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instants philosophie

Extrémisme et activisme

19 Mars 2017, 13:53pm

Publié par pascal doyelle

La méditerranée s’est ainsi branchée directement sur le Bord du monde ; révélant de la sorte que dans la masse vague du « réel » il était devenu possible de distinguer d’une part la réalité et d’autre part le réel même, tel quel, nu, sans rien.

Il ne faillait pas compter que nous puissions, comme ça, rêver la réalité en différents mondes plus ou moins esthétiques, satisfaisants, plus ou moins agréables, enfin supposément, sans en être rattrapés. Rattrapés par le réel.

Parce que la réalité on doit la figurer, dans des images, des représentations, des récits, des systèmes symboliques, qui correspondent à des groupes qui imaginent ce qui les arrangent ou ce qu’ils peuvent. Tandis que le réel il nous tient. Dès que les grecs posent l’être, le principe, ils y sont assujettis et se transforment ipso instantanément, instantanément, en sujets. Lorsque les juifs créent ou reçoivent (si l’on est croyant) le dieu unique, ils instaurent une exigence tout à fait Autre et une.

Du fait d’intégrer soudainement (enfin en plusieurs siècles quand même) l’exigence du Un, du réel, c'est-à-dire de la forme, suréminente par rapport à tout contenu (ce que l’on nomme autrement vérité ou liberté ou sujet ou altérité, ou si l’on veut dieu, la pensée, l’universel),

Il fallut recomposer intégralement l’humain et passer, pour le dire, de l’invention de la culture (telle société humaine, le langage, le symbolique, les échanges, localisés en un peuple, un territoire, un cycle du temps, etc), de l‘invention de la culture à l’acculturation, qui est d’un tout autre ordre, d’une tout autre dimension.

Exemplairement ; la culture invente le langage, mais ce qui se passe autour de la méditerranée subvertit intégralement le langage (qui fonctionne par et pour un groupe) et celui-ci s’instrumente (par les grecs ou par dieu ou le christique) s’instrumente par et pour l’individué ; tout énoncé deviendra relatif à un individué libre et réel et expatriera sa vision, son imaginaire, sa liberté, ses désirs, sa destinée, mais aussi sa perception, son expérimentation, son libre champ dans le monde, et non plus tel ou tel monde conjoint à tel groupe, mais le monde, unique tel que « là ».

La sortie de toute culture c’est l’accès instantané à la réalité donnée là, au monde, et ceci ne s’effectue que de la tenue activiste des individualités (grecques, christiques, européennes, etc) et fondamentalement extrémistes ; et par individualité (ce qui parait trop restreint à nos oreilles), il faut comprendre sujets ; le sujet est le nom du dispositif extrémiste et activiste, soit donc le regard et l’intentionnalité que chaque conscience-de obtient en se passant du groupe et de la culture humaine et lorsqu’elle promeut l’ouverture au donné tel que « là » ; seule un arc de conscience perçoit ce qui dans le monde s’instruit du Bord.

Par exemple ; les grecs peuvent être qualifiés d’individués (bien qu’ils n’aient pas reçu le christique et la valeur infini, non finie, admise en chacun), puisqu’ils manifestent la suractivité que l’on doit déployer pour acquérir la pensée, la mise sous tension de l’intentionnalité de telle sorte que l’arc de conscience puisse développer toutes les idées, non communes et non limitées, du donné là, de la perception, et que ces idées soient composées en réseau, le système, afin que toutes soient acquises et compréhensibles par qui que ce soit qui s’y efforce ; chaque individué est en capacité de déployer intégralement toute la pensée qui seule montre les distinctions intentionnalisatrices, qui n’appartiennent à aucun groupe, et du reste Socrate et le christ seront écharpés par leur groupe spécifique. Il faut penser pour augmenter le monde, si l’on ne veut pas se contenter de la représentation commune d’un groupe quelconque. L’œuvre, l’artiste, le créateur instancient l’originel. Le réel originel.

Lequel est donc, une structure. Aucune vérité qui soit tout, mais la possibilité de quantité de vérités (déliées de l’enchainement à un groupe humain, un rituel pour l’esthétique, etc). Quel que soit votre croyance, votre désir ou vos décisions le cadre général de votre être est hors de cet être, hors de sa détermination ; c’est dans la structure du libre pur et brut que vos choix, vos destinées, vos échanges prendront place et c’est par cette liberté que tout cela vaut.

Hors de cette liberté, rien ne vaut ; les dès seraient pipés dès le début et vos croyances ou vos désirs tourneraient courts, s’affaisseraient, ne s’élèveraient plus au niveau de la structure de sujet (dont, on le rappelle, désigne non pas un dispositif mais le dispositif originel, celui qui origine tout le reste ; non en ceci comme Badiou que le sujet se hisserait à un sacrifice de lui-même dans l’universel, marxiste ou autre, mais en cela que seul des sujet portent, supportent, insufflent, produisent, créent l’universel lui-même ; un universel sans que préexiste un et des sujets est un absurdité ; le véritable universel c’est que tout individu soit absolument une forme non seulement capable d’objectivité, mais en lui-même hyper objectif, de cette hyper objectivité qu’a imposé la pensée, ou l’esthétique ou le poétique ou le politique, etc).

