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instants philosophie

Dieu, l’activiste

11 Novembre 2023, 17:55pm

Publié par pascal doyelle

Dieu ne peut nullement être selon le monde. On a vu que l’on ne reconnaissait que deux seules sortes de réel qui ne soient pas selon le monde

et il s’agit de la forme du monde, à savoir le présent,

et de la forme de notre être, qui n’est pas un être, à savoir l’arc de conscience.

Le « présent » n’est nulle part déterminé, ni visible. La « conscience » ne se perçoit jamais telle quelle, et il faut prévoir que la pensée, l’imagination, les affects ou les perceptions n’existent, pur nous, que dans un champ intentionnel ; « pour-nous » parce que précisément tout ceci et tout cela existe pour-nous, vers-nous, ce qui veut dire en conscience.

Si tel ceci entre dans le champ intentionnel on peut le modifier, et d’autant plus le modifier si ce champ est collectif, soit selon le groupe (et telle communauté particulière), soit individuellement (lorsque le champ collectif est tendu vers l’émergence individuelle, la raison par ex, ou la littérature ou internet, etc).

On désigne ces réels qui outrepassent la réalité, ces indéterminés, en tant qu’ils sont formels ; il n’est aucune représentation et aucune réalité du « présent », de même aucune de la « conscience ».

En parallèle de quoi on impose cette proposition que si une réalité il y a, et qu’elle est comme présent, alors c’est que « quelque réel » doit advenir. Il y a un présent afin que ce réel, inattendu, apparaisse. Il y a un présent afin que ce réel nouveau se tienne de lui-même, au sens où ce qui existe, existe activement et est activement lui-même. Si la réalité subissait un ordre éternel ou imperturbable, il n’y aurait pas de réalité ; il y a réalité parce que celle-ci, toute entière, est, existe activement et que les choses et les êtres (et donc les consciences) existent activement en tant que rapports. (aussi cette réalité peut-elle tout à fait entrer dans les mathématiques, qui sont des rapports, le nombre étant le rapport à -soi- de n’importe quel objet, unité).

Et c’est de cette activité, qui se-sait, qui se-voit, qui se-ressent, que naît, qu’est possible le plus grand possible possible. Une réalité s’apparaît et donc entrant dans son propre champ se transforme.

Si le réel n’est pas articulé par, dans et pour le possible, il n’a aucune raison d’exister. Pourquoi voulez-vous que le Un sorte de lui-même ? Sinon pour devenir encore plus.

Et que précisément le véritable un c’est celui qui deviendra.

Qui deviendra, et non pas qui est devenu. Puisque l’on ne sait pas « où », jusqu’où il va. Dire que c’est le possible qui doit advenir, c’est dire qu’il se crée. Le corollaire du possible, comme règle de tout ce qui est, c’est le Créé.

On poursuivra même la semblable logique ; si le réel devient, c’est qu’il naît de son devenir, sinon il ne deviendrait pas et il n’y aurait pas de réalité de manière générale (ou alors un ordre immuable dont on n’a aucune idée ni intuition ni imagination) ; si le réel naît de son devenir, la règle est le possible ; si le possible est la règle et donc la substance même de « ce qui se peut » (y compris de ce qui se peut exister), alors le possible est non fini.

Il existe un point in-finiment reculé qui accumule la totalité de tout le possible (et c’est cela dieu).

Il est clair que si l’on peut supposer ceci ou cela de telle ou telle substance déterminée, il est impossible de connaître ou imaginer le possible intégralement réalisé. Et ce d’autant plus que ça n’a aucun sens ; parce que si le possible est la substance même, alors il y aura toujours un plus grand possible. Parce que le possible est sujet, ce qui veut dire « rapport », et que l’on ne peut assigner de terme à un rapport, qui existe formellement.

Par un autre bout, reprenons selon le néant et l’être ; il n’y a pas à choisir entre le néant et l’être ; comme si ils occupaient, virtuellement, le même « lieu » (de toute manière il n’y a pas de lieu antérieur). Et le néant n’a rien du tout qu’il puisse opposer à l’être ; le « rien du tout » ne s’oppose pas à « l’être » (désigné génériquement) ; aussi le néant existe-t-il tout autant que l’être ; tout le possible est absolument réalisé (on se demande même alors comment il serait pensable, admissible, conséquent, que la réalité ne soit pas tout le possible possible ; le possible n’étant pas l’imaginaire évidemment, l’imaginaire qui est toujours une composition du connu, du perçu ; une licorne est un cheval avec une corne).

