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instants philosophie

Perfectibilité brute

9 Octobre 2021, 08:14am

Publié par pascal doyelle

Si le réel a pour finalité la perfectibilité (et non la perfection)
alors que l’on ne s’étonne pas de sa brutalité.

Tout le néant existe, tout l’être existe (être au sens générique). Le principe du réel est le possible.
Il n’y a pas de question qui puisse être posée quant à l’existence du réel ; il est le possible et réalisé entièrement. Si le possible n’existait pas il n’y aurait ni néant ni être, mais juste l’absence de tout.
Les questions ne commencent que par le réel lui-même ; comment s’organise-t-il en lui-même ?
Mais dès lors si le principe st le possible, il n’y aura pas de résultat figé ; le possible demeurera encore et toujours le possible. Pour résumer ; le réel se fonde sur lui-même pour se rendre encore plus possible et non afin d’obtenir une réalisation figée de lui-même ; il n’y a pas perfection (comment alors la perfection a-t-elle, pourrait-elle sortir d’elle-même et produire un monde non parfait ?) mais perfectibilité. Il y a réalité afin que se percevant le réel avance plus encore en et par lui-même.

De même s’il est perfectibilité, le réel suppose absolument en son sein toute l’altérité possible. S’il est rapport alors il rend indubitables tous les autres rapports. Et dans cette logique des rapports ceux-ci doivent se rapprocher de la plus grande, toujours plus précise réalisation, soit donc de la plus aiguë possibilité.

Ce qui est mis en scène c’est la capacité de plus perfectible organisation. Non pas d’une organisation fermée, mais d’une organisation qui rendra encore plus présente et active la réalisation.

La finalité pour un arc de conscience (qui est un rapport) est d’instruire encore plus de rapports.

L’universel par exemple, est l’universalisation, un processus qui est inscrit dans la structure même de l’arc de conscience ; lequel est un rapport et l’universel le tissage de rapports organisés. Mais le sens de l’universel, comme de la conversion des perceptions en signes (en couleurs significatives, en formes) s’adressent à. Ils s’adressent à un sujet ; ils étendent, ce sens et cette conversion, la perception, parce qu’ils la font entrer dans un champ plus spécifique mais spécifique ne veut pas dire spécial (qui serait réservé à une partie du monde), spécifique veut dire ; le champ qui porte plus loin telle détermination, qui lui permet d’entrer dans un possible plus grand.

Aussi bizarre que cela puisse nous sembler (la phrase ; comment se fait-il que les mathématiques ou les lois physiques correspondent aux réalités étudiées ?) il apparaît que le donné soit susceptible d’être ré-exprimé dans des formules, et des formules qui agrandissent la perception (on a vu qu’il s’agit toujours d’exprimer des rapports, un étant égal à un et désignant la forme de l’objet, tout relevant la forme de l’unicité ; il y a un espace-temps qui rend unique chaque point) ; on perçoit plus de choses sous la formule, physique, mathématique, mais aussi sous une idée on rassemble et même on aperçoit plus de réalités, et de manière générale sous une idée on énumère encore plus d’idées, ce qui n’a pas en soi de fin, de même que la suite des nombres infinie, sauf qu’en définitive l’horizon des idées, de toutes les idées, est un je, une conscience.

La vérité est que les signes s’utilisent afin de créer des perceptions, lesquelles sont réelles ; puisque la réalité n’est pas un ordre mais un possible ; l’arc de conscience crée une interprétation (des réalités ou de lui-même) mais ces lectures sont réelles. Que tel universel soit vrai, ne signifie pas qu’il soit intégralement ce qui est, mais une partie de ce qui est (possible) ; si l’on veut il existe toujours un universel plus grand qui englobe le premier (ça se constate dans notre historicité même). Et cela vaut également pour la position ontologique ; on ignorait le dieu un tout-autre avant qu’il paraisse (ou se révèle) ; on ignorait le corps-christique (de chacun) ; ou le rapport à soi du sujet (cartésien ) ; ou la révolution liant liberté et égalité. Ceci toujours nous indique le sens de la perfectibilité (qui n’a pas, a priori, de cesse ; ce qui veut dire que dieu ou le divin ou le dimensionnel eux-mêmes progressent, avancent ; ce que nous révèle le divin ou le christ, et que ces positions, ontologiques, touchant au réel et non à la réalité, ça n’est pas une puissance du monde mais un potentialité structurelle, l’amour christique par ex la foi en la foi).

