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instants philosophie

Le moi sur le réel (comme poêle à frire)

23 Juillet 2016, 08:39am

Publié par pascal doyelle

Strictement parlant, on a commencé d’abandonner qu’il y ait dans la conscience un contenu hypostasié, un contenu explicatif, une identité substantielle ; un contenu personnifié ou un esprit ou ni même une raison, sorte de corpus tout fait, logé on ne sait où, antérieure à l’univers ou à notre existence.

Il n’existe donc qu’une structure ; la conscience, forme vide, arc de conscience, tension qui sort de la cervelle vers le réel donné là. Cette structure est réflexive en soi, elle re-vient ; elle part de la cervelle vers le donné là et re-vient comme si elle entendait boucher le vide créé par sa sortie ; mais aucun contenu, aucun retour ne peut recouvrir l’arc, et l’arc renait sans cesse, parfaitement identique ; puisque formel et sans rien il peut être parfaitement et identiquement la même structure ; on n’est ni le moi, ni la culture, ni la pensée, ni la raison, tout cela ce sont des effets. Et le moi est un de ces effets.

Remarquons que simple articulation au réel (à la position du réel), un arc de conscience ne peut pas tout, il est même ridiculement faible et fragile et minimal (puisqu’il doit, indéterminé, entreprendre toute espèce de détermination ; ça n’est pas parce que l’arc de conscience contiendrait une sorte de logiciel intérieur qu’il décrypte la réalité, mais parce qu’il est vide et crée des moyens, des signes, des langages, des sociétés humaines ou des mois, des personnalisations, qui sont des interfaces produites au contact des réalités positionnées par le réel ; tout est relatif à une structure qui ne l’est pas), mais c’est du point que l’arc crée qu’il revient et modifie peu à peu ce dont il était parti. (si l’on entre un peu plus dans la structure de l’arc c’est un peu plus compliqué et beaucoup plus dimensionnel, comme vu ; le dimensionnel étant le centre même de la pensée, de la philosophie, comme « ce qui arrive à l’humain » qui n’appartient plus à l’humain, en quelque sorte).

Des effets structurés bizarrement, puisque c’est dans le retour, le re-tour, que se créent des signes, des signifiants, des langages, des civilisations, des échanges, etc. aucun des retours ne remplit le vide. On peut supposer qu’il s’agit là d’une âme, d’un esprit, de dieu ou de la rationalité en soi ; cela reste des suppositions. Louables si on l’entend ainsi.

L’occidentalisation a consisté a analysé l’interstice que constitue l’arc de conscience ; non pas seulement pourquoi y-a-t-il un décalage entre la conscience et son contenu (et la perception, et la pensée, et la parole, et le corps, etc) mais comment.

L’occidentalisation s’insinue entre la conscience que l’on a et la conscience que l’on est ; et elle découvre que ce décalage existe comme tel, et que ce battement est l’origine, la source. Sans être en mesure de comprendre ce vers quoi cela avance ; le retour sur la réflexivité qu’est notre être, est lui-même réflexif ; il est retour sur le re-tour ; comme ce re-tour est une forme, sans rien, il est très difficile de dénommer sa structure ; elle n’a pas de mots dans le monde, le langage commun, et n’appartient à quoi que ce soit de ce monde, de ce corps, et doit donc tirer de soi, de sa forme, l’exhibition de sa structure, sa description.

Comme elle ne peut pas signifier sa structure par des mots (qui renvoient à des éléments du monde, du monde commun en particulier, du groupe humain), sa description est ainsi constamment biaisée ; elle est biaisée par nature, par réel, non par manque ou défaut ; parce que le biais par lequel elle se décrit ce doit être l’expérience même que le lecteur, de Platon, de Descartes, de Nietzsche, qui en fournit le contenu, apparaissant à lui-même de ce décentrement ; le biais apparait au regard, cad à la conscience, de celui qui lit, éprouve, perçoit, ressent et a développé somme toute la possibilité de jouer de son arc de conscience comme d’un moyen et non plus de subir cet arc en s’imaginant dans les contenus ; il en résulte que cette conscience alors n’a plus aucun objet spécifique ; mais qu’elle demeure face à elle-même comme d’un Autre.

L’effet réflexif radical est donc la passation vers l’altérité de notre conscience ; on a l’habitude de croire que notre conscience est la nôtre … qu’elle est immédiatement et absolument à la fois une identité ; et il est vrai que se produit comme personne une identité ; mais celle-ci est tout à fait externe à l’acte de conscience et pour en signifier tout de suite le sens, l’orientation ; ce moi est pour l’acte de conscience un moyen. Il est une structure fine, subtile, impensable et non représentable mais qui n’est pas comme l’intériorité (cachée) d’une intériorité apparente ; parce qu’alors se serait encore se réfugier dans une identité, éternelle ou en soi ou vécue ; la structure fine est justement qu’il va falloir en faire quelque chose … et non pas attendre que l’intériorité cachée se révèle ou contempler ce vague à l’âme comme justification « imprenable » ; c’est parce que la structure fine et subtile est Autre qu’elle doit saisir l’occurrence ontologique qu’elle part d’un moi, d’un vécu, d’une personnalisation, inclus en une humanisation, revenant d’une historicité, ayant pour fondation l’arc de conscience d’une part lancé vers le monde, grec, et d’autre part arcbouté comme individué radicalement singulier, christique.

