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instants philosophie

L'articulation, la jonction

25 Novembre 2023, 10:20am

Publié par pascal doyelle

On rapporte ainsi l’infini, l’absolu, la perfection, et ce genre d’idée, à cette structure que nous sommes, en forme de rapport. Le rapport n’est nullement limité par la détermination, par ce qui est déterminé et les idées sus-dites sont des déterminations, ou si l’on veut des déterminations négatives. Ne sont que le fini, le relatif, le déterminé. Ainsi le moi seul est, dont on n’observe aucune part qui suréminente permettrait de définir ce que le moi est ; pour la raison que le moi n’est pas sinon dans le mouvement qu’est la conscience intentionnelle ; ou donc l’être est second, l’exister existe : le mouvement, l’arc de conscience dans l’arc du présent existent.

Et donc dieu, la pensée, le sujet ou le réel sont les absolus mouvements ; s’il est quantité de déterminations, par contre il n’est qu’un seul mouvement, puisque celui-ci est non-déterminé et ne peut donc pas être confronté, comparé, distingué de quelque autre sorte que ce soit ; en un mot le mouvement est incomparable.

Ce « rapport » c’est ce que René, Descartes, nommait « volonté », volonté infinie puisque non limitée (sinon il nous eut été difficile de nous adapter à la diversité des milieux naturels, soit dit en passant…). Et volonté sceau, marque de dieu en nous, en tant que « nous », en tant que « nous-même », plus nous-même que nous-même (à chaque fois au singulier, en tant que je, puisque formel).

René commençait de saisir que les « deux substances », corps et pensée, ne tenaient pas concrètement (il prévoyait une « troisième substance »). Le déverrouillage pensée-corps est évidemment impossible, aussi bien pour Descartes que Spinoza, puisqu’il faut sortir de cette dualité ou différenciation, bien qu'ils saisissaient tout à fait la problématique, et attendre Husserl et Freud ; à savoir que la phénoménologie et la psychanalyse, ou le champ intentionnel de conscience et le champ du vivant qui perçoit, ressent, etc, qui, dès lors qu’ils sont ciblés comme « champs », sont susceptibles de s’interpénétrer. Ou encore ; le champ des signifiants (l’intentionnel) absorbe ou reprend ou intègre, plus ou moins, le champ de perceptions de cet être vivant qui « pense », ce qui veut dire qui utilise des signes (pour découper dans la perception et recombiner, selon son intellect ou selon son imagination ou hallucination, qui lui fait croire à une « jouissance », qui n’existe pas, étant imaginaire, ou selon son désir, qui isole un objet-désirable, etc).

L’articulation est la jonction. Nous sommes, de fait et à la source, divisés, coupés, séparés, ou si l’on préfère distincts et capable d’une, a priori, infinité de distinctions.

Et il ne correspond à rien dans le monde. Il est son propre repérage, ayant ainsi à se signifier et élaborer cette significativité en propre ;

Le rapport est ainsi parfait, non-fini, et absolu (indéterminé et don formel) ; pour nous, dans la vie vécue ou la réalité, le rapport produit les contenus ou les choses et les êtres ; mais cette capacité (de signifier tous les contenus donnés, imaginables ou potentiels) doit se désigner elle-même dans son activité même ; le sacré du groupe humain, du communautaire ; le divin pour que fonctionne l’interruption et qu’elle intervienne comme telle dans cette activité (soit donc une communauté reconstituée, juive ou chrétienne ou musulmane, ou révolutionnaire et instituée historiquement par une constitution).

Lorsque l’on se confie à dieu, s’investit dans la vérité (comme principe et non comme tel ou tel système), se livre (corps et vie vécue » au christique, se rend étrange et autre à ses propres yeux dans la conscience de « soi » (cartésienne et suivants, les fameux automates qui présagent tout l’existentiel), est saisi par la réalisation (révolutionnaire, d’humanisation ou de personnalisation, de rapport à soi en sa liberté et de relation entre libertés), alors on installe le rapport dans ses possibilités ; « ses » possibilités puisque le « rapport » ne peut pas se traduire tel quel dans la réalité et offre donc quantité d’aperçus de sa capacité. Le rapport est de fait structurellement plus grand que quelque réalité que ce soit.

