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instants philosophie

Breaking bad, Walter

5 Janvier 2014, 08:46am

Publié par pascal doyelle

Spoil
Il me semble qu’il existe une logique imparable dans le personnage de Walt ; pourquoi s’identifier à lui (jusqu’à le seconder dans sa course, l’approuver intérieurement, ce qui cause le trouble majeur de ces deux années de vie, de sur-vie) sinon de ce qu’il est effroyablement seul, depuis le début (épisode du lit avec sa femme… :-) ), et qu’il découvre peu à peu l’étendue infinie de son refus d’une part et les moyens en lui de réaliser ce refus de tout ce qui existe ; or ça n’est pas selon un affrontement… ça n’est pas seulement une lutte contre ceci ou cela, ça n’est pas la lutte du bien contre le mal évidemment parce que dans le bien contre le mal, il n’est pas vraiment de composition à ce degré là de ruse et coups bas … Il fallait que ce soit une extension du mal et du gouffre, parce que seul le mal peut user du calcul impitoyable, mensonger, manipulateur, et en reculer devant rien ; ça donne effectivement alors des enjeux démultipliés. Il n’est qu’un héros sale et tueur et sans scrupules pour amener à ce degré de jeu.
C’est par le détournement ; il détourne le cours des choses et c’est lui, et lui seul, qui maîtrise sa destinée ou plutôt son devenir. Il ne la maîtrisé pas seulement parce que plus rusé et plus stratégique que quiconque, mais parce que c’est lui qui décide intérieurement de l’essentiel des péripéties ; et ce sans que l’on puisse lui assigner par exemple une soif de meurtre, ou un fétichisme de l’argent, ou une obsession quelconque ; il peut tout à fait balancer l’argent (hank) ou renier Jessi ou même se passer du consentement de sa famille (qui lui servait à la fois de prétexte mais aussi de justification bien réelle dans ses objectifs) ; de sorte qu’au travers des épreuves, il reste et demeure fidèle à lui-même, ce qui veut dire à ses décisions.
Et ainsi nous sommes alors en position de spectateur dans la lecture, dans la compréhension de à la fois ses stratégies mais aussi plus profondément de ses choix ; c’est tout un de le voir calculer pour prendre au piège et calculer pour se maintenir lui, Walter White, absolument certain même dans ses revirements. Et pour cela ses revirements sont assumés, il est le héros qui assume intégralement, qui prend tout à sa charge et qui de même manipule et donc se charge des autres (au sens délicat et mortel …c’est selon) et de ce fait chaque revirement entraine une recomposition de telle ou telle stratégie. C’est cinématographiquement parfait, en somme, dans la coïncidence. On assiste à la fois aux choix et aux stratégies, retorses.
On peut ajouter que cette fidélité à sa (ses) décision(s) est aussi l’assumation de ses choix et le jusqu’au boutisme de ses stratégies et actes, et est tout autant son courage radical ; d’innombrables lâches (face aux autres, aux dangers, et face à eux-mêmes), mais pas White, puisqu’il est le Calcul dans tous les sens du mot comme celui qui se Charge de tout (le meurtre ou les soucis des autres) et celui qui re-décide sa vie (d’où les plongées antérieures ici et là, de « ce qu’il a raté », enfin il a raté les discussions passionnées entre Schwartz et sa femme à propos de pizzas).
Aussi est-ce l’ambigüité sur le bilan ; Walt est sur le sol, bras en croix, christ, mais les poutres de la verrière lui dessinent une croix inversée, d’antéchrist, de mal absolu. Le mal est-il la détermination froide ou l’oubli total du collectif dans l’individualisme radical ?

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Devenir soi, impossiblement

4 Janvier 2014, 10:25am

Publié par pascal doyelle

Puisque la philosophie n’est pas d’abord un système d’idées, mais premièrement le retournement de notre être sur lui-même, raison pour laquelle elle est difficile non d’être complexe mais qu’elle soit la suspension de notre être, (ce qui contrevient à l’attitude « naturelle » de notre identité dans le vécu), ce qu’elle avance est la progression interne à cet être. Notre être, par la philosophie, avance.


