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instants philosophie

La confusion des mois

7 Novembre 2014, 18:13pm

Publié par pascal doyelle

On s’étonne continuellement de la vision lamentable que nous offre le dit monde donné, cette humanisation qui court depuis la ou les révolutions, et comme tout cela part en n’importe quoi. Au choix ce monde se heurte à un mur ou tourne en rond alentour d’un fantasme de soi.

On a vu que l’humanisation produisait l’humain en tant que personnalisation ; il ne faut pas voir que la révolution, cad l’Etat démocratique libéral, a libéré la réalité, sinon en partie, mais plutôt que ce cadre général a proposé à chacun de développer sa propre réalité, son propre vécu. Et qu’une grande partie de ce vécu est non pas simplement donné là, mais produit, inventé, créé, et que cette création se formule comme personnalisation, comme moi, comme synthèse de contenus. On voudrait croire que cette synthèse repose en réalité et en vérité ; qu’il lui suffit de se manifester et que le monde humain sert à cela ; que chacun manifeste ce qu’il est ou peut être. Et non pas que c’est un processus qui est en marche. De cette fausse compréhension, il en résulte que tout tend à freiner ce processus, à le figer.

Puisque le moi est une synthèse, il revient à toute synthèse de demeurer telle quelle, de se croire éternellement. Mais aussi de revenir incessamment sur cette synthèse ; elle est fascination de son contenu.

Il faut comprendre le dit système économique « libéral » comme la survie forcée de ce fantasme, de cette synthèse, de son impossibilité à se dépasser comme synthèse, de son incapacité à percevoir quoi que ce soit d’autre et en plus ; pour un moi la synthèse est tout le sens possible en un monde, il n’y a rien d’autre, aucune autre forme d’organisation. Une synthèse absorbe totalement et ininterrompue le monde, le donné, la perception, le vécu, l’identité des mois, bref, tout. Puisque le fondement logique de la synthèse est que tout forme Un.

Ce qui est essentiellement différent de la pensée, du sujet, de la philosophie pour qui le un forme des totalisations, toujours secondes ; ce serait gravement recomprendre l’activisme philosophique lui-même que de croire qu’il ne vise que la rondeur du Tout ; il n’est en philosophie que des totalités traversées, perforées, démantibulées par le Un. Par la structure (qui est l’objet même et le seul objet réel de la pensée, du sujet, de la réflexivité).

De sorte donc que le moi tourne sans cesse autour de sa synthèse ; ressuscitant les morts, ce qui veut dire (puisque le moi est dans cette logique de son acquisition d’identité) réanimant les fantômes contre lesquels il peut exister (croit-il) en s’affirmant. On ressuscite la religion, le nationalisme que l’on peut haïr, la métaphysique, les étrangers que l’on peut détester, en vrac tout et n’importe quoi, puisque l’on ne cherche qu’à réaffirmer la synthèse (quelle qu’elle soit ; elle n’est pas astreinte à la vérité ou la réalité, elle est juste un processus de reproduction d’un contenu pour fermer le Un).

Toute détermination du monde, du donné ou du vécu va donc désirer clore le un ; le sens même, la logique du désir est la clôture ; que ça se referme, que ça cesse. Ce faisant lorsqu’il se satisfait, il ne lui reste plus rien, sinon de répéter le désir lui-même. Ça laisse un vide puisque la forme de notre être (qui n’est pas notre réalité humaine) est vide, ce qui veut dire formel, et que c’est cette forme qui doit se savoir d’abord et peut-être se connaitre ensuite (seule la philosophie veut atteindre la forme même, et non un remplacement de ce vide, comme dans le monde, ni une illustration, religieuse ou idéologique ou fantasmatique, de cette forme).

Engagée dans la synthèse éternelle, la conscience dans un moi revient sans cesse sur la formation de cette synthèse, elle produit en masse la représentation de son activité, cette activité de conscience ne se sait pas et connait seulement ses contenus, et épuise indéfiniment et absurdement tous et n’importe quel contenu.

Il n’est que la bifurcation de la conscience vers elle-même ; ce que la pensée, grecque, tentait, ce que le christianisme élançait vers le triple dieu, ce que René retournait comme sujet, ce que Nietzsche affirmait purement et sauvagement, de la pensée aux grands sujets, il n’y a que là que la structure se re-tient elle-même, sinon elle fabrique, elle bricole, elle absorbe, elle dévore et se mastique elle-même. La philosophie est la technique, la technologie qui maintient ouvert notre être, qui ne le clôt ni dans le divin, ni dans le terrestre, ni dans l’universel ni le vécu ; et c’est une technologie justement de ceci que ce qui est à saisir (notre-être, que l’on a dé-couvert, comme on découvre l’os) est soi-même une technologie, une structure inventée par le donné là ou par le « là » du donné.

