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instants philosophie

Les pensées de l’altérité, paysage

12 Mars 2016, 09:00am

Publié par pascal doyelle

On a donc affaire avec les philosophies de l’altérité (Nietzsche, Heidegger, Sartre, Lacan, et autres) à une pensée qui tend rigoureusement à l’a-humanité, voir à l’inhumanité ; on a vu que l’on a créé, suite à la découverte (et invention, en même temps) de l’arc de conscience autour de la méditerranée, des configurations (la pensée, dieu –le christ, le sujet ; soit donc les grecs, les monothéismes et ce surcroit du christique, le sujet de Descartes à Hegel qu’il nomme « esprit » en passant par Kant, les idéalistes qui s’acharnent à comprendre abstraitement le sujet cartésien, les variations anglo-saxonnes, etc) et que ces configurations furent suivies de figurations (la raison pour la pensée, la naturalité pour dieu, le moi pour le sujet) ; nature réaliste rationalisée, humanisme, psychologisme, etc ; et c’est ce contre quoi avancent contre les pensées de l’altérité (qui ne veulent plus se considérer comme « philosophies » du reste).

L’a-humanisme de Nietzsche, Heidegger, Sartre et Lacan est au fondement ; évidemment c’est relatif chez Sartre (il remplace l’humanisme réel par l’humanisme communiste, plus ou moins) et tout à fait différent pour Lacan ; il constate juste que ça se joue ailleurs que dans le moi conscient libre prétendument, le moi « classique » ; l’embêtant est que les critiques du « moi classique » construisent chacun différemment leur propre « moi classique », de sorte qu’elles se fabriquent leur propre ennemi, c’est qu’elles veulent à tout prix que le « moi classique » soit un « moi » et soit « classique » … alors que justement le sujet cartésien n’est pas un « sujet » mais un sujet impossible et que ça n’est pas du tout une « idée », une interprétation, mais la structure elle-même qui non pas se théorise mais d’abord se montre, « je suis là », et ensuite se pense comme çi ou comme ça, selon les variations autour d’un réel propre à tout réel (le sujet kantien dans l'être kantien, la négativité hégélienne dans l'hsitoricité, etc) ; on tourne autour comme autour d’une chose, une chose ne passe jamais dans le discours qui en rend compte, les sciences lorsqu’elles se parlent, tendent invariablement à prendre ce qu’elles disent de la réalité pour la réalité elle-même, puisque de la réalité on n’a d’autres aperçus que ceux de la représentation de cette réalité.

Le plus bizarre donc est que la philosophie a, elle, quasiment toujours précisé que la réalité est toute autre ; qu’elle soit l’être, dieu ou le sujet, elle est tellement à distance qu’on ne songe pas du tout à identifier la pensée au réel (même Hegel ; l’esprit nous pense, comme on ne sait pas vraiment ce que « l’esprit » est, ça rend très difficile son arraisonnement pour ainsi dire) ; les idées sont autres, le Un encore plus, le sujet tient de l’infinie volonté de dieu, le nouménal et tout ces points de vue qui s’évasent on ne sait où). Tandis que si l’on sort des configurations, qui créent un immense et, pour le dire, in-fini arc de cercle indescriptible, on tombe sur et dans des figurations (ce qui veut bien dire que l’on prend l’image, la carte pour la réalité, du moins est-ce une tentation, et peut-être même structurale, puisque le donné est chargé du donné, le donné explique le donné ; que faut-il entendre par la Volonté, surhumaine ? Une entité métaphysique ou un réel tout à fait concret, ce qui est extrêmement dangereux ? Et de l’Etre caché dans le monde ? Un dieu qui survient et s’en charge ? Ici, dans le monde ? Comme puissance a-humaine ? Tout cela est absolument discutable, voir assez fou, au sens quasi réaliste).

Mais il faut pourtant comprendre que ce Nietzche, Heidegger, Sartre ou Lacan décrivent est effectivement facteur de vérité ; en un mot il est une révolte (qui cherche souvent sa révolution, son durcissement dans l’historicité même en vue de remplacer la révolution, unique, qui n’eut lieu qu’une fois, partout et de plus faut-il ajouter continuellement) révolte face à tout ce qui est et contre l'interprétation "classique" de tout ce qui est ; tout ce qui est horrible, inhumain, autre, délirant voir destructeur ; et donc il faut amener une pensée qui soit à la mesure de l’horrible réel.

