Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
instants philosophie

L‘intention par-dessus

23 Septembre 2023, 13:13pm

Publié par pascal doyelle

On ne comprend pas vraiment en continuant d'utiliser le concept "être". Que veut dire "être" pris comme une unité ; "pensée de la pensée" ? esprit , hégélien, qui est pur mouvement de tous les concepts soit dit en passant ? Théo-logie? Descartes ne définit pas l'être... il dit ; l'étendue (tout ce qui est), dieu (en tant que volonté infinie), le je qui se-sait. il éclaircit de cette manière tout le penser. Sitôt que l'on use de "l'être" on prédéfinit la réalité comme déterminations ; ce que l'on nommait jadis le fini ; et on était obligé de sauter dans l'infini de l'être (en vérité seulement imaginé et non pas pensé) et de perdre le fil (supposant seulement un horizon un, L'être).

Être nous conférerait une consistance ou une certitude indubitable, en un discours clos, total, exhaustif et sans reste aucun. Une objectivité et une fixité.

Ce qui ne correspond pas à ce que l’on éprouve, ni ce que l’on perçoit et pas même à ce que les sciences paraissent comprendre de la réalité ; à savoir que tout se meut, devient, se transforme lorsque ça ne disparaît pas, se décompose, s’oublie, se perd, se déroute.

La certitude cartésienne est celle d’une forme, vide, et non d’une consistance ; la conscience de Sartre est ballottée en tous sens et constamment en perdition ou engluée ou écrasée ou annulée ou niée par autrui, l’autre conscience ; aucune évidence ni aucune connaissance qui nous délivrerait ; seul le réel brut de notre existence est exposé.

Il revient donc de redistribuer les notions et ne pas commencer (ou terminer) par l’être, mais d’analyser comme la réalité nous apparaît ; soit un présent actualisant. Présent qui n’est pas « du temps », pas le laps entre le passé et le futur, mais l’actualisation même ; ce qui se dit autrement ; l’exister. Ce qui permet d’entrer dans la structure de « ce qui est » (génériquement parlant), en approchant la réalité comme formelle (le réel, le présent, l’exister) et effective (les déterminations, les choses les êtres, etc). Ce qui implique également au moins deux autres notions (qui permettent donc d’ouvrir le concept « être » en distinguant ce dont il s’agit, de même que Descartes qui abandonne la pensée théologique ou d’Aristote) ; le rapport et le possible.

Ceci donc en vue d’expliciter ce que par « réel » on peut saisir.

On use donc de concepts qui relancent la perspective et entendent, à tout le moins, ramener l’idée à l’expérience que l’on en a ou peut obtenir ; à savoir que l’être, le réel, génériquement, peut se préciser en tant que « ce présent », tel qu’il nous accompagne, nous soutient, nous précède ; on considère que ce-présent est matriciel ; soit donc la forme, non abstraite, du réel-même. Ce faisant on introduit donc à cela même que l’on est en train de vivre, d’éprouver, de percevoir.

Et porte attention à ce que l’on intentionnalise, ou intention à ce dont on cherche l’attention ; ou attention par laquelle on recherche l’intention

(tout comme, dès le début, Perceval, Lancelot ou Arthur sont manifestement les formulations inquiètes ou angoissées ou coupables ou humiliées ou dépressives de l’intention qu’ils incarnent, de l’intention qu’incarne le héros de ces tout premiers romans en tant que romans ; ce qui est stupéfiant, inaugurant que le questionnement s’impose en tant qu’orientation de « soi », dont on ne sait pas quoi faire, où, vers quoi, pour quoi lancer cette conscience que l’on a, et que l’on a parce que cet avoir est notre être, et donc notre existence (et non notre être) étant entendu que ce que la conscience que l’on a, peut être modifiée de cet « avoir » même, qui échappe à l’être)

et n’importe quoi ne peut pas n’importe comment entrer ‘en conscience’. La question de ce que l’on mémorise, et antérieurement y de ce que l’on expérimente ou de ce que l’on éprouve, à pour finalité de distinguer ce qui est accidentel en nous (et que l’on prend peut-être et éventuellement pour notre idéal ou notre blessure ou notre alter ego, etc) et de ce qui est universel (disait-on autrefois, la philosophie mais aussi la poésie ou le roman ou les esthétiques et évidemment les religions, servant de moyens de tri, de sélection, d’organisation) distinguer ce qui est accidentel et le plus souvent nous entraîne vers le bas ou à tout le moins des distinctions de moins en moins significatives, et à terme n’aboutissent qu’à des choses désignées du doigt ou rêvées, d’une part

et de ce qui est universel ou véritablement formel ; à la recherche du formel qui est précisément l’objet de notre analyse ; qu’est-ce qui vaut ? Quelle est la finalité de l’intentionnalité (cad tout, de tous les champs intentionnels) ? Et, puisque beaucoup de domaines furent effectivement découverts, depuis 2500 ou 3500 ans, et quantité de domaines, quelle est l’architecture du réel intentionnel ? Comment organiser tout cet ensemble ou plutôt tous ces ensembles ?