Rien ne dit que ces tissages (maths ou autres) soient les seuls et derniers tissages réels ; il existe probablement d’encore plus grandes « mathématiques » qui intègrent celles-ci, d’encore plus grandes idées philosophiques, d’encore plus grandes Intentions. Il faut réfléchir quant à l’instanciation d’une « conscience plus grande » ; dans ses contenus ou ses possibilités peut-être, mais surtout dans sa nature, sa structure ; conscience étant le rapport, on n’imagine ni ne pense un « demi rapport », bien qu’en lui-même il peut obtenir une encore plus grande perfection, de structure en ce cas ; aussi les expressions « à l’image de dieu » et « frères du christ » « adoptés » veulent dire ce qu’elles veulent dire ; il n’y a pas trente-six manières d’avoir conscience-de.

De deux choses l’une ; ou la cohérence est dans la pensée, les idées, les maths ou les lois. Ou la conscience est ce qui est capable de la cohérence, des cohérences différentes (esthétiques par ex, éthiques, politiques, évidemment, etc). Peut-on concevoir ou imaginer une cohérence « dans » une idée ? La pensée crée-t-elle la conscience ? Ou la conscience n’est-elle pas cette structure qui rend, entre autre, la pensée possible, et donc comme expression de sa vision ?

Si on croit que la pensée contient « de la conscience », on ne voit pas du tout ce que cela signifie. C’est seulement que l’on prête l’activité ‘de conscience’ à un ensemble de signes (qui ne sont rien d’autre, que des signes et non des «idées » ou une symphonie, qui n’a aucun sens hors de l’écoute par un je). On dira que les mathématiques sont vraies, mais qui dit que l’actuelle formulation des mathématiques est achevée et qu’il n’existe pas de plus grandes formules encore ? Et qui dit que les choses, physiques par ex, soient constituées de mathématiques et non que celles-ci sont juste des moyens, parmi d’autres peut-être ? ça n’est pas supposé abusivement, puisque de telles révolutions modifiant la perspective se sont déjà produites. Et on a dit que les nombres sont des rapports, du un sur le un.

Dispatcher la « conscience » en des tas de ses productions rend fou. Il est dans l’activité même de conscience de se voir partout ; de même que chaque moi, chaque moi-même ne sait jamais qui, de où, quoi le regarde. Est-ce lui, lui-même ? Non seulement pas sûr, mais bien plutôt on connaît la dérive énorme dite de l’inconscient… le moi, son identité plus ou moins consciente, est tel un îlot dans les signifiants, qui eux-mêmes, a priori, ordonnent les perceptions, les affects, les gestes et comportements, les regards d’autrui, les images, etc.

Si on avance que l’arc de conscience est absolu et formel, on ne veut pas affirmer par là qu’il est « tout ». il est au contraire dans sa nature même, dans sa structure, de se dévouer ; il est une structure, laquelle n’apparaît pas, jamais (mais se signifie et elle seule perçoit ce signifiant ou qu’autrui est une autre conscience), et n’apparaissant jamais elle met en avant, en place ou laisse advenir tous les contenus. La conscience n’est pas le conscient, qui doit définir tandis que l’arc de conscience trame des signes. Aussi le donné, la vie vécue, le corps, la perception entrent de fait dans le champ ; il suffit de les lier par des signes d’une part ou de glisser leurs densités entre les signes d’autre part (on perçoit quantité de nuances de bleu au travers du signe « bleu ») ; la faculté de conscience crée des signes, qui sont des rapports et permettent de voir au travers de ces signes, d’accumuler des perceptions mais également de se signifier ; et alors plus il lui apparaît qu’elle est seule existante, elle déploie, cette structure, et d’entrer elle-même dans son propre champ (ce qui se nomme dieu juif, pensée grecque, corps du christ, sujet cartésien ou révolution) remodèle toujours en totalité non pas les larges domaines seulement mais le centre de conscience, ce par quoi et à travers quoi elle se dé-place.