C’est le point de départ. Nous dirions, au 21éme, que le réel est grosso modo presque n’importe quoi ; infatué, une sorte de gros pseudo désordre, une montagne, un univers hypertrophié (si tant est qu’il n’y en ait pas d’autres) accouchant d’une souris ; en laquelle réalité on ne retrouve pas ses billes ; ou donc ; investissez autant d’amour ou de liberté ou de vérité ou de bonté que vous voudrez dans ce grand bazar, vous n’en serez pas rétribués ; ça ne sert pas à grand-chose ; on peut seulement frileusement juste éventuellement espérer être « heureux », de cette sorte de bonheur que nos Penseurs, anti démocratiques, jugent tout à fait méprisable. C’est on ne peut plus net et extrémiste.

Ils partent donc d’une exigence absolument terrifiante ; se porter à la mesure d’un univers ou d’une historicité ou d’une réalité radicalement Autre.

On a vu que cette Altérité est bel et bien effective mais pour toute la pensée ; l’idée, le Un, dieu ou le sujet sont radicalement l’impératif abasourdi de l’altérité, de l’Autre radical, tel qu’il s’exige lui-même et nous sommes de nous y mesurer (rappelons que l’altérité comme principe n’est pas le « n’importe quoi », mais l’unité qu’est chaque, toute distinction ; par quoi chaque un s’oppose à tout autre ; l’altérité est ce qui se construit comme un à chaque fois, et non le dés-ordre, la soupe). Mais nos Penseurs n’interprètent de dieu ou du sujet que facilités ; et ils ont raison ; le réel est plus compliqué et tordu que l’idéal classique tout à fait courant et tellement habituel (pour nous, parce que durant des siècles ce fut la disette et la souffrance et les royautés et divers empires assez abracadabrants, il faut le dire, et ce sont des Penseurs « bien nourris » en somme, qui se gargarisent de duretés diverses, parfois jusqu’à appuyer l’horreur du monde, mais bien au chaud dans l’humanisation qu’ils exècrent).

Il fallait que quelques uns s’affrontent au réel indiscutablement Autre, qu’ils puisent par-delà l’acquis dans un renouvellement non métaphysique (puisque depuis Descartes nous sommes plus nettement dans l’ontologie de cet-être ici et maintenant, ce que les grecs et la métaphysique, fut-elle repensée pour dieu et le christique, jouaient dans l’uni-conception, très complexe, de notre-être//dans l’être et qu'ensuite on a distingué, un par un).

Mais l’altérité on l’a dit, est au fondement de toute la pensée et si ça n’est comme pensée méditerranéenne, lorsque l’absolu est ici même, ici et maintenant, c’était également le cas de l’altérité de l’absolu comme « au-delà », des autres pensées non occidentales (il est clair que l’on compte le Moyen-Orient dans l’occidentalisation du monde).

Ils ont raison et la réalité n’est pas du tout assignable au bien, au beau, au vrai ; ou donc la réalité ça ne fait Sens que ici ou là, mais pas du tout constitutivement ; constitutivement c’est autre chose qui joue ; à l’origine de toute la (les) réalité(s), c’est cette Autre Chose, cette monstrueuse Chose que recherchent les pensées de l’altérité (et on signale également toute pensée qui entend saisir ontologiquement directement la nature de la réalité, comme multiple organique, comme description mathématique, que l‘humain soit le lançage comme système ou toutes les versions scientifiques ou scientistes que l’on voudra du réalisme).

Le problème, logique, étant, pour les grandes ontologies de Nietzsche et Heidegger, que quel que soit la nature a-humaine de la réalité, il n’empêche que dans ce n’importe quoi gigantesque, il est une humanisation, quoi que l’on fasse ou dise, et dans cette humanisation un personnalisme (l’invention du moi pour et par chacun comme suite de l’humanisation et réflexivité du moi dans la réflexivité qu’est l’humanisme, emboitement).

Plus raisonnable Sartre use pour son compte du marxisme ; révolte envers la révolution bourgeoise et le classicisme plat ou l’idéalisme ; il est bien clair que Nietzsche, Heidegger, Sartre et Lacan sont immanquables, indispensables mais aussi qu’ils ont utilisés, comme chacun, ceci ou cela afin de décrire ce qu’ils avaient à opérer dans la réalité de l’exister qui n’était accessible que via cette révolte et ces négations ; de même Descartes use de dieu (ce qui nous intéresse ça n’est pas dieu mais ce qu’il en fait ; la structure « philosophie » ramène ici dans la pesanteur ce dont elle use ; quel que soit l’énoncé il sera mesuré au réel ; c’est une forme qui s’est mise en place, instancié en son lieu et son lieu est le présent-même, cad l’exister (hors de l’être).