Ce qui ne l’empêche pas de tenir son unité (tels judaïsme, Grèce, France, années soixante : pour faire court).

Et non seulement nous avons découvert et nommé le rapport (ou il s’est nommé à entente, si l’on est croyant), mais de plus il fut possible de le développer, de le déployer, et de l’inventer, le créer ; étant entendu que si le réel est rapport, alors il nous revient de créer le réel effectivement actif et ce ontologiquement ; ontologiquement nous créons le réel (ce qui veut dire nous créons « ce qui se peut »).

Aussi le dieu, ontologique (unique, puisque formel, tout autre, puisque structurel, exclusif, puisque réalisant le rapport lequel n’est comparable à rien) se définit-il comme « celui qui sera, qui est en cours de devenir ».

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On a vu (et revu) que nous sommes un rapport. Ce qui peut sembler une facilité commune, mais en vérité très compliqué, puisqu’un rapport on ne sait jamais « où » il est. Ce qui est pensé,, représenté, aimé, signifié dans les quatre finalités, dieu, la pensée, le sujet et le réel, c’est ce rapport de telle sorte qu’il introduise à tout ce qui est possible,

et ce sans tomber dans telle ou telle détermination ; dieu, l’être, le sujet ou le réel ne signifient rien, ils sont formels, et s’offrant à notre conscience ils permettent à notre intentionnalité (et donc notre intention, notre intention d’exister) de se stabiliser dans l’élévation ; non pas plier l’intentionnalité vers le bas (cad la désignation des choses immédiates, qui évidemment s’affaissent dans le donné et ne dressent pas un horizon) mais installer l’intention dans la représentation et donc offrir, dans les quatre cas, l’horizon de la représentation (qui sinon appartient au groupe, au communautaire) aux individualités ; dieu s’adresse à chacun, la pensée est pensée (et donc par chacun), le sujet, christique ou cartésien, cad révolutionnaire, constitue chacun (comme unité antérieure au groupe), et le réel est perçu (esthétiquement, éthiquement ou politiquement ou originellement ontologiquement depuis Descartes, par et pour le sujet). On a vu que le « sujet » est la structure absolue de ‘l’universel, puisque le « sujet » est cela qui se réfère à lui-même (transcendant) dans l’ensemble de toutes les immanences (choses et réalités et projets et acculturations de toute sorte) sans être transformé par ces immanences, ces immédiatetés ; il est au contraire celui par lequel viennent, apparaissent les immédiatetés et qui épuise le monde, le donné ou le vécu ; le moi tend à épuiser sa propre vie par ex, l’humanisation à épuiser la terre, la pensée à épuiser tous les systèmes possibles ; ou plus généralement le signifiant rend possible tous les signifiants en nombre indéfini (raison pour laquelle le signifiant doit être organisé ; non pas « tout est possible » (imaginairement) mais « le possible est le possible », qui arc-bouté sur le réel (ou autrui ou le je ou l’unité intentionnelle formelle ou l’universel) peut s’auto organiser et ajouter à l’organisé encore de l’organisé qui rendra possible encore de l’organisation ; ainsi la révolution renvoie à « chacun », ajoute un possible au possible (chacun ayant à se transformer par lui-même, ou autrui, puisque seuls les sujets sont susceptibles de se transformer, seuls les sujets ont accès à la structure, à l’universel, au réel, au temps, au possible, et seuls ils touchent du doigt le rapport qui est absolument le possible même, dieu, le formel, le je, l’historicité ou la révolution ou enfin le réel ).

C’est donc dans le passage, d’un contenu à l’autre, d’une identité à l’autre, que l’on est introduit.

Dieu, la pensée (évidemment), le sujet (christique ou cartésien), le réel (la réalisation, du monde humain, humaniste universel, collective et ensuite individuelle, personnalisée, et le réel, ce sur quoi l’individu, livré, seul au monde, et tombant nez à nez face au réel donné « là ») introduisent au mouvement pur et brut.

Il n’y a aucun contenu adéquat à dieu, à la pensée, au sujet et au réel.