Mais on a dit « l’être génériquement parlant » ; il n’y a pas d’être où que ce soit, rien qui soit stable et solide ou consistant ; l’être génériquement parlant c’est l’exister ; l’acte de devenir ; le mouvement (ou l’énergie qui traverse différentes formulations, et que l’on ne connaît pas en soi, ni ce qu’elle signifie, sinon de ceci que l’on n’oppose pas « matière » et « esprit », et que l’on admet que la matière est instanciée partout et intégralement comme distinctions ; il y a réalités déterminées parce qu’elles se distinguent toutes en et par leurs déterminations mêmes ; une abeille n’est pas une guêpe).

Or cependant, il n’y a nulle part l’être (le néant, qui est « rien du tout » existe forcément ; le néant n’est pas un quelque chose qui serait « rien », mais est « rien » ; on croit pouvoir dire que le néant est ce en quoi existe l’être, mais un « rien » n’est pas un « ce en quoi », c’est un « rien du tout »), mais ce qui est réel c’est l’exister.

Dit autrement le réel étant le possible est absolument et rien que le rapport même. Et cela suffit puisque le rapport produit tous les rapports. Or on a vu que le rapport est, autant qu’il nous est possible de l’envisager, intellectuellement ou par expérience et donc intuitionnablement, le rapport est sujet ; puisque le sujet est ce rapport qui peut revenir sur lui-même, dont la nature, la structure même est un tel retour et un tel re-tour (un nouveau tour, inédit) ; et réintroduire des déterminations dans sa détermination, réécrire son passé, relancer sa capacité ; et donc le rapport, qui est l’exister, est dieu.

Et dieu, cad le rapport, vient tout entier en une fois mais sans cesse se réécrit. Ce qu’il demande (on ne sait si effectivement dieu nous le demande ou si nous imaginons ou croyons qu’il existe un dieu unique tout-autre universel, mais depuis la parution du dieu-un (qui exclut absolument qu’il soit composé et est donc unique et exclusif, et jaloux, et formel, et exigeant, etc) il s’est introduit dans le champ qu’il se sait, lui, le champ, et donc se nomme (dieu, la pensée, le sujet ou le réel).

Ou : dieu est en acte et ne cesse pas son absolue activité et qui plus est, ce que dieu crée ce sont des rapports ; choses, êtres ou consciences. Soit donc des activités. De même que les mathématiques ou le nombre sont des rapports. Ainsi donc le rapport est un, mais d’une unité impensable, que l’on ne connaît que dans la mesure où l’on sait ; on a vu la différence entre le se-savoir et le connaître ; Descartes ayant remplacé la connaissance, métaphysique, par le se-savoir du sujet ; le se-savoir au sens où le sujet se désigne et consiste en cette désignation ; soit donc le signifiant absolu, absolu parce que formel ; il est lui-même le signifié du signifiant qu’il existe, et donc n’est pas un signifié…

et dès lors entre en substitution de tous les signifiants possibles ; il y a des signifiants (des langages) parce que le sujet est un signe vers le signe ; « conscience » veut dire ‘qui se signifie comme rapport ».

soit donc la pure activité, autant que l’on sache ou autant qu’on en ait l’expérience ; rappelons qu’étant donné que notre « être » est non un être mais un rapport (ce que signifient, impliquent Descartes, Kant, Hegel, Husserl, Sartre ou Lacan, à sa manière, et quantité d’autres, puisque même la « pensée » n’est pas définie définitivement, ou alors selon quel système parmi tous les systèmes ?), puisque notre être est un rapport, celui-ci se-sait ; il se signifie et cpate quelque chose de cela qu’il existe.

Il est bien évident qu’il ne s’agit, peut-être, que d’un face à face ; ou donc la nature, la réalité ont inventé, créé un être tel qu’il soit indéfiniment adaptable (relativement s’entend, puisqu’apparemment cet être si exceptionnel est en train de signer sa propre disparition) et qu’il ne dépende pas, plus de son milieu, comme le tyrannosaure ou l’abeille, et qui, étant conscient de « soi », peut remplacer ce soi par n’importe quoi, cad signifier n’importe quoi, inventant alors lui-même le langage-dans-un-groupe et puis ensuite le langage-pour-lui-même (puisque du groupe communautaire, il passe à l’individualité, qui suppose une société, non communautaire de ce fait, et donc structurelle, constitutionnelle, dans telle civilisation, relativement précise, et non pas dans n’importe quel rassemblement humain, au sens où chacun en une société constitutionnelle doit se savoir lui-même et autrui, librement d’abord et à égalité ensuite).

