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instants philosophie

Du non-sens de tout (et de sa logique remarquable)

10 Juillet 2012, 10:15am

Publié par zwardoz

Il ne suffit donc pas de dire que rien n’a de sens ; que ça ne va nulle part qui nous satisfasse. Il faut dire que ça avance par une orientation qui ne nous convient pas. Nous voudrions nous replier sur notre quant à soi, mais la structure formelle de notre être nous en expulse, et cette finalité traine en longueur c’est que nous résistons. 

L’être de conscience est une totale expulsion. Il épuise la détermination, le monde, le donné, le vécu. La société humaine, le « là » immédiat et les vies dans leur détail même. 

Le problème étant ; puisqu’il abomine la détermination, il est cependant lui-même, étant purement formel et vide, sans repère, du tout sans aucun marquage, il est déjà déterminé et doit toujours si il veut avancer, reprendre la détermination en cours ; il n’a aucun moyen d’expression que de reprendre la détermination et l’abominer encore plus loin. On ne peut pas dire de but en blanc la structure que l’on est (malgré soi, malgré le quant à soi, malgré l’entre soi), parce que la structure n’est pas, est inexistante. 

Elle se conclut du monde, du corps, de ses dispositions, et en émerge mais larguée alors dans le vide. Et pour continuer d’être, elle relance la détermination et tente une fois encore de s’y exprimer ; elle manque à tout coup. Elle utilise ce qui lui vient, mais aussi ce qu’elle a déjà mémorisé ; l’ensemble culturel tel ou tel, ce système de signes là. 

Elle est déjà inscrite comme identité, telle culture ou telle personnalité, mais ça ne lui importe pas. 

Ça n’est pas qu’il n’y ait aucune vérité à être un-tel ou ressortissant de tel ensemble culturel. ça ne vaut que par ce que cela ouvre (et ferme). Toute détermination ouvre et ferme une expression, et si cela, cette expression progresse, et qu’il y ait un réel progrès, bien effectif, ça ne vaut pas en soi mais parce qu’alors la structure peut dévorer plus encore de réalités, diverses, multiples, et absorbe la richesse, la détermination. Elle dévore. 


Autrement dit ce que l’on nomme progrès, est le devenir structurel. 

Ou encore, les divers mondes humains s’épuisent et ce qui est démantibulé, c’est par exemple que la Parole soit le moyen d’organisation des mondes humains ; il n’y a plus de Parole partagée, d’une tribu restreinte sans écriture. On a remplacé cela par le symbolique, cad par les religions, articulés autour d’un texte sacré (écrit donc) et en vertu d’une communauté de partage oui, mais imaginaire. Mais le symbolique s’efface lui-même. De même les échanges étaient régulés par le Sens (de la parole ou du sacré), mais il ne reste plus que de purs échanges libérés de toute entrave. Pareillement la production fantasmatique des mass médias, une production titanesque qui nourrit l’irréel de chacun. 


L’irréel, de l’imaginaire au fantasme personnel

Autrement dit, lentement l’humain passe de l’irréelle gestion du donné, à un réalisme, une nudité, un être-là entièrement délivré de l’irréel. 

Chacun centralise alors la production d’un irréel personnel, parce que sinon d’exister est insupportable. Non seulement « ça n’a pas de sens » mais surtout le structurel qui veut structurer sans parole, ni sacré, ni sens, tourne à vide. Et ceci ce tourne-avide est un tourment singulier ; c’est un manque, une folie, une dangerosité au bord de chaque gouffre individuel, délié de tout système de parole ou de signes. Le gouffre est ouvert, parce que l’humanisation (qui croyait aboutir à une égalité de vue sereine dans l’universel de partage cultivé, chacun s’animant d’être reconnu par tous et tous par chacun) l’humanisation se heurte à cette déchirure définitive ; l’être structurel (du libre-pur par ex, de la conscience individuelle, de l’objectivité totalement effective, du nombre ou de l’argent, etc) brise les mondes. 

Inversement ; ce que l’on nomme le bonheur ou la liberté chérie, ne valent pas en eux-mêmes ; mais par ce qu’ils augurent. Le bonheur si il n’est pas d’une odeur douçâtre, est la mise en œuvre des meilleures dispositions possibles qui puissent pousser à être l’être conscient en tant que ce qui seul vaut est la conscience même. 


Le gouffre indéfini

Or la conscience est un gouffre, abyssal. Elle ouvre l’indéfini. Dépouillée de tout, et bien qu’ayant à retravailler sans cesse de la détermination, et ayant à acquérir personnalisation en sus de l’humanisation (universelle), elle mène un tout autre jeu et use de cette humanisation ou personnalisation en vue d’un autre plan, et essentiellement d’une autre logique.


Les anciennes formules, parole et universalité

On en sait plus ce que l’universel (idéal de partage d’une acculturation, d’un processus culturel entier prétendument et distribué comme idéal de chacun de rejoindre la grande messe de la pensée, du bien, du vrai, du bien, du bonheur, de la liberté sage et raisonnée) promettait ; une humanité assagie. 

Mais on ne sait plus, encore moins, ce que la parole (partagée entre tous dans une communauté restreinte et qui échangeait avec sens et mythèmes, telle chose du monde, d’un monde particulier qui se pensait comme Tout significatif en chacune de ses divisions liées entre elles et qui échangeait et communiquait de vive voix, face à face dans une communauté réellement là) déroulait comme Tout de sens (affectif, émotionnel, perceptif, parlé, vécu). 

On en sait plus également ce que le symbolique d’une communauté imaginaire par laquelle chacun se reliait en esprit d’un être central absent qui renvoyait à ce monde-çi mais en supposant une vision intérieure symbolisée (puisque cette communauté n’existait pas dans le fait de la vie, chacun étant séparé). 


L’être froid

Tandis que chacun est tel-quel livré radicalement à son être-ici, absolument séparé, et dans la division la plus totale et abandonnant de fait tout liaison irréelle, de parole ou symbolique. Chacun produisant avec terreur sa liaison non plus seulement imaginaire (qui s’effectue en esprit commun), mais liaison fantasmatique ; parce qu’essentiellement chacun doit prendre en charge son corps. Se l’expliquer. Ce qui est inexplicable et incompréhensible. 

L’usure

Il est alors inutile de croire rassembler l’humain en une essence, un tout, une unification ; n’importe quelle humanité mais aussi n’importe quelle personnalisation sont seulement utilisées par l’être-structurel qui broie et épuise et passe à autre chose et donc retravaille un donné là (qui lui est purement indifférent sauf en ce que « bonheur » veut dire « encore plus » de richesse de détermination ou d’information à se mettre sous la dent). 


Le sujet uniquement structurel      (qui va-vers quoi ?)

Que tout n’est pas de sens, c’est évident, mais que cela ait une logique est essentiel ; nous avançons de l’irréel au réel pur. Les mondes humains précédant l’humanisation universelle, elle-même aboutissant à la personnalisation, centrée sur la plus petite unité qui peine à se maintenir, qui ne sait pas ce qu’elle affronte, l’abomination des abominations, le gouffre dévorant qu’est en chacun le sujet-caché-dans-le-moi, la forme vide qui est (et bien que l’on ne sache pas ce qu’elle signifie, elle continue à se déployer instantanément).  

 

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