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Les deux entrées du réel

6 Novembre 2014, 15:27pm

Publié par pascal doyelle

On obtient donc deux entrées au réel.

D’une part ce qui fut signifié instantanément par la découverte du réflexif pur des grecs (soit donc sa nomination comme étant l’être, le « ce qui est » ; ce qu’évidemment on a l’habitude de comprendre comme « réduction de la réalité » à l’idée, mais qui en fait a opéré dans la conscience des grecs comme augmentation extensive infinie de la perception d’un-tel-monde, le cosmos, qui a opéré comme machine infinie intentionnalisatrice construisant des intentionnalités par-dessus et au-delà des mondes humains particuliers immédiats, au-delà des groupes et des langages et exposant notre être tel quel).

D’autre part ce dit sujet, l’étrange, qui n’appartient à rien ni à personne, qui est en nous, en chacun, comme conscience-de (le moi est au plus proche de l’articulation qui sort de la cervelle vers le donné là, ce que les existentiels nommèrent le « là » du donné, à voir ce que cela signifie et porte).

Les autres réalisations naissent de ces deux là ; politique, éthique, esthétique, idéel (mathématiques ou ensuite sciences ou objectivismes), mais aussi acculturation généralisée (lorsque la réflexivité grecque s’ajoute à la réflexivité chrétienne, qui elle-même réfléchit le monothéisme juif, qui est un retour-dans ce monothéisme, ce qui est absolument stupéfiant), et dans l’acculturation généralisée d’une part l’humanisation (à fondement en grande partie universelle, et se réalisant par et dans la révolution unique ; puisque notre être est unique et partout absolument identique en chacun à quelque moment du temps, il se réalise dans une seule universalité dans le seul monde réel), et d’autre part encore plus extraordinaire la personnalisation, qui seule donne à l’universalisation sa portée (sinon on en resterait à une universalisation générique de type communiste).

La personnalisation nous concerne tous, un par un, en tant que cela forme le moi, et le monde des mois. Le moi, puisqu’il se tient de lui-même (son fondement replié est le sujet, que le moi ignore comme la science et l’étatisme et la technocratie et l’économie l’absentent de leur côté),le moi tend à oublier qu’il est né de et par la pensée grecque et la réflexivité chrétienne ; sans quoi il serait impossiblement existant. Il institue donc Son monde à lui … ignorant tout le reste. Mais il est clair que d’une part il a raison (il est un acquis absolu) et que d’autre part il se perd dans le même temps en cette ignorance ; le moi déteste l’universel et abomine le sujet (que de fait les sciences chercheront à cerner, rendez-vous vous êtes cernés, comme matériaux psy ; or il existe une folie psychologique évidemment mais aussi une folle structurelle, ontologique ; puisqu’il n’est pas dit qu’un moi soit capable de supporter l’être de conscience-de, se porter le sujet impossible).

Les deux entrées, l’être et le réel d’une part et le sujet et la conscience-de d’autre part, rendent effectivement exigeant ceci ; que le présent est absolument l’actualisation de ce qui arrive.

Parvenu en ce point unique, qui ne se répète pas, parce qu’il est toujours le Même Point Unique, est relancée la mystique pure et simple du Réel. Qui consiste en ce que « ce qui est, est parfaitement », d’une part et que d’autre part « ce qui est n’est pas livré au monde ».

Parce qu’au final d’évacuer l’ambition ancienne et de dénier qu’il y ait un poids absolu à exister, rend pour tout sujet impossible qu’il veuille autre chose que ces petites parts, petites miettes du monde. De là que tout sujet finit transformé en un sombre moi, en cette entité innommable, finie, attachée à ses colifichets, sans envergure ni étendue, jeté dans le temps et non pas dominant ce qui est. L'articulation de conscience est "ce qui veut ici et maintenant ce qui est, sans discussion possible", ou "ce qui en se laisse pas faire, jamais, par quoi que ce soit".

De là que les mois délestent et l’universel ancienne et la folie sacrificielle des grands sujets. De là que par exemple la figure du révolutionnaire soit si rapidement absorbée par son propre vécu. Pardi, le vécu est le monde qui absorbe la structure.