Leur finalité (telle quelle) est d’instruire chacun de la forme qu’ils, les quatre, communiquent, transmettent (on ne pense pas sans penser, on ne sait pas l’intention formelle si on ne ne sait pas l’intention formelle unique, et donc universelle, qu’est dieu, et tout le monde a « entendu parler » de dieu, on ne sait pas le je si l’on n’a pas dit soi-même « je » et toute conscience est conscience / de / soi, dans le « de » est porté l’essence même de la capacité de chacun ; ou si l’on veut la coupure, la distinction de soi et de soi ; ce par quoi chacun sait qu’il n’est pas le centre du monde, comme un enfant, mais sait qu’il se perçoit du dehors, à partir de l’horizon ; que celui-ci soit dieu, autrui christiquement, le je qui se signifie et donc n’est plus un « moi », qu’il y ait humanité universelle et révolution, ayant à stabiliser à la fois autrui, égalité, et soi-même, liberté ; chacun qui doit être tenu comme tel, un par un : il est clair que outre la transparence christique, qui établit autrui, beaucoup du travail qui suivit, au cours des siècles qui suivirent, fut d’instancier en et par chacun non seulement autrui mais que ce je soit un « je » justement ; ou enfin que chacun se conçoive à partir de l’historicité, celle qui l’institue, chacun, un par un, en tant que révolution de liberté et égalité, le « et » contient formellement la totalité du possible. Et du possible possible, puisque rendant à chacun et à tous que naisse de part la volonté (individuelle ou générale) ou si l’on préfère de par l’intention de tous et de chacun.

Que chacun se conçoive à partir de l’historicité, cad du temps.

Le temps est, bien sur, la grande affaire du je ; il ne sait pas comment s’y prendre puisqu’il ne peut pas, en gros, se connaître avant de se connaître, mais il ne s’agit pas de connaissance, exclusivement, mais de décision, et plus généralement (et absolument, formellement) d’intention.

Quelle est notre intention (d’exister) ?

Ce qui pose non tel ou tel objet de désir, mais la question de la logique dont on se soutiendra, de celle qui soutiendra nos efforts (quels qu’ils soient).

Face à l’échec, ou la réussite, de telle finalité vécue, ou vis-à-vis des moyens que l’on y emploiera ou de quelle doctrine ou pratique (ou religion ou idéologie ou science ou domaine spécifique, la poésie par ex) se tiendra-t-on, ou comment délimiter tel ou tel projet, et pourquoi même déterminer une capacité plutôt que de se laisser être comme ça vient ? (dont on sent bien que ce serait impossible… en quoi le devoir-être, le vouloir-exister sont inhérents à notre intentionnalité, qui est, comme il est dit, une tension). Qui signifient toujours une distance.

Non seulement gérer une tension (qui est l’attention,à quoi fait-on « attention »?comment conduire son existence? Ou que peut-on espérer ou attendre comme disait l’autre), comme si il s’agissait d’un état à ordonner, mais tout autant comment organiser et donc comment inventer, créer cette attention en ces (quantité de) diverses possibilités ?

On a dit déjà ; un « moi » n’est pas un état mais déjà une invention ; on n’est jamais soi-même comme si cela allait de soi. On a dû péniblement élaborer, et élaborer à même son propre corps, vivant, ce corps vivant, ce corps qui est vivant (et donc un en sa bio-physiologie et une grande partie du psychisme évidemment) et qui souffre de se scinder en observant-observé ; de ce que initialement nous sommes paranoïaques ; puisque rien de pire pour un vivant (qui risque fort d’être mangé) que d’être perçu du dehors. Il fallait donc, pour chacun, de dépasser cette douleur, et cette absurdité, que représente, s’impose pour un vivant qu’il soit « conscience ».

c’est pour cela que nous ne sommes pas « de la pensée » (ça n’a aucun sens) ; mais une structure intentionnelle qui contient déjà en elle-même la coupure (la castration par ex) et déjà autre-que-soi (de quoi, donc, il n’est pas de « soi » sinon comme un signifiant, vide, d’un regroupement de diversité et non pas une unité monolithique d’identité ; l’identité vraie, elle, est dans l’intention que l’on a de sa propre vie, de son ex-sistence ; de ce que l’on fait de ce que les autres, le monde, la vie ou nous-même ont fait de nous ; on doit faire-avec, comme Lacan disait que l’on ne guérit pas l’inconscient mais que l’on « fait avec », on compose, mieux, plus facilement ou moins malheureusement plutôt).

