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instants philosophie

Épiphanies et illuminations

20 Novembre 2022, 10:47am

Publié par pascal doyelle

La philosophie débute donc par l’idée de l’être, la désignation générale de « ce qui est », idée générale qui subsume toutes les autres idées. Tout comme le christique montre à chacun sa propre vie vécue hors de lui-même, pareillement l’être rend visible toutes les idées. Et s’utilise essentiellement en tant qu’idée qui rend possible celles (nouvelles) qui viendront et qui n’ont pas manqué, effectivement. L’être est une idée  ; soit donc la certitude, qui peut s’imposer comme vérité dans l’énonciation même, d’une conscience qui contraint sa représentation et veut saisir dans cette idée (ou toutes les autres, une par une) la densité de ce qui la soutient, de ce qui soutient cette idée.

Ou dit autrement ; une idée obtient son statut (d’idée, distincte) lorsqu’elle réunit suffisamment d’intentionnalisations (d’idées) dans le rapport qu’elle impose ; cette idée est constituée d’idées, est consistante de ces idées-là, et à la fois nous apparaît dans une transparence et peut se relier à toutes les autres (non seulement les rapports qu’elle subsume mais aussi les autres idées et donc formulant un système ; le système (d’idées) est le prolongement fondamental, essentiel, ce qui veut dire constitutif, de toute idée, et évidemment dès l’abord de l’idée de l’être.

Idée de l’être qui ne manque pas d’être ignorée, comme le comprendra tout à fait Heidegger ; l’être n’est pas le Gros Étant qui rassemble ou résume les étants simples ; l’être, l’estre, est d’une autre nature, d’une autre structure, d’une autre logique que les étants. De même la Substance n’est pas les attributs ni les idées. Mais l’idée du Bien, de la pensée de la pensée, de dieu tout autant ne sont pas des « idées ».

Elles sont le miroir au bout de toute conscience, de toutes les intentionnalisations, le Rapport au bout de tous les rapports.

Et qui n’est pas atteint, on ne s’en saisit pas ; nous en sommes saisis (que ce soit dieu, l’universel, le sujet ou le réel). Le sujet par ex ne se comprend ou ne commence de se comprendre que si il admet que la liberté, en lui, exige bien plus de lui-même (c’est le sens de Sartre, qui accroche même la liberté, de chacun, à l’historicité, de Flaubert par ex ou du marxisme, ou de la littérature).

Il est clair que nous sommes sur la piste de cet arc du bout de tout ce qui est, en tant qu’il n’est pas une « idée » mais la structure antérieure à toutes les idées, et même la structure, très-étrange, qui précède l’arc de conscience si tant est que « le réel » est la structure-sujet absolue, cad formelle, cad ce rapport à (soi) si infiniment autre qu’il crée le possible même ou mieux qui est lui-même la Possibilité telle quelle (pour le rapport, lui ou le possible c’est le même réel, puisque le rapport n’est pas déterminé). Ce qui veut dire tout, tout ce qui est, fut, sera et qui occupe tout ce qui est possiblement existant. Étant l’exister même.

L’étendue, l’ampleur, la difficulté, l’exigence, les extrêmes affects hyperboliques (trop puissants pour un corps vivant, qui, lui, est son propre centre, tandis que la structure de conscience décentre l’affect) de cet arc nous crée. Et il revient à chaque moi d’atteindre suffisamment, ou pas, son je, qui n’est pas, jamais, en aucun cas, du « subjectif ». Que l’on comprenne que l’on naît littéralement du divin, de l’universel, du sujet et du réel. C’est là que l’on existe, le reste décroît. Et si on s’imagine soi-même autrement, on se perd, on tombe dans les ténèbres. Ce qui ne signifie pas que l’on y existe (puisque de toute manière exister est un mouvement), mais qu’il faut croire que l’on ne retournera pas dans les ténèbres, puisque jamais nous n’y sommes tombés (Kafka, la porte était ouverte pour toi).

L’être, comme idée, ouvre la possibilité, individualisée et hors du langage du groupe, dans la mesure où il existe une énonciation. En effet antérieurement à la philosophie personne ne pense réellement. Ce qui est absurde, apparemment ; sinon pourquoi la philosophie se distinguerait-elle  ? Ce qui veut dire que personne n’instaure un discours qui soit découpable et découpé, qui entend tenir le dit découpage et donc laisser apparaître tous les liens, les relations, les rapports, de telle sorte que l’ensemble du champ de la perception est soudainement augmenté et afin que par, via les « idées » chacun soit en mesure de percevoir au-delà de son habitude, de son passé, mais également au-delà de son groupe, du langage commun, des signes déjà mémorisés comme étant « son milieu », le déjà-connu. Ce qui revient à dire que toute idée est égale à elle-même (comme les nombres et les mathématiques). S’ouvre le champ de toute la possibilité intentionnelle ; celle là même qui se crée sous ses propres yeux et se crée justement qu’elle a des yeux.

De toute la possibilité intentionnelle, cela veut dire … de tous les rapports possibles.

