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instants philosophie

L’état du monde humanisé

5 Août 2015, 08:13am

Publié par pascal doyelle

Tout cela voudrait nous entrainer vers le bas ; soit de choisir comme paramètre « le donné explique le donné » ou donc « le donné divertit le donné ». Il n’y a rien de plus. Mais comme c’est produit par la structure, agissante (qui n’est rien d’autre qu’agissante), il transparait la libération, ce qui veut dire l’incorporation ; de l’image ça passe dans le corps, et si ça menace de redescendre dans les pauvres finalités, le simple fait de re-présenter modifie le réel du corps ; il est une montée en qualification de l’intentionnalisation elle-même, non seulement de l’intentionnalité (abstraite) mais de l’intentionnalisation, de « ce que l’on veut du monde, de la vie, du corps, de soi, des autres » et c’est cela le jugement dernier, aussi. Le jugement qui mine de rien, va s’enfoncer dans la structure de conscience et la détruire, peut-être, ou la sauver, peut-être.

Réfléchissons que l’on perçoit directement, au contact, la qualité du monde, sa détermination, ses aboutissements, ses résultats, que l’on affronte face à face l’humanité elle-même, non pas seulement sa « nature humaine » (qui est une construction de l’épistèmê raison, naturalité et moi, remplaçant la pensée, dieu-le christ, le sujet, ajoutons à cela la technologie à laquelle s’oppose aux pensées de l’altérité, Heidegger, Nietzsche, Sartre, Lacan ; les pensées de l’altérité s’opposent frontalement à toute l’humanisation raisonnabiliste qui eut lieu ; c’est évident pour Nietzche et Heidegger mais tout autant pour Sartre et Lacan, et ce en tous ses aspects ; de la technique au droit, de l’Etat à la moraline, de l’humanisme à la psychologisation à outrance de notre être, de la pseudo acculturation aux basses finalités, du monde réduit, rapetissé, rabougri), nous transformant non pas seulement inquiet et observateur de la nature humaine (celle proverbiale, loup pour l’homme, etc, la « nature humaine » de la raison, naturalisme et psychologisation est non pas fausse, du tout, elle est parfaitement réaliste, mais sans avenir, fermée, close), mais affrontant les décisions, la capacité de décision, d’intentionnalisation, de coordination, d’intellection de l’humain … et cette exposition n’est pas forcément glorieuse. C’est ce qui, en chacun, est en jeu, en balance. Que pense Nietzsche de l’état d’humanisation ?

Pourquoi ?

Parce que ce qui fait office de réflexivité, la raisonnabilité, tombe dans la soupe et sous la coupe, approuve grosso modo les plis de la réalité là donnée, facile, à portée de main, suit ses sinuosités en prétendant que c’est « cela » la réalité, que le reste c’est de l’illusion, de la folie, du décalage, de l’inadaptation ; et ça ne fait pas seulement table rase des décalages effectifs dans la réalité (il y en a des quantités, refoulés dans la marge, du crime à la folie en passant par la dépression, ou des massacres et des exploitations, des mensonges et des millions de complots qui courent et transpercent le monde humain) mais cela renie l’entièreté de ce qui a pu se vouloir ou s’imaginer ou se penser ,antérieurement à son épistémè propre, limitée, et qui ne se juge pas elle-même sur ses résultats, mais sur ses principes …

La scientificité, l’objectivisme comme le droit et l’Etat, jugent du réel en fonction de la droiture ininterrogée de leur validité de principe. Ça ne veut pas dire que les délires, les délits et les imbécilités soient la validité ; ce sont juste des singeries, et des singeries engendrées par le carcan raisonnabiliste. Cela veut dire que scientificité, objectivisme et raisonnabilité sont entourés, enroulés dans une architecture bien plus conséquente qu’on ne croit ou n’admet. Qu’entre l’adhésion au raisonnable et à son idéal « réaliste » et les dégradations de soi ou des autres, il est l’autre point de vue en-plus, qui reprend ce que tout ce qui fut antérieurement ; la pensée, dieu-le christ, le sujet et les grands sujets (porteurs des grandes altérités, Nietzsche, Heidegger, Sartre et Lacan, et autres évidemment, et leur tentative obstinée de ressaisir la suite du temps, de reconstruire une historicité, d’entourer, d’assiéger la raisonnabilité et son humanisme tourmenteur).

