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instants philosophie

Du libre pur (et pas simple du tout)

2 Juin 2011, 14:24pm

Publié par zwardoz

Il n’est pas de regard extérieur suffisamment intègre pour passer la barre de l’horizon vécu, donné, mondain. Toute objectivité est seconde et tout autant le parler-soi qui n’est jamais qu’un commentaire de seconde main sur l’être premier. Autrement dit, rien ne rend compte de ce qui se vit tel quel ; non au sens où ce qui se vit serait privé de quoi que ce soit, mais au sens où seul ce qui se vit est intégralement tout ce qu’il peut et tout ce qui peut être.

De sorte que le donné, le vécu, le mondain ne sont pas telle une boite noire ; cachée aux yeux ; le vécu est le sol même inabordable autrement que via l’immédiateté intégrale qu’il est. Ce sont les objectivités qui sont secondes ; parler-soi cela se donne comme transmissible au autres, mais la transmission même est effet dans, à l’intérieur du vécu et non pas un regard externe qui dirait le vrai sur (ce que l’on est). Ce que l’on est toujours repoussé sur, vers, dans le plan vécu, et est à soi seul « ce qui se passe », sans aucune externalité qui en rende compte tel qu’il est.  Ce que l’on est, n’existant pas par manque, est donc à soi-même structuré (et on ne peut l’affliger seulement d’un inconscient, d’un corps, d’un langage, de causalités sociologiques, etc) ; en sorte que cette structure se fonde sur la réflexion généralisante qu’est son activité propre. Le plan existant est le plus complet, le plus intégral et comporte toutes les réflexions que l’on voudra, de même que les simplicités incompressibles d’existence.

La difficulté, pour tout un chacun, est (entre autre) la coïncidence de ce que l’on dit de soi et de ce que l’on est (dont on est la « pensée sauvage », au sens radical plus que nietzschéenne et plus que lévi-straussienne, la pensée cartésienne qui englobe perception, imaginations, sentiment, douleur ou plaisir, et s’institue reflet constant de « ce qui arrive » dans un monde) ; non seulement dans le transmissible (qui fait office de filtre, imposant), mais de ce que l’on « se » dit, en aparté et parfois sans grande conscience, mais qui pourtant est bel et bien exprimé. Or tous ces discours sont seconds ; ils n’atteignent notre être-exactement-là ; ce sont des commentaires sur l’action, et notre être est activité intègre. Etant indépendante, même de ce qu’elle dit de soi, (elle ne s’atteint qu’ne seconde main), elle est indépendante tout court.

On dira ; de n’être pas conscient de ceci ou cela, ça ne libère pas. Mais c’est une fausse perspective ; c’est que l’on part alors de ceci ou cela que l’on connait rétrospectivement comme contraignant ; or d’être esclave n’empêche pas Spartacus de se révolter. Ou si l’on préfère ; d’être alchimiste, n’empêche pas Newton de pousser la physique. En ce sens que la libération sait toujours jouer au travers des contraintes. Où se situait la flèche de l’intention libératrice, inventive, réfléchie ?

Que la réflexion ne soit pas limitée au rationnel, revient à cela-même. Si la raison ou le sujet communément connu, ou la transmission qui me dit, à ou en l’autre, ou la pensée de soi exprimée plus ou moins, sont tous seconds, alors le vécu, donné et mondain, (dans, ajoutons nous, sa structure même), est le plus vrai, et le plus réel ; il acquiert son plan réel qui n’est pas dérivé et dont tout s’active. Il est la réserve interne de « ce qui est », et par lui « ce qui arrive, arrive » ; quand bien même nous donnons nous de décider ceci ou cela, et malgré que tout discours second vient dénicher des causalités, toutes regroupées extérieurement (ce qui n’anéantit pas la validité des connaissances, mais les replace, ce qui est tout différent), tout ce qui apparait (à nos yeux conscients) est issu de la réserve intentionnelle, de la virtualité et de la latence qu’est l’être intégral.

En cela, le sujet, le réel, n’est pas conscient, mais il n’est pas non plus inconscient ; qui sont des découpages externes, seconds. On y rejoint par là le bergsonisme ; sauf que ça n’a pas grand-chose à voir avec un spiritualisme ; c’est intégralement une structure.

Ni conscient, ni inconscient, ni causalités, ni regard externe complet : celui-là même en lequel naturellement nous nous enfermons psychologiquement ou relationnellement ; la vérité étant que « nous n’appartenons pas », à rien, ni personne, pas même à nous-même, puisque nous existons sur l’unique plan qui est unique point de vue ; nous appartenons à ce point de vue indécrottable qui n’est saisi de rien, non parce qu’il saisit tout, mais parce qu’il saisit possiblement tout, y compris le virtuel (ce qui en se réalise pas, ne se réalisera jamais, etc) et le latent (que celui-ci soit indéfiniment repoussé ou constamment récréé ou à jamais imaginaire).

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