Puisque si le monde est la réalisation des possibles du donné déterminé, l’arc de conscience est la réalisation du possible des rapports tels qu’ils se réalisent sous leurs yeux en tant qu’actualisés (ce qui veut dire pour nous tels que voulus ou décidés ou intentionnels, en somme d’un rapport à la puissance dix ou cent ou cent mille, à la puissance, autrement dit, infinie ; en quoi « l’infini » est ce qui se présentant à soi-même sous ses propres yeux rend possibles ou accessibles tous les rapports qui s’en suivront, durant les siècles des siècles ou dans l’infinité de ce temps spécifique ; l’actualisation-qui-n’en-finit-pas ; tout existant dans l’ex-sistence, dans la suspension fabuleuse et gigantesque de tout-le-possible.

 

Remarque ; que l’on prenne cette suspension pour le potentiel, la potentialité, la puissance même, cad la capacité de, et l’on est saisi qu’il existe alors plusieurs versions de ‘soi’, ou que le je, que l’on existe, tire à sa charge l’ensemble de tous les je possibles qui se pressent soudainement sous les paupières et qu’il en faudrait bien peu pour que l’on ouvre les yeux… ce qui arrive parfois, et éventuellement sans qu’on le sache. On sait que l’arc de conscience est un rapport et donc ne connaît pas tout de ce que cependant il perçoit, représente, décide, intentionnalise, et en vérité lui parviennent transversalement bruyamment ou invisiblement des éclairs de lumière, des illuminations, sous n’importe quelle formulation, apparaître, relation ou œuvre.

 

L’idée générale de l’être accède soudainement à l’actualisation, en chaque pensée, en chacun en tant qu’il pense, à la totalité de toutes les intentionnalisations, les idées et les systèmes d’idées. De même chacun accède à sa vie vécue comme perçue du dehors sous le regard christique ou chacun dans et par le doute-cogito-infini (ou liberté, qui fait suite à l’égalité de tous sous le regard christique) ; et le temps est accédé par la révolution, qui rend possible que chacun décide effectivement dans le temps (et que cette décision ne soit pas abstraite, mais porte à effets, conséquences, privilégiant qu’il soit possible de perfectionner la cause et les effets de cette cause ; chacun étant amené donc à se perfectionner).

Le rapport contient, implique l’idée, le principe, la logique « qu’il n’en finit pas », parce qu’aucun contenu en lui ne peut le contenir et donc se présente à lui-même comme le rapport enfin actualisé et ainsi ayant en puissance la capacité de produire, inventer, créer tous les rapports qui suivront ; ou à la puissance infinie, tous les rapports qui n’en finissent pas de se tisser.

De se tisser, ce qui veut dire de se déterminer.

Et ainsi la détermination n’est nullement étrangère ou autre et basse et méprisable, mais le tissage même des rapports qui ne cesseront pas, puisque la puissance de changement ne réside pas ou pas essentiellement dans les déterminations (qui de toute manière disparaissent) mais dans l’actualisation elle-même. Qu’il y ait un signifiant et il y aura l’infinité des signifiants, ou donc les choses et les êtres ; la distinction et donc toutes les distinctions. Évidemment les choses et les êtres, qui sont des rapports et donc actifs et activement eux-mêmes (la réalité ne se fait pas ‘sans eux’ ; ils sont la/les réalités) et ainsi reçoivent en partage, et en plein pour ce qui est de leur rayon, reçoivent en partage la puissance ; mais il y a « puissance » parce qu’il y a potentialité, cad possibilité brute ; ce qui veut dire quantité de rapports - qui ne sont, ne furent, ne seront et ne seront, ne furent et ne sont pas réalisés encore-déjà-toujours ; et ceci tout ensemble pour bien marquer, remarquer et insister que dans l’actualisation, dans le rapport rien n’épuise le rapport-même.

Ou donc l’exister est l’actualisation de tous les rapports (possibles) mais cela signifie que tous ils seront dispatchés (selon l’espace, le temps mais également leurs réalisations, et tout aussi bien selon leurs vies vécues et encore selon les signes, les intentionnalisations, de leur conscience) ; non seulement ce mouvement opératoire indique la réalité elle-même (qu’il y ait une réalité donc) mais aussi que l’acte lui-même est ce qui se déploie, qu’il existe comme « déploiement » dont la nature, la structure, la logique ne sont telles celles de la réalité, de la détermination. Sinon il n’y aurait pas un « fait d’exister » ou, ce qui pour nous revient au même, on serait dans l’incapacité de désigner un tel fait et encore moins de le caractériser (or on a dit que dieu, la pensée, le sujet ou le réel sont une telle caractérisation).

Le rapport est l’in/fini, et bien sur cet arc de conscience, qui est effectivement le rapport à (soi), qui-se-sait, constitue le prototype de toute possibilité, ou, à tout le moins, l’intuition éventuelle de l’acte du réel même qu’est le Possible, de tout ce qui peut être possible et donc possiblement réalisable. Ou inversement la potentialité dans cet arc de conscience est le se-savoir (qui n’est pas la connaissance, le se-savoir étant plus grand que la connaissance, puisque relève du se-savoir la volonté, la signification, la décision et de manière étendue l’intentionnalité, comme structure inventée ou créée de l’arc des champs infinis en nombre du possible brut d’une part et pur d’autre part).

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