’intentions. Le divin vient tout à coup dans le monde (pour repartir presque aussitôt et nous laisser là) ; que le séparé non plus s‘introduise dans le monde mais qu’il s’incarne est stupéfiant (et que l’on y croit ou non, on peut très bien traiter ceci comme le fait absolu historique de représentation par lui-même de l’arc de conscience, chacun choisi). Et depuis lors, la question est qu’est-ce que cette séparation qui n’est plus seulement ‘en-haut’ (séparée) mais ici même.

Le christique, le sujet, la révolution des citoyens, la société civile (dans le cadre d’une Constitution, ce qui est désormais la forme même de toutes les sociétés, plus ou moins ‘démocratique’, évidemment) la société civile donc et le moi, les romans ou le cinéma, les esthétiques, innombrables, et l’individualité, l’inconscient de chacun ou les libérations diverses et variées (réelles ou médiatiques). Tout traite de cette séparation. Et des moyens d’y remédier, mais en vérité plus on s’y emploie, plus la séparation s’intensifie (le moi, de chacun depuis le 20éme, est extrêmement séparé et même divisé en lui-même).

Cela pose quand même qu’alors si le présent existe, et que les réalités sont, alors le seul réel est le présent ; le reste est relatif. Ce qui seul est absolu c’est le mouvement. Il n’y a, dit autrement, que peu de consistance dans les réalités (et les contenus de conscience, de tous les champs intentionnels), et beaucoup sinon infiniment dans le présent (et l’arc de conscience logé dans l’arc du présent). On a vu que l’on désigne l’infini en tant que présent (le problème étant ; jusqu’où existe le présent ? Quelle est cette dimension, unique puisque formelle, et jusque « où » ? parce que si le réel est le présent, comment est-il organisé, architecturé et en nous architexturé, comme corps?)

Bref.

La séparation règne et ainsi il y a une réalité. Et donc nous. Un arc de conscience est un rapport qui en lui-même st structurellement séparé, de tout, y compris de lui-même ; il n’es tpas un rapport qui arrive à quelque chose de déjà là, c’est le rapport qui est d’une nature spécifique et qui existe comme tel. Le réel est de son côté, le reste ce sont des effets.

Ce qui ne détruit pas la réalité (au profit du réel) ou n’implique pas du tout que l’être soit écrasé par l’exister (ni l’universel par le signifiant, ils se tiennent ne leur lieu et place), mais qu’il s’agit d’un seul et même mouvement ; la nature du rapport ou sa logique est de produire des rapports. Et donc au réel s’ajoute de fait les réalités (les effets de la cause, dont on ne comprend pas encore les possibilités internes). Le mouvement est en lui-même absolument positif ; ce qui existe en tant que rapport s’ajoute à lui-même. Pareillement tout est donné tel quel ; « il y a » de la réalité dans le réel.

Et des rapports très précis de telle ou telle précision ou qualification ou élévation. De plus en plus dans un certain sens du mot « distinction » (et la question de notre séparation veut découvrir quelles sont nos distinctions exigées ; elles sont ‘exigées’, parce que sinon on tombe, dans plus ou moins d’indistinctions). En un mot, si dieu existe (on ne choisit pas ici) il est instantanément donné tel quel ; tout le possible (néant, être, exister, sujet, dieu) est donné en une fois, et c’est seulement ensuite que tout commence (la perfectibilité de tout l’ensemble, et non pas leur « perfection », qui serait inerte).

L’intime est évidemment la plus proche limite du moi. Et c’est de ce bord que ça bascule, vers l’inconscient. Étant entendu qu’il ne s’agit pas de n’importe lequel ; celui de Lacan. En quoi l’inconscient est un « sujet ». Il voulait remplacer celui de Descartes. Et montrer que le moi est tout à fait relatif. Une sorte de version abrégée et pauvre du sujet inconscient qui déplie constamment sa toile (puisque le débusquer en tel signifiant pousse celui-ci à se replier encore, au sens stratégique, ce qui est fort étrange). Et donc l’intime ne débouche pas sur l’intériorité, mais sur une construction objective, mitoyenne du corps et du monde, du regard du moi et de l’autre regard, des affects et des signifiants, bref un maelström tout à fait objectif même si très difficile à visualiser (il est vivant).