Les mystiques ou les penseurs furent les Mêmes. De se tenir eux-mêmes du seul se-savoir qui ne quitte jamais la structure, qui est de fait à soi sa propre certitude (indépendamment de toutes raisons et donc causes et donc influences ou perversités du monde, du vécu, et du moi et des autres). Il faut confier son âme à Platon ou Plotin, et son intellect et sa raison à Maître Eckhart. Il n’est pas dans notre historicité de distinction péjorative depuis que l’articulation structurelle de la pensée grecque a repris l’articulation réflexive tout autant chrétienne, porté cet aqueduc jusqu’à la fusion cartésienne, réarticulation qui a rendu possible l’inventaire leibnizien et spinoziste du penser (qui n’est plus La Pensée, puisque cette fois c’est à partir d’un sujet, René), la sur-réflexivité kantienne (il fallait bien que le sujet cartésien se-situe lui-même), et le déploiement intégral de toute la pensabilité hégélienne (qui étant sujet peut bien tout, littéralement tout exposer du pensable ; ou donc le sujet n’est plus la pensée … )

Enfin nous voici saufs. Les grands sujets peuvent commencer. Du Un complètement absorbé de Stirner à l’auto affirmation exubérante et parfaite de Nietzsche, de la pensée objective des conditions marxistes du monde humain, de la traversée éperdue de « cela qui agit » à savoir la conscience husserlienne emmitouflée d’idéalisme (ça aurait un « sens » que d’intentionnaliser … peu importe Sartre nous montrera que « ça est » et que ça n’a pas de sens idéel, c’est uen structure pure que la conscience), jusqu’à l’extraction sur le moi vivant du trou invraisemblable ; que le conscient est juste un ilot perdu parmi les flots. Mais que l’on s’en fout parce que l’on n’est pas le conscient… C’est ça le hic, la conscience n’est pas le conscient, n’est pas le moi, n’est pas le langage, n’est pas les autres, n’est pas le monde, n’est rien de tout cela ou quoi d’autre encore ; elle dépend de tout ce que l’on voudra mais s’ajoute, s’ajoute impitoyablement, en plus de tout ce qui la précède, cad tout. Puisque tout la précède.

Il n’existe que le Un, et forcément un seul Un

Réfléchissons à cela ; tout la précède. On pourra lui injecter quantité de déterminations, oui, bien sur, mais elle y sera encore en plus. Elle est structurellement « ce qui n’appartient à rien du tout ». mais c’est compte tenu de tout ce qui la précède (cad tout, littéralement, tout ce qui est dans le monde, le vécu, le moi, la cervelle, le corps), qu’elle est d’une part articulation grecque au réel (l’être) et ré-articulation volontaire cartésienne, à nouveau. Ce sont ces deux empans là qui arraisonnent tout ce qui est. Les deux empans sont l’arc qui réinjecte la conscience-de dans le réel actuellement existant. Le seul présentement ici même. Celui qui revient toujours, parfaitement identique à lui-même. Cela forme le Un, le Un agissant (qui donc n’est jamais un tout ; il n’existe aucun tout, il n’y a que du Un, et forcément un seul Un).

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Ce qui avance

4 Novembre 2014, 11:09am

Publié par pascal doyelle

Le moi mortifère malgré lui

Il semble particulièrement absurde et non avenu de juger de l’ensemble de la philosophie comme d’un échec ou d’un égarement ou d’un enjeu de pouvoirs divers et variés ; ce serait se laisser absorber par la finitude et les goûts du moment, qui signalisent précisément le dégout de soi du moi, du dit moi qui ne parvient jamais, jamais à se circonscrire et de ce fait se met à généraliser ce désespoir à l’ensemble de la réalité ; il lui insupporterait d’admettre que, bien qu’existant tel un moi, il est en charge de s’assumer, de se vouloir, de se continuer, de porter plus moins encore le devenir. Or non il croit que tout cela va mourir avec lui-même et secrètement il l’espère, ou plus exactement ce mortifère s’ensuit tout naturellement de la logique de réduction au moi abruti par ses pauvres finalités.

Si l’on croit encore que la pensée grecque est à entendre comme « raison », on n’y comprend rien. Si l’on croit encore que le « sujet cartésien » est une espèce de certitude intérieure, on n’y comprend rien. Si in fine on croit que la conscience husserlienne est destinée en une essence ou un idéalisme, on n’y comprend rien.

Ce qui s’est réalisé, ce ne fut jamais un contenu ou un contenu électif ou une sorte de substantialisme (réinventé mille fois afin de se garder un ennemi bien à soi à combattre qui puisse éventuellement nous conférer l’illusion de recommencer la réflexion envers et contre tout et tous).

Le devenir depuis les grecs est une historicité réelle et achevée à chaque point de renouvellement, étant elle-même, ce dont cette pensée grecque est le premier effet, la révolution anthropologique maximale et unique (il n’y en a pas d’autre et comme elle dé-couvre notre-être tel qu’il est, tel qu’il affleure étrangement au sein, ou au bord du monde, c’est du même pas le monde même qu’elle ouvre).