Il n’est aucun concept objectivement ou rationnellement posé là, étal, qui puisse dans son unité déterminée rassembler tous les autres concepts, déterminés eux aussi ; aucune détermination ne peut unifier toutes les déterminations ; de même aucune réalité ne rassemble toutes les réalités ; le concept réel et le réel lui-même sont nécessairement et impérativement, pour insister, d’une autre nature ; ou si l’on préfère, ce qui est déterminé est de fait fini, comme on sait ; comme on sait, mais évidence dont on ignorait comment s’en sortir ; on imaginait un « infini », une unité, une réalité des réalités, qui s’est révélée n’être qu’un mélange de conscience et de contenu, de structure et de finitude, de concept et d’imaginaire. L’intentionnalité se mêle au déterminé (l’idée) et l’élève formellement comme « absolu ».

Or on a vu que l’on a pu, justement, ramener absolu, infini, réel vagues et éloignés à des réels désignés ; ce en quoi consiste Descartes, initialement ; et qui existent vraiment là dans le champ de perception ; non comme signifiés (auquel cas il s’agirait de déterminations) mais en tant que signifiants ; le réel, le sujet, l’universel, dieu se présentent comme signifiants bruts ; que l’on ne rencontre nulle part dans le monde mais qui se posent comme signifiants pour, précisément, un être (qui n’est pas un être) et se tient de se signifier lui-même, d’être lui-même son signifiant (ce qui veut dire que Pierre ou Catherine ne sont pas les signifiants eux-mêmes, mais les rapports qui, respectivement, se présentent comme Pierre ou Catherine ; au sens où Pierre est Pierre lorsque son je fait de son être une existence ; ce que cherchait Sartre ; qu’est-ce que Gustave a fait de Flaubert ou inversement).

De là cet attachement à l’historicité. Étant entendu que cette architecture s’est communiquée des uns aux autres et a progressé au fil de temps, au long de sa propre proto-expérience ; puisque nous sommes engagés dans littéralement le pur Possible qui nous soit, éventuellement et si on est gentils, accessible.

L’attachement à l’historicité, à la variation de l’expérimentation de l’exister et du devenir ; qui n’est absolument pas un devenir déglingué ou d’un arbitraire ou d’une diversité distraite, mais le devenir du possible même et celui-ci, étant formel, est unique. Et formel, il est excessivement resserré.

Engagés dans le pur Possible veut dire ; dans la plus grande possibilité possible du réel (puisque le possible est la règle même du réel).

C’est pour cela que définir notre être ou le caractériser comme rapport indique un universel plus grand mais qui échappe ou se situe en dehors d’un ordre ou d’une raison, logos, esprit, etc et universel plus grand qui est déposé en et par chaque un, chacun ; supposant alors qu’il y ait une reconnaissance et une connaissance qui vient du dedans, lesquelles sont connues et reconnues par et pour et vers chacun, une coordination qui s’impose de et dans l’historicité même, dans le cours du temps, de l’histoire, de la médiation ou de la méditation que chacun creuse, entame, ouvre, en bref intentionnalise en lui-même ; là même où le rapport qu’il est, qu’il existe, lui échappe bien que ce mouvement soit plus lui-même que lui-même (la conscience, cet arc existant, étant plus grande que le conscient ou la représentation) et bien que « ce que l’on pense, désir, imagine, perçoit » se pourvoit dans l’arc de conscience ; les traces, les signifiants, sont des tracés et formulent à terme et dans la Possibilité même les décisions, les orientations, les internationalisations et finalement, peut-être, notre intention d’exister ; ce que l’on veut vraiment, ce que l’on attend ou ce que a, aura présupposé toute une vie durant.

En quoi une vie vécue doit, impérativement (et de toute manière dès que l’on est « conscience » on est intention, et probablement, quoi que pas forcément, toujours plus précise ou décidée ; on ne peut qu’assurer et assumer cette intention) une vie vécue doit s’autoriser, se permettre de se réunir dans une capacité, un choix, une logique, un logos, une ligne individuée et, au moins, au minimum, choisir de se perfectionner ; se notifier, sur le bord de la cervelle, qu’il doit orienter, formellement, le champ intentionnel (cad en l’occurrence son je, sa conscience de soi, au sens où on peut signifier son honneur, sa liberté, son désir, sur lequel il ne faut pas céder, disait Lacan, son choix sartrien ou son exigence kantienne, etc) même si, évidemment, ça n’est pas et ça ne sera pas simple, du tout, et même quasiment irréalisable, seulement ébauché, à peine envisagé (et encore moins accessible si l’on ne s’est posé aucune question, même le chrétien des premiers temps, qui sacralise les enfants et les petits oiseaux, se sait, à tout le moins chrétien et pose l’interrogation par le christ même), orientation de soi seulement supposée et non comme décision « forte », qui ne tient pas la route, conscient qui ne tient pas dans le temps, puisqu’il n’est pas le temps, n’est pas la structure intentionnelle.

