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instants philosophie

La bifurcation du réel

11 Juillet 2015, 09:43am

Publié par pascal doyelle

La nature de notre être n’est pas cette réalité humaine, la nature de notre être ne relève pas de l’être, mais de l’exister ; il faut toujours partir du dernier en date ; à savoir Sartre. Sa distinction de l’en soi et du pour soi, le positionnement de la conscience hors du moi, le moi étant un objet dans le champ instantané de cet être bizarre qu’est la conscience, doit être considérée comme la dernière analyse ne date de la philosophie dans son déploiement de la réflexion sur cet-être étrange qui s’apparait pour la première fois par les grecs, se poursuit par les chrétiens et se continue et s’approfondit par les cartésiens (cad tout le monde, que l’on soit contre ou pour Descartes, cela revient au même).

On ne mesure pas la simplification radicale que Sartre entame dans la philosophie ; mais cette simplification ne doit pas retrancher toute la précédence ; elle éclaire au contraire toutes les complexités et tous les systèmes sans pour cela abolir ces constructions et ses explorations considérables (tous les systèmes explosent constamment la réalité et creusent l’être par leur puissance d’exister).

On a vu que si l’être est le dépôt donné là, l’exister est le « là » instantané qui renouvelle instamment tous les dépôts, recomposent les mémoires, recrée les totalités, renvoie et reprend tout ce qui est (ou si l’on est délicat et tracassier, reprend peu à peu les totalités, bien qu’en fait la certitude radicale de la forme de conscience, par les grecs, la foi du christ, la certitude cartésienne ne fasse aucun doute et nous abreuve de plénitude structurelle ; ainsi toute position objectiviste se tient du sujet décrit par Descartes, même Lacan ne performe qu’à partir du sujet abstrait, du suejt qui s’absente afin de dresser la carte de notre réalité humaine personnalisée, rappelons que Lacan pense et théorise le Moi, qu’il dresse historiquement la carte, les tours et détours de la conscience-vide-néantisante sartrienne, qu’il est tel la cathédrale de théologie négative dont la conscience-exigence de Sartre est le positif, positif irréalisable et d’une dureté invraisemblable mais « néant positif », un pur éclair zébrant l’être par son exister).

La philosophie fonctionne donc par creusement et révoltes continuelles ; elle ne cesse de se renier elle-même et depuis le début, parce qu’elle est, existe la forme de réflexivité-sans-rien, est saisie de la conscience comme structure (qui donc use, utilise les idées, les systèmes, les représentations par la structure de conscience, par son rapport radical au réel, ce qu’au début elle nomme l’être, puis dieu, puis le sujet sur l’étendue, puis l’altérité innombrable, puis le réel lacanien ; il est des tas de perception ontologique (principe paradoxale)parce que toutes les expérimentations, les aventures, les performances, les creusements de et par chaque articulation de conscience vers le « là » du donné, vers le réel sont requises, afin de circonscrire le « là » qui contient tout ; on nomme ici le « là » du donné en tant que Présent ici-même).

Si Sartre expose clairement et sèchement notre être comme structure vide de conscience, comme finalement un Point sans rien, un Point unilatéral, sur la surface unilatérale du donné là, du monde, il faut évidemment remonter bien plus loin pour saisir ce qu’il signifie ; c’est tout uniment qu’il existe une et une seul devenir philosophique parce que la philosophie ne se maintient pas par l’unité des doctrines (cela n’aurait aucun sens) mais par la certitude de la forme de réflexivité (soit donc la remontée mille fois avançant de l’acte de conscience sur son originel, la remontée de la conscience vers d’une part son surgissement dans la cervelle, ce qui est impossible, mais aussi la remontée vers l’origine du rapport qu’elle est).

C’est qu’en effet « conscience » est un rapport au sens d’un demi rapport ; il manque toujours un morceau, l’autre partie (et il est inutile de chercher cette autre part, elle n’est pas) ; la seule surface sur laquelle « conscience » rebondit c’est le réel, le donné là via le « là » du donné (le là en laquelle apparaissent et disparaissent tous les mondes, les personnes, les réalités, les mondes humains, bref, tout, il ne reste et ne demeure que le « là ») ; le donné là, la perception, les signes, etc, n’apparait pas sinon sur le plan in-visible du réel ; il faut positionner le réel pour que l’étrangeté du donné là surgisse et que se détache les réalités sur le réel, c’est ce qu’invente la philosophie dès le début (l’être, la pensée grecque, n’a attendu personne pour découvrir cela, puisque dés que l’on pose notre-être on impose l’être donné « là », et pour cette raison imposer l’être c’est montrer le monde ; ils sont l’interne et l’externe originels, l’exposition maximum de tout).

Conscience est donc articulation au réel ; le nœud instantané de conscience et réel est l’exploration elle-même que poursuit la philosophie ; en ce qu’elle est la discipline qui se charge de penser ce qui est arrivé à l’humain ; la révolution anthropologique qui abandonne les mondes particuliers, synthétiques, et passe au monde unique universel, et ce par la découverte de notre-être, comme rapport Autre absolument exclusif de tout autre rapport ; chaque conscience est son propre rapport, toujours forcément incomplet, sinon il ne serait pas un rapport, ça ne sert à rien de découvrir la lune à chaque fois ; c’est parce que nous (ne) sommes que nous sommes ; sinon rien n’apparaitrait, mais serait claqué en une fois, et donc nous sommes décalés, décalés selon le temps, l’espace, la détermination, le langage, la nature, en fait décalé par rapport à tout, tout ce qui est, tous les mondes, tout est pour nous une identité, alors que nous sommes un rapport.

Le rapport ne se conclue jamais ; si il se concluait notre conscience serait bouché à tous les contenus ; elle demeure parfaite, cad sans rien, surgissant vide de chaque cervelle, et arc réflexe interne arcbouté au réel externe (mais on comprend bien que « interne » ne signifie pas du tout « intérieur » ce cas, que interne/externe est le Même, un Même bizarre selon notre être et étrange selon le réel donné là, une incompréhension et un gouffre affreux et sublime à la fois).

La vérité est que toutes les pensées, les systèmes, les non systèmes convergent afin de se réunir dans la considération hyper objective (puisque la science et la raison plate ont accaparé la caractéristique d’objectivité, désignant par là à chaque fois un champ particulier de « ce qui est », un objet) de cet-être bizarre (qui se rapporte sans rien à lui-même ; qui n’est jamais la synthèse mais use et utilise toutes les synthèses possibles, éthiques, esthétiques, politiques, idéelles, humanisantes ou personnalisantes, acculturations, etc, il traverse tout cela, et comme il les traverses ces synthèses spécifiques ne sont pas accessibles sans la réflexivité de son être ; on ne peut pas recevoir une œuvre comme on écoute une musique d’ascenseur ; il faut y travailler, y devenir, s’y retrouver parce que l’on s’est perdu en elle. De même pour l’éthique ou la politique, etc, et encore plus pour la philosophie qui est de soulever notre être, de le suspendre à être, d’en marquer non plus l’être (comme les objectivismes qui croient nous clouer sur la planche de dissection) mais l’exister ; ce qui est n’apparait pas sans y exister de par soi.

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