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instants philosophie

Repli et plis du réel

13 Juillet 2015, 10:37am

Publié par pascal doyelle

Il est bien clair que la pensée, au sens propre, outrepasse la rationalité, mais dans le sens d’une hyper objectivité ; inutile de demander en quoi elle consiste, cette hyper objectivité, puisqu’elle a déjà commencé d'être réalisée, et qu’elle se donne effectivement à lire au travers des expériences articulées au réel, menées par les sujets ; c’est l’ensemble des représentations, qu’il faudrait du reste noter re-présentations, qui fonctionnent comme descriptifs (les idées, les systèmes, les configurations, pensée, dieu-le christ, le sujet, les altérités monumentales Nietzsche, Heidegger, etc). Ce qui est re-présenté définit sur le réel en se réalisant par-dessus le réel.

C’est bien pour cela qu’il y a conscience, cad rapport (et donc rapport vide, sans rien, nul et formel, sinon ce ne serait pas un rapport mais un contenu) ; afin que le réel soit superposé à lui-même (sans que cette superposition soit un autre plan que le seul réel ; ou donc il n’est que l’immanence sauf le bord de l’immanence, le bord du monde, et c’est ce bord qui fonctionne comme transcendance ; ce qui peut amener à penser l’ensemble selon sa propre logique externe).

Il faut ainsi bien remarquer que le rapport, qu’est une conscience, n’est pas une altérité hétérogène dans le réel ; mais une altérité concomitante du réel ; cela veut dire en clair que le réel est totalement débordant d’altérité, plus une. Une altérité qui réussit la performance d’être altérité, autre par rapport à (soi) ; le réel produit de l’Autre en veux-tu en voilà.

Ce rapport ne peut pas être écrit comme rapport à soi, mais rapport à (soi), qui n’existe pas puisque le rapport est lui-même le soi ; et comme ce rapport qui existe à demi (l’autre partie étant le réel, externe) nait de la cervelle (et non d’une « idée ») le soi est sans cesse reporté, et ouvre indéfiniment le réel. En ce sens il n’est pas de soi du tout (sinon le point au bord du monde) ; mais dans l’interstice creusé par le rapport, soit donc sur le bord du monde, il se produit des plis et repli ; c’est l’investissement du bord du monde qui crée dans le monde, dans l’immanence, ces sortes de tourments, de mouvements, de déplacements qui existent en plus.

L’universel, l’esthétique, l’éthique, l’idéel, le politique n’existent que de ne pas être ; ils tiennent par le circuit de conscience, par la tension et la puissance. Ils sont suspendus selon l’exister. D’une part cette tension nait d’elle-même par la cervelle (elle s’y produit) mais d’autre part il faut accélérer le procédé, cette technologie installée par le donné là, par la réalité en tant qu’elle veut s’accrocher au réel, et pour l’accélérer il faut s’y attendre ; ce qui est rapport, à (soi), doit s’initier et ne peut que s’initier de par soi ; il ne peut pas être causé.

Pour cela il n’est pas de « raison » qui existerait hors du consentement de chaque conscience ; l’humanisation, l’universel n’existe pas en dehors de la volonté de l’universel, mais cela revient à dire que l’universel est une intentionnalisation, et échappe au relativisme en ceci que cet-être est le seul être ; depuis les grecs nous sommes à la racine, instantanément, de « cela que nous sommes » en tant que nous sommes la fine pointe intentionnelle, très limitée (parce que ce qui révolutionne l’identité des choses, est un rapport et qu’il n’est pas la totalité des choses, et se limite évidemment à sa petitesse, son poids plume, son infime variation ou variabilité, son être littéralement phénoménologique, intentionnalisateur).

Ce qui veut dire qu’il n’est aucun décret, aucune vérité objectiviste (de science ou d’Etat, idéologique ou « universelle ») qui ne peut s’imposer sans que soient convaincus les consciences de (soi) ; en quoi donc les dites structures doivent elles-mêmes se mener, se conduire, se bel et bien convertir, remuer leur corps lui-même, intégrer dans leur corps la performance de la structure de conscience. D’où la profusion de la mass et puis micro médiatisation mais plus généralement de la Médiation.

Là où il est, sur le bord du monde, le point de conscience, qui existe à demi et renvoie au réel pur et simple, donné « là », traverse donc le monde, la réalité, le vécu, mais ceci sans rien ; autrement dit il n’est aucune révélation miraculeuse, mais le rapport se communique instantanément à lui-même de sorte que la philosophie sait tout de suite de quoi il est question, et nomme la pensée aussi bien que l’être, tout comme le christ est la foi et l’amour par-dessus n’importe quel monde, ou encore que le sujet cartésien est indissolublement Un, puisque rien, ce qui veut dire Forme (rien comme forme et non pas comme néant). Cette « intuition » de (soi) n’est évidemment pas une intuition (il n’y a rien à intuitionner) mais est le rapport lui-même ; une forme (sur le bord du monde) radicalement active. (contrairement aux idéalistes allemands qui comprennent parfaitement qu'elle est Rapport, cette structure ne crée pas un super-contenu, mais se crée elle-même, tord et distord le bord du monde, effectue, opère son repli, au sens où physiologiquement elle l'opère, le dissèque par l’ontologie).