Si l’on se réfère à une structure passive et inerte, certes cela ne signifierait pas à plein (quand bien même cela serait-il vrai et réel), mais on indique la structure fine et autre (que toute identité) en un sens précis (que Sartre commençait de saisir, avant d’abonder dans l’universelle historicité communiste, cad de réduire le sujet impossible à sa possibilité, supposée, d’histoire universelle) ; que cette structure de conscience use du moi (qu’elle est, au sens de l’être) à d’autres fins (que celle relatives au moi) en ce que l’arc de conscience existe et n’est pas, et est actuellement dans le présent même et s’y arcboute extensivement et intensément et réflexivement et de par sa densité, sa compacité.

Rappelons que les grecs lancent l’extensivité de l’intentionnalisation, le christique l’intensité hors de tout vécu et par le corps, Descartes par le re-tour surprenant de notre-être comme cet-être (posé là sur l’ étendue), et l’altérité comme matérialisation extensive, intense et existentielle ; soit donc d’une part l’humanisation (réalisant tout l’universel, l’universel comme processus, comme universalisation et non comme « en soi »), et d’autre part comme personnalisation ; le tout formant la totalité du manifesté.

Il ne s’agit nullement, dépassant le moi, de l’annuler dans un plus grand que lui, ni de nier en quoi que ce soit l’acquisition absolue qu’il constitue, mais de le circonscrire dans un plus petit, encore plus individué ; du point de son exister dont le moi, cad le sujet impossible en ce moi, seul explore la dimension. Il s’agit donc d’un sur-individué, mais pas du tout en tant que surhomme ou être-le-là (qui profilaient quelque chose comme cela ; mais en le noyant dans plus-grand-que-soi ; abimant l’articulation dans une déterminité, serait-il hypostasiée ou vaporeuse), la vérité est le réel, et dans le réel il n’existe que des arcs de conscience, un par un, absolument, cad radicalement individué, individué non pas par-dessus les déterminations (en une super identité, un super moi ou un universel, un absolu au-delà, ou une image qui occuperait tout le miroir et serait le miroir lui-même), mais en dessous.

L’arc de conscience est, un par un, en dessous ; l’en-dessous signe la dimension, la dimension structurelle, cad le plan du réel sur lequel on existe. On est, de par l’être, tel un moi, dans le monde, avec son identité pour gérer (le moi est l’unité programmatique pour ainsi dire qui se charge de centralisé l’ensemble des déterminations) et souvent inventé ce moi comme « résolution de toutes les déterminations » et du corps et comme résolution de l’arc de conscience, dont il faut bien qu’il s’explique à lui-même qu’il soit né. Mais on existe tel un arc lancé sur le réel ; lequel ne contient pas de programme et dont la structure est le programme, indéfiniment labile et souple, étant hors champ de toutes déterminations, il joue de ces déterminations, cad du monde, du vécu, du corps, des signes ; ce jeu est tout sauf évident, c’est clair ; mais étant purement formel il revient toujours parfaitement identique ; il est, cet arc, la forme sans rien qui est son propre bagage. Il voyage, navigue, s’interstice.

Et il ne trouve cet interstice que dans la réalité ; parce que n’oublions pas que les grecs manient le donné « là ». à la fois le donné, le monde, et le « là », ce qu’ils nomment l’être, la simple formule abstraite, le « là » de tous les données, dont ils recherchent la formulation « en conscience », pour eux en pensées, étant entendu que la pensée-conscience est ce qui s’immisce entre la détermination et la détermination, dont la pensée doit être le démontage ; ce qui donne pour nous, êtres humains, une augmentation considérable de la perception et différenciations et distinctivité de la réalité ; l’être s’utilise comme coin dans la réalité ; à partir du Un il permet d’accélérer l’altérité, l’altérité non comme n’importe quoi, qui ne ressemble à rien, mais comme un selon le un ; unité de chaque pensée et unité du système et unité de la forme créant mille systèmes. De même qu’ensuite par le christique chaque conscience se distinguera une par une (en ressuscitant par le corps du Un-seul, et comme de juste seul sur la croix).

On ne peut donc pas abandonner le principe de distinctivité, qui est la logique même de l’altérité (et tout ce qui est se construit par et dans l’altérité, cad le Un), et son unique opérateur ; l’arc de conscience qui engendre via ce qu’il crée ; notion du Créé comme ajout à la dimension de l’exister et qui s’élabore par le seul accès qui soit ; c’est dans la mesure où le groupe est cassé par l’ontologique, le présent, l’arc de chaque conscience, que ce groupe accède au réel (sinon il se referme en échanges et communications ; ainsi l’universel, cad la pensée et l’historicité qui se sont réalisés comme révolution au 18éme, est l’introduction dans le circuit du collectif de ce qui ne l’est pas, collectif ; le christique est radicalement un tel accès, en tant que le christique impose le Un, l’ensemble des uns se convertissant au corps du Un-seul, qu’on le veuille ou non parce que le christique est la révélation de la réflexivité comme ici et maintenant, tout comme les grecs sont l’ici-même de l’unique monde, le « là » de tous les donnés) ; le créé ce sont les images dans le miroir en tant que ces images sont de plus en plus précises et donc certaines, ultra travaillées, susceptibles de recevoir plus ou moins le rapport du miroir lui-même, le miroir qui n’apparait jamais dans les images. Images veut dire signes et idées, représentations et nombres, pensées et paroles, tout signifiant qui fait-retour et ce par le re-tour de l’arc.

