Le désir et l'amour
Le moi est son corps, mais cela il ne le sait pas ; il n’a quasi aucune perception de sa physiologie, de son fonctionnement biophysique mais il se perçoit. Il se perçoit extérieurement et de fait le regard des autres joue alors en plein ; cette extériorité du corps, son image il s’en fait une idée, et littéralement une idée, un rapport intellectif, mais cela c’est autre chose.
L’extériorité du corps est ma conscience ; mais le moi ne se sait pas, il reste focalisé par son unité propre, par laquelle il se nomme (je suis un-tel, dont on ajoute ; que l’on soit un-tel, certes, mais qui est « je » ? on voit bien par là que l’on est déjà double, d’une origine (je) à un effet (un-tel). Cette unité du corps il la trouve dans le regard des autres et ce sont les autres qui lui apprennent à parler et pour parler il doit identifier sa conscience à l’autre conscience ; de sorte qu’il prend place en et par l’autre (les autres qui par ailleurs possèdent le monde ; il n’est aucun accès au monde, aux choses, aux objets, sans la reconnaissance des autres et sans des échanges tous mesurés et précis).
Le moi est son corps et l’ignore, mais il formule une unité, son identité ; comme telle elle n’obéit qu’à sa propre unification ; mais cette unification doit comporter tous ses dispositifs ; le moi est l’unité synthétique, de synthèse immédiate qui monte peu à peu son projet, le projet qui le définit ; il opère spontanément et cela se passe plus ou moins bien, puisque rien n’assure, ne paramètre, ne coagule comme il faut son unité.
Et ce d’autant plus que de toute manière en plus du moi, il existe ce « je » qui dit « je suis un-tel », et qui de fait n’est pas ce moi, n’est pas un-tel ; c’est ce je qui préexiste au moi. Il lui préexiste non pas chronologiquement, mais ontologiquement il se constitue antérieurement dans l’antériorité temporelle, dans la rétroactivité.
De même ce qui est nommé et repéré est le moi, un-tel, je me nomme un-tel ; mais le je qui se nomme ainsi lui n’est pas signifié, il reste là, sans rien, dans une extériorité abominable ou fabuleuse ; il est autre de fait et autre que tout. Il n’est rien du tout de manière déterminative, mais il est une forme, une structure préalable ou qui se rend préalable au moi, au défini, au déterminé.
Ce que l’on voit, vit, ressent revient à l’unité du moi telle qu’elle se projette, se produit, se visualise, mais l’on ne vit pas, n’éprouve pas le je antérieur ; il est le repli dans lequel existe le pli qu’est le moi (de même que l’Etre de Heidegger qui délivre des étants, en se cachant donc : remontée dans l’antériorité ; ça n’est pas un hasard, Heidegger explore le situé, là, le « là » en lequel chaque conscience existe, qui entoure cette existence, de même que Sartre expose les situations, et tente de parcourir les sous-consciences ou peut-être hyper consciences qui se satellisent autour de la conscience du sujet hypothétique, ou la psychanalyse inventorie les dispositifs dont le moi est la synthèse très limitée, ou les possibilités du moi dans ses entortillements de l’identité et des dispositifs et des consciences potentielles).
Les grand sujets veulent extraient, soumettre, explorer, découper, diviser ou synthétiser en conscience ce « je » antérieur qui n’existe pas ; le moi ignore ce je, il s’en sert comme d’un moyen, moyen d’une fin qui est son identité et qu’il tient au-devant de soi, non pas en tant que « moi-même », (il est très difficile de répondre à la question ; qui suis-je ? ça part dans tous les sens et ça ne peut pas se totaliser réellement), non pas en tant que moi-même, mais il se tient là devant comme objets ; par tel ou tel objet il se perçoit ; plus il se manifeste un objet surabondant, plus il existe ; l’amour est évidemment un tel objet absolu, mais dans ses deux parties ; d’abord comme désir qui meut le corps, qui s’dresse à l’inquiétude que suscite mon corps et dont l’autre corps est censé donner la réponse à la question que mon être-là est. Mais aussi plus durablement en tant que l’autre est l’autre conscience ; non pas seulement l’autre moi, (qui serait ou risquerait à coup presque sur de n’être que la Même synthèse que je suis, projetée et reconduisant mon-moi, ce qui est une redite continuelle), mais l’autre conscience, cad cet être inatteignable mais qui porte quantité d’effets ; si l’amour est la réduplication du moi, ça ne compte pas (de ce point de vue de l’amour, mais chacun joue comme il l’entend au fond), mais si l’amour est le point si externe à tout qu’est l’autre conscience, cela s’adresse non plus à mon-moi, mais à cette conscience repliée (structurellement et toujours repliée, toujours impossible mais qui a des effets réels) et donc engage sur un autre cheminement que celui du moi.
