L’architecture du possible
On tente de se saisir ou de saisir quelque réalité entre nos mains (ou par notre esprit), mais comme notre être est un rapport (au choix l’arc de conscience, le signifiant, le mouvement qui emporte toutes choses et tous les êtres et la réalité même), en conclusion de quoi on ne saisit rien.
pareillement lors du tomber-amoureux on se perçoit soudain à l’autre bout du rapport ; dans la conscience de l’autre, et lorsque ce mouvement s'évapore on ne sait plus de où l’on ressent, imagine, pense et plus encore on ne sait plus de quel point l’on perçoit. De là que le tomber amoureux est une totalité qui n’est pas une totalité mais c’est un point et c’est évidemment le point seul réel, qui se tient ou se détient de l’autre bout du rapport. On est volatilisé ; de même lorsque l’on saisit que l’autre n’en a rien à faire, l’unité, supposée, s’effondre, et l’unité qui s’efface en une fois ça n’est pas telle ou telle partie de soi ou de la réalité ou d’autrui, c’est tout entièrement parce que c’est la racine, le ressort, à savoir la conscience-de, la conscience-de quoi que ce soit, qui s’annule.
Ou donc, dit autrement, est supprimée la possibilité de tout.
Outre la possibilité de tout, le rapport a deux bouts.
on croit toujours que l’on saisit l’un ou l’autre bout ; le contenu promis ou l’intention de départ, par exemple, ou on dissimule la construction (artificielle) du désir dans un objet qui précéderait le désir, qui causerait le désir (mais que tout soit construit, si cela annule l’objet, en vérité cela manifeste la création du sens, cad la création du possible, du possible à sa racine, dans l'actualité, dans l'actualisation du possible) ;
Et donc, et le début et le terme s’absentent, et on y croit seulement tant que l’on est pris dans le mouvement. c’est évidemment par ce biais, cad cette séparation, cette division, qu’a pu s’introduire la folie ou le coincage ou enfin, et il vaut mieux, le désir, le désir allant se renouvelant ; parce que sinon on s’installe dans un quelconque coiçage, qui répéte le pseudo même désir (le rendant insupportable), ou la folie qui est pleine de toute l’angoisse de la proximité de la satisfaction hallucinatoire (la jouissance folle et destructrice, que l’on ne peut pas annuler, et qui reviendrait en ce cas encore plus terrible, et que seuls les plaisirs peuvent tenir à distance, plaisirs que inversement le coinçage fige, rendant un peu trop proche la jouissance (ou l’angoisse) ; autrement dit, al folie est angoisse pure, le coinçage mise à distance mais trop proche, et le désir dispense de relatives satisfactions, mais balisent et refoulent l’horreur.
Dans tous les cas, il s’agit de l'écart, entre soi et soi, ce qui rend désemparé le moi (qui voudrait se saisir là où il est, en tel contenu, en tel objet, en tel image, de soi, d’autrui, du monde, exemplairement exposé par Sartre au plus proche du “moi”, dont l’invention se déploie toute entière au 20éme ; de même que Freud, Sartre n’est pas là par hasard ; ils disent “ce qui se passe”, l’ontos qui nait, qui arrive, qui devient et se tire lui-même du possible, du futur qui sera bientôt tout intégralement et depuis les années soixante bat son plein) ; lors même qu’il n’est nulle part une réalité qui tiendrait de l’être” ; voir Heidegger, par ex ou Sartre puisque le pour-soi/en-soi, qui clôt l'être et le néant, qui formule “dieu”, est impossible, tout comme la jouissance qui est et n’est que hallucinatoire, et profondément enfoui, au point qu’elle est la distance de lui-même à lui-même du corps, qui n’est plus vivant mais terrorisé et paranoïaque, fondement psychologique d’une coupure absolument insupportable pour tout vivant, à savoir qu’il soit autre que lui-même ; un animal est lui-même, point et c’est tout, et il est au “milieu” de son monde, de sorte que “monde” n’est pas formulé, ni formulable ; pour qu’il soit formulable, il est requis un signifiant et un signifiant n’est pas sans la coupure.
De ce rapport qui se meut, puisqu’il est tiré du futur, non pas tant l’avenir réalisé, mais le Possible qui réclame l’entièreté du devenir (puisque seul le possible, ce concept là, rend manifeste la raison, la cause de l’à-venir, et ce qui advient c’est le possible lui-même ; des je susceptibles de porter la capacité du possible (puisqu’aussi bien la seule finalité de la liberté, ou de l’égalité, est le grand réel, le plus grand réel possible, dont on a dit qu’il devait être plus grand que lui-même ; ce que par ex le christique signe comme étant l’amour, qui n’est pas le béni-oui-oui, mais le plus grand et certain rapport possible ; et ce par quoi se définit la trinité, le père, le fils et l’esprit saint, celui qu’il nous laisse en et par chacun et tous, en une fois indéfiniment et infiniment propulsé, en tant qu’historicité ; ce qui eut lieu ; par la fin’amor ou la table ronde (et le vrai-faux messie qu’est Arthur, qui ne pouvait pas, à lui seul, instaurer la réalisation humaine du réel), ou la formule liberté, égalité, fraternité ; soit donc le sens même de la possiblité, du rapport, en tant qu’il prend lui-meme en charge la réalité ; il est le réel de la réalité, et par quoi, par qui la réalité se réalise vraiment (comme le dit Hegel, ou Kant) ; si un contenu (un groupe et ses pauvres finalités) vient se substituer à la formulation de la révolution, certes il y a encore société humaine, mais elle déchoit.
Pareillement, ce qui en va pour l’historicité, en va pour le moi ; si le moi croit “qui il est”, il s’affaisse et ne tient plus la haute possibilité. or chacun sait bien qu’il tombe, vers le bas ; il lui faut re-percevoir, encore et à nouveau, la renaissance, le renouvellement ou donc ressaisir que le réel est non seulement re-commencement, mais Commencement. De but en blanc.
Puisque ça n’est pas le passé qui produit le futur (auquel cas il n’y aurait pas de futur et pas de passé de ce fait) mais l’à-venir qui crée la réalité ; la cause est en-avant ; c’est l’Architecture du Possible brut qui se tisse par ces êtres, qui ne sont pas des êtres, mais des raports qui vont en avant ; ce qui n’est pas encore, déjà appelle et re-nouvelle tout ce qui est là.