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instants philosophie

Courage et passion

29 Avril 2023, 09:04am

Publié par pascal doyelle

De la liberté

de ce que notre être n’est pas un être mais un mouvement, cad une structure ou donc un rapport, formel (et qui se définit comme champ intentionnel, balisant la réalité, le vécu, le corps, le relationnel de signes qui découpent choses et êtres, ce qui veut dire structure qui les discerne, les distingue, et dont la fabrication de signifiants est potentiellement indéfinie, et qui soi-même, comme structure, est, au moins, non-finie, ne s’attachant à aucun contenu, ce qui rend possible la multiplication indéfinie, et qui à tel moment, de l’historicité, s’est désigné soi, et n’étant plus affecté aux contenus (partagés dans tel ou tel monde, égyptien, maya, etc, conservés tel le trésor même de leur monde, de leur groupe), commence de produire encore plus de signes, de signifiants, de systèmes de signifiants,

de ceci donc on indique que nous sommes libres. Lors même que l’on ajoute un seul petit signe au bout ou au milieu d’une phrase, cette simple dénotation, ce décalage rend possible de modifier la réalité, que ce soit celle extérieure ou celle intérieure. Il est évidemment infiniment facile (pour peu que l’on s’emplisse de courage à telle ou telle époque du monde, Spartacus ou Socrate ou Moïse ou Descartes ou Galilée, etc) de constamment tout chambouler par des signes ; le reste, l’intendance, la technologie, l’organisationnel humain de tel ou tel période, suivront, tôt ou tard.

Tôt ou tard si l’on est dans le vrai, ce qui signifie « dans le réel », parce que si les mots et les phrases vont et viennent (souvent en pure perte), lorsqu’ils décrivent, atteignent ou créent du réel, ils re-viennent (comme le signifiant qui a décroché votre corps de sa vie et qui revient sans cesse, camouflé ; inconscient).

Donc il y a un accès au réel et celui-ci nous fait office non de mémoire mais de report continuel ; dont on sait bien que s’il manque, on disparaît. Dans le fantasme constant (dans le champ imaginaire, autrement dit) ou disparaît tout court et pour de bon.

La liberté existe puisque notre être n’est pas un être mais un rapport, et qui, comme tel, peut s’introduire lui-même dans la représentation. Il est tout à fait logique, évident, manifeste que ce qui existe comme rapport est un champ, un champ intentionnel, marqué, balisé constamment par des signes, et que tout ce champ, cet arc, ce champ de signifiants divers et variés, se représente à lui-même et lorsque cette représentation est admise, adoubée, intégrée dans le monde humain, dans son christianisme puis dans son humanisme et ensuite dans son personnalisme généralisé (depuis les années soixante du 20éme siècle), alors ledit champ s’est déployé.

Mais son existence, pour ce je lui-même, se tient toute droite en son existence-même. L’arc impératif d’exister.

On pourrait dire que dieu se révèle ou désigne, signifie le plus grand de tous les rapports ; spécifiquement qu’il est le rapport dans et par lequel tous les rapports (cad tout) tiennent. Ou donc que le présent est in-fini au sens où tous les mouvements que sont les choses et les êtres, n’existent que dans et par le Mouvement absolu. On y reviendra évidemment, mais si ce qui est réel est le mouvement alors le mouvement est la structure. De tout ce qui est. L’exister est le mouvement de l’être divers et variés et l’exister est le Un de toutes les multiplicités (qui sont eux-mêmes des rapports).

Pareillement le sujet est la forme de tous les contenus de conscience, mais alors ce sujet est une structure qui existe telle quelle ; aussi ne doit-on pas rechercher un « être substantiel » qui serait le « moi » ou l’identité de soi (quel que soit ce soi), mais tenir que la structure du sujet est ce je ; qui est, existe en tant que mouvement. Puisque le mouvement est la structure même de ce qui est. On n’idéalisera donc pas notre « être », qui n’est pas, ou plutôt qui « est » mais relativement au mouvement de son exister, de son je ; il n’est aucun « être ontologique » ; qui est seulement une projection hontologique comme disait Lacan, mélangeant la représentation (quels que soient ses signes) et une supposée solidité, consistance, restant, en vérité, imaginaire, imaginée. À l’inverse dieu, la vérité (et l’universel), le sujet et le je, le réel instruisent des processus d’exigence, de tension, de cohérence, et tenant l’horizon même le plus fermement possible ; comme l’imposent dieu, la raison et la pensée, le christique et Descartes, le réel et l’infacilité du moi (qui pourtant tombe régulièrement dans tous les pièges du fantasme, ou tombe en dépression, névrose, psychose, perversion, borderline ou désespoir, comme autrefois ; il est très difficile d’être un « moi », ça n’est pas évident du tout).

Tout dépendra donc de son représentant. Qu’est-ce qui représente la liberté dans le champ intentionnel de conscience ?

