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instants philosophie

La vengeance du sujet

4 Octobre 2011, 14:59pm

Publié par zwardoz

Le langage se crée de la Parole ; la Parole est première. Au sein du langage, issu de la Parole, s’invente l’universel. Qui requiert deux cohérences ; une cohérence interne (tout élément est créé d’autres éléments, et plus ou moins l’ensemble fonctionne comme une totalité cohérente de signes, qui s’auto explicitent). Et si ils s’auto explicitent, c’est, supposition a priori mais pas sotte, que cette cohérence est égale à celle de la réalité, extérieure au langage.

On se forme donc à l’idée que la pensée peut atteindre une auto cohérence, entièrement explicitée, et que cette auto cohérence (la déduction de tout le pensable) soit adéquatement réel. Sauf qu’il apparait en fin de compte que l’on ne peut pas déduire tout le pensable (il reste toujours de l’indéductible et de l’injustifié, et du non compréhensible), et que d’autre part, le pensable n’est pas équivalent au monde donné.

Il faut en appeler aux sciences pour inventorier le monde et tous ses éléments divers, impensable par la déduction, et mesurer le non représenté ; le non représenté est seulement mesurable, qui seul permet d’accoler des signes aux réalités. Les mesures autorisent plus de réalité(s) et d’autres réalités que celles représentées par des seulement idées.

Dans le même temps la pensée est décrochée du pensable ; ce ne sont plus les idées qui se jugent entre elles (se déduisent) mais elles sont rapportées en et par un sujet. La difficulté est extrême en ceci que l’on ne voit plus ce qui mesure les intuitions du sujet ; la déduction n’est plus capable de justifier des idées qui « apparaissent » au sujet. Sauf à supposer que le sujet obtient (on ne sait comment) des visions immanentes quant à « ce qui est ».

Or manifestement le renouvellement par le sujet s’impose radicalement ; on ne peut plus faire comme si il n’existait pas un monde étendu, comme si le sujet n’existait pas antérieurement au pensable.

Dés lors le pensable qui se voulait tout un, déroulant en une fois, devient la pensabilité ; se relativise et se disperse, il est l’ensemble des pensabilités relatives à un monde, à des réalités, aux perceptions, aux logiques, aux langages, etc. Et ceci sous le couvert ou plutôt l’égide d’un sujet (qu’il se nomme ou pas, le reconnaisse ou s’y reconnaisse ou pas).

Comme il est très difficile d’admettre un sujet antérieur au pensable (le discours unique absolu) et donc aux pensabilités (les discours relatifs de connaissances, de sciences, du donné ou du vécu), comme on ne parvient pas du tout à s’en produire une idée quelconque, on le remplace ; on le déplace dans le monde, le moi, la nature, les forces ou énergies, et, outre les constructions objectivistes, on le remplace par des intuitions mais qui cette fois, n’étant plus celles de Descartes,  parfois s’égarent (non parce qu’elles ne sont pas cartésiennes, mais parce que Descartes a mis au jour sinon les essentielles visions du réel du moins le point de vue et la perspective unique ; celle que l’on n’a encore réussi à entamer vraiment).

Parole ou langage, universel et discours, sujet et étendue.

Le sujet est posé là, dans ou sur le monde, et puisqu’il arrive au bout de la dépense rationnelle du discours, du discursif, il n’est pas en lui-même irrationnel mais par contre se constitue d’un dispositif difficilement pensable. Descartes insiste bien que le « sujet » (ce que l’on tend à nommer tel mais après lui) est un « ensemble » ; il est tellement un ensemble de possibilités qu’est laissée entière l’unité du corps et de la pensée, la curieuse nature des intuitions, leur caractère d’évidence, le lien indissoluble entre la volonté et l’attention et l’infini (dieu), etc.

De même que nous existons sous le joug du discursif, de même nous existons de l’unité invisible du sujet. Lequel coagule en son corps la cohérence du systématique et l’arrivée de son désir comme réel. Puisque l’on sait, dorénavant, que le sujet peut être exactement là où il est : planté sur le monde étendu.

Le discours ne lui est plus qu’un moyen, bien qu’il en poursuive encore la maitrise, utile en en soi mais inefficace pour le sauver. C’est d’une autre ampleur qu’il se suit à la trace, aux quelques traces structurelles, toutes cartésiennes, et pour l’instant inépuisées. 

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