De ce récit (puisque cela est déroulable tel un récit), il faut définir le héros ; et le héros de ce devenir est le réflexif pur et simple et vide et formel et qui sut de fait et instantanément (puisqu’il est réflexif il se-sait) élaborer son architecture (intentionnalisatrice, de laquelle il faut oublier immédiatement sa référence à l‘idéalisme husserlien et n’en garder que le squelette, parce que c’est une forme qui agit, une forme, par définition, agit, et elle est et n’est rien d’autre que cet agissement).

Les représentations et leurs remplacements

Le réflexif a cru un temps qu’il parvenait à une sorte de contenu super électif, donc, la pensée, dieu, le sujet, la raison, le monde ou le vitalisme, ou la société, etc. Mais la réalité est que le réflexif seul existe et qu’il produit seulement telle ou telle représentation (qui ne sont évidemment pas indifférentes, qui marquent à chaque fois son approfondissement de « cela qui est » et de « cela qui est possible », selon une réelle historicité) tellement complexe qu’elle cesse d’être complexe pour s’imposer comme torsion (ou donc ; ce qui ne peut pas être compris sans que l’on y soit, sans que l’on s’y transforme en ce réflexif lui-même, en cette conscience là) . De renvoyer à rien la pensée, dieu, le sujet ou la raison, ou de les éventuellement remplacer par la révolution, du vitalisme, du matérialisme scientiste, une éventuelle morale générale, c’est abandonner l’ambition et ne plus rien comprendre du tout.

Le déni généralisé

Il est clair que ne pas reconnaitre cette historicité (soit donc le devenir réel de notre être effectivement circonscrit au fur et à mesure ; de la pensée à la conscience sartrienne jusqu’au détourage du moi par Lacan), cette non reconnaissance nous délivre du poids, de la charge, de l’exigence que cette historicité appesantit sur nos épaules et de ne pas relever le défi nous rabougrit, littéralement, nous ridiculise ; nous n’assumons pas notre responsabilité et menaçons notre survie même). Le déni de la vérité formelle excuse notre faiblesse, n’est qu’un prétexte pour de pauvres décisions, en emplacement des effectives.

Ce déni général est d’autant plus absurde que finalement la pensée, la philosophie est parvenue au plus proche de « ce qui a lieu » et a nommé cet être spécifique qui est nôtre ; la conscience-de. Evidemment en l’entourant encore d’une gangue idéaliste (parce qu’il faut bien en représenter les mouvements intentionnels, etc) bien que lors de sa dernière exploration Sartre atteint quasiment à strictement exposer, montrer la conscience-de comme structure, structure agissante.

Sartre, Lacan

Ajoutons à Sartre, Lacan qui s’ingénie à détourer ce autour de quoi tourne l’organisation du moi dans ses compositions effrénées (puisque le moi est la dernière inventions ontologique et le plus proche lui-même de ce « trou noir » qu’est la conscience-de, permettant de saisir que la conscience-de n’est pas le conscient, ni le moi, de même que Sartre montrait comme elle ne possédait aucune « intériorité » substantielle). Au fur et à mesure donc en cercles se recentrant autour de la nature spécifique de notre être (qui passe de la Pensée à la conscience-structure), la philosophie est parvenue à identifier le « lieu » (au point que Heidegger a envisagé de décrire le lieu spécifique, cad ontologique, de cet être spécifique ; le « là » où la « conscience » est).

Le positionnement de notre être sur la carte du réel

On comprendra donc que ce qui est joué, avancé, déplacé depuis le début, est la description de la position, littéralement, de la position « physique », sur le sol même du monde même (du monde réel). C’est cette position, comment notre être, comme conscience s’oriente et se désoriente sur ce sol ; il faut très largement abandonner de ranimer à chaque fois l’idéal prétendu qui voudrait que dès le début la pensée désirait un « super contenu », l’Etre ou Dieu ou le Sujet fantasmé (dont le fantasme revient à ceux qui critiquèrent Descartes et non à Descartes lui-même, qui ne fait que décrire ce qu’il « voit », sur le monde étendue posé).

On aboutit ainsi à une cartographie parce qu’effectivement notre être est articulé au « donné là » tout à fait réellement là, et même donc outre à ce donné là, articulé en et par le « là » lui-même de ce donné (à charge de montrer que ce « là » qui est antérieur au donné, au monde, à la détermination, existe). On a depuis longtemps abandonné la finalisation ésotérique par laquelle on voudrait caricaturer la philosophie ; elle attendrait on ne sait quelle révélation ou lumière blanche au bout du tunnel ; depuis le début c’est de tout autre chose dont il s’agit.