Bref.

Cette invention de la réalité, d’un être qui se tient du rapport qu’il existe (dont on ne peut plus dire qu’il « est », puisqu’il outrepasse la détermination), est peut-être purement factuelle, et destinée à disparaître ; mais il ne fait aucun doute que même si il s’agissait d’un « extraterrestre » ou de la domination de la terre par les poulpes dans 5 millions d’années, il s’agirait dans tous les cas de la même « conscience » ; ce qui veut dire d’un rapport à soi en tant que ce soi est le rapport lui-même, conscient de (soi) donc, dans lequel rapport le « soi » est non une identité ou une détermination, mais le rapport lui-même, qui, donc, se-sait.

Et ce se-savoir est dieu ; ou la marque de dieu en nous, comme dit Descartes, qui, le premier, pose le doigt sur la précision et la technicité de notre être (qui n’est pas un être, comme dira Sartre, et pour Descartes il s’agit de « la pensée », notion très peu précisée, qui contient tout ce que nous sommes et pouvons être ; idée, imagination et image, sensation et émotion, sentiment et passions, etc, Descartes était sur la piste de la troisième substance pensée-corps, mais on ne peut pas tout en une fois et il faudra attendre Husserl, suite à Hegel, pour aboutir à pointer cette « intentionnalité » de la conscience, et puis à Sartre qui dénoyautera la conscience de tout idéalisme).

Ce se-savoir donc est in-fini ; puisque la volonté, qui en fait office pour Descartes, est non finie, et ce en quoi nous sommes semblables à dieu.

Ce se-savoir est le signifiant (du sujet), celui-là même qui inaugure la pensée moderne, Descartes, et à partir duquel tout sera repensé (et non plus autour du concept métaphysique, rappelons que Hegel n’est pas « les aventures du concept » mais « la phénoménologie de la conscience », et le savoir absolu est celui de l’esprit, et non pas d’un discours métaphysique, la différence étant que l'esprit se-signifie comme tel, tandis que la pensée pense, comme éternellement, la Vérité ; pour Hegel en effet la pensée devient, ne tient en aucun système mais l'esprit les rassemble tous).

Imaginons-nous dieu ou l’infini ou l’absolu parce que cette conscience rendue fonctionnelle, croit bizarrement en son mouvement, qui ne signifierait rien de plus que l’adaptation ?

Ou alors cette conscience fonctionnelle est-elle dimensionnelle et emporte-t-elle bien plus loin que simplement la composition de déterminations (dans un champ intentionnel, un langage ou une représentation culturelle) ?

de toute manière nous avons cette "idée" de l'infini, de l'absolu, de l'indéterminé, ou selon les interprétations modernes comme une négativité (Hegel), une "volonté", une énergie ou un désir (nietzschéen par ex), un néant (Heidegger), ou encore une néantisation (Sartre), nous avons cette idée ou intuition parce que notre être est un rapport (et donc pas un être) et que ce rapport consiste justement en se-savoir, en ce signifiant qui se signifie

(qui signifie évidemment l'arc de "conscience" dans une cervelle, puisque l'on ne prétend pas du tout que cet arc soit "spirituel", on ne confère pas à cet arc une substantialité, mais uniquement par la négative une in-susbtantialité ; ce que l’on nomme formel, structurel et dont on possède une véritable expérience en ce champ intentionnel, qui use de signifiants, de signes, afin de marquer le dit territoire et de se remarquer lui-même ; or cependant si il n’est pas substantiel, cela revient à re-dire, à nouveau, que l’être est second et que ce qui existe est l’exister et non l’être ; le réel n’est pas substantiel, mais mouvement, et c’est d’entrer dans ce mouvement que les pointes extrêmes, que l’on a expérimentées, amènent ; dieu, l’universel, le sujet et le réel).

Se-savoir, champ intentionnel, forme ou structure ou arc de conscience c’est le même réel, la même activité (qui n’existe qu’en tant qu’activité).

