Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
instants philosophie

L'autre verticalité

27 Avril 2016, 08:58am

Publié par pascal doyelle

La cohérence formelle du réel

Il n’y a pas, n’y aura pas de réconciliation, d’unité, de Un massif qui serait un Tout, le tout de la réalité, en laquelle on se sentirait bien au chaud, rassurés ; pas d’unité du réel, puisque le réel sinon disperse tout au moins distancie toutes les choses, tous les êtres et que la distance entre les êtres est précisément la possibilité que des êtres il y ait ; il n’y aura rien, jamais, qui abolissant la distances entres les êtres les anéantiraient comme tels. Il n'existera donc que le Un formel, sous ses deux formules ; le réel comme présent constant et l'arc de conscience, vide, sans rien, surgissant d'une cervelle d'un corps.

Il n’est aucune unité totale antérieure ou éternelle, aucune unité à venir ou aucune ressemblance ; c’est en ceci que l’unité de la réalité s’instancie de la seule forme du réel et que le réel disperse unilatéralement, là-au-devant, toutes les réalités.

Précisions (et que l’on y croit ou non, c’est une autre question qui n’entre pas en considération ici).

Aucune unité antérieure ou éternelle qui soit ici et maintenant constatable ; ce qui réserve que l’on puisse croire ce que l’on veut mais non pas penser dans l’actualité qui impérativement suppose que tout et tous soient dispersés ;

et remarquons ceci ; les monothéismes au moins et le christique ensuite nous exposent de fait que l’unification est pour le moins extrêmement distinctive ; dieu, le dieu Un tout-autre, le christ plus encore, provoque la distinction de chacun et ce absolument, clôturant chacun par sa propre mort, réelle, et sa mort interne, l’ancien corps, l’ancienne identité ; l’unité trouvée alors est pure création originale, la communauté des croyants distingués un par un et distingués un par un de leur propre puissance en chacun ; une conversion qui ne surgirait pas de l’individué même ne serait pas une conversion ; aussi la « morale chrétienne » ou mono, est bien plus une onto-logie de l’originale distinction, le un par un, qu’une moralité commune). La communauté du un par un exprime le maximum de différence et la ré-union, mais totalement médiée et autre qu’elle-même ; en quoi elle requiert encore l’instanciation du Un-seul ; un seul dans son corps livré à la solitude et la différence absolue, qui attendra bien quelques siècles encore pour s’incorporer en une fois étrangement par Descartes (comme point de référence non en ceci que tout tienne par René). Autrement dit par la gigantesque pro-position, position au-devant, ontologique, du mono (je suis celui qui sera) et du christique (« c’est déjà commencé »), il ne s’agit pas d’une unité inerte mais d’une originale invention du réel lui-même. La communauté des un par un ne fait pas encore partie de dieu et dieu lui-même est se faisant au fur et à mesure du possible. Ceci à tire d'exemplification de ce qui se calcule au coeur même de l'historicité ; ça pense, c'est l'arc de conscience qui pense ; il attire à partir du point qui n'est pas, ce qui veut dire de l'exister du présent, du virtuel pur et brut.

Or c’est de penser qui est, absolument, l’actualité ; penser c’est rassembler ici même tous les éléments, aucun n’existe hors champ, et la pensée s’en sort parce qu’elle commence à partir de zéro, de rien, à partir de la forme même, de la prédisposition, de la conditionnalité.

On a tenté au début de saisir en une fois toute la détermination, c’est ce que veut la pensée dite, forcément, grecque. Ce qui aboutit au Un plotinien, au néoplatonisme. Or il apparait ensuite que le cercle de la pensée, qui doit être absolument conservé comme tel, dans sa puissance logique, son explicitation, sa transparence fut-elle quelque peu forcée, que le cercle de la pensée n’y suffit pas, et qu’il va falloir creuser plus loin ; la pensée expulse hors de nous, de notre conscience toute la pensabilité ; toutes les idées, catégories, systèmes, Idées organisationnelles (comme le Bien, l’Energia, le moteur attirant ou la pensée de la pensée, ou le Un), la pensée commence à chaque fois de zéro, mais c’est d’un plus grand, plus profond zéro qu’il faut lancer la réflexion ; il faut arracher plus antérieurement ; la reprise en main de la même réalité (orchestrée à partir du réel, soit donc le réel et la réalité tels l’être et le monde, constitués par la pensée) se renouvelle, par le christique, et la réflexivité, autour de la méditerranée, continue son avancée.