Elle se déplace et donc crée une stratégie. Stratégie est réservé exclusivement aux déplacements de l’arc de conscience dans le champ intentionnel de la conscience.et c’est pour cela qu’est requis une étude de ce déplacement. On tient qu’il est unique ; puisque si le réel est l’exister, soit donc une forme, sans contenu, indéterminé, il n’existe qu’un seul réel (le problème étant ; jusqu’où s’étend-il ? Et alors on peut installer, si l’on veut, dieu ou le divin, le dimensionnel ou équivalent). Rappelons que ‘le réel’ est indéterminé (ou « il y a de l’indétermination ») parce que le réel est le possible et qu’il ne convient pas que le possible (qui est juste la possibilité de la possibilité) soit quelque chose (auquel cas de possible il n’y en aurait pas).

Que le possible soit précisément cela qui est en jeu veut dire, pour nous, être humain ou toute espèce douée de conscience (cad d’un rapport à (soi) dans lequel rapport le « soi » est le rapport et non une quelconque identité ; toute identité est quelconque par rapport au rapport-même), ce qui veut dire donc que l’on doit trouver une unité qui soit adéquate ; ainsi dieu, le un tout-autre, est purement une Intention ; le christique est l’intention ramenée au sol même et au corps de chacun ; le sujet est l’entrée de l’intention dans le champ de son intentionnalité (surpassant la pensée qui était amenée à définir objectivement un être universel, ce qui était encore trop) ; la révolution est l’inscription parmi les consciences coordonnées les unes aux autres dans l’élément (comme dirait Hegel) de l’activité de conscience (peu importe ce que vous désirez, décidez, projetez, pourvu que cela n’écrase pas les autres libertés, et que toutes se considèrent, s’admettent comme égales, par quoi la liberté se dote d’un véritable ‘contenu’, et est poussée à élaborer des contenus spécifiques « sous la forme de l’universalisation » comme dirait Kant).

De sorte que l’intention, la pensée et la conscience de soi sont instanciées dans la structure même.

Remarquons ceci ; que l’universel n’est pas en lui-même, mais se tient de ; se tient de la conscience comme activité intentionnelle qui relie par des signes et surtout voit au travers des signes ; elle ne tient pas dans le « langage », même si il revient à Lacan de délimiter la puissance du signifiant ; mais cela veut seulement dire, si l’on veut bien, que le signifiant est un rapport, qu’il est discerné sur l’horizon et l’horizon réel, du monde, du donné là, et d’autre part qu’il est discerné sur et par le corps même du moi, la ligne de signifiants passe au travers du corps, et produit qu’il y ait un moi, un conscient et un inconscient, un langage, etc, bref tout, tous les champs intentionnels.

Le signifiant (cad l’arc de conscience qui rend possible en tant que rapport qu’il y ait des rapports, des signes) coupe le corps vivant en deux, ce que ce dernier ne comprend pas du tout (au sens fort ; il ne saisit ni l’envers ni l’endroit, ni le début ni la fin, pas plus le premier terme que le dernier) et dans cette division (qui ne cesse jamais) se dépose un « moi », un « moi-même » qui n’est que si il existe, ou donc qui n’est (relativement) que si il existe dynamiquement, comme et dans le mouvement (il n’existe aucun champ intentionnel qui ne soit pas en mouvement).

Dit autrement ; l’être est, oui, la détermination, mais dans et par et peut-être pour l’exister, le mouvement. La matérialité (ex-énergie) est, mais dans le mouvement de l’arc d’exister. Les contenus de conscience sont mais pris dans la dynamique intentionnelle.

