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instants philosophie

La vie incompréhensible des mois

23 Janvier 2016, 09:54am

Publié par pascal doyelle

S’est imposée la Révolution ; la révolution unique. Il n’y en a qu’une, la Même, et le communisme est une variation ; une variation fondé exclusivement sur l’universel, l’humanisation, mais qui ne prend pas en compte la personnalisation ; ce que le libéralisme bien sur explose totalement, jusqu’à être rattrapé par cela même qu’il oublie ; à savoir que toute société complexe, pour tenir cette complexité, doit être à la fois libérale et communiste ; puisque de toute manière, on le voit bien, la force productive est bien trop imposante pour se satisfaire seulement d’une hiérarchie libérale et surtout capitaliste ; le capitalisme est tout à fait dépourvu pour administrer réellement, efficacement toute la mise en œuvre productive ; le capitalisme est seulement un colmatage, un bricolage parce que l’on n’ose pas ou ne peut pas (hypothèse de notre quasi stupidité) organiser la puissance que l’on a lancée ; libéralisme et communisme sont deux sortes de caricatures qui ont scindé le monde réel, et qui auraient du être remplacés par un communisme libéral … ou un libéralisme communiste … ce qui est évidemment une vision, puisque l’on ne peut l’imaginer que selon ces deux variantes et que c’est un autre sens de l’organisationnel qui doit ou aurait dû jouer.

Dans le fond c’est réellement un manque d’intelligence ; on se contente du libéralisme capitaliste, ce qui veut dire que l’on affecte à quelques uns l’ordre de l’humanisation, sa mise en ordre, or le capitalisme assujetti à un individualisme débraillé, sans tenue, ne peut pas penser ; aussi justifie-t-on la hiérarchie capitaliste par une sorte de morale ou théologie ou téléologie de la réussite ou du marché ; dans leur interprétation le marché ou la réussite (outre que tout cela est censé se réguler divinement… dans l’interprétation stupide et basse et particulière du divin, cela va sans dire) sont censés « simuler la démocratie », transposer la politique dans l’économique ; et la base sur laquelle repose ces constructions bricolées est elle-même un bricolage ; une idéologie basique qui se produit de l’adaptation des grands arc d’horizon de la pensée, du dieu-christ et du sujet mais en tant ramenés au donné, au monde, au vécu et au corps.

L’articulation exclusive du réel que propulsaient les arcs de la pensée grecque, du christique et du sujet sera du reste réinstallée par les pensées de l’altérité, haïssant le libéralisme démocratique, la science, l’idéalisme rationaliste, le sujet, mêlant tout dans la même détestation ; Nietzsche, Heidegger, Sartre, Lacan (avec chacun ses propres haines). Il est clair que confondre le christ et l’église, Platon et la bourgeoisie, ou Platon et le christianisme, ou les droits de l’homme et l’égocentrisme ou la névrose, ce sont des raccourcis. Qui en réalité, comme raccourcis ciblent l’adaptation au monde donné là, nanti de corps-langage, de mois psychologiques, d’une universalisation qui acculture d’énormes ensembles, et ce dans une incontestable réussite, mais sujette à de gros doutes.

De là que cette idéologie est dite réaliste humaniste naturaliste et psychologique ; si l’on s’en tient à cette définition de notre être, alors effectivement l’humanisme libéral réaliste est le seul horizon. Sur la base physiologique quasiment des corps, de la sexuation, du moi dans son identité « naturelle », de la hiérarchie des salaires, de l’économie comme idéologie du moi, cad du corps ; le moi est un désir qui va vers des objets ou la représentation de ces objets, comme dit Debord, puisque le désir ne suffit largement pas à nourrir ; de sorte que l’on obtient une espèce de cathédrale mentale effrayante ou, et fabuleuse, toutes nos vies, toutes les institutions, tous les organisationnels (de la monnaie à la médiatisation ou plus généralement toutes les médiations, requises en nombre pour que puisse se gérer un minimum toutes les richesses de tout ordre) ; on a besoin du cinéma, de la Tv, de l’image, de récits ou pseudo récits, de la répétition constante du même message, de la même In-formation qui répète continuellement que « si, si vous êtes ce Moi que vous êtes ». Et on enfourne dans ces mois tout ce qui passe, du désordre total et vain (à 50% minimum on passe son temps et gaspille ressources et énergie pour des imbécilités).

