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instants philosophie

Le corps, paroi du réel

17 Septembre 2016, 09:03am

Publié par pascal doyelle

Un corps jeté au-devant

L’occidentalisation ayant à charge de montrer l’articulation antérieure, celle qui précède tous les mondes, produit sous nos yeux l’écart ontologique qui ne peut pas se résoudre ; parce qu’il n’a pas à se retrouver en quelque partie ou détermination du monde, et parce qu’il doit remonter jusqu’à la racine antérieure, l’arc de conscience ayant lieu dans un corps, produisant celui-ci comme surface, comme autre-corps, et plutôt que de déployer une imagerie de cette surface, ayant conçu le miroir de toutes les images, se charge donc de déplier la structure du dit miroir.

Toute pensée, antérieurement à celle-là, se tirait des images ou étirait ces images, voici que le concept, cad l’idée, le système, soit donc l’intentionnalisation et sa variation indéfinie, produit du méta ; du méta, de la forme, le caractère formel de notre être qui de ceci devient structurel et non plus lié et enfermé par ses contenus ; le méta contenu d’une part (ce que l’on peut nommer l’universel) et la réflexivité (le retour sur cet-être ou sur notre être devenu cet-être) s’imposent ; ça n’est pas de former des idées ou des systèmes, ce qui se produisit en d’autres civilisations, mais de l’articulation que créent ces idées ; c’est en ceci qu’il faut en venir à la définition ontologique que supposent ces idées spécifiques, et c’est pour cela que l’ontologie fut justement inventée par l’occidentalisation ; c’est que l’occidentalisation a affaire au réel ; au réel donné tel que « là ». l’énoncé de l’être partout ailleurs ne signifie pas la même logique que celle occidentalisée ; l’occidentalisation veut saisir l’être ici et maintenant ; nulle part ailleurs.

Et donc c’est l’articulation plus qu’immédiate, et bien plutôt instantanée qui est creusée, travaillée, torturée. Et dite instantanée, il faut comprendre à quel degré de gyroscopie il faut se tordre le cou.

Si on définit notre être comme tel ou tel, on utilise des parties du monde ; si on définit notre être comme cet-être, il faut ne prendre appui sur rien et demeurer dans le cercle formel du rien. L’être grec est abstraction, le dieu un tout-autre est abstraction, le sujet pareillement, et l’altérité ou l’exister tout autant ; la formule abstraite certes utilise des mots, mais précisément les mots qui échappent aux parties du monde (du corps, du langage, du groupe) et ne relèvent pour se définir que de l‘expérimentation spécifiquement abstraite, cad formelle, ou donc individuée (hors de tout langage, groupe, mondes ayant affaire au sol-même, sous ses pieds) ; et requiert donc de but en blanc l’ontologie.

Lors même les mois, qui sont pourtant des personnalisations, cad issus de la réflexivité au sein même de la réflexivité antérieure (l’humanisation fondée sur l’universel produit la personnalisaiton, l'accès au corps étrange), désirent encore quasiment des parties de monde, des parties de corps, et imaginent seulement ces objets comme des touts ; sauf que le moi possède en lui-même déjà la séparation ontologique et ne peut pas ne pas en souffrir ; parce que le réel est la difficulté extrême ; le réel est la butée dernière, la limite, la ligne antérieure ; il n’a rien de facile et d’immédiat ; autrement dit le réel est ce qui existe, et l’exister l’extrême, l’ultime, la première et la dernière ligne ; en fait il n’en existe pas d’autre puisqu’étant l’exister même, soit pour nous le présent.

Si le présent est l’articulation extrême de ce qui est (l’exister dépose tout l’être comme donné là, mais lui il est le « là » de tout donné), ce qui est, est extensivement et intensivement en réflexivité intégrale (il n’est rien « en dehors »), la paroi du présent est l’arc lui-même en retour vers lui-même ; autrement dit le réel se crée du devant, de l’au-devant ; il se crée en retour (vers lui-même). Et lorsque je me situe comme corps, et comme corps-autre, c’est cette surface là au-devant qui me re-vient qui installe toute réalité ; et lorsque Descartes fait le fameux retour sur « soi », il acte précisément que ce soit un re-tour ; un nouveau tour (à entendre en tous les sens).

Un nouveau tour de l’exister tel qu’il se saisit de lui-même sous la forme adéquate « d’être saisi » de cet-être ; d’une externalité incommensurable qui creuse la distance ; Descartes veut en être saisi, mais on s’emploiera par la suite à combler ce gouffre ; or cependant la structure est de fait ce qui existe et aucune partie de l’être ne peut remplir la distance ontologique, la forme de l'exister ; de sorte que s’opérera comme pour le dieu-un tout-autre et l’être, et le un et malgré et contre nous-mêmes, que l’opérativité, l’efficace de dieu, du un ou du sujet produiront l’exister et non pas un quelconque comblement par l’être ; l’occidentalisation ne cible pas l’Etre, comme gros objet ou Chose, mais crée la formule, la formulation, l’abstraction ; celle de l’antériorité du réel, de l’arc de conscience tendu vers le réel ; inutile donc de croire critiquer la position ontologique ; elle est un fait, un réel (à la vérité on ne voit pourquoi ni comment le relativisme ou la réduction rationaliste pourrait annuler que ce qui eut lieu, eut lieu ; il est une historicité de fait, monumentale et inattaquable en ceci qu’elle n’est pas une systématique d’idées mais un dépliement de l’unique structure ; aucune et en aucune manière qui puisse être remplacée ; il faut la comprendre telle qu’elle s’est réalisée, rendue réelle).