Cette intériorité objective aboutit d’un côté au réel, au sens que l’articulation de conscience intentionnelle crée une coupure dont la dureté et l’a-humanité est un résidu insolvable, un reste continuel, soit donc le signifiant (dans la conscience qu’a le moi) qui désigne le corps, l’affection, le sentiment corporel, et ce signe ne peut pas traduire cette sensation dans le langage (et forcera ainsi les signifiants à se démultiplier, indéfiniment, puisqu’ils s’usent à ‘ne pas dire’).

Autant postuler donc que le signifiant qui me-signifie (qui désigne mon-corps, mon état-vivant) est juste un rapport, une articulation qui tourne en boucle (et ne cesse qu’à la mort), mais qui, ce faisant, rend possible qu’il y ait un moi et donc plus haut encore un je (qui se dirige lui vers le sujet, vers la structure-sujet ; c’est un ensemble de mouvements qui, donc, ne se contredisent pas, mais s’empilent ou plus véritablement s’ajoutent ; il faut que le corps soit affecté d’un signifiant mais celui-ci ne peut pas se dire, puisque c’est un affect originel ; évidemment il arrivera des mésaventures ou pires, qui se grefferont sur cet affect, ce sentiment de vivant).

On en conclut pour notre propos que « l’intériorité » est en-avant ; n’est pas un donné là, mais la capacité de projection (comme on disait autrefois) et l’unité ou le principe ou la loi que l’on se donné et qu’il faut, à chacun, rechercher. Ou donc ; que veut-on vraiment ? Et ne faut-il pas précisément en décider, ou commencer d’en décider ? Et lequel par contre, un continuel commencement qui, si la décision n’est jamais assurée, doit toujours être recherché en tant que commencement, et qu’il ne faut justement pas céder là-dessus. Continuellement re-venir puisque le réel est qualifié de Commencement (le christique insiste sur la perpétuité de la décision, en tant qu’intentionnelle, et non comme fait acquis).

Et le sujet inconscient c’est la rupture dans le vivant, ce corps vivant, rupture qui met en jeu tout le reste ; que le signifiant donc crée notre réalité, et c’est à ce vertige, ce gouffre certes mais surtout ce rond-point (qui est beaucoup plus utile, mine de rien) que nous sommes redevables. On va repréciser, repositionner la problématique générale de l’individualité.

La coupure (soit la castration, formule bizarre) ; le fait que soudainement et au sortir de l’enfance nous ne sommes plus au centre du monde, mais nous nous percevons du dehors. D’un point autre. Encore faut-il qu’il soit constitué en nous ; ce qui n’arrive pas à tout le monde, certains restent dans l’affect général qu’ils sont au centre, ou plus exactement tout le monde se croit, au fond, au centre du monde, mais pour la plupart il est un atermoiement, un décalage, au moins joué, un semblant, et lorsque l’on fait trop semblant on en souffre, on se ressent comme le centre mais rien n’y correspond, et nous-même nous n’y sommes pas ; nous ne sommes pas nous-même notre propre centre, contrairement à ce que l’on, pourtant, croit. Bref la contradiction et l’incompréhension régisse notre vie. L’incompréhension qui cause cet affect-même, et tout à fait réel, l’affect de l’incompréhension, qui ne correspond à rien, qui doit se sustenter d’un autre affect (l’angoisse, tel trouble ou tel autre, bref un symptôme, plus ou moins difficile à gérer et ce dans la vie quotidienne, puisqu’il atteint l’attention, la conscience-de elle-même). Cette incompréhension qui vient de ce que la résolution du moi ne se trouvera nulle part dans le monde, mais ajoutera à sa confusion.

Tout ceci de ce que l’être n’est pas. Que seul le mouvement existe ou encore que si le mouvement existe alors il n’existe que le mouvement et que le sens de ce qui est devient et deviendra encore. Que le moi ou la conscience spontanément fixent le réel comme être, identité, contenu, déterminations. Et effectivement les déterminations, les réalités sont ; mais cet être est pris-dans le mouvement. Et un mouvement brut.

