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instants philosophie

De la gratuité (et du libre) dans la rareté (généralisée abusivement))

25 Janvier 2012, 13:10pm

Publié par zwardoz

La philosophie et l’universel, (ce qui veut dire le droit, l’Etat, la raison, les sciences, la culture, littérature et esthétiques, etc) destinaient leur projet à la réalisation commune en chacun comme en tous ; mais sitôt le sujet posé, déposé sur l’histoire, il se rend bien compte que sa volonté, son désir, ses intentions, son corps, le monde-donné-là-immédiat et vécu, lui appartient.

Mais il lui appartient bizarrement ; il sait bien qu’il n’est pas lui-même celui qu’il est (il s’en aperçoit durant son vécu en tout cas) et il observe bien que le monde donné, là, n’obéit pas ; pas au sens qu’il aurait du avoir, et que sa matière, sa pesanteur, sa difficulté, sa complexité découpée en tranches profondément diverses, ne rentre pas dans l’intention que lui, moi-même, est pour lui-même. Or de clef pour réguler le monde-là, il n’a que son lui-même ; qui est en tant que corps, affectivité, images et imaginations, pensées, etc, ce qui ouvre ou ferme le monde, et bien sur ce qui ouvre ou ferme que les autres sont précisément l’accès ou non au monde, puisque le monde, le donné, n’est, pour-nous, que ouvert ou fermé humainement. Il n’existe pas d’autre approximation du monde-là que le monde communément partagé.

On remarquera que l’Etat (le droit universel démocratique) est en lui-même justement la cessation de la pression des autres sur chacun ; il se prête comme clef universelle qui admet chacun, quel qu’il soit, dans son être même de moi-même. Est le recours censé préserver quelque dérive que ce soit qui annulerait que « un égal un » ; et donc plus loin que tout moi est un sujet. Et il n’est nullement étonnant de comprendre que toute annulation de l’être du sujet, passe par une ségrégation, une non universalité ; au profit de la « chaleur » d’un entre-nous, d’un entre-soi.

Ce qui ouvre ou ferme le monde, via la clef que l’on est pour soi-même, c’est en tant que l’on est un-tel ; limité par le fait même de son identité propre. L’acculturation universelle est la coupe radicale (qui interrompt le monde) qui donne à chacun qu’il ne soit pas « lui-même » seulement, mais quiconque, et quiconque en tant que poussé au plus, au plus loin de son possible ; soit donc l’homme universel, celui qui peut tout ressentir esthétiquement, qui peut saisir le politique, comprendre les avenues des sciences, et qui peut d’une manière ou d’une autre venir à bout de son identité de simple moi-même. En tout cela il n’est pas répudiation du moi-même, mais son amplification pour encore plus de perceptions allouées, plus de vécus enroulés, plus de possibilités ouvertes. Une vie qui ne s’éteint pas de son étouffoir limité, mais qui se propage et sans cesse.

Quoi que alors il est en cela une perturbation conséquente de l’universel idéal, qui pensait appliquer tout uniment la même formulation de contenus vécus, politiques ou de sciences closes et refermées. Tout s’est avancé à l’inverse ; les sciences ont explosé en diverses perspectives, les politiques révélées insuffisantes et limitées, les vécus multipliés en tous sens.

Il s’est déployé alors des pensées sous la puissance du  changement gigantesque de possible, par lequel tout nous échappait, s’enfuyait comme mondes humains, chacun développant son identité et comme chacun est sujet extrapolant cette identité comme « vérité » et sans régulation aucune.  

Chacun est de par la forme même de son être dans la plongée abyssale qu’il ne peut éviter ; un sujet doit savoir, connaitre, éprouver, ressentir ce qu’il est. il ne peut pas se satisfaire d’un contenu universel duplicable indifféremment. Un sujet n’est pas une psychologie (il aurait à arranger à peu près présentable son « intérieur »), n’est pas une sociologie (il en est du reste garanti par l’Etat constitutionnel ; indépendant de toute interférence commune). Ce serait plutôt un laboratoire vivant qui trouve, cherche ou perd irrémédiablement le sens, ce qui veut dire la portée, la capacité, la potentialité de ce qu’il peut étant donné qu’il est.

Autrement dit, sorti de l’entrelacs d’identité, de psychologisme ou de sociologisme (et il en est à foison), le sujet revient en sa dimension, en son unification même, politique, esthétique, éthique et absolument existentiel ; ce qui veut dire ontologique.

Au sujet homme universel, ayant à accomplir le vrai, le beau, etc, s’est substitué dans le monde, le sujet dans un moi-même qui l’entraine comme seulement une identité, qui lui absorbe le monde, le donné et même le vécu, puisque ce dernier est dévoré par l’identité (cad la seule clef qu’il puisse).

Autrement dit cela revient à avouer que bien que libre, si cette clef de monde-là s’impose à ce point d’absorber tout l’être, c’est que l’on se déplace sous pression ; qu’une pression constante demeure exercée sur le chacun, et que l’on y est soumis à la rareté. Et non à la gratuité. Rareté organisée, concertée, qui relève d’un système entier de (non) compréhension de soi. 

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