Comme fait parce que l’exister tel qu’il s’est décidé et créé (puisque la forme du réel possède évidemment cette capacité de devenir autre que soi, étant entendu que le réel est l’altérité même dans sa distinctivité onto-logique ; produire de l’altérité ou donc des réalités et dans ces réalités un être au moins qui soit encore plus autre et qui étant conscience/de/soi manifeste toute l’altérité possible ; une conscience de (soi) est une distinction formelle sans détermination, cad absolue, et cette distinction absolue se produit du corps rendu autre),

l’exister est ce qui se continue sous la forme de l’arc de conscience ; aussi celle-ci doit-elle de son propre chef élaborer la dimension ; le réel ne peut pas appartenir à autre chose qu’à lui-même ; il ne peut pas naitre d’une partie du monde, mais d’une structure spécifique qui n’a pas de contenu ; qui est donc un pur et brut rapport ; et on a vu, cent fois, que l’arc de conscience est cet arc lui-même mais aucun des contenus qu’il produit ; l’humain, tout comme le moi, sont des effets de la structure (de même que le langage, la pensée notionnelle, la pensée philosophique ayant ,elle, à produire son retour dans la dimension) ; la non détermination de la structure est ce qui lui permet de prendre les contenus comme si il s’agissait de formes ; une conscience réinscrit tout en rapports, en relations ; le langage est un tissage de relations, et les tissages prennent surface du corps ; où pourraient-ils s’inscrire sinon ?

La surface du corps est donc ce qui porte les tissages. Le corps est ce qui porte le langage comme substrat des relations des signes, et évidemment le corps, rendu autre, s’étend bien au-delà du langage ; le langage n’entre pas en concurrence avec l’arc de conscience ; c’est par le langage que l’arc structurelle crée ; il n’y a pas une vérité dans le langage, les vérités dans le langage sont les mémorisations des arcs de conscience, concevoir autrement ce serait admettre qu’un réservoir de vérités se tiendrait en suspension ; que le langage forment systèmes et système c’est certain (les informations s’organisent sinon elles ne se retiendraient pas et ne seraient pas des informations), mais ceci montre (inversement de ce que l’on comprend habituellement) que l’arc du corps mémorise dans le langage ses signes ; le langage se constitue de la recherche multidirectionnelle de cet arc usant de ce corps qui perçoit, ressent et rassemble ou dissemble le monde, les choses, les corps eux-mêmes et les lignes portés par ces corps.

Le présent, et la surface du corps qui occupe tous les tissages possibles, sont en décalage et toute fixité est prise, retirée de la surface donnée « là » ; toute conception, représentation, parole vient du tissage au-devant et seul chaque arc en est l’accès, chaque arc sur son corps est l’écheveau qui re-vient du donné là, vers tel ou tel repli, lequel sera relancé à nouveau dans le donné là ; la source non interrompue ; non en ce qu’il le connait mais justement de ce qu’il n’y en a pas connaissance mais vision sublunaire, (ce dont on n’a pas de représentation).

C’est trop peu de dire que les vérités, les énoncés sont vrais ; ils sont des vérités qui sont instamment réutilisés vers et dans le même lieu ; c’est un repli interne au présent (qui est tout entier externe et de plus au-devant) qui s’augmente par cet-être, cet arc fiché dans, vers le présent, et ce repli que nous constituons, et que nous constituons non seulement d’énoncés et d’énoncer mais de tout ce corps placé au-devant, trame non seulement notre pensée (représentation, présence du corps-autre, multi directionnalités, tissage de l’horizon) mais trame le réel lui-même ; il ne faut pas perdre de vue que le présent est ce qui se lace, fil par fil, ligne par ligne et ligne d’horizon par ligne d’horizon ; ce qui se signifie partout comme « tisser votre âme », ou pour nous, après la révolution, comme "réussissez votre vie" (nonobstant que cet impératif soit épuisant et incompréhensible et inatteignable et contradictoire ; ce qui rend fou). Chaque arc de conscience sait qu’il doit tisser sa surface mais aussi que peut-être ce tissage « subjectif » est un tramage du réel.

Le tramage du réel (soit donc la précipitation des réalisations, dans le monde, le vécu, la représentation, etc) est la finalité ; la surface du corps (travaillé, œuvré, structuré, qui se donnait comme plénitude, grecque, classique, universels du vrai, du bien, du beau, mais commençant ensuite de déborder, de dissembler, par les sujets et puis les grand sujets de l'altérité, poètes clairvoyants et pensées de l'altérité, menant les Grands Tissages désarticulés, montrant comme la forme excède le contenu) ; que le tissage soit dit subjectif est juste une facilité ; on a vu que l’accès et le déploiement de la dimension de structure est un fait réel et qui est dit ontologique en ceci au minimum qu’il touche notre être même, cad notre structure de conscience (et la modifie) ; autrement dit toutes les explorations qui eurent lieu sont réellement des explorations (lorsque Descartes ou Nietzsche avancent, nous avançons, dans la même épaisseur sans épaisseur, raison de sa difficulté, de son impossibilité) ; et que le tissage subjectif corresponde à un tramage objectif reste certes incertain et d’un degré supplémentaire ; le problème étant que si il est une correspondance objective, elle doit se décider …

Se décider parce que si l’acquisition du et via le présent est réelle, que la forme du présent est de fait le Un, il faut donc comprendre que le Un ne peut pas ne pas s’acquérir à partir de lui-même ; le formel doit décider de sa formulation (puisque de toute manière on ne le trouve pas à l’état naturel, si l’on peut dire, il doit donc se sortir de lui-même ; raison d’être du présent).

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