Et tout cela est vrai, cette réalisation intégrale, cette humanisation universalisée et personnalisée, sauf que ça ne suffit pas du tout et que l’on ne parvient pas à ajouter à toute cette construction l’organisationnel suréminent qui permettrait de gérer ne serait-ce ou mieux inventer la suite de cette accumulation d’humanisation universelle, de libéralisme personnalisé, de moi incorporé ; et le monde humain est pour tout moi d’une incompréhensibilité totale. Parce que chacun est censé se fonder sur la naturalité de sa « substance » ; en quoi ayant abandonné la compréhension formelle de la pensée, de dieu-christ et du sujet et de l’altérité qui font preuve d’une grande, gigantesque critique du monde humain, le pire, de cet oubli ou négligence, se réintroduit alors dans le monde, par une sorte de métaphysique ontologiste plate, basse, immédiate, qui ne sait pas, plus réinstaller dans le donné monde vécu, la Dimension et sous couvert ou prétexte de réalisme c’est l’horreur malsaine et la lourdeur du déterminé sans ouverture, et que cette naturalité prétendue tombe à plat, ne se rend pas plus réelle, s’effondre du dedans (elle n’en a plus et reste seule et néant) ; on lui a cru prévoir un bonheur rendu historiquement vrai, et il n’a ni vérité, ni historicité (mais la mort et l’historicité gelée), ni même la réalité …

Bien sur tout cela est à traits forcés ; parce que dans le même temps le moi et l’humanisation se réalisent vraiment de cent millions de manières différentes ; c’est un monde fabuleusement riche.

Et la critique porte, objectivement, sur l’accaparement d’une partie de cette richesse par quelques uns, des groupes limités, qui ont profité d’une réalisation (qui a effectivement eu lieu, il ya des avions, la télévision, internet, l’absence de pénurie, une acculturation gigantesque, etc) dont ils prétendent qu’elle leur appartient « naturellement », mais l’ensemble de la réalisation n’en est pas moins réalisée ; et surtout comme elle fut accaparée, son orientation historique finit par la précipiter dans le chaos et le désordre et sans doute la disparition… la fausse orientation prise s’est durcie et sans pensée réelle elle succombe.

De sorte que la critique est en même temps que la réalisation amplement justifiée (si l’on passe outre en plus les inconcevables aliénations, exploitations et massacres divers). Cette objectivité même condamne l’organisationnel de cette sorte de monde ; étant strictement hiérarchique individualiste, elle est incapable de penser, de penser ses investissements, livrés à quelque uns, et se fourvoie considérablement ; elle engage faussement l’avenir, cad l’investissement au sens physique, matériel. Sa systématique même l’empêche non seulement d’organiser correctement les choses, mais même de les penser à peu près adéquatement.