La brutalité du mouvement est indubitable. Et cela nous tire les larmes, en apparence cela détruit notre spontanée conscience de nous-même, l’enfance, et durant toute la parfois difficile adolescence et se perdurant jusqu’au bout. Que cette forme du réel, le mouvement, soit cela seul qui existe, veut dire que l’on n’obtiendra jamais la tranquillité, le repos, la contemplation, cad l’objet, au sens spécial du miroir qui serait l’image dans le miroir (on sent bien que ça ne marche pas ainsi ; il y a un miroir et beaucoup d’images, un signifiant et beaucoup de signifiants qui s’imaginent comme signifiés, ce qu’ils ne sont pas, et que donc il n’existe qu’une porte de sortie ; le signifiant même).

 

On ne traduira jamais notre être (qui est un mouvement et donc pas un être) en objet. Qu’il pourrait percevoir du dehors. Il n’y a pas de dehors (objectal) ou plus exactement il n’y a que cela (tout est dans la Vue du sujet, sauf que cette Vue n’apparaît, et se nommant elle se signifie et non pas se perçoit, ni ne se pense ; Descartes est au-delà de la pensée, ou si l’on veut en-deçà, dans la structure antérieure, dans l’ontologie antérieure à toute métaphysique ; c’est pour cela que le cogito est la preuve ontologique et non pas métaphysique ; Descartes a très bien approché la complexité ; nous ne sommes pas dans le texte mais le texte signifie un réel, de même que l’on ne connaît pas l’infini, mais on le sait, le signifie, le signe, immense désignation de dieu comme « im-possible » selon le monde et la pensée et le moi, voir Pascal, qui rebondit sur ceci, à la lecture de Descartes) ; et plus loin donc, comment en définitive peut-on croire que cela même qui nous rend possibles (le mouvement, de percevoir, de décider, de désirer, de l’intention donc) puisse cesser  au sens de se reposer ?

Si par ailleurs le réel est non pas constitué de choses, de déterminations, mais que le réel est mouvement, alors le réel est devenir pur. Sa nature, sa structure est de mouvement. Ce qui déplace quand même bien le problème.

Mais pour ce qui est de nous autres, il ne faut, derechef, pas se laisser faire par la spontanéité qui voudrait que l’on croit saisir ce qui se présente là au-devant, comme un objet, ou une chose, dont on ne perçoit en vérité pas du tout la continuité, la solidité, la consistance et qui, au fond et en fait, est seulement l’image dans le miroir ; la psychanalyse applique cette logique ; la représentation que se fait le moi est non le moi mais l’inconscient, les objets ou la science ou la pensée ou quoi que ce soit, sont les faire-valoir ou faire-voir imaginaire d’un miroir caché (qui lui est réel, le réel signifiant inaccessible), et logique que l’on peut appliquer inversement, ce que Sartre cherchait, que l’objet soit l’image de l’intention qui s’étend au travers du temps, du vécu, des autres, de projets et qui nous attend tout au Bout de l’existence (intemporellement, comme une éternité proustienne).

De cette solidité (toujours sinon factice du moins non-réelle) ce serait même le contraire ; on voit bien que tout se dissout, se disperse, et puis disparaît. La solidité que l’on suppose à la chose ou à l’objet (technique ou pensé) est imaginée ; on transfère à la chose l’unité de notre intention qui la perçoit. On peut bien imaginer un gros objet, l’être, ou un être en lui-même, dieu, comme monolithique, mais là même tout nous indique, cad les textes de religions eux-mêmes, qu’il est structurellement une activité. Et non un être.

Par quoi le « temps » que nous avons dans la tête n’est rien d’autre que l’intemporalité, ou comme autrefois l’éternité. Qu’on le veuille ou non notre intentionnalité qui est un rapport se Voit éternelle, hors temps, doté de la perdurance de ce rapport ; à voir si l’exister, cad l’actualité du présent dresse infiniment la totale potentialité hors du temps, ou de l’espace ; ce sera l’objet de l’ontologie très effective.

De là les multiples précautions qu’au fond les pensées, les systèmes imposent ou supposent, implicitement ou explicitement, quant à la véritable nature du réel, quant à leur unité terminale, au sens ultime de ce qu’ils racontent. Qu’est-ce que l’esprit hégélien, le nouménal ou l’énergie nietzschéenne ou l’Être de Heidegger, ou l’idée du Bien ou le premier moteur ? On ne sait pas.