Ce que l’on voit, perçoit, ce sont les perceptions qui apparaissent d’elles-mêmes mais ne sont retenues que dans les filets de signes et à partir de là dans la dynamique collective, ou si l’on veut l’inverse; les filets collectifs sélectionnent les perceptions, puis s’appliquent individuellement, sauf que depuis la méditerranée le groupe n’est plus le monde ordonné (sortie du sacré et du ritualisé), et que, c’est un fait, seuls les sujets perçoivent la réalité donnée « là ». Au travers du langage et des systèmes de signes, créant de nouveaux langages, plus ou moins complets mais un langage est toujours incomplet (même les maths, dont on ne sait pas si elles sont prises dans un plus grand système encore). Et comme l’organisation, humaine, passe de plus en plus de transmissions individualisées en transmissions individualisées (le christ en fonde le réel pur et brut), chacun peut supposer la prédisposition de sa compréhension en tout autre. L’individualisation se propage, poussant l’organisé à grandir, agrandir ses cercles déconcentriques (la révolution rendant, au moins a priori, à chacun le mouvement de sa propre vie).

Mais la finalité fut de rendre à chacun sa capacité ; c’est le possible qui s’est soudainement agrandi. À quelle fin ? Qu’il puisse se propager encore plus ; et passer de l’organisation interne du je à la coordination externe de tous les je.

Bien évidemment le gouffre ouvert en chacun, en chaque conscience, que l’on n’a pas su ordonner et qui s’est déraisonnablement investi en quantité de baudruches, d’images, d’idée de soi-même, n’a pas permis de réguler l’intentionnalité ; qui est partie en tous sens, toutes les significations faciles et immédiates, accessibles et dont la finalisation s’est effectuée vers le bas, vers le corps, la satisfaction apparemment concrète du corps, plutôt que de postuler à l’impossible je, dont l’insatisfaction structurelle est absolue (rien dans le monde, la vie vécue, le corps ne correspond à l’arc de conscience, au je, au sujet, à la structure-sujet, au divin, qui ex-siste séparément).

En un sens la structuration de l’intentionnalité sous la forme du désir (qui s’adresse à des objets) tentait de fonctionner comme régulation de l’arc de conscience ; puisque cet arc ne peut que difficilement s’adresser à lui-même et se contrôler, il en passe donc via un média.

Autrefois dieu, le christique, la pensée et l’universel (dans l’historicité cela donne l’humanité, et l’humanisation de la révolution), et le moi essaie de se mesurer lui-même au travers de fétiches, d’images, de valeurs, etc.

Ça ne fonctionne pas vraiment parce que ce qui existe structurellement ne s’y retrouve pas du tout dans une réalité déterminée ; ce contrôle tombe toujours dans la détermination et finit par désirer des choses ou des objets donnés (ou fabriqués, et qui plus est fabriqués exprès pour attirer le moi, la conscience dans des signes déterminés).

Que la structure de conscience devienne à elle-même sa régulation suppose à tout le moins ceci ; qu’elle considère que tout contenu jamais ne se donne spontanément mais qu’il est produit (soit produit de par le moi ou de son organisé sociétal ou d’une industrie dédiée, etc). Et ainsi que lui, le je, ne s’adresse à rien ni à personne qui soit du monde ou du vécu.

C’est pour cela que le chrétien, théoriquement, ne retourne au monde ou même aux autres que via et par le christ ; rien ne vaut dans le monde sinon en empruntant la voie du regard absolument externe à tout. Seule la séparation garantit à la fois l’individualité du je (sans lequel même l’humanisation perd le sens, la qualité que par ailleurs elle actualise en propre ; si chacun ne se sent pas concerné par le devenir, l’histoire, le progrès, quelle que soit sa nature, l’humanisation sans personnalisation ne fonctionne pas ; les salariés ne sont plus des « ouvriers » et pourtant « ouvriers » définit tous les salariés) et l’élévation du je.