Mais non objectivement l’incompréhensibilité d’un tel monde est pour chacun des mois une cruauté invraisemblable ; c’est que dans l’idéologie de base on devait s’attendre à une régulation naturelle du donné naturel … soit donc en conservant au mieux les idéaux universels (le vrai, le bien, le beau), dans l’hypothèse d’une sorte d’adhérence de l’universel au donné naturel, kantien en somme), alors qu’en réalité tout en assurant l’universel, il fallait penser l’individué, la matérialisation intentionnelle ; aussi bien l’intentionnalité de chaque moi que l’intentionnalité des « gouverneurs » des élites étriquées et restreintes, qui décident matériellement, physiquement, physiologiquement du monde tout comme théoriquement comme chacun de son vécu. Mais le logiciel est alors complètement en décalage ; on interprète selon l’universel qui fonde soit disant un naturalisme et un objectivisme et un étatisme et un réalisme en un mot, ce qui n’appartient à rien de tout cela ; l’invention de la régulation transparente ou exposée et exprimée du monde, du corps, du vécu au lieu de s’articuler dans une pensée de la relève du donné là par le « là » du donné (ce que tentent malgré qu’ils en aient les pensées de l’altérité mais qui s’engagent parfois sombrement dans l’irrationalisme par haine de la pauvre raison). Or c’est malgré elle que cette exposition universelle (et individuelle) devient le lieu de réflexivité maximale.

Et ce sont précisément ces réalités qui sont passées sous silence ; considérées comme immédiates et déjà vraies. Ce qu’elles ne sont pas. Or on va passer au crible quantité de données prétendues naturelles (dont la sexuation par ex, ou le relationnel ou la, les révoltions internes des années soixante), et commencer de tout remodeler ces facilités prétendues, mais échapperont à cette remise en compte les décisions des groupes limitées qui « décident » de l’avenir (en investissant) alors que ce sont précisément ces décisions et donc les finalités qui doivent être amenées au devant et exprimées (et non conservées on ne sait où, nulle part à vrai dire, il s’agit juste d’un colmatage bricolé irraisonné, non pensé, sans pensée, poursuivant la répétition morte).

Si l’on doit remonter dans l’historicité, c’est que pour contrevenir à l’idéologie réaliste qui nous bouche la vue autant qu’elle a effectivement réalisé un monde (dans les drames et les tragédies d’une part et dans une incompréhensibilité consternante généralisée d’autre part), il faut reprendre ce qui eut lieu ; la structure de lucidité est née par les grecs, le dieu-christ, le sujet, et les morsures formidables des pensées de l’altérité (Nietzsche, Heidegger, Sartre, Lacan haïssent le monde démocratique humaniste rationaliste idéaliste réaliste) ; le réalisme qui veut nous faire croire que ce qui eut lieu est la réflexion, obstrue qu’il s’agissait non de la réflexion de la réflexivité ; et donc non pas un système d’idées dont il suffirait de le réorienter pour qu’il soit un système réel et vrai naturel et immédiat, mais d’une structure exigeante et Autre et qui demande à chacun non pas seulement d’être un « moi « , donné là, bêtement, mais un sujet (lequel doit être dit impossible).

La différence tient à ce que la réflexion (qui se donne pour objective et réelle) est supposée rabattre le donné par le donné, expliquer le donné par le donné (l’identité du moi et/est son vécu), alors que la réflexivité annonce franchement que ce qui existe réellement ne se réalise pas … mais que c’est justement dans cette virtualité absolue, précédante, antérieure, que l’on prend son élan et que l’on ne cesse pas de se re-prendre ; ce que l’on nommait jadis « pardonner ». En quoi un tel monde ne vous pardonne jamais ; il vous condamne, ne cesse pas de condamner les mois. Condamner à se croire vrais et réels alors qu’ils sont structurels et absolument virtuels.

Or cependant on est beaucoup plus libres qu’on ne le fut jamais en quelque société que ce soit ; ce serait idiot de prétendre le contraire (ou idéomaniaque, ce qui veut dire tomber dans la critique caricaturale, qui en niant le libéralisme démocratique, qui aurait du également soutenir son communisme, en le niant se jeter dans l’irrationalisme et les pensées non plus de l’altérité mais les pensées sombres et criminelles, désordres du nietzschéisme, du nazisme heideggérien, du communisme dictatorial, etc). Mais là n’est pas le problème parce que l’on sait bien que normalement on aurait du être plus libre encore et surtout on soupçonne que cette historicité aurait du l’être d’une autre manière, d’une seconde logique ; plus encore et l’être autrement… C’est en regard de ce que l’on aurait du ou ce que l’on devrait pouvoir-être que l’on juge de ce qui est effectivement réalisé… et cela jette chacun dans la confusion ontologique la plus radicale.