On ne sait pas parce que le réel est formel. Et on a nommé cette structure, formelle, donc, en tant que présent. Ce qui veut dire le plus « intime-extime » de tout ce qui est.

Le présent est cette forme qui tire hors de l’indistinction et parvient à distinguer. Par le présent se créent des déterminations et une de ces déterminations, au moins (on ne sait pas ce qu’il se passe sur d’autres régions de l’univers), a pu se déterminer de telle sorte que la déterminité s’inverse ; à savoir qu’il lui est possible de revenir sur sa détermination et ce par la raison que cet être (qui n’est plus un être) est arc de conscience.

Que l’on délimite comme tel ; une conscience de (soi) dans lequel rapport le « soi » est le rapport lui-même et non le contenu de conscience ; une conscience est un être qui-se-sait (qui ne perçoit à partir de l’horizon) et ce savoir est non une connaissance, mais un savoir, ou si l’on préfère un signe qui se désigne. Et il se désigne parce qu’il se perçoit du bout du monde, ou du Bord de la réalité. Quant à « expliquer » ce que ce je, ce sujet, ce rapport est en lui-même, il faut le prendre inversement et admettre que l’exister existe et que l’arc de conscience existe de ce qu’ils se désignent eux-mêmes, et se désignent eux-mêmes dans un rapport, ce qui signifie à distance, en dehors, dans l’extime absolu, formel, vide si l’on veut, et qu’il ne s’agit dès lors jamais, jamais, d’égocentrisme ou de tautologie ou d’unité morte ou inerte ; il n’y a, il n’existe que le mouvement.

On comprendra que si l’unité est ex-time, en dehors, externe, cela ne veut pas dire extérieure (cad jetée dans la détermination, soit particulière soit universelle selon des notions, selon le concept peut-être, le Un par ex ou l’esprit hégélien, mais la notions déterminé et objective non, l’objectivité, tout àf ait valide, reste extérieure, ce qu’elle est donc), si cette unité du réel, qu’est le réel, est extime alors il est également intime… Puisque c’est le sujet.

Le sujet à destination de sa propre modification (par quoi, en un sujet, on obtient une détermination capable de se modifier elle-même, comme détermination et donc créant, créant du créé).

Ce qui se crée, cause quantité de modifications ; l’extériorité du monde qui était jusqu’alors l’intériorité du groupe, devient l’occasion de construire notre propre intériorité, cette fois individuée, et non plus collective ; le monde n’est plus empli de vision, mais, dans le cadre objectivant de la société humaine (portée par un cadre non plus de fusion mais de coordination), dans ce cadre général (et non plus global) chacun est animé de sa propre vision intérieure (celle-là même que voudrait récupérer, absorber, digérer les machines à rêve, du cinéma (et auparavant du roman) au publicitaire et à la mass médiatisation totale, la production industrielle d’intériorité ; et chacun est tout aussi bien tout à fait soulagé d’être mangé par une production industrielle de personnalisation, puisque le langage dans son essence même est né dans et par un groupe holistique, communautaire et qu’il en garde la mémoire, le regret en l’occurrence, la douleur m^me ; tout individu se retrouve nu et sans rien dans un monde silencieux, sans signification, sans relais dans une « grande intériorité » jadis et originellement partagée et qui se donnait là dans tous les aspects énoncés, parlés et partagés du monde naturel et sacré (le monde naturel en soi n’existe pas pour nous, mais naturel et sacré oui).

La matrice du monde, intériorisé en communauté, est une douleur pour l’individu (ce vers quoi, ce regret, il développe sans doute ses névroses de non-intériorisation et ses psychoses d’intériorité intégrale, on parle en lui, la parole, les signes paraissent venir du monde et les autres parlent dans la tête). Séparé il existe pourtant pour lui-même et le cadre généralisé (en l’occurrence l’universel de la révolution, ou autrefois la royauté très chrétienne et l’église) ne sont pas une aliénation mais précisément la possibilité d’être « soi ».

sans doute l’intériorité de départ est tout à fait christique ; et chacun dispose d’une intériorité de fautes, mais aussi d’erreurs, de péchés mais aussi d’égarements, qui ne sont pas forcément écrasées et déniées, mais en un sens reconnus et même appréciés, les bienfaits du monde, de la vie ne sont pas bannis ; le christianisme est justement cette religion qui malgré tout le désordre que vous pouvez engendrer, pardonne. C’est son propre absolu ; évidemment on va fauter à nouveau ou s’égarer mais c’est le jeu ; et surtout cela permet à chacun de commencer de mesurer son calage et son décalage, de se créer comme vie intérieure. Accompagnée.