La structure du possible veut dire, individuellement, que chacun est découplé. Découplé en et par lui-même. Le moi se tient d’un horizon, le sujet veut devenir cet horizon, mais il ne le peut pas ; il doit se soumettre. Outre les différentes abnégations (par quoi on se dépasse soi-même), il faut saisir que le je est un rapport et qu’il n’est évidemment pas à la fois au début et à la fin du rapport. Il n’est peut-être même ni au début ni à la fin. Où se situe un « rapport » ? Il est le mouvement. Raison de plus pour que le moi soit envahi d’un horizon qu’il ne contrôle pas, qui se révèle qu’en vérité il n’y était pas du tout (il était, par ex, soumis aux signifiants, de la psychanalyse, ou du regard des autres, sartriens) ; le moi se tient d’un horizon qu’il croit contrôler mais cependant par les objets qu’il y déplace, objets qu’il entasse autant qu’il peut, horizon saturé en quelque sorte. Mais qui, de par cela même, vide le désir, l’intention, le projet, et écrase le moi au sol, au sol des déterminations.

Inversement le je se prend soudain de l’infinie possibilité ; qu’il peut interpréter comme « infini » (tel un signe) mais en vérité qui se dit comme perfectibilité. Non pas perfection mais perfectibilité. Supposant, sous-entendu, que le possible se réalisera … afin qu’il s’obtienne encore plus de possible. Dont on a dit qu’il, le possible, est dieu, divin, dimensionnel ou à tout le moins fonctionnel (il est cela même qui rend possible qu’il y ait une réalité et en l’occurrence cette réalisation qu’est l’humanité.

C’est pour cela (le possible du possible-même) que la finalité n’est pas du monde, ou du vécu ; ça n’est pas le possible du monde (ce que l’on pousse au maximum depuis 2 siècles, en bien, cela nous facilite la vie ou la rend complexe, ou en mal, en pure perte et distractions diverses qui tournent en rond, la financiarisation, par ex), mais la capacité toujours plus grande de la capacité.

Suivant le christique le divin est la foi elle-même ; autrement dit croire au point totalement éloigné du réel. Comprendre que dieu est amour, etc, oui, mais avant il faut croire qu’il existe un point-en-plus qui n’appartient à rien (et qui autrefois a créé le monde, cad tout, y compris ces petits rapports que nous sommes qui se tiennent du grand, et petits rapports faibles et incertains mais qui se constituent déjà, aussi minuscule cela soit-il, du grand ; le grand est déjà tout entièrement là, même minuscule ; un rapport ne se mesure pas, de même que l’on ne mesure pas le présent ou l’exister).

Et on ne mesure pas, ni ne représente, et ne peut aborder autrement que de le signifier l’arc de conscience ou l’arc de l’exister. Ce qui vient alors instantanément est outre mesure ; il s’agit de la communication du je à lui-même, et il se découvre autre, alors qu’il est visiblement un, et ne sait pas du tout où existe cet autre-je qu’il est. Mais il est, effectivement et réellement, ce je-autre ; le je est fondamentalement et structurellement autre ; l’altérité est son principe même ; ou donc il est cette sorte d’unité tout à fait incompréhensible qui est le rapport qu’elle est, et donc qu’elle existe.

C’est pour cela que chaque je est infiniment donc. Le rapport qu’il est renvoie indéfiniment à un horizon qui ne s’éteint pas, théoriquement. Théoriquement parce que l’on peut tout aussi bien considérer cet horizon comme une fonction, la fonction « réel » de la « réalité » ; le présent de l’actualisation des réalités, des choses, des êtres, etc. Par quoi déjà le transcendant précède l’immanence ou les immanences, mais transcendant qui ne « dure  pas ».

à l’inverse on peut supposer ou croire que le présent est intégralement, brutalement ou purement en suspension. Il est cela même qui dure. La forme qui précède et qui suit tout ce qui fut, est, sera. Tout est suspendu dans le présent et ce qui prédomine c’est le formel (raison pour laquelle on ne saisit pas le présent, et que l’arc de conscience ne peut pas se saisir lui-même, sinon il ne serait pas libre, mais seulement une partie de lui-même, une détermination dans la détermination ; il est une détermination dans la détermination mais en tant que signe, cad non-être ; le signifiant est la ruse qui permet à la détermination d’outrepasser la détermination).