Ou donc ; il ne suffit pas d’approuver la stupidité, le stupre et le n’importe quoi pour s’évertuer contre la raisonnabilité, il faut reprendre le courant du temps lui-même, et sur ses sommets. On peut se rouler dans le caniveau si l’on est Rimbaud ; ça n’est pas l’affaissement dans le monde (ou ce que l’on imagine facilement hors du giron du raisonnable comme étant l’abandon ou la dégradation de l’idéal, idéal qui n’est effectif, réaliste que dans l’épistémè de la raisonnabilité, parce que dans la pensée grecque ou le christianisme, l’idéal n’existe pas … c’est tout autre chose qui est joué, lancé, intentionnalisé ; c’est une transmutation du monde réussie pour les grecs, et une conversion de l’interne conscience pour les chrétiens qui existe dans le déjà en cours de réalisation.

ça n’est pas la sur-imposition dans le monde d’un état hallucinatoire de l’humain et du moi et des choses de ce monde qui serait bel et bien effectivement idéalisées et dont on voudrait que l’image soit conforme au donné là, au vécu, au corps, sorte d’idéalité pointilleuse complètement perdue de constater que non, la réalité n’est pas adéquate et ne ressemble pas à l’ordre ou l’idéal. Le retournement grec ou chrétien de l’autre face du monde, est le vrai monde, la vraie et réelle désignation du sens, de l’orientation, de la direction du donné, du corps, et qui dit autre chose et autrement que le monde, qui s’ajoute au monde et renvoie de le porter bien avant lui-même, pas d’affaissement dans le monde aplati par un idéal impuissant, mais de soulever le monde, y compris s’engendrant du plus néfaste, du plus limité, du plus écrasé, pourvu que l’on ne perde pas l’élévation.

Les grecs et les chrétiens et les sujets (Descartes & cie) et les grands sujets (Nietzsche, ect) n’idéalisent pas, ils produisent antérieurement au monde ; le poids mortifère de l’idéal raisonnable, humaniste et psychologisant des mois anéantit le possible. Ils embraient de ce que le départ du monde est autre et antérieur au monde vécu donné. Les mois, cad chacun, se retrouveront piégés de n’être que « cela », ce « truc » généralement ignoble ou triste ou désagrégé ou parfois de temps en temps un peu heureux ou vaguement satisfait d’une satisfaction spectaculaire (au sens connu ; on fait semblant ou fait comme si, pour la galerie), et leur idéal même (qu’on leur assène depuis la naissance) servira de marteau pour les enfoncer.

Et les pensées de l’altérité veulent apporter au monde plat et inerte ontologiquement (le monde raisonnable) une dimension super réelle ; parce que dans le raisonnable il n’y a plus de réel, il n’est plus que « de la réalité », et son ignoble attente idéale ; qui se détruit plus ou moins immédiatement au contact de la vie, et qui abime, détruit mentalement les mois … qui eux sont bâtis vers et par l’idéal en eux, soit disant ; mais de cela, de l’idéal du moi, de la vie, de l’idée de l’humanité, on oppose l’absence de la dimension qui, elle, n’est pas l’idéal mais le réel de la réalité, ce par quoi ce qui est, est limité impérativement (on ne sait de où ni par qui, que l’on nomme donc une épistémè réductrice, et au fin du fin la réduction à l’objet dans l’objectivisme, ce qui veut dire soumis à d’autres consciences qui les figent, et qui est lui-même soumis à l’objectalité, cad à la conscience, au sujet, absenté par la science, ignoré par le moi, annulé par les théories négatrices soumis à l’objectalité du sujet qui se dissimule dans un objet, sous un masque, sous un emprunt, un crédit, littéralement et figurativement) ce qui s’absente dans la réalité, se révèle comme l’Antériorité même de tout ce qui est.

De là que dans la Grande Médiation, qui est quand même ce que recherche le temps humain depuis au moins l’après guerre, (et qui donne les médiatisations, mass et micro, essentiellement mais non exclusivement) soit à ce point dégoûtante et destructrice, de l’humain lui-même et pour cette raison joue le rôle du jugement dernier (on voit tout l’humain dans ce qu’il est) mais de par la noirceur et l’indifférence morne, et qui montre partout l’abaissement ; soit donc le pliement de l’intentionnalisation dans des finalités basses et immédiates ; et le spectacle de la stupidité bovine (pardon pour les bovins), et le recyclage continuelle de la même sorte d’idéal issu du raisonnabiliste et du naturaliste et du psychologisant.

Mais aussi qu’au travers de toute cette masse molle, ce poids du temps qui enfle et s’étouffe, perce ici et là de vraies et réelles médiations … mais on ignore encore lesquelles et on ne sait pas encore comme, tout à fait concrètement, elles nous influent, insufflent. Parce que tout cela est quand même produit par la structure de conscience, mécanisme pur, qui batifole et s’ébroue.

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