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instants philosophie

Les articulations majeures , les technologies mentales

22 Avril 2015, 08:43am

Publié par pascal doyelle

Ce qui se réalise comme pensée, dieu et sujet, qui sont donc des technologies inventées (ou révélées, comme on veut), ne peuvent pas passer dans la réalité donnée là telles qu’elles se sont découvertes, et produisent donc la raison, la naturalité et le moi, dans l’ordre et en lieu et place.

Ce faisant les articulations sur-essentielles (cad qui ne sont pas des essences, des idées, des systèmes, des images, des illusions, des représentations, du langage, mais des structures en plus et en-dessous des réalités) tombent et tendent à disparaitre ; laissant le donné expliquer le donné, la raison se limiter dans le monde (au lieu de se prendre pour pensée), le naturalisme s’imposer partout, épuisant les finalités en les retournant dans le donné là, et le moi se morfondre dans un vécu sans possibilité (puisque le moi est son corps et qu’il est promis à la seule mort, à son désir et donc à ses objets).

Les articulations antérieures ne peuvent pas se traduire dans le donné, mais la coupure est trop dure entre pensée, dieu et sujet d’une part et raison, naturalité et moi d’autre part, pour que qui que ce soit y comprenne quelque chose. Le plus étrange est que pensée, dieu et le sujet sont annulés, ignorés, niés, puisqu’on ne les considère pas pour ce qu’ils sont en réalité, des technologies, des technologies mentales si l’on veut, mais qu’on les réduit à des figures irréelles, et plus ces technologies s’effacent, plus les mois, la raison et la naturalité s’effondrent dans leur propre donné, qui est au principe même de la tentative d’explication de la réalité que ces traductions-trahisons proposèrent.

Il est hors de question d’en revenir à la pensée, à dieu ou au sujet ; ce qui eut lieu une fois, ne revient pas. Par ailleurs ayant inventé et découvert (les deux, puisque la réflexivité découvre ce qu’elle invente) la réflexivité est le passage par-dessus les groupes-langages-mondes, particuliers à chaque fois, et la réflexivité crée l’intentionnalisation, ou plus exactement, puisque l’intentionnalité est partout en tout monde humain, crée la sur-intentionnalisation, de l’archi grec, l’hyper intentionnalisation du christianisme (et monothéisme) qui relève de l’intensité (puisqu’ on y est appelé par le dépassement de la naissance-mort et donc nécessairement au-delà),

et ayant créé le méta-intentionnel à partir de Descartes ; qui sera suivi par la méta étendue de Spinoza ou le méta possible de Leibniz, Spinoza ou Leibniz ne pensent pas comme la scolastique chrétienne-grecque, ils ne se stabilisent pas sur les notions, les idées, mais sur une vision du donné là, ce qui leur cause problème c’est la maestria effarante de Descartes qui im-pose que l’être est l’étendue, ce qui est impensable, littéralement (il l’impose au sens où de son point de vue assuré il fait-voir comme le donné est « étendue », que le corps est autre que la conscience que l’on en a (sinon on ne l’aurait pas…), que la pensée s’origine dans un « être » étrange et qui n’est articulé que par le dieu super étrange (autrement dit l’ancienne pensée métaphysique est ramenée à un être ontologique, si l’on veut, à une structure en acte) ; en bref tout change par Descartes.

ou ensuite le méta sujet kantien et la méta pensée hégélienne, qui tous partent des visions cartésiennes de la réalité et du réel, de non pas ce que Descartes invente mais de ce qu’il voit à partir de la positon clef qu’il expose, décrit, met au jour ; le sujet planté sur l’étendue du monde, sur le donné-là à partir donc du « là » du donné qu’il sait restructurer « là où il est », dans la structure suspendue du sujet, qui n’est pas une « chose » (ça c’est pour établir un discours visible) mais une position et la volonté, impossible, de remonter dans la conscience suspendue ; que cette positon est précisément ce qui est inventorié, par Kant, Hegel ou ensuite Husserl ; on ne sait pas de où ça perçoit, de où ça intentionnalise. C’est un point-autre dont on ne possède pas les paramètres pour l’élaborer et qui doit à chaque fois réenvisager et recréer son articulation (parce que l’acte de conscience-de, vers le réel, via le monde, vers le « là » du donné via le donné-là, ne correspond évidemment à aucune détermination connue, puisque c’est une forme, une structure, un rapport à qui subsume tous les rapports, Hegel, ou qui se suspend par-dessus, Kant ou qui s’existe par-dessous, Husserl ; ceci pour figurer le problème).