L’horizon infini, celui que l’on ne peut pas maîtriser (doué du double rapport, un rapport étant toujours double, la fin devenant le début et donc littéralement infini) et auquel il faut se confier, est évidemment dangereux ; en ceci que l’on ne sait pas si l’on est fou, égaré, empli de malheur ou déraisonnable, névrosé ou psychotique, etc. Ou juste enthousiaste, ou réellement absolu. Le seul garde-fou est précisément le détachement ; il faut envisager sereinement la possibilité ou plus exactement la Possibilité. Cartésiennement, qui voulait conserver ce calme souverain de la certitude mais mesurée. Le je est indéfiniment, cad infiniment, ramené à la Possibilité.

Puisque cette indéfinité du rapport (qui ne se connaît jamais, comme une chose déterminé) dépend et se trouve lui-même dans le je qui le signifie et acquiert par là, en ajout à son indéfinité, son infinité.

Par exemple les nombres sont indéfinis, mais seul le je est infini (cependant uniquement dans son actualisation ; il lui faut le décider).

Pour lui cela veut dire que si on veut le « comprendre », commencer à peine de saisir ce je-là, autrui, il faut entrer dans son horizon. Mais évidemment on ne peut pas actualiser en nous l’horizon de l’autre ; cet horizon existe matériellement de fait, en tant que ce monde réel effectivement là et qui n’appartient à personne (dont on connaît 3 ou 4 %, grosso modo et autant que l’on sache et on n’en sait pas beaucoup), d’une part et d’autre part existe comme ce corps-là, la coupure par le signifiant de ce corps-là et qui, lui-même, se ressent à peine, reconnaît à peine son affect primordial, pour ainsi dire ; l’horizon d’un autre je est en soi, pour ainsi dire ; on ne peut pas percevoir tout la perception de cet autre je. Or cependant cet autre je peut tenter de susciter en nous cette perception radicale (cad à la racine, compte tenu que la racine est, pour une conscience, l’horizon, le je se tient d’en-avant).

Or ce qu’il va déployer ça n’est pas cet être qu’il est (Arthur Rimbaud, le bonhomme Arthur Rimbaud) mais il va signifier son possible ; c’est son possible qu’il nous fait Voir. On n’obtient de « salvation » qu’en avant. Lorsque l’on tombe-amoureux, on est en-avant et on fait tout ou attend que « cela » se révèle, que nous nous révélions nous-même ou tous les deux dans ce possible-là. Les français ne savaient pas ce qu’il allait advenir comme « révolution ». Les apôtres ne comprennent pas du tout ce qui se joue ; au point que le texte les prévient « vous ne comprendrez pas » avant longtemps. Montaigne joue entièrement l’ouverture de chacun au « moi-même », il inaugure qu’il est, au point que ses écrits sont lui-même et lui-même ses écrits ; chacun sait qu’il peut dresser son horizon et le déployer.

Et c’est cela même qui peut vous arriver, comme un coup de foudre ou comme une conversion (amoureuse, révolutionnaire ou poétique, etc). Des expériences tout à coup vous font voir ce qui va ou pourrait venir ; selon le possible et votre décision. Décision, qui s’étire ou se concentre depuis la lenteur ou l’illumination ; et dont on comprend bien qu’elles, ses expériences supposées, engageront tout votre être, votre vie et au-delà de votre vie (puisque ça n’y existe pas déjà et est seulement pré-vu, on ne sait comment) ; vous dévoileront ce que vous ne savez pas, n’éprouvez pas, ne recevez pas, pour le moment. Un possible qui ne retentit pas en vous déjà mais viendra comme révélation.

Et historicité.

Historicité en propre, la vôtre. Cela veut dire que si un éblouissement vous vient, révélant un possible possible, alors il y a de fortes probabilités que s’impose un devenir de cet horizon ; le propre d’un horizon est de placer difficilement ou aisément, obscurément et de plus en plus lumineux des « objets spéciaux » dans cet horizon, des stations dans ce possible, des déroulements du possible ; la nature du possible est de se réaliser.