Mais comme précisément intention, au moins, au minimum, une intention, vague, légère, supposée, survolante, éthérée, papillonnante peut-être, une intention d’exister. L’orientation cumulative mais pas seulement qui eurent lieu durant toute une existence ; il s’agit tout autant de l’orientation originelle, celle par laquelle, véritablement, nous nous sommes, chacun, aperçu au bout de l’enfance ; dans l’adolescence ; lorsque l’on découvre que le monde est-autre, qu’autrui est-autre, et que nous-même sommes autre pour nous-même ; c’est en ceci que le désir, sexuel, la sexuation donc est ou aboutit à cette découverte, que l’on est autre-que-soi ; ce que l’on s’empresse de combler par le tomber-amoureux, et qui cause tant d’angoisse, puisque l’on ne peut pas situer notre « être » puisque ça n’est pas un « être ».

Et que les inquiétudes quant à la sexuation, aussi charmantes ou angoissantes soient-elles, ne répondront pas à l’interrogation qui porte sur notre intention d’existence, (mais cette interrogation porte l’étrangeté de moi envers moi-même, en quoi je ne suis pas un « moi ») laquelle intention d’exister est bien plus étendue que n’importe quelle partie du monde, de la vie vécue ou de la connaissance (du corps en l’occurrence) ; c’est bien cette prédominance au-delà de tous les champs (de conscience, y compris celui de la pensée, de la connaissance ou de l’objectivité), cette prédominance de l’arc intentionnel antérieur à tous les champs intentionnalisés (ceux qui furent, qui sont ou qui seront inventés ou créés), cet arc intentionnel qui est l’interrogation même ; le plus grand universel n’est pas une « pensée », un « concept » mais un sujet et non seulement ses structures mais son archi-tecture. Ce que dieu, le-philosophe (qui n’est pas la pensée d’un système mais ce qui se montre dans tel ou tel système), le sujet (christique ou cartésien et suivants, jusque Lacan) veulent exposer, déplier, manifester ; y compris la notion du « réel » entendue comme Rapport. Ce qui existe comme rapport nous implique, et ce totalement, puisque ce rapport conduit ou est mené par le Possible ; si le réel peut être désigné comme rapport (de tous les rapports, en tant que dieu, sujet ou exister, et impliqué par toutes les religions, les systèmes universels, les sujets, y compris en tant que créateurs, de rapports donc, esthétiques ou éthiques, etc), si le réel peut être désigné comme rapport, il amène instantanément à cet exister, qui doit créer, inventer, jusque dans sa perception, son affect, ses désirs, ses relations, sa liberté, sa justice le challenge, cad la constitution des rapports dont il s’illumine.

Ou de la négation des rapports, qu’il maudit, dont il est alors la, malédiction ; il est clair que le christique nous a averti que tous nous nous tromperons, égarerons, nous nous effondrerons ; « on déconne, on ne fait que ça, tout le temps », Lacan. En quoi c’est l’intention que l’on en a, d’exister, et l’intention dont s’opérera le compte, dont le compte s’opère continuellement, la représentation significative que l’on a voulu donner de son existence, de ses choix, de ses inventions de soi, de ses créations peut-être, de notre engagement ou de notre croyance (quelle qu’elle soit). C’est bien la philosophie ou le christianisme (ou la révolution) qui nous signifie que nos choix, décisions (on préfère Intentions) ne peuvent pas exister abstraitement ; si ces intentions existent, elles sont réellement et concrètement agies.

Soit donc ; c’est pour cette raison que dieu, pensée universelle, sujet et réel s’installent comme positons formelles et qu’aucune définition de l’intentionnel ne doit, ni ne peut prendre le pas sur le seul exclusif et unique mouvement comme mouvement (et non comme « définition ») ; et qu’alors la pensée, la philosophie, mais aussi la religion, l’œuvre (esthétique poétique littéraire, etc), la politique et tous les domaines de champs intentionnels, s’adressent au sujet par et pour lui-même ; en tant que ce qui est sauvé (et ce qui sauve) c’est le rapport tel quel (et non tel ou tel contenu). Le réel est formel.

Commenter cet article