Le christianisme n’est pas soumis à la Loi (du judaïsme) mais existe par et en vue de l’Intention. Vous serez jugés sur votre Intention (votre ex-sistence), et c’est même celle-ci que vous découvrirez « à la fin ». Dieu, celui de la trinité, révélera à chacun son « être », ce qui signifie ses décisions, l’orientation, la direction de son existence. Bien sûr il ne faut peut-être pas anéantir ses contemporains.

La question n’est pas de ce jugement, éventuel, mais de ce que cela imprime en chacun ; le récit de soi, l’orientation, et la, les décisions, et comment elles se prennent. Ça n’est évidemment pas de but en blanc et « en toute connaissance », mais sur la longueur, la durée d’une vie ; ce qui ouvre tout un champ absolument effarant et difficile. En vérité, ce qui veut dire dans la vie réelle, chacun est un sac de nœuds. On ne sait pas du tout ce que l’on fait, or pourtant on en intuitionne quelque chose.

Que ce quelque chose possède un préalable d’inconscient est tout à fait avéré. Mais aussi il existe une pré-disposition à-venir.

La personnalisation est devenue en elle-même un enjeu puissant ; toute l’intériorité qui était celle du groupe holistique immergé dans le naturel et le sacré, est effacée et ne demeure que l’extériorité, très froide et difficile du cadre général (cad universel). Mais cette universalité n’impose pas un contenu (qui serait « la raison », serait-elle hégélienne), mais une forme tout à fait extrême ; le sujet, individuel.

En un sens donc le sujet existe dans une « communauté » qui n’en est plus une mais une coordination (chacun décidant de son rattachement à ce cadre général, ce qui cause pas mal de soucis, d’adolescence ou de moralité ou de légalité parfois ou d’addiction, de dégradation de soi ou des autres, etc), ce sujet dispose d’un espace-temps à lui (de toute manière le sacré n’oblitère plus telle ou telle partie du monde ou de la vie ou du commun). Qu’il doit récupérer par et pour lui-même (désordres mentaux et désordres moraux ou légaux y compris).

Et c’est une énorme élaboration qui joue en parallèle l’individu et le commun. Mais l’universel en question, donc, est exclusivement la forme même de sujet ; laquelle seule est universelle. La capacité de la liberté de chacun. En quoi on voit bien que la « liberté » n’est pas « subjective » au sens d’arbitraire, de n’importe quoi ou de fantaisie, mais d’abord un processus d’organisation. Et ce au sens fort et pour le dire absolu.

La formulation essentielle c’est que l’individualité devient un principe d’organisation radicale. Dont le communisme a cru se dépêtrer en ramenant l’universalité seule (cad un certain contenu s’imposant à chacun, niant donc que « la liberté » soit le principe organisateur lui-même). L’histoire en retour promeut l’individualité qui seule permet de monter de niveau ; il faut que chacun se rende complexe si l’ensemble doit s’élever. Mais par ailleurs le cadre général (l’universel seul réel de l’organisation) ne peut pas ou ne devrait pas s’effondrer dans, cette fois, l’arbitraire des libertés rendues folles ; et c’est de folie dont il est véritablement question, une folie « collective » ou plus exactement généralisée (qui suit l’universel mais en le perdant de vue).

De ceci chacun tombe dans le piège historique de sa propre réussite, de notre réussite collective, de notre méga-organisation, qui ne revient plus à une hyper-organisation (insistant sur l’individualisation), puisqu’elle a abandonné le méta (la réflexion sur cette individualisation). Dit autrement à la volonté on a substitué le désir.