Or il apparaît très certainement que la possibilité envahissant le moi dénoyaute radicalement (à la racine, comme ci-dessus, en terme d’horizon et non pas qu’il puisse résoudre l’équation du moi, consistant en signifiant/corps vivant, laquelle est inatteignable), dénoyaute pour le moi non son identité mais son intentionnalité, son existence sous-un-regard ; on a vu que le signifiant/corps vivant est, en tant que signifiant, un regard ; tout signe « contient » une intentionnalité, au sens de présuppose telle intention ; le moi qui n’est pas un quelque chose qui serait scindé en deux, il naît de la scission même (sans la coupure du signifiant le moi n’est pas, il ne naît pas, la « castration », qualification bizarre qui veut dire ; l’adolescent s’aperçoit qu’il n’est plus le centre du monde, il n’est pas «fou » donc et même si cette scission l’autorise à s’imaginer « être », ce qu’il n’est pas, parce que rien n’est ; l’être est second par rapport à l’exister, cad au mouvement et en l’occurrence l’arc de conscience comme rapport et ici regard ; peut-être est-ce pour tel moi le regard d’un autre autrui, mais de toute manière c’est toujours le regard de l’Autre, de la distance, par lequel il se perçoit du dehors, d’un extérieur, d’un horizon).

Si le moi parvient à se projeter dans une possibilité, c’est l’arc de conscience qui se crée instantanément comme intention en-avant, qui crée qu’il y ait un grand regard, une grande intention (dieu, sujet, poésie, révolution, etc) qui l’extirpe non pas « hors » du regard-signifiant (on ne peut pas) mais s’ajoute à ce regard ; de créer de nouveaux rapports (ou comme disait Lacan, la psychanalyse permet que le désir continue de se tisser, ou dit autrement qui engage bien autrement et autre chose que le passé du sujet, que la liberté continue de signifier ; il y a littérature ou éthique ou politique afin que le lien qui prédominait en tant que groupe autrefois s’élabore et s’invente à partir des je, mais le je n’indique pas le moi).

Cette capacité de conversion (ça ne peut pas se nommer autrement) est une foi. Cela même par quoi débute, s’initie toute notre historicité ; celle de dieu qui crée une nation, à partir de rien (littéralement, une forme, Israël n’est pas, avant qu’il soit appelé), mais aussi de la pensée, à laquelle personne ne croyait en son apparition, du christique évidemment et en tout cela il n’y a pas lieu, pas lieu du tout, de nier le même caractère d’actualisation.

Le possible ne se dé-couvre que dans l’acte, l’actualisation ; le réel vient au jour, à la lumière, naît, dans le présent. Le présent accouche de toute position du réel. Et on ne sait pas ce qui vient. Il n’y a pas un ordre préalable qu’il faudrait appliquer ; ‘où’ serait-il ? Que ce soit le possible qui arrive, veut dire qu’il ne vient pas du passé, ou de ce moi que l’on est, mais qu’il naît d’en-avant. Ce qui se réalise de notre vivant est inattendu, qui ne rendre pas dans les circuits déjà inscrits, pas dans l’image de ‘soi’, nous a déjà sorti de notre moi-même.

Or donc il faut en être prévenu, parce que sinon on le verra peut-être, mais on ne le retiendra pas. Un éclair et puis plus rien, sinon le monde atone. Et c’est la capacité d’un je structuré et prédisposé que de soupçonner l’élévation. C’est la nature, la structure même de notre attention qui génère une actualité réelle potentielle, dans la trame même du rapport qu’est un arc de conscience. Comment se prédispose un arc de conscience ? L’insondable décision d’être, de Lacan ? Une révélation, une illumination, une crise existentielle, une dépression, une conversion, une conviction, une certitude acquise, une disposition du corps, l’aperception de l’autre-surface du corps tissé de signes ?

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