De deux choses l’une (mais les deux existent toujours) ; soit le moi se projette (et se répète) soit le moi glisse vers la conscience antérieure (celle de l’autre et donc la sienne propre) et assure, assume, engage, crée des effets plus grands, plus réels, plus conséquents.
Or ces effets (que la structure antérieure provoque, bien qu’elle n’existe pas et ne se nomme pas et n’est pas déterminée) ne se « soient pas » ; ils glissent eux aussi dans l’antériorité mais supportent, affirment, créent un moi plus conséquent (en ce sens cela a des effets, des déterminations évidement) ; l’amour est idéalement (mais il faut que le désir, cad la projection du moi lui-même existe tout autant) l’augmentation, par contre coup pour ainsi dire, du moi. On voit donc comme une superstructure (inexistante) s’ajoute et réarticule en plus le moi (qui est lui-même la structure initiale, et fondé sur le je inexistant qui pourrait se figurer comme infrastructure).
Ceci étant donc de simples divisions, étant évident que dans la réalité tout est constamment effectif et subissant des variations continuelles en chacun.
L’autre voie se veut comme acharnée à son être ; pur et simple. L’infrastructure n’est pas « infra », il se révèle comme forcenée ; le moi ignore la conscience et privilégie le contenu sur cette forme vide et sans rien ; pour le moi existe ce moi, cad ce corps, cette identité, ces objets et éventuellement un hyper objet amoureux (dont le lancement, le point de départ est le désir du moi et qui peut basculer vers l’amour, ou ce que l’on nomme tel, puisque l’on ne sait plus trop démêler le désir (du moi) et la réalisation du relationnel, l’assumation du conséquent, durable pour ainsi dire (mais aussi selon cetet version atemproelle du suejt comme passion surdimensionnée), et ceci parce que l’on se règle sur le moi, ses objets et que le moi se tenant à cette logique n peut pas, plus interpréter l’articulation de superstructure selon cette structure initiale et se coupe alors d’autant plus de son infrastructure de conscience, il devient incoerciblement son corps composé comme moi ; il faut que l’articulation soit « complète », qu’elle comporte infra, supra et structure ).
Privilégiant le contenu (de conscience), la conscience ‘de » ce contenu glisse par en-dessous ou au-delà ; on ne peut pas maitriser la conscience (ce mécanisme absolu, les sujets ne maitrisent pas leurs être-de-conscience, ils veulent connaitre cet être, et remonter au plus loin dans la structure). Le contenu devient « ce qui est », cela seul qui est (les sujets ne tiennent pas à « ce qui est » ainsi défini, ils pensent que la structure remonte dans son être étrange et replié).
Mais le contenu, quel qu’il soit, est toujours perçu ; le point de perception est non visible ; et donc il se meut, il vadrouille, il peut tout aussi bien exister ici que là, et plus probablement ici et là à la fois ; « conscience » n’est pas « conscient » (qui se stabilise sur une fixité assurée, que le conscient nomme d’un mot et mot qui fait partie des échanges avec les autres et redouble ou acquiert par là que tel mot désigne telle chose réelle parmi les autres). Conscience est un point de vue (c’est même le seul qui existe) mais structurellement insituable.