On ne le conçoit plus très clairement puisque nous existons tous sous la logique du libre pur, lequel étant-avec soi, se croit immédiatement lui-même ; il l’est, réellement, mais dans l’ordre des priorités il sera de ce fait toujours sous l’égide de sa propre Idée de soi, (il se croit un corps par ex ou un moi, ce qu’il est, mais existe d’abord comme Idée, qui non pas du tout commandite toute sa réalité, mais l’oriente, le rive ou le dérive, l’oriente ou le désoriente), et bien qu’il soit-libre, il serait absurde de croire que le libre se limite à lui-même ; il est dans sa nature, sa structure, de devenir, est l’introduction, le début intemporel à ce qui est (entre autre ...).
Si l’on doit comprendre la philosophie qui nait de et par l’universalité, et le libre d’autre part, qui lui semble contradictoire, c’est sous le principe de réflexivité ; étant « ce qui arrive » à l’humanisation, et tend à remplacer tous les mondes humains préalables. Au lieu de s’articuler comme synthèse (extrêmement complexe et intellective elle aussi) du monde donné là immédiatement et de croire vrai ce qui apparait (après tout il n’est pas de raison de douter que ce qui est perçu soit vrai), par l’universalisation, le devenir conscience, le libre, notre réflexivité s’articule selon sa propre cohérence.
Ainsi une personnalisation, qui est décrite comme identité psy (de quelque psychologie que ce soit, ou sociologiquement, etc) est une telle, pour chacun, articulation ; un être libre (sous entendu « qui se sait tel », se représente tel, et chacun est par statut dans le savoir de sa liberté, de droit par ex, mais aussi de toutes les productions ou créations esthétiques ou littéraires, etc) une personnalisation est dans le lieu de s’orienter, désorienter ou réorienter. Evidemment notre-être n’est pas « tout ce que nous sommes », mais la pointe qui rive ou dérive ; si notre être était la totalité de ce que nous sommes, notre identité, pour qu’il se meut il devrait placer et déplacer et remplacer cette totalité à chaque fois, ce qui serait impraticable.
Il n’en est pas loin de devoir se placer et déplacer tout entier, mais la pointe intentionnelle qui rive et dérive, peut en sa mesure (qui est fragile et subtile et pour cela se doit de s’astreindre à des distinctions, des séparations, des signes, etc) s’introduire en et par cette identité massive et crocher ou décrocher ici ou là la masse lourde. Pour cela il est impératif pour tout être libre d’être sensible et fragile ; puisque cet être pointu n’existe que dans le micro, le millimétré, le subtil ; mais tout autant selon le stratégique et tout autant le tortueux.

On ne manœuvre pas une identité massive sinon de ruser, de se ruser ; comme un tanker empruntant une passe dangereuse ; c’est notre être qui est incertain et incompréhensible, mais il doit devenir et exister de par soi, ne pas se laisser étouffer par l’identité massive, et ce par quoi il se maintient n’est pas du tout cette sorte de volonté monolithique (issue du fantasme du conscient sur de lui-même et d ‘une mécompréhension de Descartes, soit dit en passant), mais d’une ou deux notes éventuelles en bas de page.
Etant de subtilité, de distinction, notre être pointu s’oriente et désoriente selon des signes, il élabore invisible le tissage de signes minuscules.

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Devenir du sujet, retour sur son être

2 Janvier 2014, 15:33pm

Publié par pascal doyelle

La philosophie creuse donc ce qui est en tant que cela doit être amené ici même, maintenant.

Et ce de telle sorte que ce soit en cohérence. Le problème de la cohérence est ce qui pose question ; soit on maintient la vérité seule, soit on dérive la vérité de son origine, de son être originel.

La vérité maintenue est d’élaborer un discours cohérent qui rende compte de tout ce qui est ; le sujet de cette vérité ne se nomme pas, il est absent. Si cette stratégie est valable pour toute science, elle ne l’est pas pour la philosophie ou toute pensée qui croit être en mesure de penser la totalité ; de l’émancipation des sujets il y eut quantité qui voulurent penser idéologiquement la réalité, ce qui n’eut pour résultat que d’assécher les autres consciences de soi. Leur liberté à eux annule les autres libertés qui ne sont plus admises que déterminées.

Lorsque la philosophie veut tout penser autrement que sous le sujet, elle se prend les pieds dans le tapis, qu’elle étend sur tout ce qui est. Tôt ou tard une vérité, n’étant pas capable de se totaliser elle-même, cette pensée aussi rigoureuse soit-elle, se retourne soudainement afin de se fonder.

Il est impossible de justifier de quelque discours que ce soit, de quelque vérité que ce soit (qui ait l’ambition de tout penser, ou de se saisir du Un intellectif ou intellectuel, il n’est pas question de toutes les vérités secondes qui peuvent être découvertes), lorsqu’un tel discours croit se passer de propositionner le sujet. Ce qui signifie les sujets, un par un. Puisque le sujet se démultiplie instantanément en sujets.