On a vu que strictement dès qu’est lancé la « conscience », il faut entendre le « rapport » et non plus quelque contenu que ce soit ; on atteint instantanément l’ultime limite, ce qui veut dire l’illimité ; l’infini ; un rapport (dont aucun contenu n’arrivera à la cheville) n’a affaire qu’aux rapports, dieu, la pensée, autrui du christique, je du sujet, historicité de la révolution (qui change tout, tout ce qui est humain ou si l’on préfère qui acquiert ce qui se développait lentement au fil des siècles).

Soit donc il faut remplacer la « foi », la pensée, le sujet ou le réel par « le rapport ». une idée ou une représentation ou un être divin ou un fait historique monumental, on s’en tient plus ou moins à distance. Mais si la foi ou la pensée, le sujet ou le réel existent en tant que rapports, alors on y est. On existe en ce rapport.

Manière également d’expliquer que quantité de personnes aient crû. En dieu, en la pensée, le sujet ou la révolution. Parce qu’ils saisissaient bien que le rapport qu’ils étaient s’engrenaient dans le grand rapport au-devant d’eux. Arthur saisi par la poésie et devenant Rimbaud. Ça arrive comment, sinon que l’on travaille, et travaille dans l’actualité de la saisie, à établir d’autres, de nouveaux rapports. Il les Voit. Ça entre dans sa perception, son corps, ses affects ou tout ce que l’on voudra. Encore une foi question de courage existentiel.

Les sociétés cycliques répètent le même trésor (ils ne peuvent pas cesser de communiquer entre soi et de transmettre entre générations), mais si le rapport passe sur le devant de la scène, il va commencer d’inventer de nouveaux contenus, qui ne sont plus le lien lui-même puisqu’une nouvelle catégorie (dieu, la nation, la pensée, le droit, le sujet, la révolution, etc) s’imposent comme cadres généraux admis et déployés en eux-mêmes ; mais comme ces « cadres » touchent à l’intimité, l’intériorité, la mouvement même de la structure de conscience, alors chacun est concerné en (et par) lui-même ; ou donc, on ne peut plus faire semblant ou alors on fait semblant volontairement… (de là que Sartre en indique la mauvaise foi, à tort mais en vérité néanmoins, d’un vrai point réel).

Si le groupe ne tient plus les individualités, alors ceux-ci doivent intégrer l’ordre même ; indépendamment. Et cet accès trouve immédiatement son lot ; il devient qui il est, mais étant un rapport à soi, il devient son existence.

Ce qu’impose absolument, formellement et intégralement le christique ; selon le segment naissance-mort, dont il dit que la-vie n’est pas tout ; qu’il y en a une encore-plus-vivante, à savoir celle du rapport qui a conscience de toute la vie vécue, de tout ce que l’on éprouve, et qui donc n’est pas tout cela, mais porte en lui-même, en son regard de « je » ou de « moi », porte sa propre dimension ; à laquelle il faut donner une représentation.

Elle devient si immédiatement ou mieux si instantanément intégrée que chacun soit se christianise, soit (avant et) après la révolution française devient le je ou le moi comme structure universelle commune ; et l’ensemble des esthétiques, des littératures, des politiques, des morales et des éthiques (fortement individuées) se multiplient en tous les sens, orientations possibles ; c’est ce que l’on nomme l’ordre culturel, depuis que la mise en forme culturelle ; les mondes précédents la structure de conscience, comme dieu, pensée, sujet et réel, inventent le langage, les échanges, etc ; la mise en avant de la structure brise cependant quelque peu la spontanéité du langage (lorsque l’on parle on entend ce que l’on dit, afin que l’autre entende ce que l’on entende, et que l’on prononce ; dans le langage est déjà inscrit structuralement pour ainsi dire, autrui, l’autre, l’Autre ou au début donc le groupe ou la communauté).

Cet « ordre » culturel évidemment c’est ce qui envoie votre propre rapport ; jusque dans la perception, l’affect bien sûr, les signes et le relationnel ; l’ordre n’est nullement celui qui se produit des institutions, mais depuis le début c’est celui qui s’écrit par et dans des individualités ; moïse, jésus, Socrate, Descartes ou Rimbaud, Rousseau ou Robespierre, ou Sartre, Lacan, etc.Il n’existe aucun autre Ordre.

Pareillement Einstein ou Gödel ; les théories sont portées, supportées, articulées par des sujets. Mille et un sous-ordres viendront soutenir ou contredire et écraser l’Ordre effectivement manifesté (par dieu, la pensée, le sujet ou le réel), mais, et la dernière occurrence l’impose, seuls les sujets ont accès au Réel (cad aux mouvements que sont dieu, la pensée, le sujet ou le réel). Il est clair, dès l’origine, que la survenue du dieu un, unique et antérieur à tout, coupe intégralement la réalité, le monde, les mondes humains, la naturalité en deux. Les juifs ne s’y trompent pas ; c’est un chambard énorme, infini, une extraordinaire difficulté qu’il leur fait. Pareillement la pensée, un avant et un après, le christique et Descartes, la révolution et l’accès au réel pour chacun, chaque un. Le besoin universalisant communiste ou le fantasme désirant libéral s’évertuant à ressouder le réel, à recoudre, à même la peau, cad l’image (et ce faisant usent la réalité, au sens propre ou figuré ; le monde et la naturalité ou le corps des mois, qui s’épuisent pour un idéal universel ou un fantasme de soi).