La ruse du réflexif

Par exemple, on a pu invoquer dieu, mais ce fut toujours dans la possibilité d’en tirer une description effectivement réelle quant à notre être ; autrement dit nombre d’éléments qui paraissent extérieurs sont nécessairement re-pris d’assaut par et dans la philosophie parce que la philosophie ne peut utiliser que des éléments donnés là dans le monde, l’expérience, le sujet, la conscience analytiquement. Descartes utilise dieu en une certaine orientation parfaitement analytique (et non d’un objet de foi, même en théologie puisqu’il s’agit d’user de sa raison, l’hypothèse dieu est absolument éclairante).

Or cela même que l’on nomme ici dieu ou là les idées ou la révolution ensuite, ne sont du reste pas en eux-mêmes indifférents ; il est clair que le réflexif avance de par lui-même et que la philosophie en est au minimum le tracé précis et parfois l’accélération et de temps à autre la pointe d’acier perforant. De même que l’humain découvre son être vide et formel, la conscience-de, de même la philosophie est la discipline qui se charge d’en rendre compte. Et que tout cela vaut pour de vrai … cad pour de réel.

L’actualisation absolue (tout est là, rien ne manque)

Ou donc ; usant de ceci ou de cela (dieu ou les idées, ce qui vaut aussi pour le vitalisme ou la volonté ou le matérialisme etc), la philosophie reste à chaque fois et demeure la philosophie cad l’actualisation de « ce qui peut être actualisé » quant à notre-être (lequel est donc la conscience-de, telle qu’elle se sort des contenus, des groupes, des mondes humains particuliers, des langages, et s’impose comme articulation au donné là, surgissant, vide, de la cervelle) et cette actualisation s’anime de la cohérence, ou donc de la coïncidence dans l’ici même (et non pas ailleurs et imaginairement. On voit par là que les éléments à identifier doivent effectivement correspondre à l’actualité ou l’actualisation de ce qui est nommé ou énoncé.

L’ici même (chaque ici-même) comme réel avançant uniformément

Nous sommes en cela bien loin, depuis le début, et inscrit dans la technologie même qu’est la philosophie, d’une « évocation » ésotérique de quoi que ce soit ; ça travaille depuis le début à partir du surgissement de notre être nu (la conscience-de) qui se veut comme pensée (cad raccordement des intentionnalités telles que produites hors des groupes, langages, mondes particuliers et qui ensuite se voudra comme sujet) et qui ne peut juger et avancer que sur des éléments réels ; un système d’idées organisées est un réel qui veut par principe s’actualiser, se rendre réel entièrement (aucun élément ne manque en interne du système, et ce système correspond au donné qu’il entend décrire, justifiant à la fois pour quelles raisons c’est ce donné là qui est sélectionné, et pourquoi il existe un tel être qui pense un tel donné, opérant donc la circonférence complète, ceci idéalement évidemment et admettant comme principe au moins qu’il y ait une Cohérence).

Ce qui signifie qu’en chaque présent le formel, le structurel est chargé de fond en comble et avance.

Quels que soient les éléments utilisés il existe toujours une lecture réelle et réaliste (toute idée est un rapport dans le donné là via cette mini articulation vide et formelle, qu’est la conscience-de). Et au travers des systèmes, des emprunts, de toute espèce de rapports, c’est le lieu et le rapport de son surgissement au donné « là » qui est exploré par la philosophie. Ce qui est d’autant plus simple à remarquer qu’effectivement elle le dit ; Hegel le dit, Marx le dit, Sartre le dit « voici la conscience même, toute nue et sans rien », Lacan le dit « je détoure le moi tel qu’il se croit ». Il ne sert à rien de croire substituer à ces descriptions formelles (la conscience-de crée des rapports au donné là) des espoirs de sens ou de pensées ou de contenus qui porteraient cette conscience ; elle se porte seule. Elle est la raison et la cause et non pas l’effet de contenus ou l’attente d’un contenu.

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Le Présent contient tout ce qui est

3 Novembre 2014, 16:14pm

Publié par pascal doyelle

La philosophie initie donc le voyage qui compte ; celui qui explore le réel, c'est-à-dire le présent.

L’unité de tous les développements est de saisir ou être saisi par le présent en tant que Présentement inusable.

Si ce qui est, est : le présent seul existe. Il n’est rien d’autre. L’ensemble du processus consiste donc à tout faire entrer dans et par le présent (et non l’inverse, retrouver on ne sait quelle étendue ou temporalité ou éternité ou lieu absolu qui serait tous les lieux).

Ceci va à l’encontre de ce que notre intellect performe ; à savoir qu’il regroupe les éléments dispersés au travers du temps et de l’espace, et en ce cas le présent est et n’est que telle ou telle immédiateté. L’universalité consistant précisément à passer au-delà de l’immédiateté dont elle extrait les données universelles qui s’étendent au-delà de tel lieu et vise l’espace en soi et réunissent les dispersions effectuées par le temps, de sorte qu’au bout de l’intellect est ciblé l’éternité.

