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instants philosophie

L'aberration

23 Juillet 2014, 14:27pm

Publié par pascal doyelle

L’être est absolument parfait. Il se trouve que nous ne comprenons pas cette perfection.

Apparemment elle n’est ni un Ordre ni un Sens.

Il n’est pas d’ordre qui préside aux choses réelles ; si il existe des lois, celles-ci appartiennent aux choses et non pas se surimposent aux choses, par exemple si elles existent mathématiquement, les mathématiques sont dans les choses et non une réalité externe aux choses, il n’y a pas de réservoir qui contiendrait les lois ou les logiques, c’est la réalité qui est, qui se structure et nous sommes à la pêche de ces contenus, contenus dans les choses)

Au vu du désordre qui règne partout, il n’est pas de sens à tout cela ; autrement dit les choses sont elles-mêmes le sens ... Le sens de ce qui est, est que « cela » existe, et c’est probablement pour cette raison que la réalité devient, elle se déploie ; si l’on cumule les deux logiques on dira que les choses sont ce qui devient ; il n’est ni un ordre externe, ni un sens vers lequel elles se dirigent ; si elles se « dirigent » de fait c’est qu’elles se déploient et il se trouve qu’ici et là il est un peu d’ordre et/ou un peu de sens ; mais ordre et sens sont ce à quoi le déploiement, qui seul est, aboutit, éventuellement

Ou donc on ne peut pas tirer un ordre ou un sens de ce que ici et là du sens et l’ordre adviennent ; il se peut que statistiquement cet ordre ou ce sens devait paraitre, mais c’est statistique, ce qui signifie que la réalité est d’abord le premier fait et qu’ensuite ici et là, etc. Le fait premier est donc « réalité ». Cette « non finalité » là en contient peut-être d’autres, mais c’est secondement.

Mais il se trouve que dans ce fait statistique, il existe des êtres qui se savent exister.

Ce qui est confondant. C’est comme si on plantait un clou dans la tapisserie. Ça outrepasse.

Le fait d’un tel être est un clash, une rupture, une altérité. Mais à y réfléchir la réalité, le « ce qui est », est lui-même dépourvu d’ordre et de sens, lui-même outrepassant ; c’est du délire. C’est un monstrueux devenir énergie, devenir matière.

Ce qui fait qu’il est tout à fait compréhensible qu’il y ait des catastrophes par exemple ; parce qu’aucun ordre ni aucun sens n’est assigné au hasard de ce catastrophique. Sans doute qu’il y ait catastrophe à tel moment en tel lieu, est déterminé ; mais que cela soit déterminé n’inclut pas que cela soit un ordre ni un sens. C’est statistique d’une part et d’autre part déterminé au sens de causé par les précédents, sans plus, et non causé-ayant un sens. De même dans le monde, le donné, « là », les choses sont ce qu’elles sont, mais leurs rencontre est absurde ; elles sont là en même temps au même lieu, et si on exhausse cela au statistique, il se trouve que statistiquement tel ensemble de choses au même lieu, se coagulent ou explosent.

Il est des tas de rencontres dépourvues de sens, parfois un ordre existe mais qu’il fasse « sens » signifie qu’il dure, qu’il est plus stable, qu’il forme un monde par ex, ordonné, provoquant une accumulation possible dans ce monde (une explosion hasardeuse le renverrait au désordre, cad à un ordre infra, atomisé si l’on veut, mais cet ordre infra est dit « ordre » parce qu’ordonné selon sa statistique propre ; en ce sens c’est par figure que l’on dit qu’il est désordre, mais pourtant son ordre (statistique) est une soupe).

Qu’il y existe donc un être qui se sait (sait sa mort, son égarement, son pouvoir, etc, mais tout cela ce sont des effets) est dans l’ordre désordonné du réel, dans le non sens insensé ; ce qui est, cad le désordre, produit un être qui se-sait.

Le caractère de se-savoir est un rapport qui n’a pas de sens, ni d’ordre ; il installe de but en blanc une altérité qui n’a aucune correspondance ; puisqu’elle se rapporte, avant tout autre rapport, à elle-même. C’est dans ce rapport à elle-même qu’elle fera paraitre (ou que paraitront) les autres rapports ; aucun des rapports ne déterminera le rapport même ; qui est inamovible et immanquable (ou alors c’est que l’on n’existe pas).