De ce que y compris nous-même (nous maltraitant ou négligeant ou illusionnant, etc) de ce que donc nous avons fait de nous-même ; qui doit être amender, corriger, repris, relancer, réinstallé, même à demi ou au dixième ou au centième, puisque l’on a vu que ça n’est pas ce qui se répète qui compte, le déjà là, le déjà acquis, le mémorisé, mais ce qui n’est pas là, ce qui dénote (ou donc ce qui est possible). Et ceci, ce principe de la nouvelle redistribution de « moi », de re-naissance en somme, s’impose d’autant que, on l’a dit, historiquement le je existe… le je est apparu à ses propres yeux (qui était ignoré dans les groupes humains, les communautés d’avant) ; il doit se prendre sous son attention, intention, attente, possibilité (et non pas se considérer comme donné là, comme une chose imbécile ou nauséeuse). Il doit prendre ses distances de lui-même, puisque le danger est que le moi se prenne pour « qui » il croit être ; cet être-là du moi est son danger, et qu’il ne soit pas seulement « cela qu’il est ».

Soit donc l’interruption (de tout ce qui est, de l’humain, du temps, etc), celle qui signifie cette fois chacun, chaque un ; à savoir le corps (individuel) nu en sa propre mort, le christique. Qui découpe absolument (puisque c’est le divin qui vient en personne et ce en un corps, un corps vivant) l’individualité hors de tout, et dans le seul regard d’un seul, du un tout-seul (qui se relie ensuite au un tout-autre, via le tous-ensemble un-par-un, le dit saint esprit, que l’on y croit ou non c’est prévu, on ne sait comment, de cette manière là).

Comme ce qui prédomine est structurel, chaque je se doit à cette renaissance ; il est amené au sujet, à l’individualité cette renaissance qui était auparavant l’apanage du divin (ou du sacré) ; chacun obtiendra de la sorte un point vide, cad une forme, qui lui permet d’annuler tout contenu de conscience ; lors même que ce serait tout à fait idéal et idéaliste, abstrait ou illusoire, il n’empêche que la possibilité demeure et que dés lors (et à chaque renouvellement) elle puisse intervenir, et si elle inter-vient c’est de l’extérieur…

si le réel est structurel il s’impose une distance, absolue cad formelle, constitutive ; on ne peut pas croire en une immanence exclusive ; que l’on nomme même « immanence » implique que l’on n’y est pas, dans l’immanence. Et ainsi le je n’est pas sa vie vécue, mais son existence, au sens d’ex-sistence et la question doit se développer ; de où paraît ce point externe ? Dieu, la pensée et l’universel, le sujet et le réel développent cette Distance.

Se définit donc, se donne à signifier cette distance qui est non seulement interne mais antérieure à toute réalité ; la forme des réalités est cet acte du réel en tant que présent qui navigue à vue, qui se voit afin de se déployer ; il y a une visibilité en et par cette distance ; raison pour laquelle le Un ou le tout ou le dieu clos ou la pensée figée ne permettent pas de saisir « qu’il y a une réalité » ; il y a une manifestation afin que se percevant, entrant dans son propre champ, elle se modifie.

Sinon pourquoi y aurait-il une « réalité » ? Si ce n’est pour se transformer, pour le réel, la structure de ce qui est, devienne. Et ne pas tenir la distance, c’est se fixer, se figer en un être, lequel paraîtra toujours quelconque comparativement au rapport, conduisant inexorablement à la dé-pression, à la perte de tension qu’est un arc, intentionnel, de conscience.

Rapport donc qui seul conduit, mène par, selon et pour, peut-être, en l’in-fini.

Ce qui veut dire que l’arc est alors converti en l’articulation comme seule réelle, au lieu de quoi notre conscience resterait attachée, ancrée, agglutinée au corps ; ce qui veut dire à des désirs immédiats. Il est clair que c’est péniblement, très difficilement, voire impossiblement que nous nous convainquons que le seul réel soit le mouvement, le devenir, le possible, et non cette chose, ce corps qui jouit (fantasmatiquement, au mieux, ou hallucinatoirement, au pire), cet objet (de désir) comme accumulation

(accumulation de quoi ? si le réel est le mouvement, bien plus grand que n’importe quel objet ou quelle chose)

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