Courage existentiel qui prend sur soi, on ne sait de où, à partir de quel point d’exister, ou passion existentielle, qui sait bien ou sent bien comme il n’est aucune correspondance entre le je, l’arc de conscience et quoi que ce soit dans le monde, la vie vécue, le corps, et qui surtout qui a saisi ou fut saisi de l’arc étincelant du réel pur (et brut) ayant à s’actualiser ; l’arc avant-son-corps ; puisque l’arc de conscience ne correspond à rien, c’est ainsi qu’il existe un présent en lequel « quelque réel » ou « le réel même » doit apparaître. Ce je sait l’apparition, il la reçoit.

Et non pas l’apparition du fantasme qui ne désire rien tant qu’envahir toute la mentalité (et nous rendre esclave, du pulsionnel ou des images immédiates, non celles réfléchies et difficiles évidemment qui sont créées du et par la structure, esthétiques, poétiques, etc), mais apparition du signe, quel qu’il soit et selon ce que l’on a perçu ; aussi le fantasme (qui croit que tout est possible et non pas que le possible Existe) nie-t-il qu’il se présente quelque signe que ce soit ; nous convaincant que jamais il n’y eut de signes. Ce qui est faux.

Le moi s’enroule dans le fantasme, précisément dedans, (et le libéralisme ne demande rien tant, mais les mois tout autant, qui croient contrôler leur objet, puisqu’ils sont « images », posées là au-devant, en réalité en eux) ; le je est saisi du dehors, d’un plus grand, qui n’équivaut à rien du monde. Et qui ne s’échange contre quoi que ce soit.

Tel signe, ce je l’a reçu, il lui est apparu, il l’a voulu, il s’y est entendu, ou on ne sait comment.Dieu sur la montagne qui n’est pas, nulle part et que l’on ne peut pas percevoir (puisqu’un rapport ne peut pas se percevoir, mais est cela même qui rend possible qu’il y ait perception en conscience, et non seulement en tant que vivant ; rappel ; les animaux nous perçoivent, mais ils ne se perçoivent pas eux-mêmes à partir de l’horizon ; nous sommes déjà de l’autre côté, lequel ?)

Descartes nomme clairement la liberté comme passion. 

Nul doute que la Passion du christ signifie celle bien au-delà de tout ce que l’on peut éprouver ; nous ne sommes pas dieu… Nous ne saisissons pas encore cet extrémisme réel ou supposé (selon que vous êtes croyant ou non ou troublé, pour le moins) du dieu unique qui se sacrifie ; pour « quoi » ou « qui » se sacrifie-t-il ? Qu’est-ce que cet échange ? Il faudra bien tirer, relativement, cela au clair. Avançons, à tout le moins ; afin qu’il n’y ait plus d’échange… suppression de la dette, nouveau départ, renouvellement, et renouvellement continuel et continué (ce qui eut lieu).

On a déjà dit que cela correspond, à tout le moins, au tomber-amoureux de n’importe qui, de n’importe quel moi, en lequel tomber on ne se perçoit plus, ou encore, jadis, à la foi en la Révolution ou parfois en la Littérature ou la Poésie ; donc ça n’est pas si rare que le Réel se Crée.

Rappelons que le fantasme, ce qui oriente le moi

(le moi qui seul est : le je n’est pas, il existe, il produit un arc en plus)

le fantasme est le corps vivant qui ne comprend rien à la coupure qu’impose l’arc de conscience, cad le signifiant qui tranche le corps ; et toute la réalité, de haut en bas sans reste, sauf que l’on « a » un corps qui est-là, et absorbe le signifiant premier en une part de signe et une part de « chose », que l’on ne peut pas relocaliser en tant que signifiant ; la conscience peut tisser une infinité, potentiellement, de signifiants, ou de signes, esthétiques par ex, mais ne peut absorber la massivité du corps, l’ensoïté dirait Sartre évidemment, massivité qui ne se relie pas, qui pourtant cherche à ramener à lui les signes, d’où l’image fantasmatique ou hallucinatoire, dotée de la pesanteur horrible de la jouissance, imaginaire, et pulsionnellement attirante ;

arc qui tranche la réalité et le corps puisque le rapport, qui est la structure, l’architecture du signifiant, est autre que lui-même (sinon, de rapport il ne serait pas) ;

et comme tel coupe toute la réalité.

À l’opposé le fantasme, et ce qui use du fantasme pour vendre des objets de désir par ex, le fantasme est ce par quoi le moi croit qu’il va « être », supposément, d’un objet qui, imaginairement, illusoirement paraît offrir la complétude, que le moi ne peut plus atteindre mais à laquelle il se rattache désespérément.

Inversement alors le je sait que c’est précisément la coupure elle-même qui doit être élaborer ; dieu, la pensée, le sujet et le réel déploient cette élaboration. Par exemple la révolution, depuis deux siècles, entend gérer et réguler l’impossible, la séparation, la division.

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