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instants philosophie

Logique déraisonnable du monde qui devînt

4 Juin 2013, 17:08pm

Publié par zwardoz

Il est impossible de combler le gouffre béant ouvert cartésiennement, (remarquons que tout le discours de la méthode est profondément étrange et radicalement existentiel). Il faut s’y faire et essayer d’en comprendre la raison ; pourquoi existe-t-il un être dans ce monde qui n’appartient pas ? 

Partant du principe général que ce qui est, existe parfaitement, la même problématique se reprend ; quel est la perfection (qui n’obéit pas nécessairement à nos préconceptions, du reste où sommes-nous allés chercher ces conceptions ?) de tout-ce-qui-est ? 

Le principe encore plus général est ; le réel, ce qui est, est parfaitement (ou n’est pas, et comme il existe de fait le problème est de comprendre en quoi et comment). 

 

La vérité et la liberté comme possibles

Que nous n’y comprenions rien est faux ; la philosophie a mis en œuvre quantité de vérités. La commencer par l’établissement de la vérité non comme contenu mais comme principe, vide et formel, auquel sont assujetties toutes les vérités secondes, secondes ontologiquement ; autrement dit la vérité-principe est un principe ontologique qui dit quelque chose, de formel, sur l’être. 

De même la philosophie a assuré que la liberté ne s’entend ni de ceci ni de cela, mais en elle-même ; quels que soient les choix ou les inventions du libre, pourvu que ces choix et inventions ne contraignent pas la liberté même, ce qui rendrait tout impossible et qui signifie donc que le libre est le possible. 


La limite de ce-qui-est, atteinte

Sans doute tout cela devait exister ; non en raison d’une nécessité, mais de par cet être lui-même que l’on est, et dire que l’on est nécessairement libre revient à « ceci est notre être ». Ou donc ; or cet être (dont on atteint la limite, et qui est lui-même la limite) il n’est rien en-deçà (et rien au-delà qui puisse l’ignorer et se passer de la nature étrange de cet être-nôtre). Ce qui revient à ; il n’est rien d’autre à vivre, à éprouver et que l’on atteint la racine de ce qui est, en tous cas pour-nous, tel que ce-qui-est puisse nous apparaitre. 

Or cela est équivalent à : le réel est parfait. Autrement dit nous existons depuis le début dans le plus complet accès à ce qui est et depuis le début nous agissons au plus loin des limites qui sont d’autant chaque fois repoussées, expérimentées, vécues. Il n’est rien à ajouter ou retrancher de ce qui est ; au moins quant à la nature ontologique de notre-être ; le réel est intégralement ce qu’il doit être, et comme ce devoir est égal absolument à son pouvoir être, la seule question est ; en quoi et comment vouloir, désirer, décider, inventer de telle sorte que tout cela nous revienne (comme nôtre) ? 

 

Nietzsche

C’est la résolution qu’entendait mener Nietzsche évidemment ; comment renouer avec tout ce qui est, étant entendu que ce qui est, n’est pas du tout tel qu’on le souhaitait, l’imaginait, mais que ça n’est pas une raison pour que nous ayons plus-raison que le réel… qu’à la vérité, la vérité est du côté de ce-qui-est et non pas du rêve inopportun de notre repli, engageant le ressentiment et nous dissimulant la véritable réalité. 

Or Nietzsche sacrifiait sur l’autel de la nouvelle réalité (et en cela il est parfaitement dans le vrai ; il est depuis Descartes l’étendue du monde, autre, radicale, qui se dresse et s’impose à toute rêverie humaine) notre-être ; en ceci qu’ayant à manifester, extraire la réalité nouvelle, il ne pouvait que passer outre les anciennes formulations ; la dureté et l’étrangeté du monde réel sont au-delà des cercles humains, collectifs, personnels ou des anciennes métaphysiques ; sa révolte envers le connu, exprime absolument la nature même de notre être en tant que celui-ci n’est pas exclusivement la raison, l’universel, ni la dernière conscience, mais est la première, la première conscience ; celle qui débute intégralement à neuf et à nouveau et se moque du reste (tout en ré-empilant la totalité de ce qui précède, puisque rien n’est indistinct ni inutile, ni faux en vérité). Cartésienne, la redoutable. Nietzsche est en état de réflexivité intense. 


Un seul devenir global

Il est donc une droite ligne absolument libre (qui part donc souvent dans tous les sens, il est de la règle du libre pur de devenir(s). Les révoltes et les tentatives de nier la philosophie, la raison, l’universalité, l’être libre ou la conscience, qui prennent fait et cause pour le monde, le vécu, le donné, le langage, les inconscients divers et variés, ne se comprennent que d’assister au déroulement unilatéral et au fond serein sous les yeux du Sujet ; pourquoi cherchons nous les causalités dont nous dépendons sinon parce que nous n’en dépendons pas essentiellement !?

Or Nietzsche et les réflexivités augmentées, savent bien qu’ils sont poussés à parfaire encore ce qui est-déjà parfait ; puisque le parfait n’est concevable que si véritablement, lui, il peut encore s’améliorer ; sans ce devenir encore-plus, il n’y aurait aucune liberté de perfection. 


Vérité et liberté comme principe signifient devenirs intégraux

On comprend bien par là que la perfection n’est pas de se tenir béatement « là », inerte et mou, mais est le mouvement même ; comme si la liberté consistait à « profiter » de son état… le libre ne s dit que de dépasser et ceci non d’accumuler mais de changer de mode, de variation(s), de possible entièrement ; étant purement vide et formelle, elle ne tient pas à ceci ou cela mais surexiste instantanément et naturellement, selon son être pur et simple. 


Le retour des trois extases abandonnées

Lequel est réflexivité ; le caractère indéfiniment retors implique que des trois extases aucune n’est abandonnée ; universalité, dieu et être-libre sont un seul et même devenir-être. Etant posé que « être » signifie bien plus que être-seulement-là ; être est intensément réflexif et double, triple, quadruple et n’a aucune cesse en quoi que ce soit. Et réflexivité nous garantit de ceci ; il n’est pas « facilité » ; le devenir-mouvement est effort instantané sur soi. 

C’est de prendre l’humanisation comme un état, alors qu’elle est un devenir, et la personne comme un moi, alors qu’elle est personnalisation, qui nous a condamné à seulement croire en la détermination d’un état de nature enfin réalisé si communément et humainement ; la vérité est que ni l’universalité, ni le devenir de dernière conscience et encore moins la conscience première n’ont cessé de constituer les fondements radicaux de tout sujet, dissimulé en un moi. 

Lequel est si fort embarrassé de son identité ; en la spontanéité duquel « moi-même» on croyait ; alors qu’il est si complètement construction difficile, pénible, amendée, corrodée, emplie d’inconscients et qui ne tient littéralement que d’être articulé par une conscience-vers-le-réel. Cet ancrage seul le convertit instantanément et lui offre son seul devenir possible.  

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