Ceci est la fonction d’universalisation. Mais en elle-même l’universalité désire ramener ici même tout le divers ; non seulement en concentrant le dispersé, mais surtout en manifestant, représentant la cohérence du décohérent. Ou donc ; l’universalité suppose qu’il est possible de rendre tout réellement toute la diversité ; que tous les éléments (en l’occurrence extraits du donné divers) forment Un. Ou donc ; que le réel est parfait, qu’il est parfaitement tout ce qu’il peut être pensé ; la pensé est en elle-même dans la supposition que la perfection est.

Que l’être est ici et maintenant totalement réalisé, non seulement comme tout mais aussi au sens d’intégralement ; rien ne manque à « ce qui est ».

Si l’on applique l’exigence universaliste, cela signifie que les propositions formeront tôt ou tard un système complet entièrement déductible et complètement légitimé. Ceci étant il faut alors admettre que toute les quantités de données diverses sont dispersées aléatoirement dans le temps et l’espace ; par exemple, un tel système rend impossible de comprendre dans la pensée grecque pourquoi il existe de la « matière ».

Que se passe-t-il si l’on garde que l’être est parfaitement (tout ce qu’il est) mais en appliquant cela à ceci ; que seul le présent est ?

Parce qu’il est possible de garder les principes ontologiques mêmes qu’implique la pensée, mais il n’est dit nulle part que ces principes ne s’appliquent que sur telle ou telle sorte de représentations ou de réalités.

Les principes de clarté impliquent que d’une part l’être est, et que seul l’être constatable est admissible ; or il n’est d’admissible que le présent. Que le l’être s’étend parfaitement et indistinctement à toute parcelle ; totalement égal à lui-même en tout et à chaque fois absolument identique à son être même ; tout présent est parfaitement semblable à tout autre. Qu’il n’est qu’un seul plan de l’être et non pas trente six, et que partout et également ce sur quoi l’on tombe, c’est l’être ; il est intégralement présent en chaque présent. Qu’il y ait un seul être quelles que soient ses manifestations et puisque le présent est à chaque fois ce qui coupe très nettement, cad absolument, quelque réalité que ce soit, alors le présent est le principe actif de l’être. Ou donc ; il est l’être lui-même.

De ce fait le présent ne tend nullement vers l’éternité ou ni même ne vise par la détermination ; toute la matérialité est passée au tamis des présents (chaque fois uniques), et actualisant la détermination, le présent travaille effectivement ; le fondement de toute la détermination, de ce qui pour les grecs s’intitulait matière, de ce qui pour nous est le donné là matériel, est le présent, qui n’est pas l’effet mais la cause.

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Incorporation versus corporéité

2 Novembre 2014, 16:35pm

Publié par pascal doyelle

L’advenue de la structure pure et simple qui ne pose plus aucun problème en avant de soi mais se tient en retrait par devers toute réalité, toute réalisation, tout vécu, toute pensée, est cela même dont les sujets, les grands sujets se chargent.

Soit donc depuis Descartes. Descartes décrit ce qu’il voit ; le sujet fondamental, impossible, uniquement objet de description ; le sujet est cette conscience même, pure structure vide et formelle, sans rien, qui tente de remonter dans sa propre structure, et cet effort innommable si il est impossible produit des effets réels et permet d’avancer dans sa propre compréhension, dans son surgissement. Viennent ensuite Leibniz et Spinoza qui à partir du sujet découvert entendent recomprendre, et produire à nouveau un discours ontologique, ‘ou donc le discours de Leibniz ou de Spinoza sont rendus possibles par et selon la position du sujet, qui renouvelle intégralement la philosophie), s’ensuivent Kant qui veut tenir à distance qu’il y ait une raison (entendant par raison la compréhension moderne de ce qui fut autrefois la pensée, grecque, dans une autre dimension), et Hegel qui s’en prend à penser la pensée même, la pensée grecque, qui relance la pensée comme métaphysique. Tout cela étant rendu possible par l’obtention du sujet cartésien.

Mais le sujet cartésien n’est pas « cartésien » ; Descartes décrit seulement notre être tel que là et non pas avance des « idées » qu’il suffirait de balayer ; notre être on ne peut pas le biffer d’un trait. Et c’est sur le dos de cet être que les grands sujets (de Stirner à Lacan, en passant par Heidegger, Husserl, Nietzsche, Sartre, etc) foncent à califourchon à explorer le possible.

