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instants philosophie

La conscience n'est pas le conscient

18 Juillet 2015, 09:54am

Publié par pascal doyelle

Le conscient n’est pas la conscience, ce qui change du tout au tout pour le moi.

On a l’habitude d’identifier la conscience à son contenu, et on avance qu’il est au moins un contenu spécifique qui vaut bien plus et bien autrement que les autres contenus. C’est comme cela que l’on comprend faussement la conscience cartésienne. La pensée allemande s’ingéniera à définir ce que c’est que « moi qui pense », glissant irrémédiablement à croire qu’il est une sorte d’universel « en personne ».

Et on voit bien là que si Descartes amintient le Je, absolument, cad radicalement (ici absolument ne signifie jamais « infiniment » mais ici même, à la racine, par quoi le Un n’a pas de Tout, et n’en a rien à faire ; il les produit, il en produit des tas), de par son objectivité, sa lucidité, sa description et son démontage débutant de notre-être si bizarre (et démontage qui battra son plein avec Husserl), lequel notre-être deviendra par Descartes cet-être posé « là » sur l’étendue du monde, sur le monde comme étendue. Et il reprend le christ, la formulation hyper intentionnelle, l'intensité, parce que le Je cartésien est un Je ; il est formellement indiscutablement lui-même en tant que conscience autre que toute autre conscience et autre que tout, radicalement Autre et que l’on ne peut noyer dans l’universel ; Descartes a commencé la description et le démontage de cet-être, là, ici et maintenant, accessible à chacun parce qu’il est « chacun » et que l’universel, l’entendement ou le concept comme l’entendra Hegel, est juste une figuration de la configuration bien plus radicale du Je.

Description que reprendra Kant et le transcendantal (la réflexivité par-dessus l’entendement et la raison, qui met en branle l’entendement mais aussi la raison, qui est , ce Je, une seconde vue par-dessus sa propre épaule, ce qui est impossible mais réalisé, de fait, réalisant le structurel externe de notre être de conscience) et Husserl donc (en creusant les variations structurelles internes de cet-être de conscience, et que Sartre ramènera à sa plus simple et dure expression ; le point Un qui réfléchit sans le "savoir", parce qu’il Est cette réflexivité, il est toujours déjà réflexif, en bref il est au bout du réel et renvoie tout vers l’envers ; la conscience et le réel sont deux formes dont la réalité est formelle et qui sont-sus instantanément, pour cela les grecs posent instantanément l’être, le donné là et le « là » de tout donné).

Si le conscient n’est pas la conscience, ce sera toujours par des détours que l’on montre la conscience ; elle n’apparait jamais en propre ; mais même au moi, ni au je (au moi ou au sujet) elle n’apparait pas. La conscience n’est pas une personne mais elle n’est pas l’universel idéaliste non plus, la pensée sujet de Hegel ; rien à voir ; il faut l’extrémisme, la sauvagerie de Sartre pour que « là » en plein devant soit posée la » conscience » comme un pur point brutal radicalement un et super individué.

Pour aborder au champ ontologique de l’être de conscience vide et sans rien, pure forme, sauvage et brutale, subtile et infiniment souple, il faut les affreux désaxés de proactivistes, soit donc Nietzsche, Heidegger, Sartre et Lacan (et d’autres évidemment Marx par ex) pour déblayer le terrain nouveau ; leur violence n’est pas (même historiquement) pour rire ; ça déchaine vraiment ou amplifie la violence de l’irruption (née de, par la Révolution unique et universelle, qui n’est pas du tout raisonnable kantiennement ou conceptualiste hégéliennement ; ou plutôt qui est tout cela mais de ce fait, de cet acquis même encore plus et ouvrant tout à fait autre chose, un mouvement réflexif outrepassant ce par quoi il s’est installé, outrepassant l’universel, la vérité et l’humain ; historiquement cela donne la personnalisation, la toute validité du libre pur, même déraisonnable, abominable ; en bref ça ne plaisante pas du tout dans la mesure où la structure déchainée aboutit aussi bien à Sade qu’à l’autodestruction d’Artaud ou l’oubli radical de soi rimbaldien ou les révolutionnites violentes et exténuées, les exploitations et le règne sans mesure des libertariens, ce qui fut la pratique commune de l’agrégation au libre de tout le donné, le libre immesuré et fou, qui n’est plus même sa propre mesure et qu’évidement le rationnel ou l’universel ne peuvent résoudre, ramener au bercail ; l’universel et la raison sont trop pauvres réflexivement).

