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instants philosophie

La mort de la télé-réalité (son remplacement par un jeu idiot)

31 Juillet 2010, 00:59am

Publié par zwardoz

L’échec pharamineux de secret story saison 4 se préfigurait déjà dans les précédents épisodes. Un contrôle renforcé des signes. Le scriptage accéléré à permis de basculer d’un jeu à peu près libre et hasardeux, vers une mise en scène extrêmement stéréotypée, qui colle ici et là quelques éléments « vérités » ayant pour destination de renforcer la crédibilité d’un mauvais récit contraignant. Au point que les candidats étant résolument télécommandés, s’amenuisent les motivations réelles des uns et des autres ; dans un monde artificiel au plus haut point, personne ne croit plus à quoi que ce soit et l’empire général du mensonge constant remplace alors l’idée même d’un jeu relationnel.

Or c’était cela qui attirait ; le scriptage remplace les ambigüités et les ambivalences et les incertitudes internes pour améliorer une lecture simplificatrice de scripts, de stéréotypes. De même, en externe, si l’attention ne s’acharne plus à décrypter les indices de personnalités, les signes de sens (qui renvoie tel comportement , gestes, manières d’être, mot échappé, alliances non préfigurées, etc), à lire et donc unifier de par soi les signes extérieurs dans un effort de spectateur pour construire la manifestation des candidats, alors le jeu humain s’effiloche et perd la totalité de son intérêt ; en interne comme en externe.

Il est peu étonnant que ce contrôle étendu et dictatorial atteigne la téléréalité produite en France …

Les français se signalent par une frilosité sans égal ; il n’est pas question pour eux de supporter la réalité telle qui spontanément produite, et visiblement lisible par tous, directement, sans intermédiaires et indépendamment du regard sélectif du clerc de service.

Lorsque l’on est français, on ne se lâche pas ; et si l’on communique, c’est par les tics et les pistes tracées connues, trop connues, qui lassent tout le monde et dans la reproduction desquelles chacun s’épuise à la conformité de bon aloi… une pression invraisemblable appuie sur les esprits ; même les rires ne fusent que dans l’envie peureuse de la ressemblance entre soi … Il n’est rien de plus grave que de se faire remarquer en mauvaise part, non conforme.

Et ceci pour la raison suivante ; l’acculturation française est une hiérarchisation. Il n’est pas de participation vraie ; mais tout échange débute ou aboutit à une rivalité dénuée de raison, d’équilibre et de vivacité. Tout cela est morne au plus haut point.

Puisque le principe même de la télé dite réalité est qu’entre les emprises du pouvoir (pouvoir des productions et pouvoir du regard pesant du CSA, des bonnes manières frigides, de l’ambiance mortifère de la société française, du couverte baudelairien qui pèse sur nos intériorités et les lamine du dedans en confondant cela même dont nous aspirions à nous défaire … la confusion du regard détériorant, hyper socialisant ) entre les emprises du pouvoir, le  regard intérieur pensait être en mesure de lire les signes à même les personnalités, telles que presque nues, sans les voiles de la fausse pudeur idiote, coercitive, et au fond profondément malsaine ; lecture libre non-idéomaniaque.

Ainsi les leitmotivs ramènent continuellement les motivations à ces « stratégies », trahisons, montrage du doigt et autres phénomènes humains, si humains, mais alors tournés en dérision, et digne de cet esprit moqueur, perfide, si abrutissant et si français. De même le rappel continuel des « excès » , vieille, si vieille rengaine qui remet surimposant une « odeur de soufre » dont tout le monde se fout (sexe, homosexualité, voyeurisme débile ; aucun intérêt , excepté dans l’esprit des pseudo producteurs qui estiment que ce sont ces vieilles lunes qui « intéresseront les foules » ; les productions méprisent tellement leurs publics, qu’elles leur assènent d’ignobles motivations ; ce qui n’a rien à voir avec la réalité de cette exposition si manifestement humaine qui tentait une exposition dite de réalité humaine).

Pareillement, les élites qui montent au créneau contre ces télés réalités, loin d’y comprendre quoi que ce soit, reproduisent elles-mêmes l’ensemble du mépris de leurs alter-egos de la production et du CSA, le mépris par lequel on fustige la populace. Le coinçage généralisé est à ce point imposant que s’y démontre et s’y montre de visu, la complexe, mais effective main mise intégrale par la simple perception sur les comportements régis par une pseudo littérature scénaristique et une pauvre psychologie sans envergure, par des « pouvoirs » qui se réfugient hors de la spontanéité, qui menace le couvercle pesant sur les corps, les esprits, les personnalités et les relations humaines ; le couvercle noir et ignoble qui engloutit l’humain, n’ayant pas droit d’exister, tel qu’il se prêterait si aisément et avec amusement et joyeuseté au jeu, si il n'était les rabats joie de service. 

Mais les français ne sont pas joyeux, ils sont persifleurs, embués de mélancolie, d’inertie, de pathos larmoyant, ou à l’inverse de critique mordante qui n’a de valeur qu’idéomaniaque, stérile, sans curiosité, sans vie véritable.

 

 

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