Et sans qu’il y ait rien à intuitionner, ce qui se saisit est ce qui est saisi de lui-même ; le bord du monde comme présent et le présent comme acte. Ce qui n’est pas une expérience subjective, mais l’acte de présence intrinsèque de réel par et en une conscience, dont c’est la fonction exacte en un monde. Le "ce qui est saisi" montre la dimension (hyper) objective de ce qui est réalisé, rendu réel dans l'interstice de son altérité propre.

Ce qu’il faut bien encaisser c’est que le point de réel relativise qu’il y ait un monde et que par ailleurs l’acte de conscience est tout sauf subjectif. Évidemment c’est une formule facile ; parce que ce point provoque une subjectivisation, mais cette subjectivisation est un des plis dans le repli que réalise le point sur le bord du réel, et qu’il est quantité d’autres sorties et entrées du circuit de conscience. Quantité d’autres entrées et sorties puisque c’est précisément ce qui eut lieu ; le déploiement à partir du repli du bord en plis successifs ou enchevêtrés ou pluriels ou devenant (selon des suivis très stricts et aventureux en même temps, étant donné que l’on ne sait pas ce qui s’inventera ou se découvrira et qu'à chaque fois les plis sont des pointes, des performances, des points d'attirance).

Ceci comporte une conséquence essentielle ; qu’il n’est qu’un seul et unique plan, celui du réel, qui contient aussi bien le monde que le bord, le subjectif que l’objectif, l’externe et l’interne de cet externe, la détermination et l’indétermination, et donc tout autant le sens (celui que l’on croit) et les significations (qui parsèment en toutes directions par delà le sens) ; le corps déposé « là » sur le monde-étendue.

Les significations ne sont pas le sens déclaré ou déclaratif, lequel s’entend dans la communication (il faut que l’autre comprenne ce que l’on dit, aisément). Et l’empire des significations est bien plus étendu que le royaume du sens. Ce qui laisse entendre que la conscience comme structure articulée au réel ne pense pas, au sens de conscient, mais qu’elle réfléchit ; elle perçoit les déplacements sur la surface du réel.

Imaginons un unique plan, doté d’un bord (non situable et c’est pour cela que l’on se doit à une ontologie, précédemment une métaphysique depuis les grecs, mais devenue une ontologie, depuis Descartes, qui inscrit notre être sur la surface), bord qui par la structure de conscience se crée un repli, et puis de ce repli (qui est l’interne) s’engage des plis divers et variés, d’autant plus de plis que le repli est la puissance même (cad ce qui soulève les mondes humains et soulève le monde même, la réalité puisque du bord il la prend par l’envers, par le réel, du donné là il le prend par le « là » du donné).

Le conscient est un de ces plis, et donc second par rapport au repli lui-même ; la philosophie ou les grecs décident d’amener le repli dans le pli et donc remodèlent totalement ce pli du conscient (pris jusqu’alors dans les mondes particuliers en chaque synthèse séparée, tout comme il est pris dans chaque moi se tenant comme synthèse qui croit en elle-même), le constituant tel que nous l’entendons depuis les grecs (alors qu’auparavant le pli du conscient était engrené par le groupe-langage-monde immédiat, le groupe faisait office de vérité, et pour cela de Vérité il n’y en avait qu’une à la fois, incommunicable ailleurs que dans le groupe). remarquons que ça n'est pas le pli conscient qui engendre le repli ; le repli est ce qui use du conscient afin de s'engendrer, de recréer et créer la dimension de son repli, jusqu'alors tenu au secret dans les mondes.

Il est ainsi un uniplan unilatéral qui contient tous les plis parce qu’ils se tiennent d’un seul repli ; la conscience posée sur le sol-réel, sol qui est aussi le seul-présent ; il n’y a rien d’autre ; mais on ne sait pas ce qu’est le Présent, ni la structure de conscience.

Tout ce que l’on a accompli c’est d’avancer dans cette structure, sur le bord du monde, en équilibristes, c’est la montrer, la décrire, essayant de démontrer certes, mais aussi alors de démonter, physiquement, physiologiquement, en s’en prenant à la cervelle même qui expulse sans cesse « conscience » hors de sa masse mémorielle, expulsant de l’être vers l’exister mais aussi par l’exister, ici-même, ici et maintenant.

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