De même lorsque l’on dit que c’est, là maintenant, effectivement le jugement dernier on veut dire la même chose ; on voit tout ce dont on est capable ; tout le monde le voit, le juge et décide en son fors intérieur si elle ne va pas très mal tourner, cette histoire. Et, dans le même sens, chacun se perçoit dans le miroir ; supporterais-je cette image, suis-je cette image ?

Chacun est profondément troublé, ou dévasté, par le renvoi, par l’insatisfaction native ; à savoir contrairement à ce que le réalisme naturaliste nous raconte ; on ne vit pas son exister ; le moi n’est pas son sujet ; il est un décalage absolu dans le concret même du corps, du vécu, du donné, du monde (raison pour laquelle les régulations « naturelles » de nos problèmes, collectifs ou individuels, ne s’obtiendront pas, démontrant par là le bricolage et la facilité dans lesquels nous nous sommes condamnés).

Si on ne vit pas ce que l’on est, où existe-t-on ? Qu’est-ce que ce décalage interne ? On a vu que toute la construction humaine, en partie effective réalisation, est aussi non pas un mensonge seulement mais un bricolage, une pièce montée, une fausse régulation complètement artificielle en plus d’être summum d’injustice et de soft-hiérarchie, et qui se perd dans ses pseudo satisfactions, ses reprises continuelles de désirs ; ça n’est pas ici que l’on est.

La question de notre être virtuel, on pose ici qu’il s’agit de notre exister impossible ; que le réel est l’exister et que c’est formidablement qu’il est impossible ; c’est sa nature même et c’est là que tout le reste, cad l’être, le réalisé, l’humanisation dans cet état semi réalisé, nous abîme, nous jette dans l’abîme interne.

On dira qu’il est facile de juger selon une liberté et une universalité supposées à partir d’une liberté et d’une universalité réalisées effectivement ; mais toute société est à la fois libérale et communiste, mais ne l’avouant pas (il faut bien subvenir aux « pauvres » qui vont se multipliant) elle se jette sans scrupule apparent dans l’hyper libéralisme, s’entrainant elle-même dans l’irrationalité et la non pensée. Et qui plus est toutes nos sociétés ont déjà appliqué l’hyper réflexion, cad la réflexivité, et cela est objectivement de l’ensemble des droits et des pensées quant aux corps et aux vécus, aux trajets individués et aux représentations qui glissent de la mass et micro médiatisation vers la mass et micro médiation ; par quoi les médiatisations, du début du 20éme, se transforment ou tentent de transposer en médiations pensantes ; le plan général étant que la démocratie doit s’imposer par la conviction, que c’est librement que les sujets (ou les sujets dans les mois) doivent décider de leur coordination ; la coordination des intentionnalités (ce qui vaut dans tous les mondes traversés par l’a réflexivité ; des chinois aux musulmans, des européens aux usa) est un travail long, lent, effroyablement difficile, et puisque l’on n’y va pas avec le dos de la cuillère, extrêmement couteux en vies.

Effroyablement parce que de la satisfaction que les mois attendaient de leur réalisation si prétendument naturelle, ils seront confrontés à l’insatisfaction jusqu’à comprendre que le virtuel est plus grand la réalité. Ce qui se nomme penser.

C’est ce mouvement interne (de là qu’il faut se positionner selon un interne et un externe et non une intériorité et une extériorité qui sont déjà toujours forcément entourées) que plaçaient et déplaçaient les articulations de la pensée, du dieu-christ, du sujet et que tentaient les pensées de l’altérité ; on a perdu qu’il soit possible d’articuler grandement. Comme on verra.

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