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instants philosophie

L'extase cartésienne du libre (et les maugréants)

3 Juin 2013, 15:08pm

Publié par zwardoz

Il apparait donc que tout ce qui fut pensé depuis Descartes tente de recouvrir, d’annuler, de biffer la découverte de l’unité du sujet en tant que Je.

C’est qu’il s’agit de ramener à rien ou de démembrer ce qui est décrit ; que le sujet, insituable, qui se partage pour Descartes dans la « pensée » en général : qui contient la perception, la souffrance et le plaisir, l’imagination, le corps de façon mystérieuse ou non résolue, mais aussi les notions, les concepts, les idées au sens de simples pensées et qu’il oppose ou dépasse (et explicitement) vers ses Idées, telles qu’elles surgissent du doute, Idées de l’infini, de l’étendue, et du « je pense » qui n’est pas nommé autrement que par cette expression, cet acte, cette activité ; le « sujet » n’est pas nommé comme tel, c’est lui qui décrit, qui doute et suspend toutes intentions, puisqu’il est, lui, le sujet, l’acte d’interposer l’attention, est cette attentionnalité même qui arrête toute intention et donc est en soi et par soi, la volonté (nommée ainsi faute de l’idée d’intentionnalité phénoménologique).


L’os du réel

Cet acte de suspend par quoi ce qui se montre est l’attentionnalité, la possibilité de rapporter soudainement que l’on existe à son interrogation et qui plonge de ce fait dans la structure même de notre être ; planté tel un clou sur l’étendue du monde, qui prolonge « mentalement », idéellement au cœur de la structure du réel ; idéellement en ceci que l’activité métaphysique (qui cherche seulement à établir un discours, une théorie, une pensée abstraite et nominale) est dépassée par l’activité même de ce sujet envers lui-même et qui lance alors dans la réalité, dans le monde, dans la réalisation humaine, lance la foudre d’un accès direct à l’ontos, l’os du réel.

C’est le squelette de l’homme qui apparait, qui s’exprime, qui s’offre enfin une représentation ; laquelle sera recouverte, oubliée, annulée ; c’est que cette lancée absolue (puisque permettant de manipuler notre être par lui-même ; ce que les théologiens, les anciennes maintenances de la métaphysique (opposée à cette ontologie de l’os, du roc réel), les empiristes ou simplement l’activité de penser, les philosophes, refusent profondément.


La revanche des autres

De même il y aura une levée de boucliers envers et contre le cartésianisme ; et à juste raison en fait, puisqu’il est impossible de penser l’os du réel (qui n’a pas de représentation, étant formel), et qu’il fallut se rabattre sur les réalités, les idées-notions et les causalités (sciences, sciences humaines, marxismes, psychologies, etc).

Et ce d’autant plus qu’enfin le cartésianisme permet, ouvre, produit cet effet ; les objectivités, les empirismes, les sciences ou les sciences humaines bien sur existent en eux-mêmes, mais ontologiquement le sujet cartésien est celui au devant de qui tout le reste est possible, qui était impossible pour l’ancienne métaphysique (qui postulait sur l’idée-notion, le discours universel, renvoyé au dieu métaphysicien, pris lui-même dans la théorie métaphysique). Non que Descartes provoque évidemment ces effets, mais Descartes manifeste, exprime l’être qui, lui, rend possible ces effets ; il est au moins cette révélation et non forcément la cause exclusive évidemment de ces effets.


Le vide étourdissant et ses remplissages divers

Contre la formulation la plus adéquate de l’interne de la structure il est donc la nécessité de malgré l’abstraction que provoque l’attentionnalité cartésienne (notre être est le doute-cogito-infini-étendue-corps, tout en une fois parce que re-pris par ce doute et la suspension de l’attention elle-même), de malgré tout penser, aligner des idées, décrire et parler, exprimer, représenter « ce que nous sommes » ou le monde, le donné ou le vécu.

Et toutes ces descriptions se déroulent au-devant du sujet (que nous nous avons nommé tel historiquement).  Y compris celle des inconscients ; la conscience comme formelle ne s’oppose en rien aux inconscients ; elle n’est pas une intériorité mais la projection, l’expulsion, l’intégrale exposition, voir explosion, vers le « là ». En ceci elle est dialectique ; ce qui est exposé, est instantanément dépassé par la conscience qu’elle en prend. Dépassé, soulevé, relevé, absorbé en un mot ; elle en fera quelque chose d’autre puisque cela ou ceci est déjà dans le monde, dans la perception ou le regard.