Par réflexivité il faut entendre totalement ce que ça dit ; le retour-sur. Le retour sur notre être tel que donné là, et il s’avère que ça n’est pas du tout une réflexion sur ce donné là comme nature humaine, mais bien le retour sur un être spécifique ; l’acte de conscience ; et par arc ne pas entendre un contenu (la pensée qui se pense, l’être qui se voit lui-même, l’âme, l’esprit, le moi en son identité, etc, tout cela ce sont des constructions, artificielles), mais la forme de tension qui sort d’une cervelle. Et cet acte est une structure. Autrement dit lorsque l’on prononce « acte de conscience », il semble apparaitre que l’acte contient sa propre légitimité ; il suffira alors de varier plus ou moins le contenu, la représentation que l’on s’en fait et ensuite ces variations imposant un discrédit général sur toute représentation, d’abandonner toute prononciation (sinon relative), et tout cela semble très logique.

Sauf que bien que ce soit un acte, il ne préjuge d’aucun contenu et qu’effectivement toute représentation est relative mais relative à cette structure qui ne l’est pas et qui n’est donc pas en elle-même composée ; aussi lorsque l’on prononce « conscience » il ne faut rien entendre de spécial, sinon une structure dont l’essence est un rapport-à, quel que soit ce qui s’y produit. C’est la même structure d’arc de conscience qui se nomme pensée en chacun, christ exemplaire, sujet, transcendantal, intentionnalité, pour-soi et même, et peut-être surtout (comme on a commencé de le voir) sujet inconscient lacanien.

Ça explore, pour ainsi dire, dans le repérage du lieu par lequel nous sommes (interprétation heideggérienne mais aussi jadis grecque, bien que le schéma de repérage soit essentiellement différent ; il se fonde sur la pensée, non sur la structure qui tient la pensée, que cette structure soit le sujet dit impossible ou l’Etre heideggérien comme lieu onto par lequel nous sommes) ou ça explore par la structure-même (Husserl, après Descartes, Kant et Hegel) ou de l’affirmation de l’altérité généralisée(Nietzsche, raison pour laquelel il affirme que la structure, nommée Volonté, ne nous apprtient pas).

Si l’on ne repère pas ce mécanisme qui s’est élaboré, on continue de ne percevoir que des jeux de contenus ; on opposera telle vérité à telle autre, cherchant vainement une vérité qui unifierait toutes les réalités ; mais les réalités sont dispersées ou plutôt distanciées les unes de autres ; par contre ce que l’occidentalisation a inventé et découvert c’est la structure par en-dessous qui précède toutes les vérités, et qui structure et dont on a pu, en s’y investissant, exposer peu à peu le système formel.

En s’y investissant puisque le réel a la forme du Un parfaitement vide, le un formel, et que l’on n’y aborde pas sans y exister ; de là que la pensée, le mono et christique, le sujet et l’altérité réclament que l’on y bascule (de même les œuvres, esthétiques ou poétiques, les éthiques et les politiques et l’invention de l’idéel, des connaissances), et non pas que l’on se tienne en recul, dans l’absence que font régner l’interprétation réaliste de la pensée et du sujet ; la raison raisonnante, l’universalité abstraite, l’Etatisme ou la techno-science, se fixent dans le regard mort-né, le regard de l’autre, de qui l’on risque fort de n’exister qu’en sa dépendance absente (invisible il est ininterrogeable et il vous convaincra de n’être que ce conglomérat de déterminations, l’avenir lui appartient puisque pour lui il n’est que le donné là ; la raison raisonnate, l'objectivisme, l'étatisme, le désir absorbé par son objet vous dévorent avant vous-mêmes) ; le regard sans sujet, sans l’opération, sans toute l’opérativité de la réflexivité et ne se tenant que de la réflexion, annulant qu’il y ait sujet, pensée et être comme exister ; l’humanisme trop humain a sa fondation dans le réalisme naturaliste ; il n’existe que le donné et le donné explique le donné, et la pensée, le sujet et l’altérité, leur architecture ne sont pas de la réalité et n’entrent donc plus dans le champ de la réalisation ; cela revient à dire qu’il n’existe de l’humain non pas d’être réduit à l’humanisme universaliste naturaliste et au réalisme, mais que l’humain n’existe que pris dans un regard non pas mort né mais vivant (entendons existant et vertical), que chacun puisse s’approprier (on n’admet la philosophie en soi-même que d’en être saisi et non de s’en saisir) ; que le regard soit Existant, veut dire que dans le réalisme universaliste personne ne regarde rien, parce qu’il n’y a personne derrière l’image, il n’y a plus de miroir, seulement les images qui défilent sur une absence de miroir.

Commenter cet article