Des relations amoureuses contemporaines
Et bien qu’il n’y ait plus de « parole donnée », cela s’entend intérieurement …
Le « je suis ta femme, je suis ton homme », est seulement la formule institutionnalisée … ça n’est pas ce qui est en cause ici : cette formule signifie justement autre chose :
sinon comment croit-on qu’elle ait tenu ?
Il ne s’agit pas plus de jurer éternité ou « à la vie , à la mort » .
Il est question de la tenue instinctive de sa propre perception, celle du sujet :
laissée à la seule subjectivité, qui règne en unique signification, la perception, l’émotion, elle s’effiloche et ne parvient en rien à aborder la réalité.
Pour cette raison (cad on le sait aussi : pour le meilleur et …pour le pire ), la béquille de la formule institutionnelle forçait en somme les natures … mais ce faisant, ces natures pour peu qu’elles s’adaptent et aient la capacité (plastique) à l’adaptation, commençaient un apprentissage. Ce qui se nomme : apprendre ce qu’il en est de la réalité vécue (en l’occurrence : à deux). Ce qui n’est pas forcément un bonheur … mais ne cherche pas peut-être a priori ce bonheur… cherche peut-être avant tout à comprendre, apprendre, avancer, devenir …et plus exactement à former une famille. (ce qui inscrit à la fois dans la réalité et dans la nécessité naturelle et dans la réalisation psychologique : or précisément, on est moins ou plus dans la réalisation psychologique : on existe sur un autre plan supposé , mais existe-t-il cet autre plan ? )
Nul ne songe à en revenir à l’institutionnalité du sentiment en une formule. Ça n’est pas cela dont il est question : mais de la capacité individuelle à formuler … à ne pas être en vain, ni désirer pour rien : à savoir se tenir.
Si cela ne s’établit pas, dans et par le sujet, et comme les institutions sont bien à rebours de notre liberté comme cela se voit depuis 50 ans minimum, il ne s’ensuit pas que cette liberté soit n’importe quoi ; ou alors, si, mais en ce cas c’est un choix individuel, et que vaut (pour elle-même et non pas en vertu d’une extériorité quelconque) une liberté évasive ?
Si cela ne s’établit pas, le « tenir de soi » (son être) , ce qui est vécu redescend soudainement d’un niveau … cad se situe dans la seule subjectivité ; qui n’est liée que de ses images, de ses émotions, de ses désirs ;
Images qui lui viennent nécessairement et s’originent de fait du monde humanisé, et de tel ou tel ordre , puisque aucun monde humanisé n’existe sans se tenir d’un ordre : cad de ces tics et hiérarchies et classes et groupes et modes.
Emotions qui ne détiennent en rien aucune unité … sauf à renvoyer dans le miroir pur (cad la pure angoisse) : mais nullement à conformer une personnalisation active. Et ceci rend impossible de s’avancer de l’émotion au sentiment. Cad à l’être construit : sans cesse les images, les émotions, les désirs (ce qui s’expliquent de par eux-mêmes mais qui méritent un lent décorticage si l’on pousse un peu) retournent en arrière.
Evidement il s’agit d’une caricature : mais aussi de dégager les lignes de forces.
L’impossibilité n’est pas dans la réalité (qui est multiple plus que jamais) et qui serait « invivable », mais dans la tenue impossible de soi.
Tant que le soi est limité dans son auto perception par sa seule subjectivisation, il ne peut parvenir à son être propre.
Et le pire est de réaliser cette subjectivisation…
Cad de rencontrer une réalité qui conforte la subjectivité (dictatoriale) en nous. Car non seulement cela stoppe net tout devenir réel, mais de plus aucune réalisation subjective ne correspond par essence à la réalité …et alors nous voici donc que l’on est perdu, suivant ce chemin, en ce qui peut paraître la réalité même, mais qui est en fait la réverbération de non pas notre être, mais de la part subjective et enfin subjectiviste de notre être.