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instants philosophie

Le devenir de quelques mouvements

16 Mai 2014, 15:44pm

Publié par pascal doyelle

La réalité native de notre être est de se constituer comme flux synthétique dans un groupe qui parle et qui élabore une pensée-ensemble dans le donné même ; chacun est ce corps tel que pris dans la synthèse et ayant force de signes, les choses et les êtres sont parlés, la pensée synthétique se commente elle-même et dit ce qu’elle est ; la vérité et la vérité est le monde, le corps est son rôle (et n’existe pas tel quel, « là », inemployé). Autrement dit tout fait sens et le sens se dit, se parle et s’échange comme réalités significatives en elles-mêmes. Autrement dit tout le donné là est admis tel quel et parlé et pensé tel quel ; ce qui requiert évidement une immense pensée synthétisante qui s’emploie à se préserver elle-même ; le langage est le trésor par lequel chaque monde humain existe en se parlant.

Si l’on délie tout cela, il reste un monde donné, unique et universel mais sans liaisons intérieures, dépenaillé, et un corps donné « là », très bêtement, et une conscience vide et sans rien. Éperdue, et structuralement égarée, parce que c’est tout langage qui fonctionne comme anciennement une Parole (dans un Groupe, dans un Monde, etc, très localisé et entre soi). Tout langage transporte cet héritage ou plutôt en est constitué de pieds en cap. Livré là au monde dépenaillé et sans rien, tout conscience vient tôt au tard à assumer son plus que désespoir, son incompréhension structurelle, au-delà de tout pathos, d’être posé « là » sur le donné absurde.

Mais donc les réalités même telles qu’elles sont, telles qu’elles étaient mais recouvertes dans chaque monde synthétique humanisé en un groupe, dont la Vérité (de synthèse recouvrait cette dispersion, les réalités remontent et apparaissent nues. Toute chose est autre, tout corps est nauséeux ou découpé, tout autre conscience est une horreur ou un affrontement (sur et autour de la parole).

Le coup ontologique fumant

Cependant le coup formidable est que ça n’est pas une déperdition du sens de tout groupe humain, l’effondrement des synthèses et civilisations, qui est à l‘origine de la réalité dispersée, de la conscience nu, du corps à même le sol. Mais c’est cet être lui-même, cette conscience, qui s’aperçoit tout à coup qu’elle crée son être. Qu’elle s’existe de son propre ressort à être. Elle provoque que l’être, comme idée mais comme idée en tant que rapport, soit, s’existe comme surface nue et neutre, et vide et donc formelle.

C’est cette puissance réflexive (la seul dont nous disposions à vrai dire, et si l’on réduit l’humain à son être étrange et disrupteur) qui se crée, qui jusqu’alors n’était fonction que du groupe-langage-monde local.

L’architecture intentionnelle

Qu’elle puisse contrôler l’intentionnalité qui jusqu’alors la soumettait dans un monde clos d’un groupe humain qui parle, signifie que son élan dépasse toute l’organisation de ces groupes dès lors positionnés en seconde part et c’est ce que porte, énormise, enfle au plus haut, au plus loin la pensée grecque (qui n’est pas la « raison » froide et extérieure). Il se déploie donc à partir de la conscience (de la conscience comme être réel et non comme idée idéelle éthérée, de la conscience-de comme structure vide et formelle) une méta organisation ; si le mécanisme de base est la conscience, la machinerie se produit elle-même comme intentionnalité (ou idées en tant que Idée se tient d’un rapport au donné là, au corps, au groupe, à la perception, etc, élaborant ses universalités éthiques, esthétiques, politiques, idéels) ; le déploiement de l’intentionnalité est ce que l’on a nommé « idées ». Elle prend appui sur une idée centrale ; celle de l’être.

Par quoi au lieu d’être immergé dans un monde qui parle, déjà déterminé et déjà organisé, il se dresse face à toute conscience le « là » vide et formel ; l’être. Le là tel qu’il s’ouvre pour l’intentionnalité pure et dure, qui se veut, qui se sait (étant instantanément réflexivité, et qui épuisera les vérités, les systèmes, les morales, les mondes et les corps, indépendamment et autre que tous ceux-ci).

Les mitoyennetés

Entre la tribu qui parle immédiatement son monde et (se) le communique (de même que cette parole parle avec tout le donné là, le donné localisé, non pas le monde unique et universel, mais ce monde là situé et situé dans ce groupe même), et la réflexivité acquise (par laquelle on sait alors que l’on crée l’intentionnalité que l’on produit en conscience), il y eut quantité de mitoyennetés ; par exemple la parole du groupe devient la texte sacré (écrit), ou la parole du dieu unique, de même qu’ensuite le texte sacré devient le texte littéraire, l’Œuvre (d’une conscience qui est supposée connaitre la vérité). Pareillement pour le roi ou l’empereur, et évidemment s’élabore dans ces mitoyennetés, des réflexivités ; l’Etat centralisateur pour l’empire, les mathématiques sont inventées (mais non systématisées, ce qui devient possible lorsque la conscience se sait comme conscience).

L’émergence de « ce qui est »

C’est donc la structure active, activisme pur, qui ne se soumettra plus à aucune monde langage, ou groupe, mais qui s’expose dans le là immense et bigarrée, qui s’est instantanément éprouvé elle-même et se sait de sa certitude vide indépendamment de tous les contenus, qui commence à écrémer toutes les réalités humaines.

« Ceci » est sans contenu, sans passé, et ne recherche aucun Sens, (de la vie, du monde, des choses, etc), puisque cela est le réel lui-même, celui qui avance au travers et via n’importe quelle représentation, cultures, pensées ou systèmes d’idées, et jusqu’à ce moi, qui reçoit de plein fouet son être de cette structure pure et simple, qui s’existe au plus proche de l’os de notre réalité dite humaient. Le moi qui désire encore retrouver l’ancienne formulation du langage, parole dans le groupe de synthèse, et qui supporte l’accès structurel qu’est son être de conscience sans rien, séparé et autre que tout. Le moi est en charge de supporter la tension fondamentale, et reçoit cet être structurel en tant que corps.

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