De même cet être est la structure qu’articule ou qui articule le moi, lequel est cette entité au plus proche de cette forme vide et sans rien. Or le moi ne peut pas se savoir comme sujet ou comme structure ; il doit admettre son propre être là, son corps, son vécu, comme étant donnés en vérité et réalité et non pas le recevoir comme construit, créé ou bricolé ; pour le moi son identité est son essence même, de toute éternité, destinalement. Aussi le moi consiste-t-il à se prévoir lui-même rétrospectivement comme si il avait toujours existé un-tel moi ; le moi est le mouvement rétroactif de se re-prendre comme si il ne se reprenait pas ; d’effacer sa propre historicité.

Dans le même temps puisque se détenant de lui-même (dans son essence d’identité supposée), le moi se coupe, se sépare de son historicité ; à savoir de l’universel et du sujet ; il ne reste plus qu’un monde des mois, et lointainement très lointainement l’humanisation et l’universel et la pensée et tout aussi éloigné le sujet, les grands sujets et les explorations structurelles de ce qui est.

Le moi ne demeurera plus que fasciné par son objet ; de même que les sciences, les techniques et les étatismes l’objectivisent, de même un moi n’a de cesse que de trouver son objet, que de s’objectaliser. Objectivisation de l’objectivisme des sciences et techniques y compris étatiques et marchandes et de l’objectalité destinale du moi qui ne sait pas du tout son sujet. Qui ne parvient pas à incorporer le sujet, le moi dont le corps reprend constamment son poids propre, qui l’attire non vers le « bas », mais vers les finalités pauvres données là dans le monde.

Même les objectivismes et objectalités (en psychologies ou psychanalyses par ex) désireraient élever le dit moi, en subjectivisant son corps, en lui permettant de le « réintégrer » avancent-elles, mais en réalité de l’intégrer tout court ; parce que jamais encore une conscience n’a su s’admettre comme incorporation. C’est l’idéal, l’idéel, le potentiel même que nous ouvre l’esthétique au plus proche de nous convaincre que l’apparaitre du monde, du corps, que la perception même est incorporation ou plutôt ouvre à la possibilité de l’incorporation (de la conscience-structure dans un corps physiologique).

Or cette incorporation doit s’organiser plus encore en chaque moi, et s’assumer comme matérialisation ; non comme matérialité donnée là et inerte mais comme processus d’intégration ; l’incorporation serait idéalement que tout moi soit capable de son sujet, de son sujet et son intensité et de sa pensée universelle, mais il est peut probable que ce processus fonctionne et parvienne à devenir, et ce malgré le déploiement extensif et intense de la mass médiatisation qui va chercher chacun jusqu’à sa plus visible corporéité, qui cherche à nous convaincre de notre devenir universel et de sujet, mais mass médiation qui tord tout à la fois vers les finalités les plus faciles et les plus corporelles. La corporéité tente constamment de recouvrir et d’avaler l’incorporation.

Par ailleurs l’incorporation n’a rien à voir avec l’élévation morale ou la grandeur universelle (d’une vérité qui s’imposerait d’en haut) ; tout cela riperait sur le corps du moi ; il est infiniment distant de ces impératifs ; c’est plus en dedans et en sa matérialisation même que cela se cherche. Ce qui se cherche tient à la complexité invraisemblable de l’image-idée de (soi) du moi ou à son idée-image, épuisant les images (qui sont autant de corps) jusqu’à parvenir à l’idée de (soi). C’est cela qui se trame, se dessine, se visualise, se rend complexe, se diffracte dans la représentation (et la mass médiatisation, qui a de « mass » ceci qu’elle doit toucher chacun …).

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Le moi et la mort

1 Novembre 2014, 16:21pm

Publié par pascal doyelle

Pour tout moi, toute personnalité, qui se croit elle-même si destinalement telle quelle, immuablement elle-même, enfonçant notre être dans telle détermination, tel vécu, tel relationnel, telle identité, il reste le sujet.

Le sujet est ce qui se tient non idéalement par devers n’importe quelle personnalisation. La psychanalyse entend dénouer cette complexité du moi en le remontant, en remontant son devenir, son être jusqu’aux originelles déterminations, mais la structure de tout moi se tient autant de ce passé, de cet étagement de notre réalité personnelle sur elle-même que de son potentiel, et ce potentiel est cela qui renoue notre donné là, notre vécu, à son sujet.

Autrement dit ayant inventé l’extensivité (de la pensée, grecque), l’intensité (du sujet fondamental cartésien qui reprend à son compte l’intensité chrétienne), puis ayant exploré les mille grands sujets et les horizons humains ou non humains ou inhumains, tout cela aboutissant aux mois, il revient aux mois eux-mêmes de relancer les possibilités internes, les possibilités historiques et an-historiques.

C’est parce qu’il y eut l’universel et l’extensivité, le libre et le sujet, le non humain et l’inhumain qu’il y eut avènement des mois. Mais ce qui fut une conquête (leur liberté et leurs libertés) est aussi la barrière qui les empêche de s’acquérir eux-mêmes historiquement ; il est un dégout, un mépris, une détestation des mois envers leur propre acculturation.

