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instants philosophie

On n'est pas un, mais Autre (radical)

22 Mars 2013, 16:45pm

Publié par zwardoz

On n’est pas Un. 

Il faut se rendre à l’évidence ; on n’est pas Un, on n’a pas d’identité. On est au moins deux. De là que l’on recherche la deuxième partie en un autre que soi ; 

Mais comme cette deuxième partie est et n’est rien que la conscience pure et simple, pure forme, on peut tout autant être plusieurs ou quasi totalement d’un autre contenu ou rechercher cent formulations différentes. 

 

Le moi comme synthèse abusive abusée

Le moi-même, la personnalité, est un processus dynamique et ne peut pas être saisi tel quel ; le 20éme a inventé entre autre, la personnalisation. Ce qui signifie que chacun est à soi-même ; réalisant le programme prévu ontologiquement (par la conscience elle-même en non pas sa pensée d’elle-même, elle ne pense pas, mais inclus dans la structure même de « conscience », réalisant le libre comme réel effectivement activiste). L’aile tutélaire du groupe, de la communauté ne recouvre plus aucun d’entre nous ; ce qui ne s’était jamais vu humainement, nous sommes laissés là, à l’abandon, sur la surface du monde tel lui également donné « là ». 

Tout les groupes humains s’efforçaient de penser et de parler et de transmettre un ordre tutélaire ; informant la, les réalités. Mais par la personnalisation, chacun est délaissé « là », tel quel, à se débrouiller. 

 

L’autre comme miroir du un que l’on n’est pas

Pour ce faire chacun imagine répondre à la parole d’un autre, qui est empli de fantômes à qui adresser la Parole ; puisque chacun est délaissé dans le monde « là », chacun est étourdi par les afflux de données, d’informations, incompréhensibles, masses en mouvements, différences constantes surgissant de –çi de là, et tout ce matériel ne prend forme pour une personne que dans la mise en forme de la parole. 

 

La parole plus étendue que le langage

Or on ne parle pas tout seul ; jamais. On ne parle que si l’on entend ce que l’on dit dans l’oreille de l’autre, d’un autre, de quelques autres rencontrés, imaginés, dont on imagine la compréhension de ce qui est énoncé. Ce qui revient à dire que le sens ce que l’on dit (et ce sens énonce notre action, nos gestes, nos images-idées de nous-même, etc) est replié dans l’autre parce que la parole ne s’entend que par un autre ; tout moi est donc une parole dans un langage et les liaisons n’existent proprement qu’en l’altérité. 

 

L’oreille de l’autre comme bouche

Sans doute le moi pour lui-même se prononce, mais cette prononciation est prise-dans l’énonciation « objective » de l’oreille de l’autre. Son identité est court-circuitée par la parole même, la parole en soi ; non pas le langage seulement mais la parole en tant que celle-ci est d’une étendue plus grande que celle du langage ; une parole est toujours dans un monde en telle situation, configuration particulière et indéfiniment particulière, particulière sans nombre. 

 

Le moi saisi comme le steak dans la poêle

Puisque l’identité est dynamique, c’est aussi qu’elle est entière ; l’identité d’un moi le prend tout entier, corps, gestes, images et imaginations, mots et langages, socialisations et acculturations bien à lui, passé et projections à venir, idée de soi ou idéal désiré, et ce en une fois qui demeure coagulée et en réponse à la conscience énonciatrice des autres, de tel autre, de l’autre en général. 

Tout l’ensemble parait d’une grande contrainte ; mais de ce que cette identité part en tous sens, elle nous rend d’autant plus libre et capable de mener quantité de différences, de variations intentionnelles, de permutations ou de divisions. Ce qui en rend la mise en forme, l’organisation difficile mais dynamique. 

 

La frilosité de l’unité

Le moi tel qu’en lui-même désire ; il désire et demeure en son objet, de désir. Il croit, croit en l’unité de lui-même en cet objet ; il ne voit pas que ça n’est pas l’objet qui existe, mais le flux d’attention, l’intentionnalité qui vise cet objet et que l’objet est soumis en réalité à l’intensité des variations de l’attention qu’il lui porte, en laquelle il se donne. Et comme l’intentionnalité est ici un mécanisme, ça ne ressort pas d’un narcissisme, ça n’est pas le moi qui désire le moi, mais puisque mécaniste la conscience inonde le moi d’altérités, de différences, d’informations, de formations vers, outre, au-delà des bornes du moi. 

 

La fabrique intentionnelle

La personnalité est donc de par elle-même la fabrication de l’altérité(s) et s’use à produire ou à se laisser produire un « moi » qui absorbe, intègre, conflue, poursuit le déploiement de la détermination dans un « moi » qui subit ce en quoi consiste, en lui, la conscience ; étendre la capacité. 

Or un moi, bien que engrossé de toutes les fonctionnalités intentionnelles et de cette détermination selon le monde, les autres, les langages, le moi reste et demeure Un ; pour sa survie il se pense Un. Il faut bien que les compositions indéfinies se réunissent ; puisqu’il existe là quelqu’un, quelque Un, qui dynamiquement devient et absorbe ou divise. Le moi est une unification dans le désordre ambiant qui ne manquera pas de réduire la voilure, de retarder les acquisitions, qui préférera l’unité supposée aux devenirs impropres, impropres à son identité, laquelle s’impose comme régulatrice. 

 

La conscience comme engeance et telle l’œuvre et la puissance

Ce que n’entend pas du tout la conscience, qui vole ici ou là les bribes impossibles, qui découpe et redistribue, qui louvoie et revient par toute avenue ouverte dans la réalité et l’existence. 

On voit par ceci que la conscience, même si elle n’existe pas autrement que par, n’est du tout attachée à un « moi », qu’elle travaille et étend ; puisque la conscience n’est pas un énoncé objectif, ni une prononciation subjective, mais est le lien, le lien entre tout et tel ceci ou cela, et n’étant pas énoncée, ni prononcée, elle œuvre, comme perception aveugle et puissante qui ne se soumet pas. 

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