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instants philosophie

La Parole et la séparation généralisée

13 Juin 2011, 19:38pm

Publié par zwardoz

La Parole est l’idéal, ancien, qui instituait le langage et partagé par tous parlait le monde (autant qu’il l’organisait). L’ensemble entrait dans la transmission du groupe vers chacun et inversement ; les échanges ou tout geste ou tout signe s’engrenaient dans une unification exprimée constante, fondée en sa vérité dans les immédiatetés, les apparitions expérimentées du donné. Donné, vécu et monde s’existaient dans l’ensemble des différences parlées.

La pensée s’impose comme rupture ayant de par soi une unité qui rompt le monde et la vérité, la perception et l’expression mais donc s’installe en toute unité de « soi » et nous demande comme vérité de parler, certes, mais en notre nom propre. Séparé.

Le défaut de parole (partagée) renvoie d’une part à l’énonciation hachée et d’autre part au corps. L’individualité, séparée (de tout, puisque n’ayant plus la parole pour se soutenir dans le monde, ni pour achever le monde en tout instant), est refondue dans l’immédiateté ; mais il n’en est aucune ; sinon le destin de son corps, sa sexualité, son identité d’existant en tant que vivant.

Ça constitue tout son horizon en tant qu’immédiat ; ce en quoi il se réfugie, au sens où la séparation est telle qu’elle l’expulse dans l’abstrait si il ne se lie pas au donné vivant. Autrement dit, en tant que sujet il est perdu (pour tout : puisque le sujet n’appartient à rien, ni à personne, pas même à « soi »). En tant que moi il s’identifie au seul vivant qui soit à sa disposition ; vivant non seulement d’être un « corps », parce que le corps contient en lui-même son propre projet, bio-physique-chimique, (ce que l’on voudra), censé ne pas devoir s’interroger lui-même, ni se séparer ; et finalités qui confinent enfin au relationnel par le générique ; la poursuite de la vie par le vivant (en quoi l’individualité s’efface dans plus grand que soi, à condition de n’être que biologique, ou cette variante qu’est la psychologie ; du point de vue du sujet la psychologie est pareillement déterminée).

L’énonciation hachée consiste essentiellement en ce que lorsque l’on nous interroge, lorsque l’on pose une question, lorsque donc on communique, c’est en personne que l’on répond. C’est ce qui est demandé ; on est appelé par son nom. Le moi apparait comme l’interface obligée qui est quasi intégralement la réponse que les autres demandent, ou pire attendent (leur identité est appelée, ou non, ou plus ou moins, par votre manifestation).

Que l’on soit nommé par son nom, n’est qu’une part de l’investissement ; la seule magie, la seule synthèse immédiate à notre disposition est de formuler le corps, son identité et de lui soutirer le vivant en lui.

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