Mallarmé

« Cher  Je viens de passer une année effrayante: ma Pensée s'est pensée, et est arrivée à une Conception pure.
Tout ce que, par contrecoup, mon être a souffert, pendant cette longue agonie, est inénarrable, mais, heureusement, je suis parfaitement mort, et la région la plus impure où mon Esprit puisse s'aventurer est l'Éternité, mon Esprit, ce solitaire habituel de sa propre Pureté, que n'obscurcit plus même le reflet du Temps.
Malheureusement, j'en suis arrivé là par une horrible sensibilité, et il est temps que je l'enveloppe d'une indifférence extérieure, qui remplacera pour moi la force perdue.
J'en suis, après une synthèse suprême, à cette lente acquisition de la force - incapable tu le vois de me distraire.
Mais combien plus je l'étais, il y a plusieurs mois, d'abord dans ma lutte terrible avec ce vieux et méchant plumage, terrassé, heureusement, Dieu.
Mais comme cette lutte s'était passée sur son aile osseuse qui, par une agonie plus vigoureuse que je ne l'eusse soupçonné chez lui, m'avait emporté dans les Ténèbres, je tombai, victorieux, éperdument et infiniment - jusqu'à ce qu'enfin je me sois revu un jour devant ma glace de Venise, tel que je m'étais oublié plusieurs mois auparavant.
J'avoue du reste, mais à toi seul, que j'ai encore besoin, tant ont été grandes les avanies de mon triomphe, de me regarder dans cette glace pour penser et que si elle n'était pas devant la table où je t'écris cette lettre, je redeviendrais le Néant.
C'est t'apprendre que je suis maintenant impersonnel et non plus Stéphane que tu as connu, - mais une aptitude qu'a l'Univers spirituel à se voir et à se développer, à travers ce qui fut moi.
Fragile comme est mon apparition terrestre, je ne puis subir que les développements absolument nécessaires pour que l'Univers retrouve, en ce moi, son identité. Ainsi je viens, à l'heure de la Synthèse, de délimiter l’œuvre qui sera l'image de ce développement.
Trois poèmes en vers, dont Hérodiade est l'Ouverture, mais d'une pureté que l'homme n'a pas atteinte et n'atteindra peut-être jamais, car il se pourrait que je ne fusse le jouet que d'une illusion, et que la machine humaine ne soit pas assez parfaite pour arriver à de tels résultats.
Et quatre poèmes en prose, sur la conception spirituelle du Néant. »

De ce que Rimbaud découvre que le signifiant crée le (nouveau) monde ou le (nouveau) désir (et ainsi l’inouï, également l’inentendu, et donc le désespoir radical, puisque l’on ne peut trouver dans le monde, la vie vécue ou le corps, le rapport à (soi) qu’est cette « conscience »),

alors Mallarmé est saisi du signifiant, qui se signifie lui-même, cad « le néant », mais du néant tout paraît, toute perception, toute esthétique, sauf qu’ayant à s’assigner à une éminente pureté, ou un mystère énoncé-impensable, puisque le rapport de conscience n’est aucun de ses/ces contenus.

Or de même que dieu nous vient de notre structure de conscience (ou qu’il a exprimé son ‘image’ en tant que nous, sa structure en tant que notre structure), de même chaque conscience est le devenir (non fini) du sujet ; chacun de par son « je » (cad la prononciation par chacun du sujet) crée la nouvelle possibilité. Mais cela veut dire que chacun est, dès lors, infiniment ouvert à tous les autres je.

De là que notre acculturation généralisée est fermement celle des sujets, d’un sujet à l’autre. Chacun devenant, plus que l’image, le miroir qui, lui, peut se voir, se perce-voir une in/finité de fois, se perce-voir d’une in/finité de formulations ; chaque je, qu’on le veuille ou pas, est la formulation singulière du Rapport (que ce soit dieu ou pas, chacun choisira).

On comprend bien qu’il n’est pas question, sinon de très très loin, de définir dieu (ou la dimension de structure du réel comme formel, arc de conscience dans l’arc du présent), mais d’instruire une série de signes, de signifiants, de dénotations vers le creuset de ce qui existe. La forme qui, parce qu’elle exprime absolument, formellement, le possible est l’intégralité de la réalité de celle qui fut à celle qui sera.

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