C’est une articulation spécifique, notre-être, cet-être plus exacteemnt posé "là" dans le monde, et existant structurellement, en dur ; Heidegger c’est ce qu’il pointe ; il montre le « là » en lequel notre être existe ou plus exactement comme notre être, qui est cet-être, hyper objectivement posé « là », dans le «là » même de toute réalité, et comme cet-être est, dit-il, le miroir d’une sur-vérité (ëtre et temps, ayant à décrire le monde du "là", au plus minimal réflexif sur sur cette activité, afin de dénoyauter le monde humain par son soubassement existential, et ensuite d'élaborer cette sur-vérité antérieure) ; la question de la sur-vérité (cad de la vérité qui doit être appréhendée autrement que par la pensée comme raison, par la pensée donc heideggérienne, forcément) est à la fois absurde et radicale ; il est effectivement une sur-vérité sauf que ça n’est pas une vérité ... c’est une forme, une structure ; et c’est littéralement cette structure que Heidegger commence de montrer biien qu'il se laisse glisser vers une Vérité , alors même que Descartes, les allemands et Kant et Hegel, Husserl eux aussi exposaient, sans la désigner comme telle, cette structure, tandis que Heidegger sait qu’il va montrer ou mieux déplier le « là » en lequel nous existons, cette articulation de notre-être dans l’être ; au sens de « cet arc de conscience dans l’exister », cet-être posé sur la surface-étendue-monde, ce laps de temps qui se retourne, cet insondable nouménal. Soit ainsi montrer l’emboitement (alors qu'en fait cet-être dans l'être est quasiement un déboitement incompréhensible et impossible mais réel) ; qu’il prend à tors encore comme une sorte de « vérité », dont il est le grand annonciateur ; alors que si la sur-vérité dont il est effectivement question est une structure, celle-ci revient à et en tout arc de conscience (dont la philosophie est seulement la réflexion, la réflexion de et sur cette réflexivité partout agissante).

C’est en cela que l’on peut dire ; dans la structure « humanisation » (qui est déjà réflexivement acquise) se déploie une réflexivité du moi (cad aussi du Corps), et que l’on ne peut se passer d’aucune de ces complexités sans redescendre le degré (ce qui eut lieu ; le nazisme, entre autres et parmi cent autres retours meurtriers, et cent mille retours imbéciles).

Il y eut donc une progression, constante depuis Descartes, sur le questionnement du « lieu » ; ça n’est pas pour rien que le monde est étendue et que notre-être (devenu cet-être par Descartes) est dressé verticalement comme dimension très étrange dans la volonté (intentionnalisation) in-finie (de dieu, tout à fait troublant en son essence); enquêter sur le lieu de cet-être, c’est entrer dans la plus grande des objectivités et c’est cela qui fut réalisé ; l’hyper objectivité et qui décortique l'inclusion de notre-être-dans l'être (étendue, "là") ; celle qui ne se trame que depuis et seulement par la philosophie, qui est la discipline qui s’est chargée de « ce qui est arrivé » à l’humain, soit l’interruption de tout contenu par la structure de tous ces contenus (non la Vérité mais les conditions de toutes les vérités) sa théorie, cad la métaphysique, qui est réelleemnt une physique de la percetion du monde donné là, lorsqu’elle se croit et se veut comme pensée (variation intetionnalisatrice intégrale de tout acte de conscience) et l’ontologie lorsqu’elle se sait comme réflexivité du sujet, impossible par nature et comence d'avancer plus terrible dans le corps donné là (problème de descartes de l'union de l'âme et du corps, dont il dit ; elle est une troisième substance) .

C’est la structure (antérieure à tout contenu) qui est élaborée ; c’est ce que dressent les descriptions philosophiques (le « ce qui n’est accessible que du dedans », étant entendu que le Bord du monde n’a pas de dedans, pas d’épaisseur, mais qu’existant néanmoins il est descriptible non en termes d’être mais d’exister, cad de mouvement pur d'altérité) ; les étranges descriptions philosophiques sont absolument précises et explorent non pas des séries d’idées et encore moins d’illusions, mais l’épaisseur éprouvée, et éprouvée par un corps, étant entendu que c’est précisément l’hétérogénéité d’un tel Corps qui est en question, en causes, en effets ; que ce Corps qui se cherche une Autre Surface, retombe constamment sous la ligne de mort ; la ligne de mort étant l’horizon unique du monde donné là, non relevé, et sous le poids duquel tous les pouvoirs étouffent constamment tous les êtres, toutes les gradations de violence de ce monde, y compris toutes les représentations qui recyclent continuellement la ligne de mort du monde et rembobinent de plus en plus lâchement au fur et à mesure jusqu’à ce que chaque monde s’épuise ( et ceci envers et contre les représentations qui essaient de subvenir selon un corps surfaciel efficace) ; c’est littéralement cet effondrement qui est son essence, la ligne de mort lorsque ce monde n’est pas soulevé selon le Bord.

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