Les humanisations particulières ont fait paraitre les rapports trouvés sur son chemin et par son cheminement ; au propre c’est son chemin, la manière qu’elle a eu de percevoir le vent, la lune, le groupe humain, éléments divers qu’elle a recueilli et ce par quoi chaque fois elle a formé une synthèse ; une synthèse qui parle entre soi dans le groupe (qui se nomme et se définit dans un monde défini).

Jusqu’à ce qu’un groupe, parmi d’autres, se définisse non plus de telles séries de rapports qu’il aurait synthétisés, mais qu’il s’en prenne au rapport antérieur ; le rapport qui permet les rapports. Ça n’est pas créer un système de rapports de plus, c’est assujettir toute création de systèmes (synthétiques ou analytiques, ces derniers qui se constituent d’insérer le rapport antérieur lui-même avec sa propre logique) à l’unique rapport qui n’en est pas un, qui est un rapport oblique, transversal de tous ; on pourra varier de système autant que l’on voudra pourvu que soit réactualisé cet être.

Ce qui définit un « système » si l’on veut, mais un système relatif à son être, au premier rapport réel. Celui qui se passe de tout monde particulier. Qu’il s’engendre alors systèmes, pensées, humanisation et personnalisation est à chaque fois le recentrement que le rapport premier opère en refusant de se soumettre à une particularisation ; c’est que le déterminé se colle au déterminé, tandis que le rapport n’admet rien.

Il n’admet que d’être la clarté, froide, mécanique, abominable, du rapport lui-même, le regard aveugle qui sait, automatiquement ; si le rapport désirait tel ou tel contenu, telle réalité, tel monde déterminé, il s’emberlificoterait dans ce donné, ce contenu. Il n’est plus un rapport qui veut faire sens ou ordre d’abord ; il veut se réaliser lui-même d’abord et de cela découlera (seulement en seconde part) ordres (diversifiés de ce fait) et sens (ouverts possiblement, relatifs à la possibilité de cet être là).

Il faut voir comme l’on passe de la croyance que le monde, le donné, le vécu font sens ou ordre (de sorte qu’il existerait un Sens de la vie ou un Ordre prédominant), à ce rapport purement formel qui ne fait pas sens, ni ordre, du tout. Ce qui ne retranche pas qu’il ait, ce rapport, des effets ; mais comme il ne s’identifie plus à un sens ou un ordre, il enfile des tas de sens et des quantités d’ordre. Il n’est plus lié par le sens (du monde, du vécu) ni par l’ordre (du groupe, du langage laissé à son fil propre qui enfile précisément les significations), parce qu’il est, lui, le rapport, identique au désordre monumental de la réalité.

Autrement dit l’inclusion du rapport dans ce qui est, le désordre monstrueux, ressemble bien fort à ce dernier ; il veut l’actualisation de ce qui est, ici et maintenant, et parfaitement, ce qui veut dire non en ressemblance à un ordre ou un sens, mais parfaitement réalisé. Il a pour finalité le réel même et il est lui, le rapport, parfaitement désordonné.

Ça se voit. Il a créé non pas un ordre idéal mais un ordre dés-idéal pour ainsi dire ; il est venu apporter le feu, la douleur, l’hyper conscience défenestrée au final. Ce pour quoi il était existant. De ressembler au désordre monstrueux. Il si parfaitement de connivence avec la réalité effarante, qu’il est dans l’actualisation de son potentiel, de sa puissance, opérateur d’un désordre formidable. C’est comme ça …

Non seulement il a provoqué des catastrophes, ce qui est dans la logique (incompréhensible) de ce qui est, mais aussi il a re-pris les anciens mondes, il est à la recherche d’une accumulation unilatérale de tout ce qui fut humainement créé, parce que même dans les mondes particuliers, préexistant au monde unique du rapport unique antérieur à tous, il repère l’articulation même au réel, de même que rapport pur et simple il va éreinter toutes les réalités non seulement humaines, mais naturelles. Il veut, assoiffé, se réaliser, lui, le rapport-même, ce qui n’a pas de nom.

Il n’a pas causé « volontairement » le catastrophique, il l’engendre comme il engendre tout le reste ; il est clair en cela qu’il nous demanderait bien plutôt d’apprendre à conduire l’articulation innommable qu’il existe à même le monde, le donné naturel ou humain, le vécu de tout corps, que l’on sache quoi faire de sa violence (ontologique avant tout, mais qui s’impose par ses effets fabuleux ou abominables).

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