Certes il convient que tout moi, (s’inscrivant comme être-libre, se tenant d’être un sujet, sujet ignoré mais sujet structurel immanquable) que tout moi repose sur lui-même (il forme un, ce qui psychanalytiquement lui cause problème, puisque un il ne l’est pas, sinon comme construction démontable), mais cette construction et repos sur soi, l’engage en une illusion catastrophique et dépourvue de toute lucidité ; il reste « là », sans avenir ontologique aucun puisque son être, sa structure est absorbée par son inertie de « là », simple donné là, inerte composition (quand bien même serait-il hyper actif, dans son cercle de souriceau), sans existence ontologique puisque sa propre définition de lui-même se clôt, le rabat sur sa finitude, son exigüité, sa facilité, sa fainéantise, son effondrement dans l’immédiateté ; ce que l’on traduit par ; le moi est une synthèse immédiate et qui veut faire sens à partir de soi, de sa localisation.

Parce que tout cela revient justement à ce que le moi use de sa conscience vers et dans une synthèse (tout comme les mondes humains particuliers pariaient pour une synthèse immédiate de leur monde localisé ou de leur auto expérience de groupe ou de langage ; ce qui apparait est de fait « vrai » est-il prétendu), et que cette synthèse est forcément immédiate ; prenant pour fond, pour fondement le « là » de « ce que de fait l’on est », depuis que l’on est né.

Comme il forme cette synthèse (qui lui semble son seul horizon, qu’il ne remet pas du tout en question de quelque manière que ce soit, qui lui est toute la réalité passé, présente et à venir, toute la matérialité même et toute la détermination), il demeure sourd et aveugle à tout ce qui le précède ; le moi ne comprend plus rien à l’universel et à la pensée, au sujet et aux grands sujets ; il s’est coupé intégralement de toute son acculturation et a du inventé sa propre acculturation, durant tout le 20éme.

(évidemment on accentue ici le désespoir et l’inanité sans fond de cette position du moi, mais il est entendu que par ailleurs le moi est un acquis absolu et fondamental, que donc dans son acculturation se joue également une entière positivité, mais rien ne dit que les mois soient capables de relever cette positivité et que précisément, c’est l’objet de cette analyse çi, les mois ne finissent pas s’effondrer sur leur cœur noir et mortifère).

La synthèse immédiate (soit donc le moi lui-même) forme donc la borne ultime d’un tel monde humain (l’humanisation, universelle, s’est poursuivie par la personnalisation, qui seule donne un sens à une humanisation universelle, mais la personnalisation se révèle aussi être son propre piège).

Un tel monde personnaliste revient sans cesse et se répète, puisqu’à chaque fois les mouvements de devenir butent sur l’impossibilité de dépasser qu’il y ait et qu’il n’y ait que des personnalisations ; qu’il y ait personnalisation oui, et c’est un acquis fondamental, mais qu’il ne soit possible que de la personnalisation est déjà absolument la limite mortelle de tout ce monde. Cela signifie qu’il demeure dans l’impossibilité de réacquérir l’universel et le sujet ; le moi ignore le sujet, la science absente le sujet, l’Etat fige le sujet, comme citoyen, l’économie réduit tout sujet à ses et « des » déterminations (de même que toute technostructure, étatique ou technologique). Bref c’est le monde humanisé entier qui bute à ne plus devenir du tout ; qui donc répète constamment sa limite. Soit donc la synthèse.

C’est un monde stupide, non qu’il ne soit pas intelligent, mais il n’est pas réfléchi ; il a cessé de réfléchir et use son intellect dans le même cercle limité. De même que les mois, les consciences (structure vide et formelle et sans rien) tournent en rond dans cette identité qui leur échut.

Il n’est rien de plus invraisemblable et cruel pour une synthèse, cad un moi, que de heurter constamment aux murs écrasants de son faible devenir. Il n’a rien à opposer à la douleur mentale, la souffrance physique et la mort. Notre réalité humaine qui tourneboule autour du langage et de la fixation de la conscience dans le langage (et les autres, et le groupe et le monde particulier, puisque cela fut créé autrefois en chaque communauté comme une telle synthèse qui « aurait un sens ») n’a pas su encore s’adapter aux nouvelles règles du Jeu.

Le Jeu qui a extrait notre conscience de contenus et a libéré celle-ci comme conscience tout court, sans rien, comme structure. Structure nue. On a pu emprunter la Pensée, ou dieu ou le sujet ou la révolution ou la surhumanité, etc, pour remplir cette structure ; mais elle n’est rien et ne possède rien ; son vide est absolu puisque son être formel.

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