Si la conscience n’est pas le conscient on comprend que le moi ne se tient pas seulement du conscient mais que le moi est une synthèse du milieu, d’un peu de tout, qui installe une unité bricolée de tas de composantes (mémorisées), et de tas de consciences, d’intentionnalisations, des systèmes divers et variés, de la cervelle et du corps, empli de nécessités et de causalités mais étant chargé d’une unification ici et maintenant actuelle, unification tendue vers le donné là, le monde, le vécu, les autres, etc ; comme il faut bien que tout ce désordre se fixe, il se fige, comme un moi. Et ignorant qu'il est une conscience (il croit qu'il est un moi), il est toujours dans le jeu de "qui regarde quoi ?" ; il ne sait jamais "où" il est. Cloué en l'Autre conscience, la conscience qui est toujours autre, radicalement.

On y est plus ou moins figé, coincé. Le plus gênant est lorsque cette unification croit en elle-même ; elle croit être l’identité qu’elle est … C’est la plus logique saisie certes, mais il n’est ce moi qu’une identité ; or la conscience n’est pas une identité mais un rapport. Elle est même bien plutôt le seul être qui soit un rapport (que l’on sache). Sans doute tout est relations, mais ce que l’on entend par rapport est ; ce qui se sait et est ce savoir (cad rien formel, mais structure agissante). L’illusion en ce cas est de croire ce savoir comme une connaissance ; mais connaissance se dit d’un objet précis, le « savoir » par contre est réservé au se-savoir comme se-savoir ;

les idéalistes allemands s’obstinaient donc à identifier ce savoir comme connaissance, hypostasiant la pensée (qui est en réalité d’un sujet, cartésien) comme esprit ; qui est à lui-même son connaitre, signifiant par là qu’il y a « quelque chose » à connaitre, ce qui aboutira au concept hégélien, cad en fin de compte au vide de l’esprit, qui est obligé de récapituler tous ses devenirs pour s’approprier un contenu, le contenu des contenus n’étant rien d’autre que ces contenus eux-mêmes, alors que Fichte ou Schelling espéraient une « substantielle récompense », pour ainsi dire,

ou que Kant supposait un en soi par-dessous, nouménal, ce qui ne préoccupait pas Kant puisqu’il s’en servait pour dresser l’architectonique, le transcendantal, le formel, la fine trame qui lui permettait de valider une autre sorte de « raison » ; la raison n’est pas la finalité réel de Kant, sa finalité réelle est le diagramme qui expose toute la capacité de notre-être, devenu cet-être, posé là, par Descartes et dont Kant exhibe la carte, qu’il nomme transcendantal, cad réflexivité sur la réflexivité, sur ce qu’elle peut, certes, mais aussi du même coup sur ce qu’elle opère. C’est une réduction obscure qui voudrait que Kant abolit la pensée (grecque, chrétienne, cartésienne, etc) parce que la pensée ne désire jamais la substance, elle la décrit ; elle la transforme vers le diagramme fin et subtil qui ne peut être saisi qu’au vif, fibrillisation en plus de la réalité, massive, déterminée, et par-dessus la réalité via par le réel, tissé et pointu.

Si la conscience n’est pas le conscient, ce dont prend conscience le moi est une représentation ; mais le moi croit en cette représentation, il ne sait pas qu’elle n’est perceptible que d’une conscience ; et c’est aussi bien la représentation qui perçoit le moi. Ou donc ; tout point posé par la conscience est lui-même pris dans les variations autour du point ; la subtilité des intentionnalités permettent de laisser naviguer la conscience dans toutes ses consciences prises ; le sens énoncé est pris dans les significations. Il apparait donc qu’ayant subvenu au sujet c’est à partir de ce sujet que l’on a répertorié en toutes les directions les significations (les systèmes, du langage par ex, du corps, les mémoires, les déterminations qui précédent la conscience), ce qui s’est opéré envers et contre le Sens, cad la formulation énoncée, qui s’est révélée détroussée par les significations, mais tout ceci à partir du sujet, du sujet abstrait, cad autre, cartésien ; celui qui regarde. Celui qui regarde par dessus son épaule, et qui de ce fait, impensable en terme d’objet de pensée (c’est pour cela que Descartes invente la conscience qu’a la conscience d’elle-même, n’étant plus la pensée, mais la réflexivité, le cadre, la formalité de cet activisme), peut tout aussi bien considérer l’autre de l’Autre qu’elle est ; l’étendue, le monde-étendue, l’étrangeté dont elle est la bizarrerie (devenant non plus notre-être mais cet-être).

C’est parce qu’elle est en capacité de s’extraire comme Altérité radicale, que la conscience-de (soi), le sujet abstrait, le point-de-conscience qui regarde par-dessus, qu’elle va commencer d’envisager toutes les altérités ; la structure de conscience est cette altérité, pure et immédiatement simple ; elle n’a aucune correspondance avec quoi que ce soit (puisqu’elle est le rapport à (soi), duquel manque le (soi), dont on ignore de quelle nature il est, qui relève d’une autre dimension et l’autre dimension en question est le présent, l’ici même du présent, que l’on méconnait tout autant).

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