Et ceci non seulement parce que le fondement de toute totalisation est un être-sujet-libre, mais aussi pour cette autre raison ; parce que là où existent les sujets, soit donc le monde, le monde donné « là », seuls ils y accèdent originellement.

Aucun discours ne couvre l’intégralité du monde donné là, tout discours est une découpe objective, dans le monde donné ; il est absurde de croire que telle découpe dans le monde soit équivalente de quelque manière à l’original, au monde réellement là.

Cela ne signifie pas que les sujets un par un, aient un accès total à ce monde réel, évidemment. Mais qu’ils sont seuls légitimes à en juger en définitive, d’une part et que d’autre part si aux vérités il doit advenir une modification, ce sera via et par les sujets ou via et par tel ou tel sujet. Parce que la saisie originelle qu’ils opèrent, et elle seule, est susceptible de passer outre n’importe quelle découpe ou découpage (figés de ce point de vue en un discours ou une appréhension, un comportement par ex, déjà lié). Cet accès originel est ce que détient tout sujet ; tant pour lui-même que généralement.

Illustrativement on doit donc affirmer que la démocratie est cet accès maintenu ouvert et que la chose publique est la réalisation même qui doit se tenir. Quelque discours ou idéologie que ce soit ne peut interrompre même si toute idéologie ou pensée doit y intervenir. La démocratie est donc essentiellement la positivité même qui se doit à elle-même, qui doit se savoir telle et se vouloir absolument (seul ce qui promeut le libre ou la pensée libre peut se vouloir absolument, c’est « imposer le caractère formel » de ce qui est, mais comme cette imposition est formelle, elle le doit). Son aspect désordonné et tous les risques que cela comporte, ne doit pas masquer son essence (non encore totalement déployée) absolument positive.

Ce n’est donc pas seulement parce que le fondement de toute pensée (et donc de toute vérité) est à rebours dans le sujet qui la veut, mais aussi parce que toute pensée découpant dans la réalité n’est pas elle-même l’accès au monde donné là et que seuls les sujets s’y dévouent en en ayant seuls la possibilité.

Pareillement mais par ailleurs, la philosophie n’est pas en elle-même le système de vérité au sens où la vérité serait le contenu absolu qui détrônerait les sujets ; même initialement, et certes la vérité est affirmativement placée comme but essentiel, les grecs ou les anciens montrent au travers de toutes leurs démonstrations à quel point la vérité accouche de quantité de vérités ou de systèmes qui permettent à tout être pensant … de penser. Rendant chacun apte à définir en et de par soi « ce qui est » mais de telle sorte que tout système est argumenté et donc ne s’impose ni ne peut s’imposer en aucune manière. Mais de plus lorsque parait le sujet tel quel, cartésien, qui littéralement ne dit « rien », c’est qu’il assure son être purement formel et qui se prouve hors de tout discours ; comme doute cogito. Effectuant la Règle absolue parce que formelle ; que chacun peut ou de toute manière reproduira en et par lui-même.

Ce qu’engage donc la philosophie est le système formel qui prépositionne toute vérité dans un système antérieur à toute vérité (et qui aussi bien recherche les conditions acceptables, légitimes, la rigueur et plus loin encore la cohérence de toute énonciation ; les conditions de vérité font parties du prépositionnement d’un sujet, ou pour les grecs de la pensée elle-même, c'est la Pensée qui est le sujet à ce moment là, et que suivent ensuite toutes les énonciations possibles de vérités). Ce système antérieur est dit formel ; il engage non à se remplir de tel contenu, telle vérité, mais de demeurer dans la certitude de sa forme. Pour cela la philosophie est absolument certaine ; elle n’affirme rien quant à la vérité en soi, mais prédispose à toutes les vérités énonçables (qui remplissent les conditions de vérité, la logique par ex, ou les prépositions de toute vérité (l'être / la pensée, la volonté/ l'entendement cartésien, etc ) et cet ensemble de prépositions et de conditions se nomme ; cohérence).

Pour cela toute la philosophie exprime, représente, met en forme, exhibe, montre à quel degré il faut parvenir pour que tout sujet puisse exister tel qu’en lui-même, selon la cohérence idoine ; en se sachant d’une part accessible à la vérité (il est un monde donné là auquel tout sujet et exclusivement a accès et ce monde n’est accédé qu’universellement), mais aussi et d’autre part en tant que Un, en tant que sujet Un admettant ou subissant même son statut de sujet (qui est dit de la sorte ontologique).

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