Ce que l’on nomme universel, soit donc la réorganisation de la société humaine via la pensée, l’universalisation (qui n’est pas l’imposition d’une vérité, universelle supposée, mais « que chacun ait sa raison » et qui va se dérouler en « que chacun soit la liberté », étant entendu que la liberté n’est pas le n’importe quoi, mais vaille en soi la pensée d’une part (se cherchant facilement dans les images-idées mais qui se convertissent, peu à peu, en idées-images, d’une image à l’idée il n’y a qu’un pas, qu’il faut franchir sans que l’image se supprime dans l’idée ; la réflexivité n’est pas l’imposition d’une vérité mais l’animation du monde, du relationnel, du corps, du moi, sa recherche qui garde toujours son immédiateté, cad son invention ; pour cela les deux siècles qui suivirent la révolution furent inventifs, créateurs, y compris dans la dite « société civile », qui s’est déployée dans le cadre constitutionnel) ;

ce que l’on nomme universel doit ainsi être compris comme introduction dans le circuit collectif de l’impensabilité ; de chaque conscience individuelle (qui se cherche selon l’individué pré-cité, le moi en poursuite du sujet, impossible, de sorte que l’on ne peut en aucune manière remplacer les mois par des sujets ; ce sont les mois qui s’orientent ou se désorientent vers leurs sujets ; désorientent aussi, parce que le sujet n’est pas de la tenue du monde, de l’immédiat et évidemment pas du groupe-langage-échanges ; il sort de toute ordonnance, constamment, c’en est devenu sa loi propre, pourvu que tienne l’universel cadre) ; on ne se réfléchit pas seulement dans l’universel, ce sont les sujets (cette structure sur la limite de la réalité, cad se tenant du réel non-étant, purement de l’exister seul) qui se visionnent via l’universel ; de ceci donc que quantité de mois se prendront pour des sujets (et ils ont mille fois raison), tentant d’abolir ou dépasser ou surprendre l’universel mais en vue d’une plus grande portée, étendue, extension de la réflexivité ; non seulement prendre, amener plus de réalités, de monde, de choses, de corps, de parties du donné dans l’orbe de la réflexivité (c’est pour cela que les sujets s’expriment et mettent en formes et cherchent la forme des réalités et du réel), mais aussi comme cet-être, l’arc de conscience, ne manifeste que de se créer, les sujets avancent dans le dépliement de la structure, du bord du monde, du corps, reculent la frontière interne et celle externe du donné là ; et proposeront des inventivités (y compris dans le libéralisme), c’est à cette fin que l’Etat hégélien existe … alors même qu’il se croit le savoir absolu on voit bien que le système hégélien, empli d’historicités et de devenirs, déborde d’explorations ; l’histoire n’est pas la réalisation d’un corpus défini (comme lors des temps métaphysiques qui se constituaient de la pensée, qui, par ailleurs pour sa part s’explosait en systèmes, sans répit), mais est l’ensemble des surgissements gagnés. Même le déliement logique est une aventure ; le savoir montre ce qui fut créé.

Et pour tous les mois comme pour les sujets, jusqu’à la cacophonie et le désordre et le désespoir et toutes les formes dures et difficiles du mal-être ; puisqu’ils existent, comme mois, par le tourment même, le tourment fait/partie de l’exister, l’exister est une difficulté extrême, douloureuse, et de plus cette douleur spécifique d’être une impossibilité, et une impossibilité non compréhensible, ce qui veut dire que la panique d’incompréhension s’ajoute ; l’être, le donné sont retournés-renouvelés par l’exister, puisque l’exister est cela seul qui existe et l’être le résultat, passager.

C’est donc non pas la raison ou l’universel qui se créent mais l’ensemble du miroir, mais l’ensemble du miroir en tant que chaque arc-miroir, un par un. Qui est aussi le Bord de la réalité, raison pour laquelle il ne peut se produire par la contrainte, et raison pour laquelle il doit, ou aurait du, trouver son propre trajet. Et chaque arc-miroir, un par un (ils ne peuvent existe autrement), tentent de d’atteindre, sur le Bord, et sur son propre Bord. Les images y transpercent presque jusqu’au miroir. Toute la technique, face à cette technologie réelle que sont les arcs de conscience et cette autre technologie qu’est le présent, toute la technique recherche les images (au sens susdit) qui reconduisent au miroir (dont l’occidentalisation est la description, la précision).

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