Le méga est une sorte de monstre préhistorique, une mésinterprétation selon la seule multiplicité, la détermination et l’immédiateté. Et dont on a vu que le fondement est la déchéance de l’arc de conscience (qui ne trouve plus ou ne veut plus d’une régulation haute) et qui se confie à son corps, à son bien-être, son confort ou ses facilités et surtout fondamentalement à ses fantasmes, à son « être rêvé » (dont la substance n’existe pas du tout, puisqu’elle est conférée, cette solidité, par l’intentionnalité qui se transfère dans la chose imaginée, la vie mangeable, le désir concrétisé, dont l’imagerie publicitaire n’est qu’une variante au fond) ; le corps fait office de réalité, alors que l’arc de conscience devrait ou devait s’instituer comme unité, remplaçant la « satisfaction » (fantasmée) par l’insatisfaction structurelle (l’intentionnalité, l’arc de conscience ne correspondent à rien dans le monde, le vécu ou le corps ; il doit être sa propre Loi de structure, mais ce ne sera pas sous la forme objective de loi, Descartes et les autres à la suite ne formulent plus une objectivité, mais taillent dans l’épaisseur et donc l’inépaisseur du je).

Il est tout à fait évident qu’il ne s’agit pas de renier le désir, le bien-être, etc, mais que cela ne s’impose pas au point d’étouffer, d’annuler la liberté et que donc la liberté, le sujet puissent dégager, séparer leur propre suréminence (laquelle étant relative à la liberté, n’est accessible que créée par ce rapport qu’est le sujet, on ne peut pas imposer le champ, l’espace-temps propre au je, il se le doit à lui-même ; toute l’ambition cartésienne que de transformer la liberté en passion, il ne concevait pas que la liberté soit séparée du monde, du corps ou de la représentation, il n’y a rien d’idéaliste chez Descartes, ou dit autrement le sujet doit instancier sa propre puissance, sa potentialité, et ce en l’inscrivant dans son propre champ et ce lentement, et c’est bien le sens de la troisième substance « la seule réelle », les deux autres, l’esprit et le corps, étant des distinctions théoriques, de raison).

Étant entendu que si liberté il y a, elle est « tout », au sens où c’est par elle que le reste vaut (la peine), et que sans elle le reste peut bien être agréable mais non pas valoir en soi.

S’il n’est pas pris-dans la capacité de la liberté, le désir tombe vers le bas, échange ses finalités de structure pour celles de l’immédiat ; notamment en ceci que le mythe, le rêve de la satisfaction assurée, suppose que dans la réalité ou la vie l’objet correspond à notre attente ; qu’il est « naturel » donc. Alors que l’on a vu qu’il n’y a pour un être qui se constitue comme un champ (actif donc, et dont la passivité même est déjà une activité), rien de naturel. Tout est construit ; raison pour laquelle la faiblesse qui tombe vers le bas produit ses propres artefacts, ses folies, ses délires, ses rêves en ramassant toutes sortes de déterminations, mais en les composant comme de pseudo-nouveautés, des désirs au sens le plus largement partagé, compositions qui ne se retrouvent pas dans le règne naturel des vivants et obéissent à la détermination concoctée dans la résolution basse de notre réalité, suivant les lignes de signifiants, ceux qui coupent le corps vivant et incrustent de pseudo-résolutions de cette coupure ; on produit du fantasmatique afin de coudre notre être, ce qui ne se peut, ce qui est une hérésie.

Que le je dans le moi découvre son unité de structure (ce qui a débuté radicalement par Sartre, qui dépouille toute conscience de ses atours idéalistes), et que le moi de la psychanalyse réduit, opère la réduction de ce moi sur son versant fantasmatique ( admis comme plus réel que tout conscient ou représenté, et traitant donc de l’hontologie comme dit Lacan, la honte qu’est l’ontologie, bien que réservant à Descartes une notation spéciale ; ça n’est pas le « je pense » mais le « j’existe », étant entendu que cet existe est dans le réel, cad le signifiant coupant, qui seul a affaire au corps, au vivant et bien qu’il recule toujours constamment si on le poursuit), et ces deux opérations, sartrienne et lacanienne, reviennent à dénuder les fils du réel lui-même, là où ils se touchent pour ainsi dire ; comme je intentionnel (ni un ‘sujet’ idéel, ni une intention, mais un rapport intentionnel, qui signifie vers le Bout ou vers le Bord) et donc de possiblement dresser la logique actualisatrice de l’exister de mais aussi dans l’arc de conscience.

Tout se comporte, se dialectise comme un seul tenant d’articulation actualisatrice du pur et brut rapport, lui seul est vivant, ce qui veut dire existant.

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