Croire que ces positions (ou ces attitudes à l’intérieur de positions décisives), relèvent d’une chosification, d’une essentialisation, d’une substantialisation, est une absurdité ; chaque système est un arc d’intentionnalisations vers le réel, cad un ensemble de rapports orchestré et tendu, une extensivité grecque, une intensité chrétienne ou une méta-réflexivité cartésienne ; ça ne se résout pas en illusions mais en machineries intentionnalisatrices radicalement actives. C’est uniquement la théorisation par objet, par raison, par science, par corps ou par naturalisme qui mécomprend ce qui eut lieu.

Et les théorisations à tentative scientifique, ou épistémologiques, ou les négations de la pensée ou de dieu ou du sujet, ou les ontologies directes (de la multiplicité, du vitalisme, ou d’intuitions diverses) ou à l’image des mathématiques ou des sciences(via le langage ou le sociologisme ou l’économisme) sont uniquement le même retour du sujet, de la pensée ou de dieu, mais qui tente de pénétrer le donné là, sont effets du même mouvement qui travaille depuis les grecs. C’est une lutte intestine mais qui oubliant ou niant ou ignorant tout simplement ses articulations originelles, ne permet plus en aucune manière de soulever le donné (puisque dans tous les cas le donné est censé expliquer le donné). Ce qui configure un monde étouffant et sans horizon aucun ; tout est rabattu sur le donné-là.

Lequel donné-là est effectivement ce qui doit être théorisé (il est hors de question de nier la science, ni l’objectivisme ni l’objectalité, la raison ou la nature, mais de marquer leur insuffisance), mais il n’est de donné-là apparu que via le « là » du donné, il n’est de monde que via l’être (ou le réel, puisque l’être c’est cela ; l’idée de l’être est ce qui « montre l’apparescence des choses et des êtres », ce qui veut dire leur engendrement et comme la pensée seule ajoute au langage du groupe la création d’une sur intentionnalisation, la pensée est dite « divine », elle montre le monde comme cosmos, augmente notre immédiateté par toute sa médiateté ajoutée). Supprimer tout ce qui relève du « là » du donné (le réel, le sujet, la pensée et dieu-christique, cette extraordinaire pensée du vécu, du sur-vivant), c’est rendre parfaitement plat et sans compréhension, et ce architecturalement, ce même donné-là, qui ne tient pas, absolument pas tout seul et sans sa mise en forme structurelle.

Architectural et donc c’est la conscience que l’on prend ou que l’on est, des choses et des êtres, qui s’effiloche, c’est la fine pointe articulée au réel qui perd son orientation, qui voudrait remplacer les articulations par de massives théories, lesquelles issues du donné sont dans l’incapacité de soulever ce donné. Marx a raison de rendre abstraites les Constitutions des sociétés, mais il faudrait penser et non plus théoriser cette constitutionnalité-même, en la fondant non sur la « nature humaine », la naturalisation, la raison, mais la penser à partir de la structure, celle qui n’apparait pas et qui doit se formuler.

Mais la structure ne se formule pas de l’extérieur, elle se formule du dedans (de la structure, pas du dedans de l’intériorité qui tourne en rond) ; aussi le spectacle du monde dont chacun s’abreuve tient précisément de mener peu à peu chaque structure vers son architecture. Lisible en un moi.

La loi qui cesserait d’être un procès pour Joseph K. Les grands sujets nous montrent en partie ce dont il s’agit, ce qui s’agite, ce qui est agissant, de même que l’on peut tout réutiliser de ce que les technologies mentales nous offrent sur un plateau, puisque l’arc réflexif qui se tend sur le donné là, est depuis qu’il se dé-couvre, le Même ; la réflexivité conserve, reprend, subsume en elle la réflexivité, et l'agissant antérieur fut la découverte de l’articulation ontologique.

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