Les discours selon les autres

Si Descartes manque partout (outre le fait que cette forme est im-pensable),  c’est que l’activité pure et simple des sujets devient immédiatement pris dans un autre-discours ; autrement dit, seul Descartes (pour caricaturer et simplifier, bien qu’il ne soit pas le seul évidemment) promeut que l’activité (vraie, réelle, l’activité active ontologiquement) n’existe que de par soi et que chacun est d’une part la reprise gigantesque de l’universalité (l’ancienne métaphysique) et d’autre part est articulé à la dernière conscience possible instantanément ; dieu, en sa volonté individuelle in-finie qu’il dépose de par son être, en nous, cad en chacun.

 

Il est donc un apogée de notre-être en ceci que l’activité ontologique est de plein droit l’universalité et l’interne structure. Et ce ancrée ici même, qui se sait et le dit.

Cela va contre tout discours extérieur (qui soit nous dispatche dans l’extériorité des causes et des inconscients, soit nous confère une intériorité irréelle, passive) qui finalement aboutit à nous laisser dépendre des autres, de toute sorte d’autres, institutions ou objectivismes, corps ou désir, immédiatetés et parole (qui appartient forcément au groupe, n’importe quel sorte de groupe).

Si le Je, le sujet est et n’est que son activité au sens d’activisme ontologique, alors il dépend de ses « idées innées », pour ainsi dire ; non sous la forme d’idées, de notions, de concepts, de discours, mais sous la forme d’apparitions instantanées de ce qui est.

En ceci se crée l’extase absolue de l’être-libre ; libre de ce qu’il ne dépend dans son être interne que de cette structure elle-même de conscience, d’attentionalité, de suspension et de mise en évidence de l’ontologie pure et simple qu’il y a à être. Si il ne dépend pas, ça n’est pas seulement en ce qu’il est centre de décision, mais en ce que la formulation-même, l’activité de penser, de ressentir et d’instituer ce ressentiment (sur son vécu, le donné, ou le monde, politiquement, esthétiquement, éthiquement, idéellement) dépend de lui et de lui-même (et non nécessairement de « lui seul », ce qui n’a pas grand sens ; le sujet absorbe tout ce qui lui est acquis, tout le passé et les connaissances et les états du monde, du donné ou vécu de son vivant, pour ainsi dire).

 

Cet accès est dit instantané ; il sur-existe tout naturellement

Il est donc un barrage qui tend à nier que nous soyons d’une part universellement et d’autre part attiré par la dernière conscience possible ; ce que l’on résume par ; Descartes est la première conscience possible ; il n’y en eut qu’un. Date structurelle.

Ce renversement est intégral et il fut impossible de penser ou de vouloir ou de décider ou de se savoir hors de cette réflexivité ; il y eut donc un décentrement hors des discours et théories, libéralisant tout accès au monde, au donné et aux vécus. Ce qui veut dire que ça n’est plus la pensée qui nous pense (ce qu’adoraient, à juste titre, les anciens métaphysiciens ; l’universel causant une augmentation considérable de notre être), mais que l’on dirige, articule, rapporte en l’être de tout sujet un centrement qui tient de soi et de soi seul, puisque le sujet est sa propre loi, étant réellement une Loi (et non pas n’importe quoi).

Ce « tient de soi seul » n’est donc pas de se livrer à l’immédiat ; il est tout l’inverse ; c’est uniquement de rapporter, ramener et l’universalité et la dernière conscience et la première qui compte et qui s’agite.

L’autre temps d’exister

La formulation de réduire le sujet au désir, au vécu, à la psychologie, aux causalités, est encore et toujours la reprise (sous les causalités du monde exposées) de la pensée métaphysique sous cette fois les conditions du monde, et de livrer chacun aux discours des autres ; au lieu que l’activisme est de porter d’une part l‘universalité, soit donc le partage du vrai, du bien et du beau et tout autre biens, et d’autre part de finaliser selon la dernière et les premières consciences…

Le cartésianisme ne remplace pas l’attention par un contenu ou une autre attention ; il oriente ou désoriente, remodèle l’attention et la conscience en mais aussi par l’être même de cette conscience ; si cette opération est dite ontologique c’est bien de ceci que cet être non modifiable en soi (c’est une forme) parvient à, se saisissant de soi d’une incompréhensible ruse, se manipuler lui-même ; que la conscience puisse réorienter son être, signifie singulièrement que la forme (qui est a temporelle) puisse devenir et indique donc une autre orientation du « temps ». 

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