La liberté est donc la forme extrême (mais absolument réelle, puisque le réel est l’extrémisme absolu) la forme unique au-dedans de laquelle les contenus sont relatifs mais la forme, elle, est absolue (et elle est absolue parce que formelle ; dans le monde, la détermination n’est pas, jamais, absolue, mais juste donnée là). La forme extrême, le cadre absolument universel, ce qui revient à dire que l’universel s’origine dans la structure de conscience libre et une ; cartésienne (qui a inventé et découvert que la pensée s’originait dans un dispositif antérieur) et que donc la liberté n’est pas un subjectivisme mais au-delà de l’objectivité l’hyper objectivité seule réelle.

Un discours scientifique ou étatiste ne voit pas le réel, il n’est que les arcs de conscience qui perçoivent structurellement le réel donné « là » ; un récit poétique, littéraire, une esthétique, une éthique, manifestent la dimension hyper-objective et rien n’y a accès que les arcs de conscience et toute œuvre ou toute éthique sont destinées à chacun des arcs et les arcs seuls sont destinés à juger, décider, imaginer à nouveau, intégrer et désintégrer les œuvres et les structures. Chaque arc est la limite extrême (aucune autre n’existe, c’est la seule, puisqu’elle est extrême …) à partir de quoi le reste est relancé (ou oublié, mais alors on s‘anéantit soi, à la racine ; depuis la méditerranée nous sommes au Bord du monde donné là, unique, universel, et face à face au « là » du monde donné, à la position qu’un réel il y a).

La dimension de l’hyper objectivité (le droit par ex est fondé non sur l’universel mais sur l’être-libre de chacun ; l’application universelle de la loi est validée et de toute manière fondée et d’abord créée afin que chacun soit relatif à soi, et que rien ne puisse rompre ou annuler ce « relatif » : autant dire qu’il est seul absolu),

la dimension de l’hyper objectivité ; soit le registre unique instauré par la philosophie ; en tant que la philosophie est la discipline qui prend en charge la structure de l’arc de conscience qui émerge de tous les groupes humains, tous les mondes humains autour de la méditerranée et structure qui s’instancie en plus de toutes les cultures, y compris les acculturations qui viendront ensuite ; en plus des grecs, du christianisme, du monde européen et en plus du monde mondialisé qui est le nôtre ; raison pour laquelle la structure va épuiser et dévorer tous ces mondes, y compris le communisme et le capitalisme et les variantes de libéralisme et qui dévorera l’objectivisme et la version réduite de la pensée que constitue la raison dix-huitièmiste, et le réalisme et le naturalisme, qui voudraient que le donné seul explique le donné ; il est clair qu’il existe une dimension en plus du monde, et ça n’est rien d’autre que le Bord de ce monde.

Donc. Et justement. La dimension en plus du monde, qui n’est certes pas « hors du monde », mais délimite ce monde et ce à partir de quoi on le perçoit, cette dimension est également et même originellement le Bord tel qu’il se manifeste, sans aucune cachotterie, et cela est essentiel, tel qu’il se manifeste au plus près, au plus proche, partout, sans aucune exception ; à savoir le Bord du monde outre l’acte de conscience qui en est le décalage en nous, est le présent ; le présent est le Bord, réel, objectif et hyper objectif du monde, de tout ce qui est. De la réalité.

On a donc en perspective la montée du réel non comme qualificatif appliqué à la réalité, mais comme cadre, effectif, consistant, bel et bien « solide » et valant en soi, le cadre antérieur à la réalité, qui commence de se manifester dans cette réalité ; en conséquence de quoi il apparait qu’il y a une réalité … parce qu’auparavant, ne posant pas la question du réel, on n’aboutissait ou plutôt on ne sortait jamais de tel ou tel monde, de telle ou telle Vérité localisée en tel groupe particulier. Si les grecs retournent le monde, si le christique lance l’individualité, si l’Europe invente la technologie, y compris les technologies de l’arc de conscience incorporé, cartésienne, en un-corps, c’est que l’on se dé-place hors du monde, du vécu, des corps.

On se tient dans le point de vue qui se situe au Bord, qui est lui-même un Bord ; l’arc de conscience est arcbouté au donné là, cad arc-ticulé au réel, au présent. Et c’est de là que l’on perçoit, et donc image et imagine, pense et décide, désire et intentionnalise ; nous sommes « cachés » dans le présent (et donc, peut-on extrapoler ? le réalité est cachée, repliée dans le présent), mais cette cachette est précisément ce qui provoque, étire, tracte la réalité ou notre vie ; c’est que nous nous tenons dans le conscient, mais le conscient fait partie des effets, des dépôts, des résultats de l’arc, ou si l’on veut de caisse de résonnance ; et si ce conscient n’est pas tendu vers la paroir du présent, comme une œuvre, une esthétique qui appelle soudain, le conscient se replie en sens inverse ; s’enferme dans la masse du cerveau, dans le donné massif, dans le rêve éternel et irréel. Et on sait que l’arc de conscience est justement la tension qui sort de la cervelle, qui est en plus, et qui a tracé une tension à partir du réel ; l’arc naît là-bas, à partir du Bord du donné, Bord du corps.

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